jeudi 30 novembre 2017

Susan Crockford, la nouvelle égérie du climatoscepticisme ursusmaritime

Tout d'abord quelques explications sur le titre du présent billet.

Le qualificatif "ursusmaritime" a été inventé par moi et fait référence à ce que l'on appelle communément l'ours blanc ou ours polaire ; le véritable nom scientifique de l'ours blanc est ursus maritimus d'après Wikipédia en français, cependant la version anglaise parle plutôt d'ours polaire, mais chacun aura compris qu'il s'agit du même animal.

Le nom de Susan Crockford, lui, semble être apparu relativement récemment dans la littérature climatosceptique et est vite devenu l'emblème de la bonne santé, pour ne pas dire de la santé éclatante des ours blancs/polaires, contredisant ainsi toutes les prédictions alarmistes à leur sujet.

Ainsi quand vous mettez en avant le risque que fait planer sur les ours polaires la disparition programmée de grands pans de la banquise arctique, il y a de fortes chances pour qu'on vous renvoie dans les dents les "études" de cette scientifique pour vous dire que non les ours ne courent aucun danger et se portent au contraire très bien.

Nous en avons quelques exemples comme suit, qui nous montrent pour certains l'orientation réelle de Susan Crockford.

  • On a fait croire aux enfants qu’il ne reste que quelques centaines d’ours polaires,  mais l’implacable message sur les ours polaires condamnés (par la faute de l’homme) est heureusement faux. Il est temps qu’on révèle la vérité aux jeunes.
  • Certains scientifiques démontrent qu’un refroidissement naturel est également possible dans un avenir proche, de par les variations dans les rayonnements solaires.
    • Signataires :
      • 30 - Susan Crockford, PhD (Zoology/Evolutionary Biology/Archaeozoology), Adjunct Professor (Anthropology/Faculty of Graduate Studies), University of Victoria, Victoria, British Colombia, Canada


Ce dernier lien ressemble à une étude, datée de 2008, dont on chercherait en vain la trace dans la littérature scientifique revue par les pairs ; il ne s'agit en fait que d'un papier qu'un blog négationniste (il n'y a pas d'autre mot) faisant l'apologie de Donald Trump nous fournit en parallèle avec d'autres "études" "prouvant" que l'effet de serre n'existe pas (entre autres âneries qu'il serait fastidieux de lister)


En fait ce papier n'est qu'un brouillon, avec la mention bien mise en évidence : "NOT PEER REVIEWED" !

En voici le résumé à toutes fins utiles :
  • L'ours polaire (Ursus maritimus) a été la première espèce à être classée comme menacée d'extinction sur la base de prédictions de conditions futures plutôt que de statut actuel. Ces prédictions ont été faites en utilisant des prévisions d'experts sur les déclins de population liés à la perte d'habitat modélisée - d'abord par la Liste Rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) en 2006, puis par le United States Fish and Wildlife Service (USFWS) en 2008 en vertu de la Endangered Species Act (ESA), sur la base des données recueillies jusqu'en 2005 et 2006, respectivement. Les deux évaluations prédirent un déclin significatif de la population d'ours polaires au milieu du siècle en raison de l'extension de la glace de mer en été atteignant rapidement 3-5 mkm2 de façon régulière : l'UICN prédisait une diminution de plus de 30% de la population totale alors que l'USFWS prédisait que la population mondiale diminuerait de 67% (y compris l'extirpation totale de dix sous-populations dans deux écorégions vulnérables). Les biologistes impliqués dans ces évaluations de conservation ont dû faire plusieurs hypothèses critiques sur la façon dont les ours polaires pourraient être affectés par la perte future d'habitat, puisque les conditions de glace de mer prévues d'ici 2050 ne s'étaient pas produites avant 2006. Cependant, les déclins de la banquise estivale ont été beaucoup plus rapides que prévu : de faibles niveaux de glace  (environ 3-5 mkm2) qui n'étaient pas attendus avant le milieu du siècle ont été observés régulièrement depuis 2007. La réalisation des niveaux prévus de banquise permet de considérer la supposition du  "déclin de la banquise = déclin de la population" comme une hypothèse testable. Les données recueillies entre 2007 et 2015 révèlent que les nombres d'ours polaires n'ont pas diminué comme prévu et qu'aucune sous-population n'a disparu. Plusieurs sous-populations susceptibles de présenter un risque élevé de déclin sont restées stables et cinq ont montré une augmentation de la taille de la population. Une autre sous-population à risque n'a pas été dénombrée mais a montré une amélioration marquée des paramètres de reproduction et de l'état corporel avec moins de glace d'été. En conséquence, l'hypothèse selon laquelle des niveaux de glace de mer inférieurs à 5 mkm2 causeraient des déclins significatifs de population chez les ours polaires est rejetée, ce qui indique que les jugements de l'ESA et de l'UICN établissant que les ours polaires sont menacés en raison des risques futurs de perte d'habitat étaient scientifiquement infondés et que des prédictions semblables pour les phoques et les morses de l'Arctique pourraient également être erronées. L'absence d'une relation démontrable « déclin rapide de la glace de mer = déclin de la population » pour les ours polaires pourrait aussi invalider les résultats actualisés du modèle de survie qui prévoient des déclins catastrophiques si l'Arctique devenait libre de glace en été.
On peut retenir de ce résumé les deux points importants suivants :
  • Les données recueillies entre 2007 et 2015 révèlent que les nombres d'ours polaires n'ont pas diminué comme prévu et qu'aucune sous-population n'a disparu ;
  • l'hypothèse selon laquelle des niveaux de glace de mer inférieurs à 5 mkm2 causeraient des déclins significatifs de population chez les ours polaires est rejetée.
Donc la diminution de la surface de la banquise arctique n'aurait aucune influence sur la survie de l'espèce ursus maritimus, l'ours polaire ou blanc pour ne pas le nommer.

Tout cela a l'air bien argumenté et documenté, sauf...

Sauf que le papier n'a toujours pas, aux dernières informations, été validé !

Nous avons vu que Susan Crockford avait toute l'attention de la communauté climatosceptique, elle est souvent citée dans des articles ou dans des commentaires d'articles, et nous avons vu qu'elle avait co-signé une lettre ouverte à Ban Ki-Moon pour l'informer que le soleil, et non le CO2, était le coupable, nul doute que le secrétaire général des Nations unies a acheté un lot de doudounes afin de se préparer aux grands froids que lui prédisaient les 125 scientifiques dont faisait partie notre dame spécialiste des ours polaires.

Mais qui est donc Susan Crockford ?

Elle nous donne sa biographie sur son propre site :
  • La scientifique Susan Crockford (elle parle d'elle à la troisième personne...) a passé des décennies à écrire des livres et des articles professionnels, mais blogue sur les ours polaires pour les non-scientifiques depuis 2012. En 2015, elle écrit son premier roman, un thriller d'attaque d'ours polaire destiné à des lecteurs qui préfèrent une science "allégée". EATEN n'a pas déçu : le refrain du critique commun était : « Je ne pouvais pas le lâcher ! » Pour 2017, elle présente les deux volumes de non-fiction que les lecteurs du monde entier réclament : des livres scientifiques simples sur les ours polaires pour adultes et enfants qui offrent la même perspective pragmatique et globale sur la conservation de l'ours polaire qui a rendu son blog et ses conférences publiques si populaires. Susan est une zoologiste professionnelle qui a étudié l'histoire écologique et l'évolution de nombreux animaux pendant plus de 40 ans. Elle s'intéresse particulièrement aux ours polaires depuis au moins la moitié de cette période. Une fascination impérieuse pour l'évolution (y compris l'histoire des interactions homme-animal) l'oblige à écrire. Elle a un doctorat et écrit sur la science des ours polaires et des sujets connexes sur www.polarbearscience.com. Voir la page À propos de mon blog (ici) pour plus de détails sur mes antécédents, et encore plus d'histoire de publication détaillée sur www.pacificid.com sous l'onglet Recherche.
« Pendant plus de 40 ans », cela a de quoi impressionner le quidam, nous avons affaire à une véritable professionnelle qui sait de quoi elle parle, n'est-ce pas ?

Mais voyons ce qui dit Desmogblog de notre professionnelle :
  • University of Victoria adjunct professor Susan Crockford doesn't seem interested in discussing the monthly payments she appears to receive from the climate denying Heartland Spinstitute.
    • Susan Crockford, professeure adjointe à l'Université de Victoria, ne semble pas intéressée à discuter des paiements mensuels qu'elle semble recevoir du climatosceptique Heartland Spinstitute.
  • Crockford would not respond to emails, and refused to speak with the Martlet,” reports a UVic student newspaper attempting to probe the payments.
    • "Crockford ne répondait pas aux courriels, et a refusé de parler avec le Martlet", rapporte un journal étudiant de l'UVic qui tente d'enquêter sur les paiements.
  • The Heartland Institute's Denialgate documents indicate that the spinstitute gives Crockford $750 per month. She is one of three Canadian university professors on the denier dole at Heartland, along with Madhav Knandekar and Mitch Taylor.
    • Les documents de Denialgate du Heartland Institute indiquent que le spinstitute donne à Crockford 750 $ par mois. Elle est l'une des trois professeures d'université canadiennes à toucher des allocations du Heartland, avec Madhav Knandekar et Mitch Taylor.
  • Greenpeace contacted the University of Victoria to raise conflict of interest questions relating to Heartland's payments to Crockford, who has a history of denying climate science as a speaker for its anti-science International Climate Science Coalition. See Greenpeace's letter to the University of Victoria.
    • Greenpeace a contacté l'Université de Victoria pour soulever des questions sur les conflits d'intérêts concernant les paiements de Heartland à Crockford, qui a nié la science du climat en tant que conférencière pour son anti-scientifique Coalition internationale des sciences du climat. Voir la lettre de Greenpeace à l'Université de Victoria.
  • But apparently the University isn't interested in investigating the matter, stating that, because Crockford is “not a member of regular faculty,” it won't probe allegations of conflict of interest.
    • Mais apparemment, l'Université n'est pas intéressée à enquêter sur la question, déclarant que, parce que Crockford n'est « pas membre de la faculté habituelle », il ne sera pas enquêté sur les allégations de conflit d'intérêts. (i.e. circulez ya rien à voir)

Ainsi notre damoiselle touche (ou touchait, l'article de Desmogblog datant de 2012) 750 dollars par mois du Heartland Institute, mais cela ne semble pas perturber outre mesure ceux qui se réfèrent à son expertise en se basant sur des papiers ou des livres qu'elle aurait écrits mais dont pas un seul ne serait validé par la communauté scientifique.

Mais le coup de grâce semble lui avoir été donné très récemment par une étude parue le 29 novembre, revue et validée par les pairs, elle, s'intitulant Internet Blogs, Polar Bears, and Climate-Change Denial by Proxy (Blogs Internet, ours polaires et déni de changement climatique par procuration) et dont voici le résumé :

  • L'augmentation de la température de surface, la perte de glace de mer dans l'Arctique et d'autres signes de réchauffement climatique anthropique (RCA) sont reconnus par toutes les grandes organisations scientifiques du monde. Cependant, il existe un large fossé entre ce large consensus scientifique et l'opinion publique. Les blogs sur Internet ont fortement contribué à cette lacune consécutive en fomentant des malentendus sur les causes et les conséquences du RCA. Les ours polaires (Ursus maritimus) sont devenus une "espèce emblématique" pour le RCA, faisant d'eux une cible de ceux qui nient les preuves du RCA. Ici, en mettant l'accent sur la glace de mer arctique et les ours polaires, nous montrons que les blogs qui nient ou minimisent le RCA ne tiennent pas compte des preuves scientifiques accablantes de la perte de glace de mer et de la vulnérabilité des ours polaires. En niant les impacts du RCA sur les ours polaires, les blogueurs visent à jeter le doute sur d'autres conséquences écologiques établies du RCA, aggravant le fossé de consensus. Pour contrer la désinformation et réduire cet écart, les scientifiques devraient directement impliquer le public dans les médias et la blogosphère. 
Susan Crockford est évidemment citée dans cette étude, saurez-vous la retrouver dans le graphique suivant ?

Analyse des composantes principales des scores de six énoncés, trois sur la glace de l'Arctique et trois sur les ours polaires, et les citations de Susan Crockford. Les scores ont été extraits de 90 blogs et de 92 articles scientifiques évalués par des pairs. Les blogs ont été codés en couleur selon leur groupe dans une analyse en grappes utilisant les distances de Manhattan et le regroupement de Ward. Les articles ont été classés comme controversés lorsqu'ils ont suscité des commentaires critiques et des discussions dans la littérature évaluée par des pairs. Les ellipses autour des points de données indiquent 95% de probabilité normale. Le premier axe de la PCA montre clairement l'écart consensuel, avec des positions complètement séparées pour la littérature scientifique et les blogs qui nient les problèmes avec la glace arctique ou les ours polaires. Par ailleurs, les blogs scientifiques prennent des positions qui chevauchent complètement la littérature évaluée par les pairs. Notez que même le petit nombre d'articles scientifiques plus « controversés » présentent encore des positions moins extrêmes sur le premier axe que celles exprimées dans la majorité des blogs de déni. Le deuxième axe PCA représente une variation beaucoup plus faible qui semble représenter le potentiel adaptatif présumé des ours.


Ce schéma vous étonne-t-il ? Moi pas.

L'autre graphique est également éloquent :

Diagrammes à secteurs montrant le pourcentage de 45 blogs scientifiques et de 45 blogs climatosceptiques exprimant leur opinion sur les effets du RCA sur l'étendue de la glace dans l'Arctique et, ensuite, sur les ours polaires. « Statements » fait référence au nombre cumulé de résultats pour chacune des trois déclarations sur l'étendue de la glace dans l'Arctique et le statut d'ours polaire pour les blogs inclus dans cette étude. Les blogs ont été codés en couleur en utilisant une analyse de cluster (distances de Manhattan et clustering de Ward) qui a donné deux grands groupes.

Sans surprise, l'écrasante majorité des blogs scientifiques estiment que les ours polaires sont en danger, avec une très faible portion estimant qu'ils peuvent s'adapter ; par contre l'écrasante majorité des blogs climatosceptiques sont certains (i.e. ne doutent pas, normal, ils sont sceptiques...) que la banquise est soit en extension soit en diminution temporaire sans que l'on sache si la tendance ne va pas s'inverser (comprendre qu'elle va s'inverser...), et donc que nos amis les ours polaires n'ont aucun souci à se faire, soit ils ne sont pas du tout menacés soit ils s'adapteront sans aucun problème ; à noter qu'une infime partie des blogs climatosceptiques pensent que les ours polaires sont menacés, mais où vont-ils chercher tout ça...?


Un des co-auteurs de l'étude, Bart Verheggen, nous dit dans son blog :
  • La plupart des blogs [climatosceptiques] ont basé leurs opinions sur une seule et même source : Susan Crockford.

Plus loin il nous explique :
  • Les ours polaires dépendent de la banquise pour attraper leurs proies principales, les phoques. Ainsi, leur habitat fond littéralement lorsque les températures augmentent. Au fil du temps, les ours polaires sont devenus des symboles emblématiques des effets négatifs du réchauffement climatique. La population a été relativement stable jusqu'à présent, mais vous ne pouvez pas extrapoler cela à l'avenir. Les impacts biologiques sont souvent non linéaires et leur dépendance à la glace de mer signifie qu'à l'avenir, les ours polaires seront probablement confrontés à des difficultés liées à la poursuite du réchauffement. En effet, ils ont été classés comme «vulnérables» par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et comme «menacés» en vertu de la loi américaine sur les espèces en voie de disparition.

Le lien fourni par Verheggen nous amène à une étude, validée par les pairs le 9 avril 2012, dont le titre est Effects of climate warming on polar bears: a review of the evidence (Effets du réchauffement climatique sur les ours polaires : un examen des preuves) et dont voici le résumé :
  • Le réchauffement climatique entraîne des changements unidirectionnels dans les schémas annuels de distribution, de structure et d'englacement des glaces de mer. Nous résumons des preuves qui documentent comment la perte de glace de mer, l'habitat principal des ours polaires (Ursus maritimus), affecte négativement leur survie à long terme. Afin de maintenir des sous-populations viables, les ours polaires dépendent de la glace de mer comme plateforme pour chasser les phoques suffisamment longtemps chaque année pour accumuler assez d'énergie (graisse) pour survivre aux périodes où les phoques ne sont pas disponibles. Moins de temps pour accéder aux proies, à cause de la rupture progressive au printemps, lorsque les jeunes phoques annelés récemment sevrés (Pusa hispida) sont disponibles, entraîne de longues périodes de jeûne, des conditions corporelles plus basses, un accès réduit aux aires de mise bas, moins d'oursons, qui sont de plus en plus petits, une survie moindre des oursons ainsi que d'ours d'autres classes d'âge, et, finalement, déclin de la sous-population vers une disparition éventuelle. La chronologie des changements impulsés par le climat variera selon les sous-populations, les effets négatifs quantifiables étant documentés d'abord dans les sous-populations plus au sud, comme celles de la baie d'Hudson ou du sud de la mer de Beaufort. Au fur et à mesure que la condition corporelle des ours se détériore, il y en a de plus en plus qui cherchent des ressources alimentaires alternatives, ce qui augmente la fréquence des conflits entre les ours et les humains. Dans les régions les plus septentrionales, la glace pluriannuelle épaisse, à travers laquelle pénètre peu de lumière pour stimuler la croissance biologique sur le dessous, sera remplacée par de la glace annuelle, ce qui favorisera une plus grande productivité et pourra créer un habitat plus favorable aux ours polaires sur les zones du plateau continental à court terme. Si le climat continue de se réchauffer et d'éliminer la glace de mer comme prévu, les ours polaires disparaîtront en grande partie des zones sud de leur aire de répartition au milieu du siècle. Ils peuvent persister dans les îles nordiques de l'Arctique canadien et dans le nord du Groenland dans un proche avenir prévisible, mais leur viabilité à long terme, avec une taille de la population globale très réduite dans un reliquat de leur ancien domaine, est incertaine.
Mais le plus intéressant est quand Bart Verheggen nous dit :
  • Susan Crockford écrit beaucoup sur les ours polaires, mais le fait surtout sur son propre site Web et pour des thinktanks anti-atténuation tels que le Heartland Institute et la Global Warming Policy Foundation (GWPF) ; pas dans la littérature scientifique.

Je pense que c'est suffisamment clair, non ?



mercredi 29 novembre 2017

Jean-Pierre Bardinet remet (indéfiniment) les couverts

En surfant ici ou là je tombe sur le site linfo.re dans lequel il est question de mortalité prévue pour 2100 à cause du réchauffement climatique, l'article s'intitulant Réchauffement climatique : 75% de l’humanité risque de mourir de chaud en 2100 ; et là, dans les commentaires, qui vois-je ? Jean-Pierre Bardinet !

Bon, l'article est plutôt mauvais, excessivement alarmiste (75% des gens risquant de mourir d'un coup de chaud en 2100, peu crédible, même pour un "réchauffiste" comme moi) et très mal écrit, par exemple :
  • Selon les résultats issus de cette étude parue dans Nature climate change, une personne sur trois risque de mourir de vagues de chaleur. A défaut de réactivité, d’ici 2100, ce chiffre pourrait passer de trois personnes sur quatre.
L'article de sciencesetavenir est un peu mieux ficelé :
  • Un tiers de l'humanité est actuellement exposé à des vagues de chaleur potentiellement mortelles, révèle une étude. [...] si les émissions de carbone continuent d'augmenter au rythme actuel, 74 % de la population mondiale sera exposée à des vagues de chaleur potentiellement mortelles d'ici 2100 !
Etre exposé à une vague de chaleur potentiellement mortelle n'est pas tout à fait la même chose que "x personnes sur y risquent de mourir de vagues de chaleur" ; nous sommes tous exposés à un accident de la route chaque fois que nous prenons notre voiture, de là à paniquer en croyant qu'on a de grandes chances de mourir il y a quand même un fossé assez large.

Mais le problème n'est pas là, je ne vais pas commenter le bien fondé de cette étude qui vaut ce qu'elle vaut et qui est certainement basée sur des données sérieuses (l'étude est ici, on peut la consulter à condition d'être abonné), non, je vais plutôt me pencher sur le commentaire du sieur Bardinet dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises (notamment ici) :
  • « La principale cause du réchauffement climatique est l’émission du dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre directement dégagé par les activités de l’Homme, qui se propage dans l’air ». Plusieurs remarques sur cette phrase, qui est un condensé de propagande réchauffiste, truffée d’erreurs grossières.
    • 1) Il n’y a AUCUNE preuve scientifique que le CO2 ait une action mesurable sur la température.
    • 2) Selon le GIEC, rapport AR5, page 471, figure 6.1, nos émissions de CO2 ne se montent qu’à 5% environ des émissions totales. Donc, même si le CO2 avait une action mesurable sur la température, la contribution anthropique serait marginale.
    • 3) La seule période connue de covariation CO2-T est 1978-1997. Depuis le début des années 2000, il n’y a plus de tendance au réchauffement, malgré une inflation de nos émissions de gaz satanique.
    • 4) Les modèles numériques se plantent lamentablement depuis plus de 20 ans, donc il est certain que leurs projections pour 2100 ne valent pas un clou. Bref, à partir de prémisses fausses ou très peu crédibles on peut prévoir tout et n’importe quoi. C’est ce que font les auteurs de cette étude foireuse.
Ainsi Bardinet reprend une partie de l'article qu'il qualifie de "propagande réchauffiste, truffée d’erreurs grossières" ; nous avons déjà vu que les 22 contre-vérités de Bardinet étaient elles mêmes de la "propagande climatosceptique truffée d'erreurs grossières", nous n'allons pas y revenir dessus mais nous focaliser sur les 4 points qu'il mentionne dans son commentaire qu'il croit assimiler à une argumentation.

1) Il faut s'appeler Bardinet pour oser prétendre qu'il n'y aurait "aucune preuve scientifique que le CO2 ait une action mesurable sur la température" ; 200 ans de science ne lui suffisent pas, on pensait que c'était plié mais non, il y a encore des gens comme lui pour nier que le CO2 soit le principal, pour ne pas dire l'unique responsable de la hausse actuelle des températures (environ +1°C depuis la fin de l'ère préindustrielle)
Pourtant on lui a dit et répété que non le soleil n'était pas en cause, ni le volcanisme sous-marin ou les nains de Blanche Neige, la hausse des températures ne peut s'expliquer QUE par la hausse concomitante du CO2, il y a d'ailleurs une parfaite corrélation entre CO2 et température au cours des âges, avec la grosse différence qu'avant l'intervention humaine c'était la température qui commençait à monter et provoquait la hausse du CO2 qui elle-même entrainait une hausse plus forte de la température par un effet de rétroaction positive (puisque le CO2 est un gaz à effet de serre, n'en déplaise à JPB), puis quand l'Homme s'est mis à balancer du CO2 dans l'atmosphère c'est celui-ci qui a entrainé la hausse de la température que nous connaissons aujourd'hui ; nulle autre hypothèse n'est tenable, en tout cas Jean-Pierre Bardinet n'en a pas à nous présenter et c'est bien normal, puisqu'il n'y en a pas.

2) Je suis aller chercher cette fameuse "figure 6.1" et je suis tombé sur ça :

Figure 6.1 page 471 de l'AR5.
Avec la légende suivante :
  •  Simplified schematic of the global carbon cycle. Numbers represent reservoir mass, also called ‘carbon stocks’ in PgC (1 PgC = 1015 gC) and annual carbon exchange fluxes (in PgC yr–1). Black numbers and arrows indicate reservoir mass and exchange fluxes estimated for the time prior to the Industrial Era, about 1750 (see Section 6.1.1.1 for references). Fossil fuel reserves are from GEA (2006) and are consistent with numbers used by IPCC WGIII for future scenarios. The sediment storage is a sum of 150 PgC of the organic carbon in the mixed layer (Emerson and Hedges, 1988) and 1600 PgC of the deep-sea CaCO3 sediments available to neutralize fossil fuel CO2 (Archer et al., 1998). Red arrows and numbers indicate annual ‘anthropogenic’ fluxes averaged over the 2000–2009 time period. These fluxes are a perturbation of the carbon cycle during Industrial Era post 1750. These fluxes (red arrows) are: Fossil fuel and cement emissions of CO2 (Section 6.3.1), Net land use change (Section 6.3.2), and the Average atmospheric increase of CO2 in the atmosphere, also called ‘CO2 growth rate’ (Section 6.3). The uptake of anthropogenic CO2 by the ocean and by terrestrial ecosystems, often called ‘carbon sinks’ are the red arrows part of Net land flux and Net ocean flux. Red numbers in the reservoirs denote cumulative changes of anthropogenic carbon over the Industrial Period 1750–2011 (column 2 in Table 6.1). By convention, a positive cumulative change means that a reservoir has gained carbon since 1750. The cumulative change of anthropogenic carbon in the terrestrial reservoir is the sum of carbon cumulatively lost through land use change and carbon accumulated since 1750 in other ecosystems (Table 6.1). Note that the mass balance of the two ocean carbon stocks Surface ocean and Intermediate and deep ocean includes a yearly accumulation of anthropogenic carbon (not shown). Uncertainties are reported as 90% confidence intervals. Emission estimates and land and ocean sinks (in red) are from Table 6.1 in Section 6.3. The change of gross terrestrial fluxes (red arrows of Gross photosynthesis and Total respiration and fires) has been estimated from CMIP5 model results (Section 6.4). The change in air–sea exchange fluxes (red arrows of ocean atmosphere gas exchange) have been estimated from the difference in atmospheric partial pressure of CO2 since 1750 (Sarmiento and Gruber, 2006). Individual gross fluxes and their changes since the beginning of the Industrial Era have typical uncertainties of more than 20%, while their differences (Net land flux and Net ocean flux in the figure) are determined from independent measurements with a much higher accuracy (see Section 6.3). Therefore, to achieve an overall balance, the values of the more uncertain gross fluxes have been adjusted so that their difference matches the Net land flux and Net ocean flux estimates. Fluxes from volcanic eruptions, rock weathering (silicates and carbonates weathering reactions resulting into a small uptake of atmospheric CO2), export of carbon from soils to rivers, burial of carbon in freshwater lakes and reservoirs and transport of carbon by rivers to the ocean are all assumed to be pre-industrial fluxes, that is, unchanged during 1750–2011. Some recent studies (Section 6.3) indicate that this assumption is likely not verified, but global estimates of the Industrial Era perturbation of all these fluxes was not available from peer-reviewed literature. The atmospheric inventories have been calculated using a conversion factor of 2.12 PgC per ppm (Prather et al., 2012).
J'ai un peu de mal à voir d'où Bardinet tire ses 5% d'émissions anthropiques par rapport aux émissions totales de CO2 ; il se garde bien d'ailleurs de nous donner le détail de ses calculs, au cas où l'on verrait que ça ne colle pas.

Si je comprends bien le schéma nos émissions anthropiques sont égales à (voir le commentaire de VB pour le calcul correct, le mien se révélant hasardeux...) :
  • charbon, pétrole, gaz, ciment : 7,8
  • utilisation des sols : 1,1
  • ce qui nous donne un total anthropique de 8,9
Si ces 8,9 représentent 5% du total, alors ce dernier est égal à 178, que je vais essayer de reconstituer :
  • émissions anthropiques : 8,9
  • photosynthèse : 14,1
  • océans : 155
  • total : 178
Mais il me semble qu'il faudrait aussi rajouter :
  • respiration des plantes et feux : 11,6
Ce qui nous ferait près de 190, donc les émissions anthropiques seraient en fait de 4,7%, mais il est vrai que Bardinet nous a dit "5% environ", donc on peut présumer qu'il a arrondi au supérieur pour montrer sa grande générosité.

En fait je ne suis pas du tout sûr qu'il faille lire le tableau comme je le fais et mes chiffres sont à prendre avec de grosses pincettes, quoi qu'il en soit même si les émissions anthropiques de CO2 ne représentent que 5% du total des émissions cela ne veut en rien dire qu'elles n'ont aucune influence notable sur la hausse des températures, car il faut également prendre en considération les puits de carbone, c'est-à-dire les flux dans l'autre sens que celui des émissions, puisqu'on parle du cycle du carbone et qu'apparemment Bardinet n'évoque qu'une partie de l'équation.

Tout cela me fait dire que si j'ai du mal à lire le tableau, avec toutes ses flèches et ses chiffres noirs et rouges, notre bon ami Bardinet n'est pas mieux loti que moi, de toute évidence il est pratiquement aussi perdu que moi dans ce labyrinthe, ce qui la fout mal pour un ingénieur de sa qualité. Mais peut-être qu'il maitrise mal l'anglais et n'a pas compris ce passage :
  • Emission of carbon from fossil fuel reserves, and additionally from land use change (see Section 6.3) is now rapidly increasing atmospheric CO2 content.
Eh oui, nos émissions anthropiques "augmentent rapidement le contenu du CO2 atmosphérique", c'est écrit noir sur blanc, on ne parle donc plus de 5%, il faut même comprendre de cette phrase que 100% de l'augmentation du CO2 atmosphérique sont dus exclusivement à l'activité humaine, nous sommes donc très loin des 5% bardinesques !

3) « Depuis le début des années 2000, il n’y a plus de tendance au réchauffement », toujours le même bobard rabâché par Bardinet à longueur de commentaires partout sur la Toile où le réchauffement climatique est évoqué. Par ailleurs la "covariation CO2-T" dont il parle ne peut se mesurer que sur du long terme, car la variabilité naturelle (El Niño ou le volcanisme par exemple) vient troubler le court terme et tromper les neuneus qui gobent les "arguments" de ce type dont Bardinet s'est fait le spécialiste. Si l'on prend un peu de hauteur et qu'on marche sur la tête de Bardinet on peut voir ceci :

Covariation CO2-T.
On peut constater que même durant la période mentionnée par notre ingénieux ingénieur (1978-1997) il n'y a pas vraiment eu, contrairement à ce qu'il prétend, de parfaite adéquation entre les deux courbes, la température faisant le yoyo au gré des variations naturelles, alors que le CO2 monte graduellement et régulièrement, lui (et ne parlons pas du soleil qui est à la ramasse...)

4) La seule chose correcte dans cette partie c'est : « à partir de prémisses fausses ou très peu crédibles on peut prévoir tout et n’importe quoi » ; cela s'applique parfaitement à Jean-Pierre Bardinet.



mardi 28 novembre 2017

Climactualités - novembre 2017

Actualité climatique du mois passé dans laquelle j'entrepose pêle-mêle les articles que j'ai trouvés intéressants (mais j'ai pu, et dû, en louper un certain nombre) ; comme je n'ai pas toute la journée à dédier à la tenue de ce blog je me dispenserai de traduire les articles en français, à chacun donc de se débrouiller avec la langue de Shakespeare en fonction de ses capacités (il y a au demeurant des outils de traduction en ligne assez performants...)

Comme je ne ferai aucun commentaire (sauf pour les dessins humoristiques), me contentant de reprendre quelques extraits ou graphiques des articles en question, les lecteurs qui m'accuseraient de cherry-picking verraient leur prose automatiquement envoyée à la poubelle sans forcément une explication de ma part ; je donnerai à chaque fois les liens donc toute personne n'ayant pas de poil dans la main sera capable d'aller consulter les sources dans leur totalité.


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Le 7/11/2017 : pnas
Assessing the present and future probability of Hurricane Harvey’s rainfall (Kerry Emanuel)

Abstract
We estimate, for current and future climates, the annual probability of a really averaged hurricane rain of Hurricane Harvey’s magnitude by downscaling large numbers of tropical cyclones from three climate reanalyses and six climate models. For the state of Texas, we estimate that the annual probability of 500 mm of area-integrated rainfall was about 1% in the period 1981–2000 and will increase to 18% over the period 2081–2100 under Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) AR5 representative concentration pathway 8.5. If the frequency of such event is increasingly linearly between these two periods, then in 2017 the annual probability would be 6%, a sixfold increase since the late 20th century.
Fig. 1.
Storm total rainfall (millimeters) from a simulated tropical cyclone driven by climate analysis data over the period 1980–2016. This simulated event took place in August and September 2006. The track of the storm center is indicated by the back curve; it approached Texas from the southeast, moved slowly around a counterclockwise path in coastal Texas, and exited toward the southeast
Fig. 2.
Return periods of hurricane total rainfall (millimeters) at the single point of Houston, Texas, based on 3,700 simulated events each from three global climate analyses over the period 1980–2016. The dots show the three-climate-set mean and the shading shows 1 SD in storm frequency, remapped into return periods.

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Le 8/11/2017 : advances.sciencemag
Snowball Earth climate dynamics and Cryogenian geology-geobiology

Abstract
Geological evidence indicates that grounded ice sheets reached sea level at all latitudes during two long-lived Cryogenian (58 and ≥5 My) glaciations. Combined uranium-lead and rhenium-osmium dating suggests that the older (Sturtian) glacial onset and both terminations were globally synchronous. Geochemical data imply that CO2 was 102 PAL (present atmospheric level) at the younger termination, consistent with a global ice cover. Sturtian glaciation followed breakup of a tropical supercontinent, and its onset coincided with the equatorial emplacement of a large igneous province. Modeling shows that the small thermal inertia of a globally frozen surface reverses the annual mean tropical atmospheric circulation, producing an equatorial desert and net snow and frost accumulation elsewhere. Oceanic ice thickens, forming a sea glacier that flows gravitationally toward the equator, sustained by the hydrologic cycle and by basal freezing and melting. Tropical ice sheets flow faster as CO2 rises but lose mass and become sensitive to orbital changes. Equatorial dust accumulation engenders supraglacial oligotrophic meltwater ecosystems, favorable for cyanobacteria and certain eukaryotes. Meltwater flushing through cracks enables organic burial and submarine deposition of airborne volcanic ash. The subglacial ocean is turbulent and well mixed, in response to geothermal heating and heat loss through the ice cover, increasing with latitude. Terminal carbonate deposits, unique to Cryogenian glaciations, are products of intense weathering and ocean stratification. Whole-ocean warming and collapsing peripheral bulges allow marine coastal flooding to continue long after ice-sheet disappearance. The evolutionary legacy of Snowball Earth is perceptible in fossils and living organisms.
Fig. 28 Bar graph of peer-reviewed papers on Cryogenian glaciation by discipline and year, 1982 to 2016.
Papers are assigned to one of four disciplinary categories. Note the relative growth of geophysical and geochemical papers after 1996 and geobiological papers after 2002. From the 1870s through the 1980s, research on “eo-Cambrian” glaciation was almost exclusively geological (55). The 70 chapters by various authors in the work of Arnaud et al. (175) are not tallied here. Forward modeling papers (in all categories) account for only ~25% of the current total.


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Le 20/11/2017 : nature
Recently amplified arctic warming has contributed to a continual global warming trend

Abstract
The existence and magnitude of the recently suggested global warming hiatus, or slowdown, have been strongly debated1,2,3. Although various physical processes4,5,6,7,8 have been examined to elucidate this phenomenon, the accuracy and completeness of observational data that comprise global average surface air temperature (SAT) datasets is a concern9,10. In particular, these datasets lack either complete geographic coverage or in situ observations over the Arctic, owing to the sparse observational network in this area9. As a consequence, the contribution of Arctic warming to global SAT changes may have been underestimated, leading to an uncertainty in the hiatus debate. Here, we constructed a new Arctic SAT dataset using the most recently updated global SATs2 and a drifting buoys based Arctic SAT dataset11 through employing the ‘data interpolating empirical orthogonal functions’ method12. Our estimate of global SAT rate of increase is around 0.112 °C per decade, instead of 0.05 °C per decade from IPCC AR51, for 1998–2012. Analysis of this dataset shows that the amplified Arctic warming over the past decade has significantly contributed to a continual global warming trend, rather than a hiatus or slowdown.

Fig. 2: Annual mean SAT anomalies relative to 1979–2004 climatology and their linear trends over 1998–2012.
a,b, The Arctic region (60–90° N, a) and the globe (b). a, Black solid lines are from Kriging interpolation; the red solid lines are the mean of two DINEOF reconstructions with the blue shading representing their range. b, The black solid lines are from Annual K2015; and the red lines and blue shading are the same as in a but for the globe. The dashed lines show trends over 1998–2012 and the numbers show the warming rates over this period (°C per decade). The errors indicate the range of the two reconstructed trends relative to their mean.

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Le 23/11/2017 : sciencedaily
Climate change could increase volcano eruptions

A new study, led by the University of Leeds, has found that there was less volcanic activity in Iceland when glacier cover was more extensive and as the glaciers melted volcanic eruptions increased due to subsequent changes in surface pressure.

geoscienceworld
Climatic control on Icelandic volcanic activity during the mid-Holocene

ABSTRACT
Human-induced climate change is causing rapid melting of ice in many volcanically active regions. Over glacial-interglacial time scales changes in surface loading exerted by large variations in glacier size affect the rates of volcanic activity. Numerical models suggest that smaller changes in ice volume over shorter time scales may also influence rates of mantle melt generation. However, this effect has not been verified in the geological record. Furthermore, the time lag between climatic forcing and a resultant change in the frequency of volcanic eruptions is unknown. We present empirical evidence that the frequency of volcanic eruptions in Iceland was affected by glacial extent, modulated by climate, on multicentennial time scales during the Holocene. We examine the frequency of volcanic ash deposition over northern Europe and compare this with Icelandic eruptions. We identify a period of markedly reduced volcanic activity centered on 5.5–4.5 ka that was preceded by a major change in atmospheric circulation patterns, expressed in the North Atlantic as a deepening of the Icelandic Low, favoring glacial advance on Iceland. We calculate an apparent time lag of ~600 yr between the climate event and change in eruption frequency. Given the time lag identified here, increase in volcanic eruptions due to ongoing deglaciation since the end of the Little Ice Age may not become apparent for hundreds of years.
                  

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ENSO
9/11/2017 : climate.gov/enso
La Niña is underway, with a 65-75% chance that it will continue at least through the winter. Similar to last winter, the event is predicted to be relatively weak. During a weak event, the typical U.S. impacts associated with La Niña are still possible, but they become less likely. The next update will be on December 7.


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Coral Reef Watch
28/11/2017 : coralreefwatch.noaa.gov
This figure shows the regions currently experiencing high levels of heat stress that can cause coral bleaching.
This figure shows the distribution of the lowest heat stress levels predicted by at least 60% of the model ensemble members. In other words, there is a 60% chance that the displayed heat stress levels will occur.
NOAA Coral Reef Watch's satellite Coral Bleaching Alert Area below shows the maximum heat stress during the Third Global Coral Bleaching Event. Regions that experienced the high heat stress that can cause coral bleaching, from June 1, 2014 to May 31, 2017, are displayed. Alert Level 2 heat stress indicates widespread coral bleaching and significant mortality. Alert Level 1 heat stress indicates significant coral bleaching. Lower levels of stress may have caused some bleaching as well. More than 70% of coral reefs around the world experienced the heat stress that can cause bleaching and/or mortality during the three-year long global event.

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Climate Prediction Center
28/11/2017 : cpc.ncep.noaa.gov
Global Tropics Benefits/Hazards 
Last Updated: 11.24.17 Valid: 11.25.17 - 12.05.17
A weak intraseasonal signal continues to be centered over the Maritime Continent region, as indicated by both CPC's velocity potential based index and the RMM index. Dynamical model MJO forecasts display substantial differences in both the predicted amplitude and degree of eastward propagation of this signal during the next two weeks. The NCEP GEFS depicts the emergence of an intraseasonal signal across the eastern Indian Ocean (phase 3) which acquires high amplitude rather quickly during Week-1, then propagates eastward while deamplifying across phases 4 and 5 (Maritime Continent) before eventually moving back inside the unit circle on the RMM plot. The Canadian RMM diagram indicates a rapidly amplifying signal into phase 4 during Week-1, only to deamplify just as rapidly across phases 4 and 5 during Week-2. The ECMWF solution maintains a MJO signal with eastward propagation to Phase 6 (west Pacific) late in Week-2. Finally, the CFSv2 ensemble RMM plot deviates significantly from the other solutions, keeping the intraseasonal signal well inside the unit circle during the two-week period on the side of the RMM diagram that includes phases 3,4,5 and 6 (eastern Indian Ocean through the Western Pacific).

Tropical Cyclone (TC) development within the Friday update's reduced domain appears to be very limited, with one possible exception. The deterministic GFS runs initialized at 0z, 6z, and 12z, and the deterministic ECMWF run initialized at 0z, forecast the possibility of a TC forming over the Western Pacific, somewhere near 10N/140E, which then tracks towards the Philippines and South China Sea during the Nov 29 to Dec 5 period.

The Week-1 and Week-2 rainfall outlooks were adjusted based on the latest precipitation guidance from the ECMWF, GFS, and CFS models.

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Polar Science Center
28/11/2017 : psc.apl.uw.edu
Average Arctic sea ice volume in October 2017 was 6100 km3 a 1100 km3  above the record of 2012 ( 5000 km3) and almost the same as  2010.  October 2017 volume was 65% below the maximum October ice volume in 1979,  50% below the 1979-2016 mean, and very close to the long term trend line.   While 2017 started well below prior years and remained so through May,  ice loss during June through October was less than previous years with July and August accounting for most of the “catch up”. This is shown in Fig 8 which compares daily ice volume anomalies for several recent years (base period 1979-2016). The difference between 2012 (the previous record) is notable. While 2017 started out with much lower sea ice volume, 2012 had a much more rapid sea ice loss through May and June. Both 2012 and 2017 have very similar anomaly progression through July. August and September 2017 by comparison was a months of reprieve relative to 2012.
Average ice thickness in October 2017 over the PIOMAS  domain increase a bit relative to September and is  10 cm above to the lowest on record (Fig 4.).   Note that the interpretation of average ice thickness needs to take into account that only areas with ice thickness greater than 15 cm are included so that years with less total volume can have a greater ice thickness. That’s why the average ice thickness can increase late in the year as thin regrown sea ice is added into the average.
Fig 8 Comparison of Daily Sea Ice Volume Anomalies relative to 1979-2016.
Fig 4.Average Arctic sea ice thickness over the ice-covered regions from PIOMAS for a selection of years. The average thickness is calculated for the PIOMAS domain by only including locations where ice is thicker than .15 m.
Fig.1  Arctic sea ice volume anomaly from PIOMAS updated once a month. Daily Sea Ice volume anomalies for each day are computed relative to the 1979 to 2016 average for that day of the year. Tickmarks on time axis refer to 1st day of year. The trend for the period 1979- present  is shown in blue. Shaded areas show one and two standard deviations from the trend. Error bars indicate the uncertainty of the  monthly anomaly plotted once per year.
Fig. 2 Total Arctic sea ice volume from PIOMAS showing the volume of the mean annual cycle, and from 2010-2017. Shaded areas indicate one and two standard deviations from the mean.
Fig.3 Monthly Sea Ice Volume from PIOMAS for April and Sep.
Fig 6. PIOMAS Ice Thickness Anomaly for October 2017 relative to 2000-2015.

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Arctic Data archive system (ADS)
xx/11/2017 : ads.nipr.ac.jp
Arctic sea ice extent.
Antarctic sea ice extent.

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C'est si vrai, en riant avec What on earth? comics !

Peut-être creuse-t-on la tombe réservée à Fred Singer qui avait réussi à s'échapper de celle de gauche (les zombies sont à la mode, winter is coming isn't it?)
Si seulement ça pouvait marcher comme ça...

Une petite pensée pour Rittaud, Gérondeau et Prud'hommes (entre autres)
Oui, que peut-on répondre à ça...? La bêtise laisse souvent sans voix, elle peut même provoquer des lésions au front.