mardi 31 mai 2016

Evénements extrêmes et réchauffement climatique

Il est toujours délicat de lier un événement extrême au réchauffement climatique, surtout si on attribue ce dernier à l'Homme !

Cependant les scientifiques nous disent depuis longtemps déjà que le RCA entrainera très probablement une augmentation de ces événements extrêmes tels que celui dont nous avons été le témoin il y a deux jours seulement.

Une étude relativement récente, Increased record-breaking precipitation events under global warming, datée de juillet 2015, nous donnait des informations précises :
  • Abstract

    In the last decade [i.e. 2005-2014] record-breaking rainfall events have occurred in many places around the world causing severe impacts to human society and the environment including agricultural losses and floodings. There is now medium confidence that human-induced greenhouse gases have contributed to changes in heavy precipitation events at the global scale. Here, we present the first analysis of record-breaking daily rainfall events using observational data. We show that over the last three decades the number of record-breaking events has significantly increased in the global mean. Globally, this increase has led to 12 % more record-breaking rainfall events over 1981–2010 compared to those expected in stationary time series. The number of record-breaking rainfall events peaked in 2010 with an estimated 26 % chance that a new rainfall record is due to long-term climate change. This increase in record-breaking rainfall is explained by a statistical model which accounts for the warming of air and associated increasing water holding capacity only. Our results suggest that whilst the number of rainfall record-breaking events can be related to natural multi-decadal variability over the period from 1901 to 1980, observed record-breaking rainfall events significantly increased afterwards consistent with rising températures.
Bref, températures plus élevées => davantage d'humidité dans l'air => davantage de précipitations
 
Et comme un graphique (non bidonné bien sûr) vaut mieux qu'un long discours :
 
L'augmentation moyenne des précipitations sur la période 1980-2010 est de 12% au niveau global, mais elles est de 56% pour le seul sud-est asiatique et 31% pour l'Europe, alors que pour la zone méditerranéenne on constate une diminution de 27%, et pour l'ouest américain (USA) de 21% !
 
Voici quelques explications détaillées sur les phénomènes en jeu :
 
 
Ce passage à 3:50 est peut-être ce qui explique pourquoi on trouve beaucoup de climatosceptiques sur la côte est des Etats-Unis...
 
 
Et celui-ci (à 4:18) est encore plus parlant...
 
 
Et c'est pour cela que nous avons de magnifiques exemples de stupidité comme le sénateur James Inhofe lançant une boule de neige en plein Sénat pour "prouver" que l'année 2014 n'était pas l'année la plus chaude jamais enregistrée jusqu'alors (depuis elle a été battue par 2015 et le sera probablement par 2016) :
  • Jeudi 26 février [2015], Jim Inhofe est intervenu au Sénat [...] Il a montré tout d’abord une photo du splendide igloo construit par ses six petits enfants sur les pelouses du Capitole en 2010, qui avait été baptisé Al Gore pour railler l’ancien vice-président devenu défenseur de l’environnement, avant d’extraire d’un sac en plastique une magnifique boule de neige.
  • « Au cas où on l’aurait oublié parce qu’on ne cesse de nous répéter que l’année 2014 a été la plus chaude jamais enregistrée, vous savez ce que c’est ? », a-t-il demandé au président de séance. « C’est une boule de neige, faite en dehors de ce bâtiment. Il fait très, très froid dehors, ce n’est pas un temps de saison », a-t-il poursuivi avant de lancer son projectile en direction du président.
Dans cet article du Monde dont je viens de citer des extraits nous pouvons voir l'inénarrable Jean-Pierre Bardinet venir poser ses petites crottes habituelles pour le cas où on n'aurait pas bien compris qu'il était payé pour désinformer les lecteurs crédules :
  • Jean-Pierre Bardinet 02/03/2015 - 10h59
    @Michel Royannais Le principe de précaution est à manipuler ... avec précaution. Sinon, on peut faire tout et n'importe quoi, et dépenser des sommes folles pour des prunes. Pour le moment, il n'y a plus de RC depuis 18 ans [FAUX], les océans montent continûment de 1,5 mm/an [FAUX], les observations réfutent les thèses du GIEC [FAUX], les modèles numériques se plantent lamentablement [FAUX]. La sagesse voudrait que l'on attende 2020 pour voir comme la température va évoluer (elle pourrait baisser - cycles multidécennaux)  [FAUX]
  • Jean-Pierre Bardinet 02/03/2015 - 01h33
    @MJG Quand il fait un peu chaud quelque part, sur une durée courte, on nous sort un paquet d'articles nous affirmant que c'est une preuve de plus du RC [FAUX]alors qu'il y a confusion entre climat et météorologie [chez les climatosceptiques !]. Mais là, personne ne le signale.. Alors, quand il fait froid quelque part, pourquoi ne pas faire de même? [FAUX], Retour de bâton tout-à-fait légitime, pour dénoncer l'absurdité des articles parlant du chaud.
  • Jean-Pierre Bardinet 02/03/2015 - 01h27
    Point n'est besoin de brandir une boule de neige: les mesures Hadcrut, RSS et UAH montrent qu'il n'y plus de réchauffement climatique depuis 18 ans [FAUX]. Les droites de tendance sont quasiment à pente nulle [FAUX], compte tenu de l'échelle verticale: http://www.woodfortrees.org/plot/hadcrut3vgl/from:1997/offset:-0.15/trend/plot/rss/from:1997/trend Quant à 2014, elle n'a pas été la particulièrement chaude (à quelques centièmes de degrés près, ce qui est inférieur à la précision des mesures) [FAUX].
Bardinet, dans sa grande sagesse, nous propose d'attendre 2020 "pour voir" ; lui qui n'est pas capable de lire correctement un graphique (ou plutôt qui feint de les lire de travers) a besoin de 5 années supplémentaires pour se faire une opinion, mais quand 2020 arrivera il aura bien entendu besoin d'encore 5 à 10 ans pour y voir plus clair car il sera à cette époque encore payé pour propager ses âneries.
 
 
  

samedi 28 mai 2016

Trolls à gogo

Depuis quelques temps mon site fait l'objet d'attaques trollesques assez régulières de la part d'un individu qui n'ose même pas signer ses apparitions.

Un lecteur attentif m'a fait parvenir un portrait robot de ce zigoto que je publie ici afin que tout le monde soit informé :


L'énergumène en question a apparemment un compte Facebook où il publie des selfies pris en compagnie d'autres trolls de la même espèce (qui n'est pas appelée à disparaître...)

On le voit par exemple ici en présence de deux autres trolls dont l'un a été reconnu comme étant le dénommé Nicias (accroupi en train de poser sa crotte sur un autre site que le mien) :


Ici c'est avec un Murps renfrogné qu'il se tire le portrait :


Et il n'a pas hésité à se montrer en présence de miniTAX juché sur un podium afin de paraître plus grand que ce qu'il est en réalité (la petite gobeline à couettes n'a pas été identifiée à ce jour, affaire à Suivre...) :


On le voit même en compagnie de Claude Allègre lors d'un congrès de climato-spiritisme :


Mais c'est avec Benoit Rittaud qu'il s'entend a priori le mieux, ainsi qu'on peut le voir dans ce cliché pris dans le laboratoire de mathématiques appliquées aux fosses septiques de la cité de Fossoyeuse :


Comme on peut le constater il s'agit d'un personnage fréquentant des sommités scientifiques, donc à prendre très au sérieux.


 

mardi 24 mai 2016

Le bon sens de Jean-Pierre Bardinet qui ne saurait mentir...

Dans un billet du 21 mai dernier Jean-Pierre Bardinet nous fait part de ses "réflexions" de bon sens (sic) sur le climat et la transition énergétique.

On sait déjà à quoi s'en tenir avec JPB, j'ai évoqué son "cas" à plusieurs reprises, la première fois ici.

Les "réflexions de bons sens" semblent avoir un sens bien précis, celui d'intérêts financiers liés aux industries dites "fossiles" ou "nucléaires" ; en effet, il ne peut pas en être autrement, car à voir JPB se complaire dans le déni de réalité et continuer à publier ses fadaises on ne peut raisonnablement penser qu'il soit sincère (l'autre possibilité étant qu'il soit un crétin, ce que je ne pense pas)

Le sieur Bardinet est constamment réfuté, y compris par des climatosceptiques notoires comme Willis Eschenbach, sans parler de gens beaucoup plus sérieux, comme par exemple ce commentateur du nom de Yves30 qui, dans un billet titré Réponse n°1 aux critiques de Jean Poitou et François-Marie Bréon lui apporte des arguments étayés auxquels il ne sait que répondre bêtement :
  • 05/12/2014 19:27 - Par Jean-Pierre Bardinet en réponse au commentaire de Yves30 le 8 nov. 2014
    • [CO2] = intégrale du temps. C'est donc bien la température qui pilote le taux de CO2, pas l'inverse. Les variations de température, principalement en zone intertropicale, pilotent le dégazage des océans ou l'absorption du CO2 par les océans.
Quand Yves30 entre dans des détails trop techniques pour lui, JPB fait la sourde oreille et ne répond rien, il s'agit pourtant de son blog sur Mediapart et la moindre des choses serait qu'il défende au minimum ce qu'il avance dans ses billets. Mais non content de lâcher la purée sans se soucier des conséquences de ses affirmations, c'est-à-dire si elles tiennent la route ou non, il récidive régulièrement dans des billets de son cru ou tout au long de ses innombrables commentaires qui polluent constamment la toile chaque fois que le climat est évoqué.

Ainsi donc voici le nouvel opus sur le climat et la transition énergétique duquel on peut isoler les quelques perles suivantes :
  • Nul n'ose dire qu'il n'y a plus de réchauffement climatique depuis près de 20 ans et que les projections des modèles numériques se plantent lamentablement [...]
Si "nul n'ose dire qu'il n'y a plus de réchauffement climatique depuis près de 20 ans" c'est tout simplement parce que le réchauffement continue de plus belle ; mais bien sûr prendre uniquement 20 ans et choisir soigneusement les données qui nous plaisent, cela peut aider pour tromper les neuneus :

Mais si on garde les trois références (HADCRUT, RSS et UAH) et qu'on étire la période on arrive aussi à ceci :

Quant aux prévisions des modèles climatiques qui, selon JPB, "se plantent lamentablement", j'ai déjà écrit là-dessus ici, ici ou ici. C'est donc plutôt JPB qui se montre lamentable dans sa critique des modèles qu'il est incapable d'appuyer par de quelconques arguments sérieux.

  • Nul n'ose dire que le CO2 est gaz de la vie, indispensable à la photosynthèse, et que, grâce au taux actuel de 400 ppm, la planète reverdit et les récoltes sont meilleures.
Strawman de toute beauté laissant penser que les climatologues nieraient que le CO2 soit indispensable à la photosynthèse, c'est bien évidemment une vue de faible d'esprit car c'est ce qui s'apprend dès l'école primaire ; par contre JPB affirme que "les récoltes sont meilleures" sans en apporter la moindre preuve et en ignorant bien entendu tous les effets négatifs liés au réchauffement des températures (voir à ce sujet  un article beaucoup plus intéressant que tout ce que JPB pourra jamais fournir même avec beaucoup de bonne volonté)

  • Nul n'ose dire qu'il n'y a aucune preuve scientifique que le CO2 ait une action mesurable sur la température, et nul n'ose dire que 1300 publications scientifiques récusent les thèses du GIEC/IPCC.
Cela fera bientôt 200 ans, avec Joseph Fourier en 1824 (première ébauche de l'effet de serre), que les scientifiques étudient l'effet des gaz sur l'atmosphère terrestre ; et Googlescholar donne plus de deux millions de résultats à "greenhouse effect", par contre où sont les 1300 publications scientifiques qui récuseraient les thèses du GIEC ? Et si elles existent n'ont-elles pas toutes été réfutées après parution ? Par ailleurs le GIEC n'émet pas de "thèses", il se contente de rapporter régulièrement l'état des connaissances sur le climat, il s'agit donc de "thèses" de milliers de scientifiques spécialisés en climatologie (astrophysiciens, dynamiciens et chimistes de l'atmosphère, océanologues, glaciologues, géophysiciens, biochimistes, biologistes, dendrologues, etc.)  ; au passage notons que JPB insulte tous ces scientifiques en affirmant qu'ils n'apportent "aucune preuve etc."

  • Nul n'ose dire que la montée "cataclysmique" des océans n'est que de 1,5 mm/an depuis belle lurette, et qu'aucune accélération n'a été identifiée
Parce que c'est tout simplement faux : la seule dilatation thermique des océans due à leur réchauffement est estimée à environ 1,5mm/an, représentant 50% de la hausse totale sur la période 1993-2005 (source CNRS) qui serait donc d'environ 3mm/an ; par ailleurs voici ce que le GIEC nous dit dans son dernier rapport :

d) niveau moyen des mers par rapport à la moyenne 1900-1905 de l’ensemble de données le plus long, avec tous les ensembles de données alignés par rapport à 1993 (la première année de données d’altimétrie par satellites). Toutes les séries chronologiques (courbes de couleur représentant différents ensembles de données) indiquent des valeurs annuelles et, lorsqu’elles sont estimées, les incertitudes sont représentées par des zones de différentes couleurs. Voir l’annexe du Résumé technique qui fournit une liste des ensembles de données. {figures 3.2, 3.13, 4.19 et 4.3; FAQ 2.1, figure 2; figure RT.1}

Mais bien sûr pour JPB le rapport du GIEC ne vaut rien, mieux vaut donc l'ignorer et lui substituer de vagues affirmations sans fondement, c'est bien plus crédible.

  • Je mets un carton rouge à nos médias serviles et aux ONG qui font caisse de résonance à la Pensée Unique et sont les principaux vecteurs de propagande réchauffiste (notamment, mais pas seulement, l'AFP)
Brûlons le messager puisque le message ne nous convient pas ; quand un media reprend fidèlement une information de scientifiques, c'est forcément qu'il est servile, par contre JPB, lui, a toute son indépendance d'esprit.

Pour les énergies renouvelables JPB se lance également dans la diatribe archi connue (en commençant par "elles sont intermittentes", etc.) qui est elle-aussi un magnifique Strawman ; personne n'affirme que tout peut être résolu du jour au lendemain avec le solaire ou l'éolien, et même si ces énergies comportent certains défauts, les disqualifier et vouloir à tout prix conserver, voire augmenter les capacités de non-renouvelables sans développer les renouvelables est tout simplement un sophisme suicidaire.

L'ADEME par exemple nous informe :  
  • plusieurs mix électriques sont techniquement possibles pour satisfaire la demande chaque heure de l'année avec 80 ou 100% de renouvelables [à l'horizon2030-2050] ;
  • le développement de la maîtrise de la demande d'électricité, ainsi que la maîtrise de la pointe, sont des conditions essentielles: sans elles, quel que soit le mix intégrant notablement des EnR, le coût du système électrique n'est pas maîtrisé ;  
  • le coût des technologies doit continuer à baisser, surtout pour les technologies les moins matures, afin de permettre un mix équilibré entre les différentes filières de production d'électricité. Cette baisse de coût peut s'envisager grâce au progrès technologique, mais également via la mise en place de conditions de financement appropriées pour les énergies renouvelables ;
L'ADEME, dans Un mix électrique 100% renouvelable ?, nous présente 6 points en guise de résumé de l'étude, après nous avoir averti que "les énergies renouvelables comme le photovoltaïque ou l’éolien produisent au gré de la météo", donc infirmant JPB qui nous dit que "Nul ne dit qu’elles sont aléatoirement intermittentes" (apparemment JPB ne s'est pas correctement renseigné...) :
  1. La combinaison des technologies est essentielle
  2. Un système électrique intelligent et flexible
  3. Un mix électrique robuste aux aléas météorologiques
  4. Le développement du réseau est nécessaire et permet de mutualiser les potentiels
  5. Une évaluation de l'impact économique 
  6. L'équilibre de la production et de la demande est atteint toute l'année, sur une base horaire
L'étude de l'ADEME est consultable ici.

Et cerise sur le gâteau, nous avons appris récemment (le 8 mai) que l'Allemagne avait atteint un pic de production d'énergie renouvelable et que les consommateurs étaient payés pour consommer le surplus ! Quant au Portugal il a fonctionné à 100% de renouvelable au même moment ; et on rajoute qu'il n'y a pas longtemps, en 2013, le Portugal fonctionnait à 50% avec du non renouvelable, preuve est donc faite qu'en très peu de temps les choses peuvent évoluer à condition de s'en donner les moyens.

Evidemment des conditions exceptionnellement bonnes ont permis à l'Allemagne et au Portugal de fonctionner respectivement à 87% et 100% de renouvelable pendant une durée relativement courte (107 heures pour le Portugal, quand même) mais il est évident que ces deux pays sont encore loin d'avoir utilisé tout leur potentiel.

Même Microsoft nous informe qu'il utilisera 50% de renouvelable en 2018 pour ses data centers.


Bref JPB, en bon petit soldat du fossile et du nucléaire, fait son boulot de propagande et de désinformation.

Et pour montrer qu'il a étudié le latin (très utile pour combattre le réchauffement climatique) il termine par cette question : Usque tandem, delirium energicum, abutere patientia nostra ?

Par contre, le délire de Jean-Pierre Bardinet, qui ne semble pas avoir de limite, n'abusera que les gogos, notre patience restant intacte au fur et à mesure que les événements nous donnent raison.


 

dimanche 22 mai 2016

Bernard Beauzamy, le nouveau clown du cirque Skyfall?

Le Barnum confidentiel Skyfall nous gratifie d'une annonce nous invitant à un spectacle dont le principal intervenant devrait être un fantaisiste nommé Bernard Beauzamy (un nom de scène comme celui-là il fallait le trouver)

Pour accentuer l'effet comique le cirque Skyfall nous présente l'attraction sous forme d'une conférence sur l'impôt carbone, mais personne n'est vraiment dupe de l'artifice, surtout quand on sait à qui on a affaire.

D'ailleurs Abitbol nous recommande chaudement d'assister au divertissement en nous promettant de gros fous rires :
  • Je ne serai pas en France le 1er juin, mais je recommande chaleureusement de lire le Livre Blanc et d’assister à cette conférence pour la qualité du contenu et l’humour de l’auteur et orateur.
Mais qui est ce petit plaisantin de Bernard Beauzamy?

Le lanceur d'alerte Bernard Beauzamy

 
Il s'est notamment fait remarquer par un magnifique canular ayant consisté dans l'envoi à tous les maires de France d'une note scientifique (sic) pour diffusion à la population, rien que ça ! On pouvait y admirer ce magnifique graphique qui est en soi un modèle de rigueur scientifique :


Accompagné du commentaire suivant pour épicer le tout :
  • La courbe de tendance (droite de régression) a une pente de 0,0016 degré par an, soit 1,6°C d'augmentation en mille ans.
1 000 ans pour monter de 1,6°, vraiment pas de quoi s'inquiéter n'est-ce pas?

Alors comme moi aussi j'ai quelques talents comiques j'ai fait mon petit graphique afin de pouvoir le comparer avec celui de notre amuseur public :

Comme Woodfortrees ne donne pas la possibilité de sélectionner les données NOAA j'ai choisi HADCRUT qui n'est pas plus mauvais en tant que source d'information. Les trois droites de tendance correspondent à :
  • celle du pierrot Beauzamy (en rouge, de 2001 à 2012, semblant même montrer une tendance baissière!)
  • celle depuis le début des relevés (en vert, de 1850 à 2016)
  • celle depuis le début de la seconde phase de réchauffement du 20e siècle selon Emmanuel Le Roy Ladurie (en bleu, de 1975 à 2016)
Comme on peut le constater moi aussi je sais faire du cherry-picking et je suis même meilleur dans cet exercice puisque j'arrive à montrer une baisse des températures là où notre charlot nous évoque une légère hausse sur 1 000 ans ; avec mes données à moi c'est vers un véritable âge glaciaire que nous nous acheminons !

Evidemment les gens peu sérieux se concentreront sur la courbe bleue qui monte carrément au ciel, nous faisant "espérer" des températures infernales pour la moitié du siècle, ce qui serait évidemment du pain bénit pour les islandais qui pourraient ainsi résorber leur déficit commercial en attirant de nombreux touristes séduits par les plages de sable fin (et noir) de la côte sud de leur ile enfin débarrassée de sa gangue de glace.

Mais ce n'est pas tout, nous n'en avons pas terminé avec la recension des écrits et paroles de notre ami baladin Bernard Beauzamy.

Le conteur Bernard Beauzamy

 
 Dans une interview datée du 21 octobre 2013 notre inénarrable bateleur nous informe avec le plus grand sérieux (apparent bien sûr, tout cela n'étant qu'une grosse pantalonnade) :
  • les conclusions du GIEC [...] sont [...] une vaste mystification. (théorie du complot quand tu nous tiens)
  • Le travail du mathématicien n’est pas de se substituer au climatologue, mais de porter un jugement de valeur, un jugement qualitatif, sur la qualité du raisonnement et la pertinence des données. (et la valeur du jugement du sieur Beauzamy est à la mesure de ses commentaires
  • En ce qui concerne le climat, on s’aperçoit que nous n’avons pratiquement pas de données, même de nos jours. (c'est Emmanuel Le Roy Ladurie qui va être content d'apprendre qu'il a bossé pour rien)
  • Évidemment, encore moins quand on remonte dans les âges géologiques et encore moins quand on sort de l’Europe. (et les proxies climatiques c'est fait pour les chiens ?)
  •  Quand quelqu’un vous dit : «On a pris des calottes glaciaires, on s’en est servi pour voir la concentration en CO2 et on peut le dater approximativement», il est vrai que l’on peut dater cela approximativement, à 300 ans près. (certains prononcent les r comme des l, ou alors se mélangent les pinceaux car ils sont manifestement à côté de la plaque)
  • La planète a toujours connu depuis cinq milliards d’années des oscillations entre glaciation et réchauffement. (alors d'abord la Terre a 4,5 milliards d'années, ensuite durant l'Hadéen difficile de parler de glaciation ou de réchauffement, quoi qu'il en soit prétendre que "le climat a toujours changé" pour nier le RCA est le signe manifeste que nous avons affaire à un véritable bouffon)
  • On entend dire partout : «C’est très dangereux, la banquise fond au Pôle Nord, c’est vraiment effrayant». (eh oui, elle fond, et même à vitesse accélérée)
  • Mais si vous relisez le livre de Roger Vercel, qui s’appelle «À l’assaut des Pôles», il raconte qu’au XIXème siècle, il y a eu des moments où le Pôle Nord était entièrement libre de glace et l’on voyait des gros icebergs qui dérivaient dans l’Atlantique jusqu’à la latitude de Naples ! (pourquoi Naples? pourquoi Vercel, écrivain antisémite auquel on doit Capitaine Conan? notre bel ami a de drôles de lectures lui servant de références scientifiques pour étayer son histoire à dormir debout)
  • Chacun sait que quand le Groenland a été découvert, c’est-à-dire vers l’an 1000, il était vert : c’est pour cela qu’il s’appelle Greenland ! (si vous aviez encore des doutes sur les talents clownesques de BB vous êtes fixés maintenant)
  • [...] le phénomène d’élévation du niveau de la mer n’a strictement rien à avoir avec le réchauffement climatique. L’élévation du niveau de la mer est un phénomène normal, qui est essentiellement dû à la poussée d’Archimède [...] (mais oui bon sang mais c'est bien sûr ! comment ces nigauds de climatologues ont-ils pu oublier la poussée d'Archimède dans leurs calculs ?)
  • [...] on ne sait pas si c’est la mer qui monte ou si c’est la terre qui s’enfonce. (c'est vrai quoi, avec le poids de tous ces humains additionnels forcément le sol se tasse)
  • C’est un phénomène complètement naturel. (BB serait-il partisan du bio ?)
  • Contrairement à ce que dit la presse, il n’y a pas plus de tempêtes, il n’y a pas plus de cyclones ou de tsunamis, qu’il n’y en a eu il y a 1000 ans. (la presse on ne sait pas, mais les scientifiques ont une opinion sur le sujet ; par ailleurs, attribuer les tsunamis au changement climatique est certainement une boutade de notre loustic)

Le scientifique Bernard Beauzamy

 
 Nous en apprenons davantage sur notre cabotin à la lecture du site belge culte-de-la-nature qui passe à la moulinette les perles de notre gugusse mathématicien. Un lecteur "sceptique" de ce site avance des arguments imparables en citant notamment Bernard Beauzamy, ce à quoi le taulier (Geronimo) lui répond du tac au tac :
  • Voilà donc ce que j’appellerais une personne [Bernard Beauzamy] qui se croit au dessus de toutes connaissances, si l’on suit son raisonnement, seul le mathématicien peut vérifier la validité des modèles, qui plus est concernant la climatologie déjà très complexe et englobant une multitudes de sciences interdépendantes. Mais pas de problèmes, notre homme connaît toutes ces sciences, et lui seul est capable de les vérifier.
  • Nous voici donc avec un individu qui prétend connaître toutes les études scientifiques faites en matière climatique, les avoir analysées, et en avoir décelé leur insuffisance.
    Il va même encore plus loin, en prétendant que même de futures études ne permettront aucune conclusions supplémentaires. Outre les mathématiques, monsieur Beauzamy doit avoir des dons de visionnaire.
  • Il est tout de même bizarre de constater que pour un sceptique, Beauzamy condamne les mesures plus anciennes, ce qui pourtant est le terrain de prédilection des sceptiques.
  • Pourtant, malgré sa critique des relevés anciens (10,50,100 ans) qu’il qualifie de « peu fiables », Beauzamy n’hésite pas à plonger encore plus loin et d’énumérer des « preuves » encore moins fiables.
  • Ou encore, je cite « observé avec la plus grande rigueur,……….., depuis 200 ans » !!!!
  • Comme quoi, la contradiction est de mise, et les anciennes mesures sont très précises lorsqu’elles servent le plaidoyer.
  • L’étude citée à tort par ce cher Beauzamy (si rigoureux) pour documenter la montée des eaux est en fait en rapport avec ce problème de troposphère. Malheureusement pour les sceptiques, cet argument de poids fut démonté très rapidement par Christy lui-même qui se rendit compte avoir réalisé certaines erreurs, et après correction, la troposphère se réchauffe aussi rapidement que la surface. 
  • «Article écrit en 2001 et rectifié en Février 2006 » L’article de ce très cher Beauzamy a été rectifié en 2006, et pour cause, l’actualité de 2005 ayant mis à mal ses élucubrations « fantaisistes », ce fut nécessaire.
  • J’ignore si le « Mathématicien » se réjouit encore, mais malheureusement pour lui, l’actualité des années suivantes n’est en rien venue confirmer ses affirmations qui n’ont d’ailleurs aucune base scientifique.
    Tempêtes, cyclones, inondations et excès climatiques en tout genre sont bien plus fréquents ces dernières années. Mais la cerise sur le gâteau fut bien la saison cyclonique Atlantique 2005 qui a bien forcé Beauzamy à revoir sa copie [...]
  • Encore un ramassis d’inepties et de mensonges, à moins que ce soit tout simplement de l’ignorance.
    Les ouragans de catégorie 4 et 5 ont bel et bien augmenté.
  • Enfin, je me dois quand même de nuancer le charisme de Beauzamy, il pense à nos descendants, mais très, très lointains, car pour lui il serait bon que nous puissions influencer l’effet de serre et le renforcer pour le jour ou ,……., le Soleil s’éteindra !
Bon je m'arrête là, si vous êtes intéressés par plus de détails le mieux est de les lire directement à la source.
 

Le démystificateur Bernard Beauzamy

 
Heureusement qu'il y a des individus comme notre loustic afin de nous ouvrir les yeux, ce qu'il fait de manière admirable dans cet article sur alterinfo.net, Le réchauffement climatique : mystifications et falsifications, rien que ça...
 
L'enfilage de perles d'inculture est assez prodigieux, qu'on en juge par ce qui suit :
  • Il n'existe actuellement aucune raison de penser que le climat global de la Terre
    connaisse une modification quelconque.
  • Le climat, de tous temps et en tous lieux, a connu de fortes variations locales. Il
    n'existe aucune raison de penser que les variations locales actuelles sont plus im-
    portantes que par le passé.
  • Si le climat global de la Terre évolue (ce que nous n'avons actuellement aucun
    moyen de savoir, faute de données suffisantes), des variations d'activité solaire
    peuvent en être la cause.

  • L'ensemble des actions humaines entreprises pour lutter contre le "réchauffement
    climatique" (limitation des gaz à effet de serre, etc.) est absurde, grotesque, dé-
    pourvu de contenu scientifique comme d'efficacité : il s'agit d'une prière lancée en
    une langue incompréhensible à un dieu qui n'existe pas.  

  • Si un réchauffement venait à s'installer en France, ce ne serait qu'un retour à une
    situation ancienne : par le passé, le climat français a été plus chaud qu'aujourd'hui

 Et il termine par un magnifique sophisme d'appel à Copernic (ça nous change de Galilée)
  • Les Grecs, qui avaient l'esprit scientifique et le sens de l'observation, savaient que la
    Terre tournait autour du Soleil (Aristarque de Samos). Puis, dans les ténèbres de l'obs-
    curantisme qui a suivi, ce fait a été oublié pendant 1 500 ans (jusqu'à Copernic) au profit
    de théories fumeuses, lancées par des experts, admises par l'opinion, reprises par les po-
    litiques. Nous en sommes exactement au même point. La couche d'ozone se porte bien,
    mais je vois descendre d'épaisses ténèbres intellectuelles.
     

 En conclusion

 
Mais qui finalement est Bernard Beauzamy ?

 En fait il s'agit du PDG de la Société de Calcul Mathématique SA (SCMSA) qui se propose de vous aider si vous avez des problèmes de calculs, genre baignoire qui se remplit et se vide en même temps en combien de temps se mettra-t-elle à déborder.

Je ne sais pas quelle est la valeur des conseils prodigués par cette société, mais ce dont je suis quasiment certain c'est qu'on ne doit pas s'ennuyer lors des conférences de notre scientifique fantoche.

Dans sa dernière lettre parue en mars dernier Bernard Beauzamy nous parle de l'état de surfusion :
  • La principale caractéristique de l'état de surfusion est d'être instable ; le quitter est presque instantané et requiert très peu d'énergie. Il suffit d'une poussière, et nous pouvons parfaitement être cette poussière-là.
Il nous donne ainsi la preuve incontestable qu'on peut passer de l'état de mathématicien à celui de bouffon en l'espace d'un clignement de l'œil.

Quel talent !







 

mardi 17 mai 2016

Le Pôle Nord libre de glaces en 2016 ?

Soyons fou et faisons nous aussi une prophétie, comme Benoit Rittaud qui avait prévu en 2010 que la température allait chuter brutalement (ce sont ses mots) et qu'avant 2030 nous serions revenus aux niveaux de l'ère préindustrielle (si vous ne me croyez pas c'est ici)
  • Il reste que, contrairement aux prévisions du GIEC, la température de la Terre a brutalement chuté depuis trois ans [celui qui parle est supposé le faire en 2014], au point que l’on prévoie (sic) désormais d’en revenir d’ici quinze ans aux niveaux de l’ère préindustrielle…
Si Benoit Rittaud est capable de se planter aussi lamentablement vous avouerez que je ne prends pas trop de risques, même si ma prophétie porte sur un Pôle Nord libre de glaces pour ce mois de septembre 2016.

Et si je me trompe et qu'il reste encore quelques morceaux de banquises récalcitrants suffisamment importants pour me démentir, alors ma prophétie B est que d'ici 2030 (l'année où Benoit Rittaud nous prédit un retour à des températures préindustrielles) c'est l'océan Arctique dans sa totalité qui sera libre de glaces à la fin de l'été boréal.

Vous me direz que 2030 c'est vraiment très loin et que tout le monde aura oublié ma prophétie.

Exactement comme pour la prophétie de Benoit Rittaud.

En attendant voici les dernières nouvelles :
https://ads.nipr.ac.jp/vishop/vishop-extent.html

Et dire que certains comptent sur La Niña pour venir refroidir tout ça, ils risquent d'être déçus parce que la petite ne devrait pas montrer le bout de son nez avant la fin de l'été, comme on peut le constater à la lecture (et l'écoute) de theweathernetwork.com :
  • Conditions are now expected to be "neutral" by late spring or early summer, and will very likely transition into a La Niña by late summer or early fall.
Et quand La Niña se sera bien établie les glaces boréales auront de toute façon commencé lentement à se reconstituer, elle arrivera donc comme parfois la cavalerie, trop tard.



 

lundi 16 mai 2016

Egocentrisme et climatoscepticisme

C'est fou comme certaines personnes pensent sincèrement être le centre du monde.

Ou plutôt, pensent être situés au centre du monde.

Pour avril 2016 les températures globales enregistrent un nouveau record et on peut facilement visualiser sur la carte ci-dessous où se situent les zones plus chaudes ou plus froides (il y en a) que la normale :

http://data.giss.nasa.gov/gistemp/maps/

On voit parfaitement que les zones "chaudes" se situent principalement
  • sur l'Alaska et une bonne partie de l'ouest canadien (là où un gigantesque incendie a provoqué l'évacuation totale de la ville de Fort McMurray)
  • sur la côte ouest du Groenland
  • sur toute la Sibérie en particulier et le nord de l'Eurasie en général
  • en Afrique saharienne et au proche orient
  • sur une grande partie de l'Australie
  • au Brésil
Les zones "froides" sont beaucoup plus réduites en se concentrent essentiellement
  • dans le nord-est américain
  • au sud-est du Groenland
  • en Antarctique est
  • dans le Pacifique nord
Globalement il faudrait être daltonien pour ne pas constater une nette majorité de zones "chaudes" ; par "chaudes" on entend bien sûr "plus chaudes que la normale", car il est évident que les températures au pôle nord sont "froides", elles sont seulement "moins froides que la normale" ce qui se traduit souvent par "plus chaudes que la normale" et peut parfois prêter à confusion.

Mais ne sont confus que ceux qui pensent que le monde se réduit à leur immédiat entourage, de beaux exemples en sont donnés dans les commentaire de cet article du Guardian reportant les températures d'avril qui battent un nouveau record :
  • DubMaxim  - As a professional gardener can I just say it's a nonsense,we know exactly what the weather is and how it compares by the rate of seed germination, and over half of my seeds for the year are just germinating now I know that it hasn't been warmer, I don't need a graph or a flashy video to tell me what the climate is, I just watch nature.
    The daffs were late here but the tulips are bang on cue , as are the sweet williams, toms, peppers, chillies, squash ,cucumbers etc, they are exactly where I'd expect them to be for this time of year.
    Sorry to upset the doom mongerers but it looks like we are going to have a completely normal,bog standard British year of weather with the odd tail wind throwing the weather for a few days but apart from that, nothing to write home about.
  • Ireland and Britain had one of the coolest Aprils on record. It seems as if there is a machine programmed to give out these lies every month and those publishing it know the media will not question it. If every month is the hottest on record, then every month would be warmer than its counterpart one year earlier. That would mean that if the amount were .1 degree C, over 5 years the rise would be .5 C. or 1 degree C in 10 years or 5 degrees C over 50 years. So where is the heat? The quicker Trump get in and sets up a truth commission to examine these lies the better.
  • Its not down here in the SW of France one of the wettest and cool springs on record.
  • natalieben10 - It snowed and hailed in April!
    No way was that the hottest April ever. My kids wore winter uniform the whole month.
    May has started well - but as soon as the sun goes behind a cloud, it's freezing again. There's no residual heat, that's the issue.
    Oh well, fingers crossed for a gorgeous, long, hot , summer...but not holding out much hope. Our summer bbq party last year in July was a cold washout. We had to accommodate 50 people inside and microwave the jacket potatoes! An unmitigated disaster.
    Quite frankly I've had enough of waiting for Global Warming, it's been promised since the 80's and 30yrs later the weather here is still shit
  • DubMaxim - Is this a joke, we had snow here and right across parts of Northern Europe.
  • ottest April ever? No.
    In the South of Spain, April has seen 8 full days of rain and temperatures below 18 degrees, which is lower than average.
  • JerryKryz - I had to scrape the ice off my windscreen at 6 a.m. yesterday. In the middle of May. In Devon!
  • josephinireland - We are seeing very erratic patterns too. I was just reading that it was the coldest April in Ireland for over 10 years.
  •  - Yet the UK recorded the lowest April temperatures for 30 years.....
  •  - So what about the low temperatures now? Will they get a mention, or just the usual dogmatic stuff again next time it gets a bit warm?
  • It was winter for half of April in Paris. Must have been sweltering in Bognor Regis.
  • April was cool in Britain and May much the same so far, except for a brief warm spell around the 8th. And even in a place as far away as Dallas, April and May have been about average to date. But the figures are from NASA, so they may best be considered as propaganda.
  • It's not that warm where we are. I think it's been the coldest spring for years, and the central heating's still coming on most days
  • You are going to have to get better at explaining things if you want to get through to those in the UK who have seen the coldest April in 30 years.
 
Heureusement certains commentateurs ont un peu plus de bon sens que ceux que je viens de citer :
  • tricktard - Getting tired of seeing all these comments from Britain and other European countries about their "not that warm" April. This article is about freaking "global temperature". Read the article first.
Effectivement le titre de l'article est April breaks global temperature record, marking seven months of new highs et la première phrase est :
  • April 2016 was the hottest April on record globally – and the seventh month in a row to have broken global temperature records.
Apparemment beaucoup de lecteurs du Guardian ont des difficultés de lecture et comme ils ne savent pas la signification du mot "global" ils l'ignorent tout simplement et la phrase pour eux devient :
  • April 2016 was the coldest April on record in my garden !


 

 

mercredi 11 mai 2016

Emmanuel Le Roy Ladurie et Guillaume Séchet climatosceptiques, vraiment? (2)

Ce billet fait suite à celui que j'ai publié le 26 avril dernier en réaction aux fadaises de miniTAX exposées à la lumière (à la pénombre devrait-on plutôt dire) de l'article Climat et santé paru le 11 avril sur le site pseudo-scientifique Skyfall.

Rappelons que miniTAX avait prétendu que Guillaume Séchet était climatosceptique ainsi que les livres d'Emmanuel Le Roy Ladurie (ELRL), mais qu'ELRL ne l'était pas !  Allez comprendre comment un auteur non-climatosceptique pourrait être capable d'écrire des livres climatosceptiques, mais nous naviguons là dans les eaux  turbides du petit monde climatosceptique dans lequel la logique et le bon sens n'ont pas droit de cité...

Dans le précédent billet je m'étais attaché à démonter la thèse de miniTAX en faisant uniquement appel à quelques parties du dernier livre d'ELRL sur le climat : Le réchauffement de 1860 à nos jours ; cela s'était avéré d'une simplicité biblique, mais je voulais aller plus loin et je m'étais juré de lire de livre d'ELRL en entier afin d'en avoir le cœur net et être certain que les quelques indices que j'avais pu exposer se trouvaient confortés.

Dans le présent billet je ferai donc uniquement référence au corps du livre en citant tous les passages où son soi-disant caractère "climatosceptique" se trouve battu en brèche, voire carrément démoli façon puzzle.

On verra cependant que certains passages peuvent, quand ils sont lus avec le doigt, paraître aller dans le sens des climatosceptiques, mais uniquement si l'on n'a pas compris le contexte ou si l'on isole ces passages du reste de la phrase (sport favori des climatosceptiques brevetés en cherry-picking)

Tout d'abord il faut dire que la lecture du livre est assez ennuyante, dans le sens où ELRL, avec l'aide de Guillaume Séchet et Daniel Rousseau, ensevelit son lecteur sous une avalanche de données chiffrées : températures, bien sûr, mais aussi production de toutes sortes de denrées sans oublier la principale, le vin! A cela s'ajoute des valeurs monétaires ainsi que différents indices (mortalité surtout, due soit aux grands froids soit aux grandes chaleurs...) ce qui, combiné avec la référence omniprésente des dates et périodes (sous forme d'années, de biennats, de triennats ou de décennies) finit par embrouiller l'esprit et le livre vous tombe parfois des mains...

Ce qui ne veut pas dire que le livre ne soit pas intéressant, loin de là, et je recommande à ceux qui seraient passionnés d'œnologie ou d'agriculture sur le plan historique de le lire ; par ailleurs ELRL insère par ci par là quelques anecdotes ou quasi hors-sujets qui permettent de faire vivre son ouvrage, dont la lecture peut paraître désuète par l'emploi fréquent de mots non ou peu utilisés comme icelui ou derechef !

Le livre est structuré en chapitres qui reprennent chaque décennie depuis 1861 jusqu'en 2008 ; ELRL constate essentiellement quatre segments pendant cette période :
  1. de 1861 à 1900-1910 : fin du petit âge glaciaire (PAG)
  2. de 1900-1910 à 1950 : première vague de réchauffement, « relativement modérée »
  3. de 1950 à 1970-1980 : « rafraichissement », avec la date charnière de 1976 (grosse canicule)
  4. de 1970-1980 : « vague de puissant réchauffement sur l'Europe, et vraisemblablement sur la planète [...] jusqu'à 2001-2007 inclus »

Les termes entre « » sont des citations exactes prises dans le livre d'ELRL (ici comme dans tout le reste de ce billet)

Afin d'y voir plus clair j'ai bâti le graphique suivant qui colle avec les données ci-dessus :


Les données sont tirées de HADCRUT. On voit bien que les différents segments de droites correspondent plutôt bien avec ce qu'ELRL résume dans son livre (je suis allé jusqu'en 2016 alors qu'ELRL s'arrête en 2008, le livre ayant été publié en 2009)

A noter qu'ELRL évoque principalement la situation climatique de la France, mais qu'il déborde assez fréquemment sur l'Europe (en négligeant les pays de l'Est dont les statistiques n'étaient pas fiables...) et parfois même s'aventure en Amérique du Nord ou en Australie, évoquant beaucoup plus rarement la situation au niveau mondial.

Maintenant passons en revue les passages où ELRL donne son avis sur le réchauffement pour le futur, afin de voir s'il s'agit vraiment de "climatoscepticisme" comme le prétend miniTAX (et bien d'autres avec lui dont Nicias) ; je mentionnerai entre [...] les passages non significatifs afin d'alléger mes citations, mais si un quelconque lecteur me taxe de cherry-picking, libre à lui de se procurer le livre et de constater par lui-même ce qu'il en est.

*****

Page 46 (1881-1890)
  • « La décennie 1881-1890 [...] constitue [...] un socle du changement [...] par rapport au long réchauffement (1891-2000, et surtout 1911-2000) qui va s'ensuivre [...] jusqu'à nos jours »
Pages 58-59 (1891-1900)
  • « Le millésime 1893, très chaud, n'atteint pas aux records thermiques d'août 2003. [...] en Angleterre centrale, c'est le plus chaud (10,2°) de toute la série britannique de 1659 à 1996 ! »
Page 86 (1901-1910)
  • « Le fil conducteur, maintenant, dans ce volume troisième, c'est bien plutôt le réchauffement lent et long ; il entrainera cette météo et l'humanité avec elle en direction de conjonctures encore inexploitées, et semble-t-il périlleuses [...] au cours de notre XXIe siècle »
Page 96 ( 1911-1950)
  • « [...] le réchauffement français [...] se situe à 0,09° par décennie, soit 0,9° pour un siècle [...] A partir de 1975, ce réchauffement devient plus rapide et même plus impressionnant »
Page 99 (1911-1920)
  • « [...] avec 20,8° de moyenne [...] l'été 1911 [...] domine 1976 (20,3°), et se fait écraser par 2003 (22,6°) »
Page 111 (1911-1920)
  • « [...] l'hiver doux [...] 1911-1912 : 6,9° (DJF) [...] n'est pas indigne des 7,2° de l'hiver dulcissime 2006-2007, lui-même typique de notre ultra-réchauffement des débuts du IIIe millénaire »
Page 131 (1921-1930)
  • « [...] L'excellent météorologiste que fut Marcel Garnier note des maxima 1921 assez extraordinaires [...] Cela dit, l'été 1921, localement, n'offre pas le record thermique JJA des XXe et XXIe siècles. On connaitra mieux... »
  •  « [...] les "records" caloriques français [...] dans l'ordre d'escalade chronologique [...] Moyennes thermiques de l'été JJA (Météo-France trente stations) :
    • 1911 : 20,8°
    • 1921 : 19,6°
    • 1947 : 20,9°
    • 1976 : 20,6°
    • 2003 : 22,1° »
Page 136 (1921-1930)
  • « A partir de 1949 [...] jusqu'à la fin du XXe siècle et au-delà, ce record biséculaire enregistré pour la première fois en 1921 sera maintes fois battu. »
  • « A Chicago, la moyenne annuelle 1921 sur douze mois est à 12,4°, record absolu pour toute la période d'observation dans cette ville depuis 1873 jusqu'en 1993. »
Page 151 ( 1931-1940)
  • « l'été 1933 [...] est l'un des neuf plus chauds étés anglais [...] tels qu'enregistrés de 1659 à 1998, en attendant 2003 [...] un seul été de ce genre au XVIIIe siècle ; deux au XIXe, et six au XXe. »
Page 167 ( 1941-1950)
  • « Sommet des températures moyennes annuelles décennalisées [...] Le record (annuel, décennal et français) de 1941-1950 ne sera battu définitivement (?) jusqu'à 2007 qu'à partir de la décennie 1981-1990. »
Page 170 (1941-1950)
  • « Post-1942, on ne rencontrera plus, jusqu'à nos jours, de triennat glacial hivernal du même bas niveau thermique [...] On verra du reste apparaître les premiers hivers à plus de 6° de moyenne (DJF) : 1975 (6,6°), 1989 (6,5°), 1990 (6,2°) et 1995 (5,9°). »
Page 194 ( 1941-1950)
  • « [...] les températures s'élanceront à nouveau vers les hauteurs à partir de 1975 et 1976, et plus encore à partir des1980's et des 1990's. »
Page 203 (1941-1950)
  • « Le XXe siècle (1911-2003) est nettement plus fourni en canicules que le XIXe, a fortiori que le XVIIIe...Réchauffement oblige. »
Page 235 (1951-1960)
  • « [...] huit canicules ou hyper-canicules à 16,6° [données Angleterre centrale] ou davantage, et qui se feront plus caniculaires encore, sur le mode thermométrique, à partir de 1976. »
Page 242 (1951-1960)
  • « il faut s'attendre à des traumatismes non seulement quant à la production animale, mais également vis-à-vis des prestations végétales de l'agriculture. Chaud, et même sec dans une certaine mesure, ce peut être bon (1959). Mais hyper-brûlant, trop c'est trop (1976, voire 2003) »
Page 246 (1961-1970)
  • « certains climatologues de grande qualité ont cru de bonne foi que le réchauffement du premier XXe siècle, tel qu'il avait culminé au cours des années 1941-1950, si modeste fût-il, venait de prendre fin. La suite des temps (post-1980) allait démentir de telles assertions. »
Page 263 (1961-1970)
  • « Dates de vendanges en Bourgogne [tardives = signe de froid]
    • 1942-1950 : 23 septembre
    • 1951-1960 : 29 septembre
    • 1961-1970 : 1er ou 2 octobre
    • 1971-1980 : 27 septembre
    • 1981-1990 : 24 septembre
    • 1991-2000 : 20 septembre
    • 2001-2004 : 12 septembre »
Page 273 ( 1971-1980)
  • « la célèbre canicule 1976, alias canicule/sécheresse, semble bien s'inscrire dans la logique, fût-elle de chaos, d'un réchauffement séculaire. »
Pages 277-278 ( 1971-1980)
  • « Ces deux étés anglais, 1976 et 1995, laissent loin derrière eux l'été pourtant caniculaire de 1869 (avec ses 99 millimètres), et ils sont tous deux typiques d'un réchauffement prononcé du dernier quart du XXe siècle... »
Page 281 (1971-1980)
  • « la phase de réchauffement, sérieusement  amorcée à partir de 1976, va faire quelques ravages, y compris mortels, d'une façon assez régulière depuis cette date et jusqu'en 2006 [...] Voire ensuite ? [...] et cela, en dépit et à l'encontre de l'amélioration certaine des conditions sanitaires. »
Page 304 (1981-1990)
  • « L'« inoubliable tiercé » [1988-1989-1990] n'a pas seulement valeur intrinsèque. [...] une annonciation d'ampleur prédictive pour le réchauffement qui va désormais s'imposer dans le « définitif » (?) au cours de l'ultime décennie du XXe siècle et pour les débuts du XXIe. »
Page 305 (1981-1990)
  • « [...] 12,2° pour 1981-1990 ; puis 12,7° pour 1991-2000 ;  enfin 13,0° pour l'ultime « décennie » incomplète [...] 2001-2007. Ce qui ne signifie point qu'une telle ascension doive indéfiniment se poursuivre. »
Page 310 (1981-1990)
  • « Jones insiste aussi sur la notion d'optimum [...] Qu'en sera-t-il d'un accroissement de température de 2° ou davantage au cours des prochains cinquante ans ? »

Page 318 (1991-2000)
  • « Le réchauffement particulier de cette décennie 1991-2000 [...] se révèle indéniable. [...] Cette décade (française) se situe à 12,7°, nettement plus que les 12,2° de la décennie antérieure (1981-1990), et davantage aussi que pour [...] 1941-1950 [qui détenait le record thermique du XXe siècle] »
Page 331 (2001-2008)
  • « le réchauffement se poursuit [...] au fil des dix années 1991-2000, puis lors de la première décennie du nouveau millénaire »
Page 336 (2001-2008)
  • « Vis-à-vis des productions agricoles, la canicule 2003 relève de la puissance du négatif. Trop de chaleur, trop de sécheresse : on se situe cette fois au-delà de l'optimum. »

Page 338 (2001-2008)
  • « L'an 2005 est le plus chaud planétairement connu, de longue date, avec 1998. »

Page 343 (2001-2008)
  • « [...] Pascal Yiou [...] L'automne 2006 [...] est le plus chaud qu'on ait jamais connu depuis 1899, début de la série nationale des nombreuses stations de Météo-France, homogénéisées ; ajoutons que cet excès thermique vaut probablement pour plusieurs siècles passés (d'après Jürg Luterbacher). »
  • « Selon [Pascal Yiou] il s'agit là, pour cet automne et cet hiver particuliers [2006-2007], d'une vague de chaleur sans précédent [...] »
*****

Comme on peut le constater, tout ce qui précède n'est pas vraiment de nature "climatosceptique", un climatosceptique qualifierait plutôt les impressions d'ELRL de "catastrophistes" !

Mais voyons s'il n'y a pas quelques passages du livre qui pourraient prêter à confusion, voire accréditer une thèse "climatosceptique", par exemple :

Pages 298-299 (1981-1990)

  • « nous pouvons encore avoir un jour ou l'autre de grands hivers, y compris successifs, sous forme d'un triennat par exemple. »

Page 332 (2001-2008)

  • « nous sommes toujours à la merci d'un grand hiver. »
Est-ce que laisser entendre que de "grands hivers", c'est-à-dire des hivers longs et vraiment froids, est le fait d'un climatosceptique ? Pas vraiment :
  • selon Météo France, l’Hexagone a connu, en février [2012] dernier, une vague de froid « tout à fait exceptionnelle », qui n’avait pas été aussi intense depuis 1987
Nous apprenons également, en 2010 :
  • «Mettons que l'océan soit à zéro degré», explique Stefan Rahmstorf, spécialiste du climat au prestigieux Institut Potsdam (Allemagne) pour la recherche sur l'impact climatique. «Il est ainsi beaucoup plus chaud que l'air ambiant dans cette zone polaire en hiver. Vous avez alors un important flux chaud qui remonte vers l'atmosphère, que vous n'avez pas quand tout est recouvert de glace. C'est un changement énorme».
  • Le résultat, selon une étude publiée au début du mois par le Journal de Recherche Géophysique, est un système de hautes pressions qui pousse l'air polaire, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, vers l'Europe.
    «Ces anomalies pourraient tripler la probabilité d'avoir des hivers extrêmes en Europe et dans le nord de l'Asie», y explique le physicien Vladimir Petoukhov, qui a dirigé l'étude.
  • Quand je regarde par ma fenêtre, je vois 30 cm de neige et le thermomètre dit -14°», raconte M. Rahmstorf, qui s'exprimait au téléphone depuis Potsdam. «En même temps, au Groenland, nous sommes au-dessus de zéro en décembre».
Donc oui, il est plus que probable que nous connaitrons encore des hivers rigoureux dans un contexte de réchauffement climatique global, ce qui ne manquera pas de susciter des réactions aussi stupides que celle-ci :

Page 305 (1981-1990)

  • « Le «  triennat » réchauffé d'Europe occidentale [...] éventuellement lié à l'effet de serre ainsi qu'à certaines fluctuations de l'irradiance solaire étudiées par E. Bard. »

Page 346 (2001-2008)

  • « Faut-il parler néanmoins d'une pause dans le réchauffement ? Qui vivra verra...Notons encore à ce propos qu'on ne doit pas négliger non plus, outre les gaz à effet de serre, l'influence positive ou négative de la variabilité quant à l'irradiance originaire du soleil [voir ci-dessous].  »
Ici ELRL laisserait penser que les gaz à effet de serre ne seraient pas aussi puissants que ce que l'on prétendrait et que l'irradiance solaire pourrait avoir une influence significative sur le climat, et il cite Edouard Bard pour appuyer ce dernier point, malheureusement (sic) celui-ci n'est apparemment pas de cet avis si l'on en juge par les deux pages de ce document (daté de juin 2011, soit 2 ans après la parution du livre d'ELRL) sur l'influence du soleil sur le climat :
  • Pour la période récente depuis 1950, il est utile de faire une comparaison au premier ordre pour en déduire que le rechauffement actuel ne peut probablement pas être expliqué par le forcage solaire.
  • Ces travaux récents, différents et complémentaires dans leurs approches, conduisent pour l’instant à la conclusion que les rayons cosmiques n’ont pas d’influence majeure sur le climat actuel.
Et pour ce qui concerne le dernier rapport du GIEC, voici ce qu'il pense du forçage radiatif dû au rayonnement solaire :

Mais ELRL l'avoue lui-même très humblement :

Page 20 (Introduction)

  • « On jettera [...] avec beaucoup de prudence, un bref coup d'œil sur l'avenir proche et peut-être lointain. Prudence compréhensible : homme du passé, l'historien n'est pas un scientifique à part entière, il doit d'abord et avant tout raison garder. »
 Et d'autres passages du livres montrent qu'ELRL sait "avant tout raison garder" sur les deux sujets ci-dessus (grands hivers et rôle des GES), par exemple :

Page 128 1911-1920)

  • « Comme quoi il ne faut pas trop se fier aux épisodes extrêmes »

 Page 345 (2001-2008)

  • « En compagnie du GIEC, est-on en droit de mettre ce remarquable phénomène multisaisonnier [15 mois d'avril 2006 à juin 2007 exceptionnellement chauds] en relation avec l'effet de serre et avec l'action anthropique, au moins pour une part ? » 
 ELRL n'est pas climatologue, il est historien et sait rester à sa place ; il ne doute pas de l'effet de serre en particulier ou du réchauffement climatique en général, il se contente de laisser aux spécialistes le soin d'expliquer les mécanismes en jeu, mais cette position "en retrait" est certainement comprise par certains comme une preuve de climatoscepticisme.

D'autres passages peuvent donner du grain à moudre aux climatosceptiques qui ne savent pas lire sans le doigt, par exemple :

Page 326 (1991-2000)

  • « le réchauffement global, à condition de se situer dans certaines limites, peut être très favorable aux agriculteurs céréaliers, et pas seulement aux oléiculteurs. »
Cette phrase, sous la plume d'un climatosceptique, deviendra
  • « le réchauffement global peut être très favorable aux agriculteurs céréaliers, et pas seulement aux oléiculteurs »
Ou même
  • « le réchauffement global est très favorable aux agriculteurs céréaliers, et pas seulement aux oléiculteurs », en ajoutant que c'est ELRL qui l'a écrit dans son livre !

On apprend également en lisant ELRL que le réchauffement climatique a pu avoir des conséquences politiques graves, par exemple :

Pages 147-148 (1921-1930)

  • « [...] la crise agricole  du fait des baisses de prix des céréales [...] Les conséquences politiques sont très négatives [...] les cultivateurs [en Allemagne, dans le Schleswig-Holstein] basculent dans le nazisme. »
De là à conclure que le nazisme est la conséquence du réchauffement climatique, ELRL s'en garde bien, il fait seulement remarquer que le réchauffement climatique a entrainé une crise agricole dans les années 20 et que les cultivateurs impactés ont basculé dans le nazisme.

Pour générer une crise politique il faut un certain nombre d'ingrédients qui, quand ils sont mélangés, ne demandent qu'une mèche allumée pour exploser ; la crise syrienne en est un bel exemple avec la sécheresse exceptionnelle qui a précédé la révolte de 2011 ayant entrainé la guerre civile actuelle :
  • Depuis les années 2000, la Syrie a connu plusieurs années de sécheresse dramatiques. L’exode rural qui en a résulté, associé à la mauvaise gestion de la crise par le pouvoir en place, ont précipité le déclenchement du soulèvement démocratique en 2011. Aujourd’hui, la guerre civile a entraîné des destructions généralisées dans les infrastructures de l’eau du pays. Pire encore : l’eau semble être devenue une arme dans le conflit.

Enfin, pour terminer, je mentionnerai ce passage concernant l'émergence du GIEC :

Page 284 (1971-1980)

  • « parution [en 1979] d'un article de Hermann Flohn, chercheur allemand [qui] rejette [...] la possibilité d'un refroidissement climatique [...] Il invoque [...] l'existence d'un effet de serre dû au gaz carbonique (CO2) [...] il note la possibilité d'un réchauffement global causé par l'homme [...] disparition des glaces flottantes de l'Arctique [...] Ce niveau dangereux [de 750ppm de CO2] pourrait être atteint [...] entre les années 2040 et 2075. [...] Il propose une conférence mondiale d'experts sur le climat ; telle sera la gestation du GIEC »

Ce qui nous montre que la problématique du réchauffement climatique causé essentiellement par les rejets de CO2 par l'homme ne date pas de la création du GIEC, mais plutôt que ce dernier a bien été créé pour tenter de synthétiser les connaissances accumulées depuis longtemps sur le climat :
  • Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade.

Il me reste maintenant à lire les deux autres livres d'ELRL sur les périodes précédant l'an 1860, mais quoi qu'il en soit ils ne peuvent en aucune manière être de nature "climatosceptique" puisqu'il s'agit d'une période où l'Homme n'avait aucun impact significatif sur le climat, seule l'utilisation des sols pouvant avoir une incidence extrêmement faible sur celui-ci.

Le climatoscepticisme ne peut se concevoir en tant que "dogme" ou "idéologie" que pour la période contemporaine puisque de l'aveu même d'un site libéral (et donc quasi forcément climatosceptique) :
  • Un climatosceptique est une personne qui rappelle la faiblesse des fondements scientifiques de la théorie de l'origine humaine du réchauffement climatique, remettant aussi en cause la validité du consensus scientifique instauré, ou bien contestant la fiabilité des modèles informatiques ou mathématiques prévoyant un avenir menaçant. On trouve parfois également le terme de "climato-agnostique".
Or les climatologues ne remettent certainement pas en cause tous les changements climatiques ayant pu avoir lieu dans le lointain passé, avant que l'Homme ne puisse avoir la moindre influence par son activité (hormis l'utilisation des sols non significative)

Par conséquent ELRL dans son travail d'historien ne peut en aucun cas faire preuve de climatoscepticisme, il fait son boulot d'historien et c'est déjà pas si mal que cela !







 

jeudi 5 mai 2016

Croissance et réchauffement climatique

Jean Gadrey nous donne une intéressante information à laquelle personne ne s'attendait jusqu'ici:


  • Ce graphique [...] représente l’évolution, en base 100 en 1945, du revenu « réel » (c’est-à-dire déduction faite de l’inflation) moyen des Américains. La courbe du bas correspond au revenu moyen de l’immense majorité (les 90 % les moins riches), et celle du haut aux 10 % les plus riches. [...] Pour les 10 % du haut, c’est l’envolée, avec beaucoup de hauts et quelques bas vite surmontés. Pour les 90 %, la tendance est à la baisse : le point d’arrivée, en 2014, se situe nettement en dessous du niveau de 1973 : on peut parler de décroissance !
Ce graphique me fait penser à la courbe des températures telle qu'elle est vue d'une part par les scientifiques, d'autre part par les climatosceptiques.

Le plus comique c'est que la courbe "climatosceptique", celle qui ne monte pas, représente en fait peu ou prou la proportion des scientifiques qui acceptent le réchauffement climatique d'origine humaine (elle est supérieure à 90% en vérité) et inversement, la courbe "scientifique" qui se détache nettement de la précédente représente l'autre "communauté".

Je ne serais pas étonné si on me disait qu'il y a une corrélation entre hausse des revenus et climatoscepticisme, mais ce n'est qu'une hypothèse n'est-ce pas.