C'est toujours un grand bonheur que de lire Jacques Henry, on n'est jamais déçu tellement il reste égal à lui-même en toutes circonstances.
Dans une de ses dernières livraisons, Effets inattendus d’une réduction de l’activité humaine sur l’évolution du climat, fidèle à sa pratique il interprète à sa façon ce que dit la science afin de retomber sur ses pattes, c'est-à-dire, pour être plus précis, tirer comme conclusion que le réchauffement climatique actuel n'est en aucune façon causé par nos émissions de gaz à effet de serre.
Contrairement à ses habitudes il nous donne cette fois un lien direct vers l'étude censée étayer ses propos :
Ce que révèle cette étude ( https://doi.org/10.1038/s41612-023-00367-6v ) montre que la diminution des aérosols soufrés et des poussières émis dans l’atmosphère a contribué à refroidir le climat !
Malheureusement, c'est ballot, le lien qu'il fournit gracieusement nous mène...nulle part !
DOI NOT FOUND
10.1038/s41612-023-00367-6v
Alors quand on est curieux et qu'on ne se contente pas comme ses lecteurs ordinaires d'opiner bêtement à tout ce qu'il raconte, on cherche à connaitre cette fameuse étude en s'aidant de Google à défaut d'autres choses.
En m'aidant des quelques éléments fournis dans son billet j'ai trouvé une étude, parue dans Nature, qui pourrait éventuellement être celle à qui il se réfère, mais sans en être vraiment certain tellement ses conclusions sont en opposition avec ce que Jacques Henry présente à ses lecteurs. Comme précisé dans l'extrait cité précédemment, pour lui « la diminution des aérosols soufrés et des poussières émis dans l’atmosphère a contribué à refroidir le climat », alors que l'étude que j'ai retrouvée, intitulée Aerosols overtake greenhouse gases causing a warmer climate and more weather extremes toward carbon neutrality, nous dit en substance :
The results suggest that the future aerosol reductions significantly contribute to climate warming and increase the frequency and intensity of extreme weathers toward carbon neutrality and aerosol impacts far outweigh those of GHGs and tropospheric O3
Les résultats suggèrent que les futures réductions d'aérosols contribuent de manière significative au réchauffement climatique et augmentent la fréquence et l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes vers la neutralité carbone et que les impacts des aérosols dépassent de loin ceux des GES et de l'O3 troposphérique.
Et de rajouter plus loin :
Therefore, substantial reductions in GHGs and tropospheric O3 are necessary to reach the 1.5 °C warming target and mitigate the harmful effects of concomitant aerosol reductions on climate and extreme weather events under carbon neutrality in the future.
Bref, tout le contraire de ce que Jacques Henry semble avoir compris d'une étude dont il ne nous donne pas la source, en ne laissant que quelques vagues indices ne permettant pas de retrouver celle-ci :Par conséquent, des réductions substantielles des GES et de l'O3 troposphérique sont nécessaires pour atteindre l'objectif de réchauffement de 1,5 °C et atténuer les effets néfastes des réductions concomitantes des aérosols sur le climat et les phénomènes météorologiques extrêmes dans le cadre de la neutralité carbone à l'avenir.
Les effets du confinement imposé par les gouvernements lors de l’épidémie de coronavirus ont été étudiés en détail dans un article paru dans l’édition « Climate and Atmospheric Science » de la revue britannique Nature.
L’étude s’est focalisée sur les conséquences des aérosols et des poussières dans une zone de l’Océan Indien jouxtant l’une des régions les plus peuplées du Monde, l’Inde et le Bengladesh. L’échauffement de la surface de l’océan et des terres émergées, dont l’archipel des Maldives, a diminué d’environ 1,4 Watt par mètre-carré correspondant à une diminution de la température moyenne de 0,4 degrés par jour de mesure.J'ai bien effectué quelques recherches sur le site Climate and Atmospheric Science de Nature en entrant divers mots clés, par exemple "indian ocean" sur l'année 2023, et j'ai trouvé Critical role of biomass burning aerosols in enhanced historical Indian Ocean warming où l'on m'explique :
The reduction of BMB (biomass burning) aerosols over the Indian subcontinent induces a TIO (tropical Indian Ocean) warming, while the increase of BMB aerosols over South America and Africa causes a cooling of the tropical Pacific and Atlantic, respectively.
La réduction des aérosols BMB (combustion de la biomasse) au-dessus du sous-continent indien induit un réchauffement de l'OIT (océan Indien tropical), tandis que l'augmentation des aérosols BMB au-dessus de l'Amérique du Sud et de l'Afrique entraîne un refroidissement du Pacifique tropical et de l'Atlantique, respectivement.
Donc nous avons en résumé :
- réduction des aérosols => réchauffement de l'océan indien tropical ;
- augmentation des aérosols => refroidissement au-dessus de l'Amérique du Sud et de l'Afrique.
Finalement, en insistant et en ajoutant à ma recherche le mot "lockdown", qui signifie confinement, j'ai pu enfin tomber sur l'étude à laquelle notre réinformateur amateur faisait allusion, à savoir Aerosol demasking enhances climate warming over South Asia. On y retrouve dès le résumé les données fournies par notre bouffon :
Aerosol-induced atmospheric solar heating decreased by ~0.4 K d−1. Our results reveal that under clear sky conditions, anthropogenic emissions over South Asia lead to nearly 1.4 W m−2 heating at the top of the atmosphere during the period March–May.
Le réchauffement solaire atmosphérique induit par les aérosols a diminué de ~0,4 K d-1. Nos résultats révèlent que dans des conditions de ciel clair, les émissions anthropiques au-dessus de l'Asie du Sud conduisent à un réchauffement de près de 1,4 W m-2 au sommet de l'atmosphère pendant la période mars-mai.
Et pour le cas où ce ne serait pas clair pour certains voici des précisions apportées plus loin :
The observations broadly support the IPCC model predictions that aerosols have a net cooling effect on climate, with the implication that reducing aerosol sources would lead to net warming38, as here quantified by observations.
Les observations confirment largement les prévisions des modèles du GIEC selon lesquelles les aérosols ont un effet net de refroidissement sur le climat, ce qui implique qu'une réduction des sources d'aérosols entraînerait un réchauffement net, comme le montrent les observations quantifiées ici.
Je vous le disais, exactement le contraire de ce qui est servi par notre clown à son public pour l'amuser et lui faire passer le temps.
Bon d'accord, nous savons depuis longtemps que la science et Jacques Henry ça fait deux, en cela il est comparable à d'autres amuseurs publics tels que Benoit Rittaud ou François Gervais, nous ne sommes donc pas surpris outre mesure par des propos comme ceux-ci dont il parfume régulièrement ses billets :
Il apparaît alors un immense dilemme : le pouvoir supranational qui pourrait se mettre en place décidera-t-il que l’une ou l’autre des régions économiques de surcroit très peuplées devra mettre en pause son activité industrielle et commerciale pour combattre l’échauffement ou le refroidissement (?), en d’autres termes le dérèglement du climat, on est en droit de prendre conscience que si un tel pouvoir nécessairement totalitaire pourra décréter une sorte de délestage de l’économie de toute une région du monde alors ce sera la mort définitive des démocraties.Un "pouvoir supranational" qui provoquerait "la mort définitive des démocraties". Rien que ça !
C'est finalement plutôt comique de la part de quelqu'un admirateur de Vladimir Poutine, ne trouvez-vous pas ?
Et si vous n'avez toujours pas pigé il insiste :
Confinement lors de la pseudo-pandémie de coronavirus, réchauffement du climat en raison de l’activité humaine, censures en tous genres, restriction des libertés, tout procède de la même idéologie : instaurer un gouvernement supra-national totalitaire.Il est tellement vrai que la Russie est un modèle en matière non seulement de démocratie mais également pour ce qui concerne la liberté d'expression, heureusement qu'il y a Jacques Henry pour nous mettre les poings sur les i !
Mais le plus cocasse c'est quand même ici :
À moins, et on peut l’espérer, que cette histoire de CO2 n’est qu’une erreur d’appréciation regrettable et qu’elle sera reconnue par les instances onusiennes.J'avoue avoir bien ri, même si c'est triste de lire pareille ineptie, mais que voulez-vous le rire est parfois nerveux et il est difficile de l'empêcher de survenir dans une sorte de réflexe pavlovien.
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