lundi 20 janvier 2020

David Middleton sort sa boule de cristal et se met à bâiller

Je m'étais déjà demandé, dans Ça chauffe (aussi) dans le crâne du commissaire, qui était David Middleton, cet illustre inconnu qui publie régulièrement des papiers inconsistants sur WUWT ; à l'époque (c'était en décembre 2018) notre commissaire d'opérette, le célèbre monsieur Antoine, n'avait rien trouvé de mieux que de citer ce clown officiant dans le cirque Anthony Watts pour tenter de « prouver » que l'Antarctique Est ne fondait pas, ce qui est évidemment archi faux (voir Ça chauffe (aussi) pour les glaciers de l'est Antarctique)

Dans mon billet (le premier mentionné ci-dessus) j'expliquais que j'avais finalement trouvé qui était cet artiste, qui se présentait lui-même ainsi :
My name is Dave Middleton. I have been a geoscientist in the evil oil industry since 1981. I have a BS in Earth Science (Geology concentration) from Southern Connecticut State University and I minored in Mathematics.
Je m'appelle Dave Middleton. Je suis géoscientifique dans l'industrie pétrolière maléfique depuis 1981. J'ai un BS en sciences de la terre (concentration géologie) de l'Université d'État du Connecticut du Sud et j'ai fait une spécialisation en mathématiques.
On constate d'après cet autoportrait que nous avons donc affaire à un salarié (qui ne s'en cache pas et en est fier) de l'industrie pétrolière et, circonstance aggravante si on fait un parallèle avec quelqu'un de chez nous que nous connaissons bien, s'est également essayé aux mathématiques, tout ceci expliquant très probablement cela.

Notre énergumène climato-désinformateur a pour une fois délaissé le thème du climat pour se pencher sur un autre sujet très proche qui lui tient à cœur (normal il est super bien payé pour faire de la promo pétrolière) à savoir l'huile de schiste ; bref il faut à tout prix sauver le soldat Shale Oil !

Dans Another Permian Basin Peak Oil Prediction… Yawn. (Une autre prévision de pic pétrolier du bassin Permien... bâillement) notre bonimenteur du jour tente désespérément de convaincre des lecteurs déjà convaincus qu'un expert dans le domaine qui prédit un pic pétrolier aux Etats-Unis en 2020 se trompe.

Je ne suis personnellement pas un expert en énergie et encore moins en pétrole mais j'ai quand même ouï dire certaines choses, donc ce qu'avance Adam Waterous (voir Peak Permian Oil Output Is Closer Than You Think, Investor Says) ne me parait pas spécialement idiot.

Market Insiders publie un article sur le sujet, intitulé plus sérieusement que celui de Middleton, Just How Serious Is The Shale Slowdown? (Quelle est la gravité du ralentissement du shale ?) ;  le « shale » c'est bien sûr l'abréviation de shale oil qui signifie huile de schiste, et voici notamment ce qu'on peut lire dans l'article (je vous ferai grâce du reste) :
So even under the optimistic assumption that cumulative production plateaued over the past year and has not fallen further, an increasing number of new wells is needed to offset the decline from the constantly growing fleet of legacy wells, in order to retain growth.” The JBC report was entitled “Another Nail in The Coffin of US Shale Growth.
Ainsi, même dans l'hypothèse optimiste où la production cumulée a atteint un plateau au cours de l'année écoulée et n'a pas diminué davantage, il faut un nombre croissant de nouveaux puits pour compenser le déclin de la flotte de puits existants qui ne cesse de croître, afin de conserver la croissance". Le rapport de JBC était intitulé " Un autre clou dans le cercueil de la croissance des schistes américains ".
Il est en effet notoire que les compagnies américaines qui exploitent les gisements de shale oil ne font pour la quasi totalité aucun bénéfice parce que d'une part les prix sont trop bas et qu'en plus elles doivent sans cesse investir dans de nouveaux puits afin de compenser la diminution de production des anciens ; ainsi voici plusieurs sources légèrement plus fiables (à mon avis) que celles que l'on peut trouver sur un site de pseudo-science tel que WUWT.


Les prix

Evolution du prix du brut depuis 2015 (source oilprice)
Après un pic aux environs de 75 dollars en 2018 le brut est aujourd'hui à 59,25, ce qui est apparemment trop faible pour soutenir une industrie très demandeuses en investissements.


Le cash flow des sociétés américaines


Evolution du cash flow des compagnies américaines exploitant les shale oils (source Oil Man)

Explications de texte :
  • le cash flow représente le flux de trésorerie d'une entreprise, à ne pas confondre avec son compte de résultat, ce dernier pouvant montrer un bénéfice alors que le flux de trésorerie est négatif (l'inverse est aussi possible) ;
  • le Capex est la contraction de capital expenditures qui signifie dépenses d'investissements.

Matthieu Auzanneau explique sur son site d'où j'ai tiré ce tableau :
Le flux de liquidités (« cash flow from operating activities », notion proche de la capacité d’autofinancement ou de l’excédent brut d’exploitation) du secteur du shale oil américain pris dans son ensemble a toujours été inférieur au montant des investissements dans le développement de la production. Au 1er trimestre 2019, seuls 10 % des entreprises du secteur gagnaient de l’argent, autrement dit disposaient d’un excédent brut d’exploitation supérieur au montant de leurs investissements dans le développement de leur production.
Effectivement on ne peut pas dire que ce soit très bon signe quand la trésorerie d'une entreprise a du mal à financer les investissements ; on va me dire qu'il y a les emprunts mais justement les banquiers et organismes de financement regardent de près la trésorerie de l'entreprise qui sollicite un prêt et ce n'est jamais un bon pronostic pour l'obtention de ce prêt que d'avoir un cash flow anémique.

Que dire de plus…?


Les faillites


Déjà en 2015 il y avait selon le site Les Econoclastes des « incertitudes sur l'avenir des shale oil » :
[L]es gains de productivité ont en partie été obtenus grâce à l’utilisation de méthodes maximisant la production initiale, mais augmentant en revanche la vitesse de déclin de la production.
[L]’activité de forage dans les shale oil a eu largement recours à l’endettement pour financer sa production. Et aujourd’hui, ces entreprises, dont la dette appartient au secteur du High Yield, sont sous pression. Au moins 25 compagnies opérant dans le secteur pétrolier américain sont aujourd’hui notées comme présentant un risque de défaut important par Moody’s et sont considérées comme des « mort-vivants ». En « processus de mort lente » (slow motion liquidation), ils poursuivent leur activité tant qu’ils le peuvent, utilisant leurs revenus pour payer les intérêts de leurs dettes (lire ici). Ceci a été rendu possible par les banques qui, pariant sur un possible rebond des cours de l’or noir, ont assoupli leurs conditions de crédit. Les compagnies pétrolières ont ainsi réussi à limiter la baisse de leurs lignes de crédit à 10 à 20%, alors même que le cours du pétrole reculait de près de 70% (lire ici) !
Plus près de nous, en septembre 2019, Matthieu Auzanneau, toujours lui, précisait ceci dans Le boom de la production américaine de pétrole interrompu :
Le nombre de faillites de producteurs de shale oil est très élevé depuis 2018. Wall Street n’a plus guère d’appétit pour la dette émise par un secteur qui, pris dans sa globalité, n’a jamais gagné d’argent.
On ne peut donc pas dire que cela ce soit vraiment calmé depuis 2015...

Pourtant le même jour où paraissait l'article d'Auzanneau le site Boursorama titrait Pétrole : la production de schiste américain pourrait doubler ! ; il était fait référence à une étude de Rystad Energy que Matthieu Auzanneau mentionne en addition à son article en écrivant :
Il s’agit du pronostic le plus optimiste émis par une source de référence. Rystad est également à l’origine de l’analyse, mentionnée ci-dessus dans ce post, pointant que 90 % des entreprises du secteur du shale oil perdent aujourd’hui de l’argent.
Il n'y a donc pas incompatibilité entre une augmentation de la production et une faible rentabilité (en étant gentil) du secteur pouvant provoquer de sérieux problèmes dont les faillites et les restructurations sont le résultat logique ; et Auzanneau d'ajouter :
Un possible doublement de la production de shale oil aux Etats-Unis d’ici à 2030 n’invalide pas la mise en garde de l’Agence internationale de l’énergie, selon laquelle il faudrait que cette production, dès l’horizon 2025, face « plus que tripler pour compenser le manque persistant de nouveaux projets classiques », pour prévenir ainsi un « resserrement de l’offre » aux alentours de cette échéance de 2025.
Le « resserrement de l'offre » se traduit, pour ceux qui auraient des difficultés à comprendre, par ce que l'on nomme le « pic pétrolier », lequel n'est pas lié à un manque de ressources physiques mais plutôt à une impossibilité d'exploiter ce que nous avons sous les pieds ; en effet si les coûts de production sont trop élevés et le retour sur investissements moribond, alors la seule solution est une augmentation des prix « à la pompe », c'est-à-dire payés par les consommateurs finals, ce qui peut se faire jusqu'à un certain point car au-delà d'une certaine limite d'autres sources d'énergie deviennent rentables, voire extrêmement rentables, sans compter que les consommateurs vont s'ingénier pour trouver des façons intelligentes de faire des économies d'énergie, ce qui n'est pas vraiment le but recherché par les pourvoyeurs de carburants fossiles.

A noter cependant qu'aujourd'hui il semblerait que le secteur se soit fortement concentré, avec les « grosses » entreprises qui investissent le marché, comme le dit Auzanneau :
Aujourd’hui, l’industrie du shale oil est en train de numéroter ses abattis. Peut-être est-ce pour repartir de plus belle. Les majors débarquent en force dans le Permien. Peut-être n’ont-elles pas le choix : elles ne trouvent quasiment plus de pétrole conventionnel ailleurs. Mais sans doute auront-elles une politique de développement plus conservatrice et prudente que la myriade d’opérateurs spécialisés, dont 90 % perdaient de l’argent au dernier pointage… réalisé par Rystad.
Mais autre avantage des majors dont ne parle pas Auzanneau, c'est l'effet de masse dont elles bénéficient, beaucoup de leurs actifs étant largement amortis et dégageant donc des bénéfices « sans rien faire » ; c'est l'histoire, pour ceux qui connaissent, du seuil de rentabilité, ou point mort, qu'un grand groupe peut atteindre plus facilement qu'une petite structure qui a peu d'années d'existence, surtout dans un secteur aussi concurrentiel que peut l'être le pétrole.


Les gains de productivité des puits


Le même Matthieu Auzanneau nous informe (toujours dans Le boom de la production américaine de pétrole interrompu)  :
Les gains de productivité des puits de shale oil semblent également marquer le pas, ce qui peut signifier beaucoup de choses (moindre générosité géologique des nouvelles zones forées, « vampirisation » des anciens puits par les nouveaux forages dans des zones déjà exploitées), mais dans tous les cas rien de bon pour le développement futur du secteur : celui-ci risque mécaniquement de réclamer davantage d’investissements, alors qu’il perd depuis toujours de l’argent, et peine depuis quelque temps à lever des fonds.
Avec à l'appui ce graphique :
Les gains de productivité des puits pétroliers américains auraient fortement ralenti au cours du dernier semestre, après plusieurs années d’amélioration très spectaculaire durant la phase d’essor du secteur. (Les points en rouge représentent les hypothèses optimistes qui ont encore largement cours au sein de l’industrie.) (source Oil Man)

Le pic pétrolier à venir


D'après l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), et c'est toujours Matthieu Auzanneau qui nous en informe cette fois dans Pic pétrolier probable d’ici 2025, selon l’Agence internationale de l’énergie, il faudrait multiplier par 2 ou 3 la production de shale oil aux USA pour éviter un déclin de la production, et cela dans un secteur qui perd déjà de l'argent !

La production de pétrole dit conventionnel aurait déjà franchi un pic en 2008, soit il y a plus de dix ans, et continuerait son lent déclin ; cependant le tout dernier rapport de l'AIE (que je n'arrive pas à obtenir pour le moment) semblerait plus « optimiste » d'après le site Izwe :
La production de schiste des États-Unis devrait rester supérieure plus longtemps que prévu, transformant ainsi les marchés mondiaux, les flux commerciaux et la sécurité. Dans le scénario des politiques annoncées, la croissance annuelle de la production américaine ralentit par rapport au rythme effréné de ces dernières années, mais les États-Unis représentent toujours 85% de l’augmentation de la production mondiale de pétrole jusqu’en 2030 et 30% de l’augmentation de la consommation de gaz. D’ici 2025, la production totale de schiste américain (pétrole et gaz) dépasse la production totale de pétrole et de gaz de Russie.
On nous reparle donc de 2025 qui, pour Auzanneau, serait l'année du pic pétrolier probable selon l'AEI, et qui pour le site Izwe serait simplement un jalon dans la comparaison des USA et de la Russie ; dans le rapport de novembre 2019 de l'AIE il n'y aurait donc aucune mention à un quelconque pic pétrolier ? Etrange, étrange...

Wikipédia nous dit au sujet de l'AIE :
Juste avant le lancement du WEO 2009, un « haut-responsable » (anonyme) de l'AIE, cité par le quotidien britannique The Guardian13, a affirmé que l'institution internationale minimiserait délibérément le danger d'une pénurie de pétrole pour ne pas créer un mouvement de panique : « Beaucoup au sein de l'organisation estiment que même parvenir à un niveau de production de 90 ou 95 millions de barils par jour serait impossible, mais on craint des mouvements de panique sur les marchés financiers si les chiffres sont baissés. »

Selon l’Agence France-Presse14, une seconde source non identifiée au sein de l'AIE a indiqué qu'une de ses règles fondamentales est de « ne pas irriter les Américains » mais qu'en fait il n'y aurait pas autant de pétrole dans le monde que ce que l'Agence affirme. « Nous avons atteint le point le plus haut en ce qui concerne le pétrole. Je pense que la situation est vraiment mauvaise », a-t-il affirmé. Néanmoins, en 2014, l'AIE estimait les capacités mondiales de production à 97 millions de barils/jour pour une demande de 92 mb/j seulement, ce qui expliquerait la baisse des prix observée au cours de l'année 2014.
Je ne sais pas quelle confiance on peut attribuer à ces remarques, il est quand même bizarre qu'en 2018, comme le disait Auzanneau en février 2019, l'AIE aurait reconnu un sérieux problème d'adéquation entre l'offre et la demande, puis que dans un rapport plus récent elle semble ne pas tarir d'éloges sur la bonne santé américaine, alors que les indicateurs objectifs ne sont pas spécialement au vert...

Mais Matthieu Auzanneau lui-même avoue une certaine impuissance de sa part à évaluer correctement la situation tellement elle est compliquée et entachée tant d'idéologies que d'intérêts financiers ; il nous dit (dans Le boom de la production américaine de pétrole interrompu) :
A la fin, c’est une histoire d’intuition. J’en suis réduit, comme mes collègues « peakistes » lanceurs d’alertes isolés ici et là autour du globe (voici l’un des plus doués), à tenter de lire entre les lignes des rapports, études, analyses et déclarations éparses que nous glanons tout au long de l’année.
Evidemment on le comprend, surtout quand on voit un appointé de l'industrie pétrolière, David Middleton, expliquer comment ça marche sur un site de désinformation qui a tant de fois fait la preuve non pas d'un manque de connaissances mais d'une volonté délibérée de tromper ses lecteurs.

Et pour enfoncer le clou dans le brouillard des informations (j'aime bien cette image, pas vous ?) Auzanneau mentionne un rapport d'une société norvégienne qui fixe le pic pétrolier en 2022 ; dans le rapport (disponible ici) on peut lire :
Oil – as a source of primary energy, declines by 44% during our forecast period, reducing from 29% of world primary energy use today to 17% in 2050. The decline is largely due to the rapid electrification of the world’s road transportation fleet. In aviation and shipping, biofuels will drive decarbonization. Oil peaks in 2022 (in effect a spike in a plateauing decade) as it is particularly sensitive to the forecast rate of EV uptake, which in turn is influenced by our assumptions on government support and the cost learning rate for Li-ion batteries. However, with a flat demand projection for non-energy oil use (e.g. as feedstock petrochemicals), and the transformation of road transport, the long-term decline trend is clear. 
Le pétrole - en tant que source d'énergie primaire - diminue de 44 % au cours de la période de prévision, passant de 29 % de la consommation mondiale d'énergie primaire aujourd'hui à 17 % en 2050. Cette baisse est en grande partie due à l'électrification rapide du parc mondial de transport routier. Dans l'aviation et le transport maritime, les biocarburants entraîneront la décarbonisation. Le pétrole atteindra un sommet en 2022 (en fait, un pic dans une décennie de plafonnement) car il est particulièrement sensible au taux prévu d'adoption des VE, qui à son tour est influencé par nos hypothèses sur le soutien gouvernemental et le taux d'apprentissage des coûts pour les batteries Li-ion. Toutefois, avec une projection de la demande stable pour l'utilisation non énergétique du pétrole (par exemple comme matière première pétrochimique) et la transformation du transport routier, la tendance à la baisse à long terme est claire.
Avec à la clé ce joli dessin explicatif :
Calendrier de la transition énergétique (source eto)

David Middleton, lui, est tout juste bon à nous donner le côté de la montagne qui monte en s'arrêtant judicieusement en 2019-2020 :
En 2016, la production de pétrole du bassin Permien a stagné à environ 2 millions de b/j, avant de monter en flèche pour atteindre plus de 4,7 millions de b/j en décembre 2019. (EIA) (source wattsupwiththat-yawn)

Afin de se faire une idée complète de ce que représente réellement la « montagne », un bon dessin vaut mieux qu'un long discours :
Production moyenne par puits dans la région du Permien (source eia)

David Middleton a choisi de nous montrer uniquement le côté gauche de la courbe, ignorant que dans le futur outre le réchauffement climatique qu'il nie par ailleurs il y aura tôt ou tard une descente à envisager.

Le plus fort est qu'il nous donne la solution vers la fin de son article :
Will Permian Basin oil production “peak” in 2020? This all depends on oil prices.
La production de pétrole du bassin Permien atteindra-t-elle un " pic " en 2020 ? Tout dépend des prix du pétrole.
On ne le lui fait pas dire, mais pourquoi ce court passage plein de bon sens est-il caché dans un océan de blabla destiné à donner le tournis ?

Encore une fois je ne suis pas un expert dans le domaine du pétrole, mais il y a une chose que j'ai apprise au cours du temps, à savoir que les arbres ne montent jamais jusqu'au ciel.


13 commentaires:

  1. Merci pour ce billet trés argumenté ..
    C'est quand meme fou la stupidité de ces américains qui continuent á forer du petrole de schiste depuis plus de 10 and qui ne leur rapporte rien ( et qui au contraire les met en faillite) . Avec tout cet argent , il ferait mieux de faire des eoliennes ... c'est quand meme plus élégants qu'un derrick et cela donne une energie pas chére et abondante puisque le vent c'est .. gratuit ... et il y en a tout le temps.
    C'est hallucinant cet aveuglement idéologique

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    1. « le vent c'est .. gratuit ... et il y en a tout le temps. »

      Pas tout à fait vrai, il y en a effectivement tout le temps quelque part dans le monde mais pas nécessairement au même endroit, l'éolien, avec le solaire, est une énergie intermittente.

      Notre problème est que nous sommes drogués à l'énergie et que cette énergie provient essentiellement de ressources fossiles qui d'une part balancent du CO2 dans l'atmosphère en participant au réchauffement de la planète et d'autre part finiront bien un jour ou l'autre par faire défaut, nous sevrant ainsi et nous plongeant on ne sait trop dans quel caca.

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  2. C'est plus compliqué que ça. La densité énergétique du pétrole, ainsi que la fonction stock qu'il possède naturellement, en font une énergie difficilement substituable. Enfin, le pétrole est tout aussi gratuit que le vent, ce qui coûte, c'est le travail humain permettant la mise en place des dispositifs de capture. La formidable rentabilité apparente de l'éolien provient essentiellement que l'on compare des choux et des carottes.
    Sur le shale oil américain, j'ai tenté récemment l'analyse la plus complète possible en adéquation avec mes moyens :
    https://link.medium.com/6WK2c8r8o3

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    1. Merci Goupil pour le lien vers votre travail remarquable, effectivement c'est bien plus compliqué que ce que j'ai expliqué mais je l'ai dit, je ne suis pas un expert dans le domaine, je me base uniquement sur mes maigres connaissances glanées ici ou là (je vois d'ailleurs que nous avons tous deux Auzanneau comme référence)

      Grosso modo nous avons la même vision des choses il me semble, ce n'est pas le pétrole qui manque, qu'il soit conventionnel ou pas, c'est notre capacité à l'extraire à des coûts acceptables.

      A ce sujet je pense qu'un jour ou l'autre l'extraction du pétrole sera fortement subventionnée (elle l'est déjà je crois mais devrait l'être encore plus) car ce carburant sera crucial pour certaines activités que ni les EnR ni le nucléaire ne pourront compenser ; par exemple pour faire fonctionner les avions ou les fusées je ne vois pas trop quelle source d'énergie pourrait remplacer le pétrole, quel est votre avis sur la question ?

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  3. Disons que je ne me sens pas trop à l'aise avec une projection de ce que les sociétés humaines décideront ou pas. Pour des raisons profondes d'avantage adaptatif pour l'humain, et parce que le pétrole présente une longue liste d'avantages par nature, je me dis que nous extrairons tout ce que nous pourrons extraire sans que cela endommage trop gravement l'économie. Cela pourrait être des subventions ou des baisses de taxes, une prédation violente de la ressource, je ne sais pas. Mon questionnement est plutôt à quel moment la pression en retour du cadre naturel deviendra trop fort pour nous autoriser l'extraction. Parce que ce qu'a permis l'usage des combustibles fossiles est avant tout une déformation temporaire et brutale du cadre naturel. Qu'on regarde le climat, la biodiversité, le cycle de l'eau, l'érosion des sols, etc. les indicateurs ont tendance à montrer que la pression en retour qui s'exerce sur la sphère humaine croit petit à petit. De là à penser que le modèle Meadows (sans parler de date précise) reste toujours valable, quasiment 50 ans plus tard, je suis tenté.

    Pour le pétrole proprement dit, que je regarde avec attention depuis longtemps, car il est devenu le père et le roi des énergies, je suis d'accord avec Mathieu Auzanneau, il risque de se passer des choses vers le milieu de la décennie qui vient. Mes calculs tout personnels me font penser que 2023-2025 risque d'être chaotique. Concernant les prix, ils risquent de faire le yoyo autour d'une valeur moyenne à peine plus élevée qu'aujourd'hui. S'ils devenaient durablement hauts, cela détruirait l'économie (insolvabilité des consommateurs qui ramène le prix à la baisse), si les prix étaient durablement bas, cela détruirait la production (qui a besoin de prix hauts pour assurer la rentabilité de gisements de plus en plus petits et compliqués). De fait, il n'est pas impossible que l'on vive des pénuries avec des prix volatils mais dont la moyenne resterait assez basse. Nous rentrons probablement dans une phase compliquée du point de vue humain, puisque nous risquons de vivre une simplification du système mondial.

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    1. « nous risquons de vivre une simplification du système mondial. »

      Certains appellent cette simplification l'effondrement de notre civilisation…

      Merci pour ces développements qui complètent bien le sujet du jour:)

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    2. Je pense plus à un long déclin global entrecoupé de trébuchements, le côté château de cartes du mot effondrement me semble abusif.

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    3. Un effondrement peut très bien être progressif, regardez l'effondrement de l'Empire Romain, cela ne s'est pas fait en un jour (et certaines personnes disent même que c'est toujours en cours…)

      L'effondrement auquel je pense personnellement sera effectivement très graduel, il s'étendra sur de nombreuses décennies, mais j'ai du mal à imaginer qu'il puisse durer aussi longtemps que celui de l'Empire Romain…

      Cela dit effondrement ne veut pas dire disparition, ce sera simplement une sorte de « reset » du système pour repartir sur de nouvelles bases, à quel prix j'en sais fichtrement rien mais il devrait être assez élevé (surtout pour nos descendants, nous autres n'avons guère de souci à nous faire)

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  4. Il y a aussi le scenatio Negawatt 2017 qui explique bien la marche á suivre rationnellement :

    https://negawatt.org/scenario/primaires/negawatt
    On voit bien que l'on peut tout faire en renouvellable. Malheureusement le lobby des fossiles bloque línformation

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    1. Oui sauf que le pilier efficacité s'essouffle déjà dans plusieurs secteurs, et que le pilier sobriété, je n'ai pas le sentiment que beaucoup de personnes se sentent concernées.

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    2. L'efficacité énergétique ne peut pas être infinie, quant à la sobriété il faudrait en discuter avec les milliards d'êtres humains en ce moment en vie en Chine et en Inde (entre autres) ainsi qu'à tous ceux à venir et leur demander s'ils sont d'accord pour se limiter et laisser aux sociétés « développées » que nous sommes tout le bénéfice du confort que nous ont donné essentiellement les énergies fossiles, pas sûr qu'ils soient d'accord.

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    3. C'est pour ça que j'aime bien le scénario Negawatt, mais que je doute de ses fondations. Quant à l'efficacité énergétique, je pense qu'elle est plus liée à l'énergie nette disponible, permettant à pleins de cerveaux de ne pas avoir à se concentrer sur la culture des patates, plus qu'à un génie spontané advenu ex-nihilo.

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    4. Le scénario Negawatt n'est qu'un scénario, comme les scénarios du GIEC qui permettent de projeter certaines tendances, mais rien ne dit ni ne prouve que ce scénario se réalisera ; pour qu'il se réalise il faudrait que tout le monde (i.e. toute la planète) y adhère, est-ce vraiment réaliste ?

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