dimanche 8 août 2021

Rémy Storm embauche Ben Noll et se tire une nouvelle rafale dans le pied

 Dans Le Groenland rend-il les gens cons ? j'ai mentionné un certain RémyStorm qui dit avoir une « passion pour la #météo et le #climat et les phénomènes intenses (orage/tempête/neige) » si l'on en croit sa propre présentation sur son compte Twitter.

J'écrivais qu'il se tirait une rafale dans les deux pieds en prétendant que le Groenland gagnait de la glace en se référant au seul bilan de surface et en « oubliant » le vêlage des glaciers.

Aujourd'hui c'est une nouvelle rafale de sulfateuse qu'il dirige sur ses pantoufles en twittant ceci :

RémyStorm
@ROrage09
Vers un début d'hiver précose et rapide ? À confirme ces prochains mois
Ben Noll

@BenNollWeather


High latitude blocking showing up in time for winter on the ECMWF seasonal Could be part of the early season SSW signal that's been on the model for the last few months...

Fast start to winter? 
Ainsi notre tempétueux Rémy s'imagine que Ben Noll prédit un hiver précose (sic) et rapide...

Moi j'ai du mal à interpréter ce que dit Ben Noll, je ne suis pas expert comme Rémy, mais je remarque le smiley  qui ressemble à quelqu'un qui se réjouit d'une température plutôt clémente, voire un peu trop chaude que la normale si j'en juge par la goutte de sueur qui perle de son front ; mais par ailleurs il nous parle d'un « early season SSW signal », c'est-à-dire d'un « signal de réchauffement stratosphérique soudain tôt en début de saison », ce qui présage d'une météo plutôt « capricieuse » avec probablement des coups de froid assez marqués, comme celui que nous avons connu en début d'année (voir par exemple Un réchauffement stratosphérique soudain en Arctique menace l’Europe d’une vague de froid, sur futura-sciences)

Ben Noll nous parle donc ici de météo, pas de climat, mais ne nous faisons pas d'illusions, si monsieur Rémy Tempête-dans-un-verre-d'eau évoque un « début d'hiver précose et rapide » c'est bien pour nous signifier que le réchauffement climatique est une arnaque ; il suffit de lire ce qu'écrit régulièrement ce monsieur, ou ce qu'il retweete, pour être au courant de ce qui le motive (je vous laisse regarder pour vous faire votre propre opinion)

Le plus marrant dans l'histoire c'est qu'il fait référence à un gars, le dénommé Ben Noll, qui ne fait pas vraiment partie de son camp ! On appelle ça embaucher les gens malgré eux même s'ils ne sont pas de votre bord afin de leur faire dire l'exact opposé de ce qu'ils pensent. On a connu ça avec Jacques Duran qui, subtilité suprême, embauchait son ancien patron, Pierre-Gilles de Gennes, alors que celui-ci refroidissait 6 pieds sous terre, comme c'est pratique ! Bien sûr le prix Nobel de physique 1991 n'était en rien climatosceptique, il avait seulement un peu douté de la pertinence des modèles climatiques alors qu'il était complètement en dehors de son domaine de compétence, mais il s'était repris peu avant sa mort en signant, avec Georges Charpak et Jean-Marie Lehn, un manifeste pour « sauver le climat » (voir Article des Prix Nobel, parrains de SLC et Enrôlés à l'insu de leur plein gré))

Alors qui est Ben Noll ?

Il suffit de lire son profil sur Twitter :
Meteorologist, National Institute of Water & Atmospheric Research, #NewZealand | Climate science | Maps | #HudsonValley snow days |
Il s'agit donc d'un météorologue américain, basé à Auckland, qui s'intéresse cependant au climat. Autre information intéressante qui me concerne personnellement :
Il est donc suivi par trois personnes que je suis moi-même et qui ne sont pas vraiment climatosceptiques...

A titre anecdotique, pour savoir pourquoi un Américain s'est exilé en Nouvelle-Zélande pour réaliser, entre autres, des prédictions qui concernent la vallée de l'Hudson, voir Why does the Hudson Valley's most popular digital weatherman live in New Zealand?.

Mais en allant plus loin dans mes recherches je tombe sur un article très récent, daté du 6 août dernier, intitulé It may feel chilly, but this winter is on track to be the warmest ever (Il peut faire frisquet, mais cet hiver est en passe de devenir le plus chaud de tous les temps, le titre dit quasiment tout...), dans lequel on peut lire :
The long-term tailwind of climate change continues to churn. Of the seven warmest June and Julys, six have occurred since 2000.
Le vent arrière à long terme du changement climatique continue de souffler. Sur les sept mois de juin et juillet les plus chauds, six ont eu lieu depuis 2000.
J'aime l'image du « vent arrière du changement climatique » qui nous souffle dans le dos, mais aussi le fait que sur les 7 plus chauds hivers (dans l'hémisphère sud juin et juillet sont en hiver austral !) 6 se sont produits durant le présent siècle qui ne compte que deux décennies. Et 2021 est en voie de devenir le number one si l'on en croit le début de l'article :
Temperatures in June and July were “an extremely high” 1.53 degrees Celsius above average for this time of year, according to Niwa. The country is on track to experience our warmest winter since records began in 1909.
Selon le Niwa (National Institute of Water and Atmospheric Research), les températures enregistrées en juin et juillet ont été supérieures de 1,53 degré Celsius à la moyenne pour cette période de l'année, ce qui est "extrêmement élevé". Le pays est en passe de connaître son hiver le plus chaud depuis le début des relevés en 1909.
Mais il y a bien plus longtemps, en 2018 figurez-vous, une éternité, Ben Noll était déjà cité dans Experts comment on study showing hotter and longer marine heatwaves over the past century (Les experts commentent une étude montrant des vagues de chaleur marines plus chaudes et plus longues au cours du siècle dernier.) :
While many Kiwis may have considered summer 2017-18 to have some of the ‘best’ weather in recent memory, it comes at a steep price.
Si de nombreux Kiwis ont pu considérer que l'été 2017-18 a bénéficié d'une météo parmi les "meilleures" de mémoire récente, le prix à payer est élevé.

Il parle ici de l'été austral, donc l'hiver pour nous. 

The Tasman Sea observed its most unusual warmth on record for the December-February season and pockets of New Zealand’s coastal waters soared up to 6.0°C above average.
La mer de Tasmanie a connu la chaleur la plus inhabituelle jamais enregistrée pour la saison décembre-février et certaines poches d'eaux côtières néo-zélandaises ont grimpé jusqu'à 6,0°C au-dessus de la moyenne.
6°C au-dessus de la moyenne, une paille (ou une poutre dans l'oeil de certains)
NIWA’s annual long-term aerial snowline survey then revealed some ‘sad and dirty’ looking glaciers following New Zealand’s hottest summer, which was fuelled in part by our scorched seas
L'étude annuelle de la ligne de neige vue du ciel par le NIWA a révélé que certains glaciers avaient l'air "tristes et sales" après l'été le plus chaud de Nouvelle-Zélande, alimenté en partie par nos mers brûlantes.
« Mers brûlantes », ici aussi il s'agit d'une image destinée à frapper les esprits, mais quand ceux-ci sont faibles l'image les traverse comme dans du beurre.
Our marine heatwave was a striking feature on both a regional and global climate scale, as at one point it represented some of the most unusually warm seas in the world.
Notre vague de chaleur marine a été une caractéristique frappante à l'échelle du climat régional et mondial, puisqu'elle a représenté à un moment donné certaines des mers les plus exceptionnellement chaudes du monde.
Une « vague de chaleur » c'est l'équivalent d'une « canicule », mais ici ce sont les mers qui enregistrent des températures exceptionnellement chaudes.
There were three distinct peaks in the marine heatwave: mid-December, late January and mid-to-late February and it contributed to the hottest summer on record in New Zealand and hottest start to any year on record in 2018.
La vague de chaleur marine a connu trois pics distincts : mi-décembre, fin janvier et mi-février, et a contribué à l'été le plus chaud jamais enregistré en Nouvelle-Zélande et au début d'année le plus chaud jamais enregistré en 2018.
Ainsi les « canicules marines » ont des répercussions sur les températures terrestres.
It had four primary causes:
  • Persistent patterns of high pressure over the Tasman Sea and New Zealand.
  • La Niña’s influence of warm north-easterly winds.
  • A persistently positive Southern Annular Mode (SAM), which limited southerly wind outbreaks.
  • Climate change, acting as a long-term tailwind to temperatures.
Elle avait quatre causes principales :
  • La persistance d'un régime de haute pression sur la mer de Tasmanie et la Nouvelle-Zélande.
  • L'influence de La Niña sur les vents chauds du nord-est.
  • La persistance d'un mode annulaire austral (SAM) positif, qui a limité les poussées de vent du sud.
  • Le changement climatique, qui agit comme un vent arrière à long terme sur les températures.

Donc les « canicules marines » ont plusieurs causes, l'une d'entre elles étant le changement climatique, je pense que notre Rémy Tant-péteux serait content d'apprendre cela, non ?

Mais plus terre-à-terre, en 2020 voici ce qu'il constatait dans New Zealand experiences warmest winter on record :

Noll said the higher temperatures contributed to a difficult ski season as the tourism industry struggled to get enough snow to lure customers.
Selon M. Noll, les températures élevées ont contribué à rendre la saison de ski difficile, l'industrie du tourisme s'efforçant d'obtenir suffisamment de neige pour attirer les clients.

Autre information que je n'ai pas pu vérifier, n'étant pas abonné à ce journal local ; dans Covering climate now series: Forecasting in a warming world on nous propose une vidéo (impossible à lire pour ma part) dont la légende est la suicante :

Ben Noll: A forecaster for Niwa. Talks about how climate change is becoming an increasing part of day to day weather. Video / Michael Craig
Ben Noll : Un prévisionniste chez Niwa. Il explique comment le changement climatique prend une part de plus en plus importante dans la météo quotidienne. Vidéo / Michael Craig
Je pense que c'est clair : « le changement climatique prend une part de plus en plus importante dans la météo quotidienne. »

Je vous l'emballe ou c'est à consommer sur place ?


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