vendredi 21 juillet 2023

Marcel Leroux et Monsieur Antoine en PLS

 J'ai beaucoup écrit dans le passé au sujet d'un certain "Monsieur Antoine", aka AntonioSan tel qu'il est connu sur le site climato-crétin Skyfall.

Je ne peux pas reprendre ici en quelques mots tout ce que j'ai pu réfuter de la part de cet individu qui se prend pour un pro de la météorologie, à défaut d'être complètement nul en matière de climat. Si vous voulez en savoir davantage faites-vous plaisir en entrant son nom dans la zone recherche de mon blog (ça donne ceci)

Pour faire (très) court et afin de résumer une petite partie de nos différends, ce gugusse vante autant qu'il peut l'inventeur (déjà grandement oublié) des AMP ou anticyclones mobiles polaires, j'ai nommé le géographe Marcel Leroux, qui avait cru en son temps qu'il était un climatologue incompris. Un autre géographe, en la personne d'Hacène Arezki, a repris le flambeau déclinant et a écrit plusieurs choses sur le sujet, des choses encore plus oubliées que ce qu'avait pu pondre son mentor.

Si je dis que Marcel Leroux était géographe et non climatologue comme sa fiche Wikipédia semble l'affirmer, c'est pour deux simples raisons :

  1. Il était en désaccord total avec tous les climatologues de la Terre, sauf peut-être une poignée stipendiée par les industriels pour jeter le doute sur les causes du RCA ;
  2. Il suffit de regarder sa fiche à la BNF qui nous dit qu'il était « Géographe. - Directeur du Laboratoire de géographie physique et Professeur d'Université à Lyon 3 »

Par ailleurs, et afin de corroborer le point 2, nous avons une critique (positive) de son livre La dynamique du temps et du climat chez Persée, où l'on peut lire notamment :

[...] l'auteur pose fermement les principes qui ont guidé sa recherche [...] avec comme souci permanent une approche géographique de la climatologie [...] la clef de la réussite de la recherche de Marcel Leroux être resté géographe alors que trop de climatologues ont cru devoir imiter les météorologues [...] Mais que l'on ne s'y trompe point, M. Leroux n'est pas que géographe, son érudition météorologique est elle-même sans faille.

Pour résumer le truc, Marcel Leroux était donc un géographe qui avait des notions de météorologie et qui a cru qu'il allait faire la leçon aux climatologues qui, eux, ne comprenaient rien (d'après lui bien sûr) au système climatique. Bref un ultracrépidarien avant que ce mot ne devienne à la mode.

Les précisions qui précèdent ont leur importance pour ce qui va suivre. En effet, Leroux, ainsi évidemment que tous ses disciples, dont Arezki, "monsieur Antoine" et quelques autres dont un certain Anecdote sur Skyfall, prétendent donc que ce sont les AMP qui font la météo et que les cellules (Hadley, Ferrel et polaire) n'existent pas. Evidemment non seulement les cellules atmosphériques sont toujours étudiées aujourd'hui, mais en plus on ne trouve nulle part la moindre mention d'un quelconque AMP ailleurs que sur des sites tordus tels que Skyfall.

J'ai écrit d'ailleurs plusieurs billets pour mentionner que c'est en réalité le jet stream (ou courant jet) qui "fait la pluie et le beau temps" sous nos latitudes (voir Résultats de recherche pour jet stream)

Aujourd'hui Andrew Dressler, un climatologue américain, poste sur Twitter un fil qui vient me conforter dans tout ce que j'ai pu avancer sur ce sujet ; il nous guide vers un article qu'il a fait paraitre sur The Climate Brink, intitulé Anatomy of a heat wave, afin de parler des causes les vagues de chaleur actuelles. On peut y lire en substance ce qui suit et qui n'étonnera pas mes (quelques) lecteurs fidèles :

Due to the temperature gradient between the pole and equator, both hemispheres feature jets of wind flowing from west to east in the mid-latitudes (aka the jet stream). These jets are unstable, so ‘ripples’ tend to form on it. Anyone who looks at weather maps knows what they look like. This NASA animation shows the jet as red and yellow colors and you can see how it waves back and forth.
En raison du gradient de température entre le pôle et l'équateur, les deux hémisphères présentent des jets de vent circulant d'ouest en est dans les latitudes moyennes (le "jet stream"). Ces jets étant instables, des "ondulations" ont tendance à s'y former. Quiconque consulte des cartes météorologiques sait à quoi elles ressemblent. Cette animation de la NASA montre le courant-jet en rouge et en jaune et vous pouvez voir comment il ondule d'avant en arrière.


Et d'enfoncer le clou dans le cercueil de Leroux, AntonioSan et compagnie :

High-pressure systems are key to heat waves, and they form in “ridges” in the jet stream:

Les systèmes de haute pression sont à l'origine des vagues de chaleur et se forment dans les "crêtes" du courant-jet :

Le "H" indique l'emplacement d'un système à haute pression tandis que les "L" indiquent des systèmes à basse pression.

Et dire que "monsieur Antoine" m'avait affirmé que ce qui se passe à dix kilomètres d'altitude, là où navigue le jet stream, n'avait strictement aucune influence sur les anticyclones qui se trainent à la surface, parce que les AMP blablabla hein !

Et j'aime particulièrement la conclusion que tire Andrew Dressler :

Climate change has an amplifying effect on heatwaves. Just like the adage “a rising tide lifts all boats,” a warming climate raises the baseline temperature from which heatwaves start. This means that our heatwaves become hotter, essentially ‘floating’ on the ‘rising tide’ of our warming world. This increase in the intensity of heatwaves is one of the many impacts we’re already seeing from climate change.
Le changement climatique a un effet amplificateur sur les vagues de chaleur. Tout comme l'adage "la marée montante soulève tous les bateaux", le réchauffement climatique augmente la température de base à partir de laquelle les vagues de chaleur se déclenchent. Cela signifie que nos vagues de chaleur deviennent plus chaudes et qu'elles "flottent" sur la "marée montante" de notre monde en réchauffement. Cette augmentation de l'intensité des vagues de chaleur est l'un des nombreux effets du changement climatique que nous constatons déjà.
De toute évidence la marée montante ne soulève pas tous les bateaux, quelques-uns restent coincés au fond. Monsieur Antoine se reconnaitra certainement s'il me lit.

Quelqu'un pour porter assistance à monsieur Antoine ?



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