dimanche 15 octobre 2017

Le Viaur à Jouqueviel-le-Tel et l'ouragan Ophélia

Pour une fois mon billet aura pour sujet une randonnée et, dans une certaine mesure, la météo, bien que je mentionne comme libellé le climat (après tout le climat n'est rien d'autre que de la météo moyennée sur du long terme)

Ce samedi météo et randonnée se mariaient (et non se marraient) à merveille, car les températures, pour ce milieu de mois d'octobre, étaient exceptionnellement élevées ; on a par exemple enregistré 25,4° à Biarritz et ce dimanche il est prévu jusqu'à 27°.

Alors qu'est-ce qui provoque ces températures anormalement hautes en cette période de l'année ?

La chaine météo nous dit :
  • L'ouragan Ophelia remonte en direction des îles britanniques. Il provoque un apport d'air très chaud depuis le Sahara vers la France jusqu'à lundi.
Avec cette carte à l'appui :

Depuis le début de la semaine, de l'air très chaud s'accumule des îles Canaries au Maroc jusqu'en Espagne. Cette chaleur atteint depuis vendredi le sud de la France où les températures sont estivales. Cette chaleur gagne ce dimanche le nord du pays.

Plus loin le site nous informe :
  • L'ouragan Ophelia s'est formé à environ 1500 km au à l'ouest des îles Canaries. Il a atteint samedi les Açores. Dimanche, cet ouragan remonte très rapidement vers le nord. Il balaiera l'Irlande lundi. En incurvant sa trajectoire vers l'Est, l'ouragan Ophelia se rapproche des côtes portugaises et françaises, tout en passant à environ 700 km des littoraux. Mais cela suffit pour accélérer le vent du Sud à l'avant de ce phénomène tropical. En conséquence, Ophelia agit comme une pompe à chaleur. Il provoque un appel d'air très chaud en provenance du Sahara, ce qui fait grimper les températures à un niveau exceptionnel.
  • Dimanche après-midi, les températures en France atteignent entre 25 et 30°C sur les 3/4 du territoire. Il s'agit de températures de plein été, voire supérieures à un niveau de plein été dans le Sud-ouest puisqu'on attend 30°C entre Bordeaux et Biarritz. Ce temps chaud se maintient jusqu'à mardi, avant une reprise du flux atlantique et du vent d'Ouest accompagné d'une baisse progressive des températures.
Et Pascal Hernandez nous confirme dans la vidéo incluse dans l'article de la chaine météo que « le temps que nous connaissons en ce moment sur l'Europe occidentale et sur le bassin méditerranéen est lié à Ophélia, l'un conditionnant l'autre et inversement » ; et il ajoute plus loin « il fait très chaud depuis la fin du printemps et le début de l'été, et c'est cette chaleur présente sur cette partie de l'Atlantique qui a régénéré Ophélia ».

Dans son "information spéciale" Météo France nous dit d'ailleurs :
  • [Ophélia] a bénéficié de conditions favorables à son développement, et notamment d'eaux plus chaudes que la normale, de plus de deux degrés dans cette partie de l'Atlantique. 
En principe les présentateurs météo à la télévision ne se comportent qu'en messagers de Météo France, ne faisant que relayer les informations qu'ils reçoivent de la part des spécialistes de l'organisme public de prévisions, ce qu'a dû faire Pascal Hernandez quand il attribue les hautes températures à la presence d'Ophélia, cet ouragan étant lui-même influencé par les fortes températures de la région, « tout étant lié » comme il l'explique très bien dans son bulletin.

Alors qu'est-il arrivé à Louis Bodin qui, lors du journal télévisé de TF1, sommé par Anne-Claire Coudray de s'expliquer, a tout simplement assuré les téléspectateurs que les fortes températures "n'avaient absolument rien à voir avec Ophélia et qu'elles étaient uniquement causées par l'anticyclone qui couvre actuellement toute l'Europe occidentale", je cite de mémoire car je n'arrive pas à re-visionner la séquence ; on trouve quand même quelques bribes par exemple :
  • les-infos-videos
    • Météo : Merci à l'anticyclone venu du Maroc. Un anticyclone en provenance des côtes africaines explique les températures anormalement douces qui vont accompagner ce week-end. Louis Bodin nous annonce un petit rafraîchissement dans la nuit de dimanche à lundi. Malgré tout, le soleil devrait perdurer au moins jusqu'au début de semaine.
  • tv-programme.com (avec la vidéo qui ne démarre pas sur mon ordi...)
    • L'anticyclone des Açores s'est installé sur la partie ouest de l'Europe et a chassé toutes les perturbations, entraînant une hausse des températures qui ont atteint facilement 25 à 30 degrés à certains endroits. Retrouvez les explications de Louis Bodin sur cette douceur exceptionnelle en plein mois d'octobre.

Donc pour Louis Bodin Ophélia ne serait nullement impliquée, seul l'anticyclone expliquerait les fortes températures, ce qui me laisse perplexe, car un anticyclone à lui-seul ne justifie pas forcément des températures élevées, il explique essentiellement une situation météo stable, sans grand changements à court-terme, ce qui est du pain bénit pour les prévisionnistes, alors que les dépressions engendrent un temps instable très difficile à prévoir au-delà de quelques jours ; bref, les explications de Pascal Hernandez me semblent plus convaincantes, d'autant plus que d'autres sources tendent à contredire Louis Bodin, par exemple :
  • bbc
    • As a result of Hurricane Ophelia, parts of England could see temperatures reach 25C on Sunday beating the 15C average for mid-October. (En raison de l'ouragan Ophelia, certaines parties de l'Angleterre pourraient voir les températures atteindre 25°C dimanche, en battant la moyenne de 15°C à la mi-octobre)
  • theguardian
    • As Hurricane Ophelia approached the UK on Friday night, forecasters were warning of heavy rain and gusts of up to 80mph, while some areas were set to enjoy a balmy 25C (77F). (Alors que l'ouragan Ophelia s'approchait du Royaume-Uni vendredi soir, les prévisionnistes avertissaient de fortes pluies et de rafales pouvant atteindre 80 km/h, tandis que certaines zones devaient profiter d'un doux 25°C (77F).)

Ainsi tout le monde semble s'accorder pour dire que ce serait Ophélia le principal instigateur des températures anormalement hautes que nous connaissons, tout le monde sauf Louis Bodin pour qui le seul "coupable" serait l'anticyclone ; à vous de vous faire une opinion...

Bon maintenant venons-en à notre randonnée de ce samedi qui fut donc placée sous le signe du beau temps et de températures plutôt douces pour la saison, en raison d'Ophélia/de l'anticyclone (barrez la mention inutile)

Nous explorâmes une partie de la vallée du Viaur située à l'aplomb du village de Jouqueviel-le-Tel ; en fait il s'agit de deux villages :
  • Jouqueviel, dans lequel on peu voir les ruines d'un chateau avec une magnifique fissure verticale qui fait peur...
  • Le Tel, qui est le lieu-dit où l'on gare sa voiture devant l'église.
Ce qui est bizarre c'est que sur la carte Le Tel est bien plus important que Jouqueviel, je ne comprends donc pas pourquoi on le qualifie de lieu-dit, mais passons...

C'est à Le Tel (ou au Tel, ce qui pourrait faire penser à l'abréviation d'au téléphone...) que l'on trouve une stèle commémorant le sacrifice de "terroristes polonais" aidés de "déserteurs géorgiens" qui furent massacrés par les Allemands en 1944 : 

Stèle à Jouqueviel-le-Tel.

Voici l'itinéraire de la randonnée qui démarre donc à côté de cette stèle :

L'itinéraire débute à Jouqueviel-le-Tel, se dirige vers le sud après un court passage commun à l'aller et au retour, puis descend au nord-est dans une vallée encaissée pour rejoindre le Viaur et la route goudronnée qui le longe, et se termine par la montée en lacets vers le château en ruine de Jouqueviel.
Nous avons rencontré quasiment dès le début, dans la partie du chemin qui se dirige vers le sud, en limite de forêt, deux chasseurs postés attendant que le gibier veuille bien leur passer devant ; nous adressâmes un simple bonjour au premier qui n'avait pas l'air de vouloir discuter à en juger par son air peu encourageant (et engageant), par contre le deuxième paraissait plus sympathique, donc nous lui avons demandé s'ils chassaient le sanglier. Il nous informa qu'il y avait bien des sangliers mais que c'était au chevreuil qu'ils s'intéressaient ; lui-même ne tirait dans l'année que quelques cartouches, son plaisir étant de se retrouver dans la nature puis de profiter de la troisième mi-temps bien connue des joueurs de rugby (les footeux, eux, se contentent de rentrer immédiatement à la maison pour jouer à FIFA sur leur console, à chacun de trouver son plaisir où il peut) ; il nous expliqua que les chevreuils avaient été réintroduits récemment dans le coin et qu'ils commençaient à sérieusement proliférer, causant des dégâts notamment aux jeunes arbres (les cultures c'est pour les sangliers...), ce qui justifiait des opérations régulières de "prélèvement" afin d'en limiter les populations.

Pour se renseigner un peu plus sur le sujet il y a cette vidéo, ainsi que ce document pour visualiser les dégâts causés, auquel on ajoutera cet autre qui concerne le tableau de chasse des ongulés sauvages pour la saison 2010-2011 ; on voit dans ce dernier document que le chevreuil est de loin le plus important en nombre, si l'on excepte le sanglier lui-même fauteur de nombreux troubles. Pourtant pour cette saison 2010-2011 le taux de réalisations pour le chevreuil n'était que de 88%, mais comme nous l'a dit le chasseur il s'agit d'un animal plutôt intelligent qui sait éviter de se faire (a)voir, surtout quand il entend les chiens aboyer (et il y en avait qui aboyaient en contrebas, en direction de la rivière)

Après lui avoir souhaité bonne chasse nous repartîmes toujours plein sud, et après une courte section goudronnée  nous tournâmes plein est pour nous diriger vers un affluent du Viaur qu'il faut suivre dans une petite vallée très encaissée et peu ensoleillée ; c'est là que nous avons rencontré des champignons en grandes quantités, dont voici un échantillon, avec une tentative de ma part de leur donner un nom (je n'y connais pas grand chose, je ne les cueille pas et me contente de manger ceux que l'on achète au marché, c'est plus sûr...)

Champignons mignons.

Champignons parasols.

Champignons amoureux.

Champignon solitaire.

Champignons commandos en tenue de camouflage.

Evidemment si vous avez une idée du nom réel de ces champignons n'hésitez pas à vous manifester.

Mais on ne trouve pas que des champignons, les châtaigniers sont légion et c'est le moment de ramasser ce qui est à terre :

Châtaignes.

Enfin l'on arrive dans la vallée du Viaur qu'il faut descendre en empruntant une route goudronnée mais très peu passante (pas un seul véhicule aperçu durant les quelques deux kilomètres où on la suit à l'ombre d'immenses conifères) ; peu avant le pont qui enjambe le Viaur le chemin de gauche nous amène aux ruines du chateau de Jouqueviel où il est temps de se restaurer :

Le chateau de Jouqueviel.
A partir de là la voiture n'est plus qu'à trois kilomètres et le plus dur de la montée est passé, donc c'est quasiment en roue libre que l'on retrouve la stèle commémorative du départ.

Cette région est particulièrement riche en randonnées relativement "sauvages", il suffit pour s'en convaincre de regarder la carte de l'Aveyron embrassant notre balade du jour ainsi que les villes lointaines de Rodez et Millau :

La balade de Jouqueviel à l'ouest, Rodez au centre et Millau à l'extrême est, avec la vallée du Viaur au milieu, coincée entre celles du Tarn et de l'Aveyron.

Et pour vous montrer que je ne vous raconte pas des salades voici la deuxième de couverture du topo guide L'Aveyron à pied

Balades en Aveyron.
La balade de ce samedi était, elle, incluse dans le topo guide Le Tarn à pied, pages 38 et 39, car située à l'extrême limite nord du Tarn, le Viaur constituant la frontière entre ce département et celui de l'Aveyron.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire