Pauvre chou,
Tony Watts fait la manche auprès de ses lecteurs afin de se payer un nouveau serveur, car celui qu'il utilise actuellement est attaqué par de méchants individus qui lui souhaitent de mauvaises choses.
Il cite un des ces lascars qui espère qu'il attrapera un coup de chaud :
Hello Anthony, it’s been a while. Listening to the news of record temperatures being marked weekly around the world, I’m thinking of you. Again, history will show you to be the carnival barker that you are. You are largely responsible for the Dark-Age mentality leading us to roast. I hope you have a heat stroke you obfuscating asshole.
Bonjour Anthony, ça fait un moment. En écoutant les nouvelles des températures record qui sont reportées chaque semaine dans le monde, je pense à vous. Encore une fois, l'histoire montrera le bonimenteur que vous êtes. Vous êtes en grande partie responsable de la mentalité de l'âge des ténèbres qui nous conduit à rôtir. J'espère que vous aurez un coup de chaleur espèce d'obscur trou du cul.
Bon, il faut dire que le message n'est pas très poli, ni correct ; personnellement j'ai plutôt tendance (je l'ai fait à plusieurs reprises ici) à souhaiter aux bonshommes du genre de Watts une très longue vie, de manière à « bénéficier » des températures en hausse et autres événements plus ou moins extrêmes causés par le réchauffement climatique.
Car ce n'est pas encore de nos jours que le pire se fait sentir, un petit degré de plus par rapport à l'ère préindustrielle et une vingtaine de centimètres de montée des eaux depuis cent ans, ce n'est pas la mer à boire (sic) !
Non, il va falloir encore attendre un peu avant que ça devienne vraiment intéressant, et malheureusement j'ai bien peur qu'Anthony Watts, étant donné son âge et son apparence physique (i.e. son embonpoint) soit mort et enterré quand les choses sérieuses commenceront vraiment ; tout ce qu'il risque dans ses vieux jours c'est que ses petits-enfants viennent lui cracher dessus avant d'aller le faire sur sa tombe, donc rien de bien grave en vérité.
Et pour bien montrer qu'il n'a peur de rien il nous montre le graphique de l'indice des vagues de chaleur aux Etats-Unis :
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Cette figure montre les valeurs annuelles de l'indice de vague de chaleur des États-Unis de 1895 à 2015. Ces données couvrent les 48 états contigus. Interprétation: Une valeur d'indice de 0,2 (par exemple) pourrait signifier que 20% du pays a connu une vague de chaleur, 10% du pays ont connu deux vagues de chaleur, ou une autre combinaison de fréquence et de surface. Data source: Kunkel, 2016 (source epa) |
Mais comme toujours il faut accorder une confiance toute relative quand un désinformateur de la stature de Watts vous fournit un graphique qui semble aller dans le sens qu'il a choisi, dans le cas présent celui de « démontrer » que les vagues de chaleur ne sont pas plus fréquentes, ou graves, avec le réchauffement climatique.
Effectivement, si l'on s'arrête à ce premier (oui premier, car il y en a d'autres…) graphique, on observe un pic dans les années 1930, le fameux
Dust Bowl.
Mais ce que Watts passe sous silence, à moins qu'il l'ignore tout simplement, c'est que ce Dust Bowl est en grande partie, d'après Wikipédia, causé par le « surlabourage occasionnant une érosion très importante », ce qui est confirmé par le site de l'EPA d'où Watts a tiré son graphique, qui explique :
Heat waves in the 1930s remain the most severe heat waves in the U.S. historical record (see Figure 1). The spike in Figure 1 reflects extreme, persistent heat waves in the Great Plains region during a period known as the “Dust Bowl.” Poor land use practices and many years of intense drought contributed to these heat waves by depleting soil moisture and reducing the moderating effects of evaporation.
Les vagues de chaleur dans les années 1930 demeurent les vagues de chaleur les plus graves dans le record historique des États-Unis (voir la figure 1). Le pic de la figure 1 reflète les vagues de chaleur extrêmes et persistantes dans la région des Grandes Plaines pendant une période connue sous le nom de « Dust Bowl ». Les mauvaises pratiques d'utilisation des terres et de nombreuses années de sécheresse intense ont contribué à ces vagues de chaleur en diminuant l'humidité du sol et en réduisant l'effet modérateur de l'évaporation.
Ainsi ce pic de chaleurs extrêmes est une combinaison de mauvaises pratiques agricoles et de « sécheresses intenses », en se doutant un peu que ces dernières ont pu être causées, ou amplifiées, par les premières.
Mais le graphique que Watts ne vous montrera jamais, et pour cause, est le deuxième, bien plus évocateur que le premier :
Mince alors, malgré les efforts des Américains pour changer leurs pratiques agricoles et ne plus connaitre les affres du Dust Bowl, voilà que la courbe des journées chaudes (tant en minimas qu'en maximas) dépasse le niveau des années trente, on comprend que cette information n'intéresse pas Watts et, surtout, ses lecteurs.
Maintenant zoomons à l'aide de la NOAA :
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Evolution des températures maximums, source ncdc.noaa |
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Evolution des températures minimums, source ncdc.noaa |
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Evolution des précipitations extrêmes sur un jour, source ncdc.noaa |
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Evolution des extrêmes avec et sans précipitations, source ncdc.noaa |
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Evolution des tempêtes tropicales atteignant les côtes, source ncdc.noaa |
De ces six graphiques on peut tirer les conclusions suivantes concernant les 48 états contigus (donc hors Alaska et Hawaï) :
- les températures maximales sont en nette augmentation ;
- les températures minimales sont en très nette augmentation, montant en flèche depuis 2010 ;
- l'indice PDSI montre, depuis les années 1970, une forte augmentation des journées « humides », les années « sèches » étant comparables aux années 30 et 50, sans qu'une tendance claire se dessine ;
- les précipitations extrêmes sur un seul jour sont en très nette augmentation à partir des années 1990 ;
- les extrêmes avec précipitations sont en constante augmentation (quasiment toujours au-dessus de l'indice 10 depuis les années 1980) alors que les extrêmes sans précipitations sont plutôt stables, en-deçà de l'indice -10, les journées sans précipitation étant plus fréquentes dans la première moitié du 20ème siècle ;
- les tempêtes tropicales atteignant les côtes américaines sont relativement stables depuis le début du 20ème siècle, mais on constate des pics plus prononcés en début de 21ème siècle ; à noter cependant qu'il s'agit du nombre de tempêtes, pas de leur intensité…
Mais reprenons la lecture du site EPA, source d'inspiration de notre ami Watts, pour regarder quelques autres graphiques que celui-ci a négligé de montrer à ses lecteurs.
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Ce graphique montre le pourcentage de la superficie des 48 états contigus avec des températures quotidiennes élevées et basses inhabituellement froides au cours des mois de décembre, janvier et février. Les lignes fines représentent les années individuelles, tandis que les lignes épaisses représentent une moyenne pondérée de neuf ans. Les lignes bleues représentent les hauts quotidiens, tandis que les lignes violettes représentent les bas quotidiens. Le terme "inhabituel" dans ce cas est basé sur les conditions moyennes à long terme à chaque endroit. Source NOAA. |
Bref, il y a de moins en moins de journées froides en hiver (avec cependant un gros pic peu avant 1980)
Quant à la répartition des températures maxi et mini dans le territoire l'EPA nous dit :
The two maps show where changes in the number of days with unusually hot (above the 95th percentile) and cold (below the 5th percentile) days have occurred since 1948. Unusually high temperatures have increased in the western United States and in several areas along the Gulf and Atlantic coasts, but decreased in much of the middle of the country (see Figure 4). The number of unusually cold days has generally decreased throughout the country, particularly in the western United States (see Figure 5).
Les deux cartes montrent l'évolution du nombre de jours avec des températures anormalement chaudes (au-dessus du 95e centile) et froides (inférieures au 5e centile) depuis 1948. Des températures anormalement élevées ont augmenté dans l'ouest des États-Unis et dans plusieurs régions le long des côtes du Golfe et de l'Atlantique, mais ont diminué dans la majeure partie du centre du pays (voir la figure 4). Le nombre de jours anormalement froids a généralement diminué dans tout le pays, en particulier dans l'ouest des États-Unis (voir la figure 5).
Voici les deux cartes en question :
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Cette carte montre les tendances des températures inhabituellement chaudes dans les stations météorologiques individuelles qui ont fonctionné régulièrement depuis 1948. Dans ce cas, le terme «inhabituellement chaud» fait référence à une température maximale quotidienne plus chaude que la température du 95e centile pendant la période 1948-2015. Ainsi, la température maximale d'un jour particulier à une station particulière serait considérée comme «exceptionnellement chaude» si elle se situe dans les 5% les plus chauds des mesures effectuées à cette station au cours de la période 1948-2015. La carte montre les changements du nombre total de jours par année qui étaient plus élevés que le 95e centile. Les symboles rouges pointant vers le haut montrent où ces jours anormalement chauds deviennent plus communs. Les symboles pointant vers le bas indiquent les endroits inhabituellement chauds qui deviennent moins courants. Source: NOAA, 2016 |
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Cette carte montre les tendances des températures inhabituellement froides dans les stations météorologiques individuelles qui ont fonctionné régulièrement depuis 1948. Dans ce cas, le terme «exceptionnellement froid» fait référence à une température minimale quotidienne plus froide que la température du 5e centile pendant la période 1948-2015. Ainsi, la température minimale d'un jour donné à une station particulière serait considérée comme «exceptionnellement froide» si elle se situe dans les 5% les plus froids des mesures effectuées à cette station au cours de la période 1948-2015. La carte montre les changements dans le nombre total de jours par année qui étaient plus froids que le 5ème centile. Les symboles pointant vers le haut indiquent les endroits où ces jours inhabituellement froids deviennent plus fréquents. Les symboles rouges pointant vers le bas indiquent où les jours anormalement froids sont de moins en moins fréquents. Source NOAA, 2016. |
On peut constater qu'alors que la progression des jours exceptionnellement chauds s'équilibre peu ou prou sur tout le territoire des Etats-Unis, celle des jours exceptionnellement froids est partout en diminution, à de très rares exceptions près.
Enfin le dernier graphique nous montre l'évolution décennale des records « hauts et bas » :
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Cette figure montre le pourcentage d'enregistrements de température quotidiens établis dans les stations météorologiques des 48 états contigus par décennie. Les records (rouge) sont comparés avec les plus bas (bleu). Source Meehl et al., 2009. |
Voilà, je pense vous avoir informé du mieux que je pouvais, et contrairement à Watts je ne demande pas d'argent, mais il est vrai que je ne suis pas « The world’s most viewed climate website. »
Ah au fait, pour terminer, Watts fait de la publicité pour son bouquin (co-écrit avec d'autres désinformateurs patentés) intitulé
Climate change : the facts 2017, ce que l'on pourrait aussi écrire
Climate : change the facts 2017 de façon à mieux dépeindre son contenu. Si vous avez besoin de quelque chose pour caler un meuble, ce livre peut éventuellement vous être utile.
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