mardi 26 juin 2018

L'Antarctique, le nouveau dada d'Anthony Watts ?

Il n'y a aucun mystère, il est maintenant bien établi que le site WUWT ne cherche pas vraiment à informer ses lecteurs sur l'actualité scientifique en matière de climat mais plutôt à systématiquement dénigrer le travail des climatologues.

Et quand ce site insiste sur un sujet particulier, nous pouvons nous douter que le sujet en question présente bien des problèmes et qu'il est donc nécessaire d'allumer des contre-feux afin de tenter de faire prendre à ses lecteurs des vessies pour des lanternes.

Ainsi depuis une quinzaine de jours nous assistons à une série d'articles concernant l'Antarctique, prouvant par là-même que cette région du monde, emblématique du changement climatique, mérite toute l'attention d'Anthony Watts, le désinformateur en chef, afin de saper le travail des scientifiques ; voici donc ce que j'ai pu relever, en espérant ne rien avoir oublié :
La technique employée est toujours quasiment la même, quand il ne s'agit pas d'un simple billet d'opinion (comme celui du 16 juin émanant d'un ingénieur à la retraite prétendant que la fonte serait due à l'activité volcanique) on part d'une étude scientifique qui vient de paraitre et on la tourne en ridicule en utilisant des « arguments » fabriqués pour en arriver à la conclusion qu'il n'y a vraiment pas de souci à se faire.

Prenons par exemple le dernier billet en date, celui qui reprend un article de AGU100 mentionnant des températures plus froides que prévues...dans de petites vallées au sommet de l'Antarctique !

Précisons quand même qu'il s'agit de toutes petites parcelles situées dans des petits creux à plus de 3500 mètres d'altitude et que les conditions, pour atteindre de telles températures extrêmes proches des -100°C (-98°C mesurés) sont un ciel clair et une atmosphère hyper-sèche pendant plusieurs jours, pas de quoi, donc, en tirer une généralité pour l'ensemble du continent Antarctique qui ne se limite pas à ces épiphénomènes ; évidemment l'information est intéressante, mais chacun peut constater ce qu'en fait Anthony Watts en titrant « Pire qu'ils ne le pensaient : l'Antarctique est plus froid que les scientifiques ne l'ont cru », c'est-à-dire en généralisant à l'ensemble de l'Antarctique ce qui n'est valable que sur une minuscule portion.

Evidemment vous ne verrez pas sur WUWT l'information selon laquelle en plein hiver austral des températures de +13°C (oui, plus 13°C) ont été enregistrées dans la péninsule antarctique et qu'environ un quart de la fonte annuelle de la glace de surface s'est produite en hiver à cause de l'effet (non, pas de serre) de foehn ; pour apprendre cela il suffit d'être abonné à Science et Vie qui en parle dans son numéro de juillet, page 24, en faisant référence aux travaux du Hollandais Peter Kuipers Munneke ; celui-ci a d'ailleurs écrit un billet de blog sur le sujet, intitulé Warm winds cause ice-shelf melt dans lequel il explique comment le foehn participe à la fonte des plateformes glaciaires.

L'Antarctique est un vaste continent composé essentiellement de deux parties, l'une située à l'est, la plus vaste et la plus froide car la plus élevée en altitude, et l'autre à l'ouest, comprenant la péninsule qui s'avance en direction de l'Amérique du sud ; c'est cette dernière partie qui présente des risques sérieux à prendre en compte, même si on ne peut pas vraiment faire grand chose pour empêcher ce qui s'y passe.

Ce qui distingue cette partie ouest du reste de l'Antarctique, ainsi d'ailleurs que du Groenland, c'est que la calotte glaciaire repose sur le fond marin et non sur le continent (Climats, Mélières et Maréchal, page 270) ; ainsi, « le réchauffement de l'océan et l'élévation des températures de surface (approfondissant les crevasses de glace par l'action de la fonte et du regel) ont été la cause de fragmentation menant à la désintégration de certaines plateformes qui freinaient l'écoulement des glaciers ».

Ainsi les plateformes Larsen se sont désintégrées, Larsen A en 1995, Larsen B en 2002 et Larsen C a perdu récemment 10% de sa superficie, soit l'équivalent d'un département comme la Corrèze ; à noter que Larsen C est la plus grande des trois avec 50 000 km2 et jusqu'à 350 mètres d'épaisseur de glace (source Wikipédia)

« Heureusement » Larsen C est apparemment « protégée » d'une chute brutale par le fond marin qui se relève et freine sa progression vers l'océan, comme le relève d'ailleurs WUWT dans son billet du 22 juin, en expliquant cocassement les raisons de ce soulèvement :
[…] regional uplift of the Earth in response to the thinning ice sheet (soulèvement régional de la Terre en réponse à l'amincissement de la calotte glaciaire)
Ainsi il est écrit noir sur blanc dans le site de désinformation WUWT que la calotte glaciaire s'amincit, alors que la plupart du temps le même site s'évertue à expliquer à ses lecteurs que l'Antarctique « gagne de la glace » !

Pourtant les observations sont là pour dire (ibid. page 270) que « pour la période 2002-2011, la glace perdue au Groenland est estimée à 215 ±60 Gt/an et à 147 ±75 Gt/an pour la calotte Antarctique. D'après le rapport du GIEC 2013, la contribution à l'élévation du niveau marin, sur la période 1993-2003, s'élève à […] ~0,6 mm/an pour l'ensemble des calottes groenlandaises et antarctique. »

Source climatechange2013

Mais si, comme le dit Anthony Watts, 99,989% de l'Antarctique ne fond pas, alors vous n'avez pas à vous inquiéter ; de la même manière, si 0,011% de votre maison menace de s'effondrer, surtout ne paniquez pas et ne vous pressez pas pour remédier à ce petit problème, même si ces malheureux minuscules 0,011% menacent d'inonder votre sous-sol et votre rez-de-chaussée, après tout il s'agit de quelque chose de vraiment insignifiant, n'est-ce pas ?


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