En juin 2013, il y a donc 6 ans aujourd'hui, le Heartland Institute organisa une conférence-débat entre Roy Spencer et Scott Denning.
A un moment il fut question de la température qui était restée stationnaire depuis plusieurs années et Roy Spencer fit cette surprenante déclaration qui sonne aujourd'hui quasiment comme un aveu :
Bien joué Docteur Spencer, pour cette (très courte) période vos données fournissaient exactement l'information dont votre public avait besoin en 2013 afin de lui « prouver » que les températures avaient arrêté de monter !
A noter que la version 6.0 a été mise en route en 2015, soit après la date de cette conférence, c'est donc la version 5.6 qui avait servi d'argumentation à Roy Spencer et nous voyons qu'elle donne une droite de tendance parfaitement plate ; si Spencer avait eu la version 6.0 en sa possession il aurait même pu affirmer que les températures commençaient leur chute en direction, pourquoi pas, d'un nouvel âge glaciaire !
A noter que son concurrent RSS ne faisait pas mieux :
Quant à GISTEMP et HadCRUT :
Tout le monde était donc parfaitement d'accord pour dire que durant l'excessivement courte période 2005-2013 la température ne donnait pas le moindre signe d'une quelconque augmentation, certaines tendances étant même légèrement négatives, mais qu'en est-il de l'ensemble des données depuis leur origine jusqu'à aujourd'hui ?
Commençons avec les températures de surfaces, les plus anciennes mais aussi les plus fiables :
A noter que GISTEMP ne commence qu'en 1880 alors que HadCRUT donne des informations depuis 1850 ; BEST fournit des températures depuis 1753, mais je me suis limité à 1850 car woodfortree ne va pas plus loin que cette date ; pour la tendance GISTEMP j'ai pris depuis 1880 afin de ne pas fausser le calcul, mais cela ne ferait aucune différence notable sur l'aspect de la tendance si j'avais pris depuis 1850.
Au vu de ces trois courbes la période 2005-2013 qui intéresse tant Roy Spencer ne se distingue en rien d'autres périodes similaires dans le passé où l'on a même pu voir des pentes descendantes bien plus marquées, il n'en reste pas moins que sur le long terme toutes les observations donnent une hausse moyenne d'environ 1°C sur 150 ans, sauf HadCRUT qui donne un peu moins, ce qui est cocasse quand on sait que nos amis climatosceptiques ont remis en cause la qualité des données de cet organisme (vous vous souvenez du bouffon John McLean ?); on serait tenté de leur répondre que oui, HadCRUT chauffe moins que les autres, donc sa qualité laisse peut-être à désirer !
Et si on regarde les données satellitaires (ou satellitales, je ne sais jamais comment dire mais on s'en fout) voici le résultat :
Ici évidemment la période est bien plus courte, elle ne peut commencer qu'en 1979, mais nous avons déjà une idée des tendances, avec un RSS qui chauffe bien plus que les deux versions de UAH, on se demande pourquoi (bien qu'on ait une petite idée...)
Là aussi 2005-2013 se distingue à peine de l'ensemble des données, mais on peut quand même remarquer qu'après 2013 les températures sont reparties...à la hausse !
Et qu'on ne me dise pas qu'il y a le Niño de 2016 qui fausserait la tendance, le Niño de 1998 est lui aussi bien visible sur le graphique avec une baisse de températures qui l'a immédiatement suivi, ce qui est tout à fait normal, mais la hausse reprend peu après et 2019 sera dans le peloton de tête des températures les plus chaudes jamais enregistrées, que ce soit par les instruments de surface ou par les satellites.
Au passage on remarquera que UAH monte, entre 1979 et 2019, d'environ...0,5°C, ce qui en effectuant une simple règle de trois nous donne une augmentation d'1,25°C sur 100 ans ; quand on prend en considération d'une part que ces données sont « à prendre avec des pincettes » et que d'autre part elles concernent le passé alors qu'il est plus que probable que dans le futur l'augmentation de température sera plus forte (comment pourrait-il en être autrement au vu des émissions actuelles de CO₂ ainsi que de celles à venir ?) on voit que même UAH prévoit, sans le dire ouvertement, au moins 2°C de plus d'ici la fin de ce siècle, ce que l'on peut considérer comme le bas extrême de la fourchette.
Les données de surface sont, elles, plus réalistes, et montrent une hausse de 1°C pour 150 ans environ, en partant de loin, de 1850 ; mais si on considère ces mêmes données depuis 1979 on obtient ceci :
Ici on monte de 0,7°C sur les 40 ans de la période (contre 0,5°C pour UAH) ce qui fait 1,75°C sur 100 ans, donc au minimum 1,75°C à rajouter pour la fin de ce siècle aux 0,7°C enregistrés depuis 1979, ce qui nous donne près de 2,5°C d'augmentation entre 1979 et 2100, sans compter l'augmentation entre 1850 et 1979 que l'on peut estimer grossièrement à 0,5°C, et nous arrivons à +3°C minimum d'augmentation entre la période pré-révolution industrielle et la fin de ce siècle.
Ces calculs doivent être pris pour ce qu'ils sont, des extrapolations mathématiques élémentaires effectuées par quelqu'un qui, contrairement à un Benoit Rittaud, a des connaissances en mathématiques très limitées et le reconnait sans peine ; c'est pour cela que n'importe qui peut se livrer à de tels calculs, il n'y a pas besoin d'être climatologue ou physicien et encore moins mathématicien pour tirer quelques conclusions sommaires afin de se faire une opinion sur un sujet qui devrait être réservé aux spécialistes (je veux dire que seuls les spécialistes devraient pouvoir donner leur avis)
Mais Roy Spencer peut sans aucun doute être considéré comme un « spécialiste », il reconnait d'ailleurs lui-même, lors de son speech introductif dans la conférence-débat avec Scott Denning, qu'il est d'accord avec lui ainsi que sur à peu près tout ce qu'il y a dans les rapports du GIEC (oui, oui, regardez la vidéo à partir de 16:24, « the most part I agree with IPCC »), mais alors pourquoi prétend-il que plus de 50% du réchauffement de la planète serait d'après lui d'origine divin…, pardon, d'origine naturelle ?
Il y a deux questions à se poser à mon avis :
Que disait-il au fait le bon docteur Spencer ?
A un moment il fut question de la température qui était restée stationnaire depuis plusieurs années et Roy Spencer fit cette surprenante déclaration qui sonne aujourd'hui quasiment comme un aveu :
A 36:10 - if warming resume, James, in the near future, the next year or two, and continues at the rate that it did the last 30 years, if it starts doing that year after year I'am going to start questioning my view on climate sensitivity.
Spencer peu avant cette déclaration avait affirmé que le réchauffement climatique avait cessé 7-8 ans auparavant, donc depuis 2005-2006, alors voyons ce qu'il en était avec les mesures de températures pour la période 2005-2013 afin de vérifier cela :Si le réchauffement reprend, James, dans un avenir proche, l'année suivante ou deux, et se poursuit au rythme des 30 dernières années, s'il commence à le faire année après année, je vais commencer à me poser des questions sur ma vision de la sensibilité climatique.
Données UAH pour la période 2005-2013 (source woodfortrees) |
Bien joué Docteur Spencer, pour cette (très courte) période vos données fournissaient exactement l'information dont votre public avait besoin en 2013 afin de lui « prouver » que les températures avaient arrêté de monter !
A noter que la version 6.0 a été mise en route en 2015, soit après la date de cette conférence, c'est donc la version 5.6 qui avait servi d'argumentation à Roy Spencer et nous voyons qu'elle donne une droite de tendance parfaitement plate ; si Spencer avait eu la version 6.0 en sa possession il aurait même pu affirmer que les températures commençaient leur chute en direction, pourquoi pas, d'un nouvel âge glaciaire !
A noter que son concurrent RSS ne faisait pas mieux :
Données UAH et RSS pour la période 2005-2013 (source woodfortrees) |
Données HadCRUT et GISTEMP pour la période 2005-2013 (source woodfortrees) |
Tout le monde était donc parfaitement d'accord pour dire que durant l'excessivement courte période 2005-2013 la température ne donnait pas le moindre signe d'une quelconque augmentation, certaines tendances étant même légèrement négatives, mais qu'en est-il de l'ensemble des données depuis leur origine jusqu'à aujourd'hui ?
Commençons avec les températures de surfaces, les plus anciennes mais aussi les plus fiables :
Données de surface pour la période 1850-2019 (source woodfortrees) |
A noter que GISTEMP ne commence qu'en 1880 alors que HadCRUT donne des informations depuis 1850 ; BEST fournit des températures depuis 1753, mais je me suis limité à 1850 car woodfortree ne va pas plus loin que cette date ; pour la tendance GISTEMP j'ai pris depuis 1880 afin de ne pas fausser le calcul, mais cela ne ferait aucune différence notable sur l'aspect de la tendance si j'avais pris depuis 1850.
Au vu de ces trois courbes la période 2005-2013 qui intéresse tant Roy Spencer ne se distingue en rien d'autres périodes similaires dans le passé où l'on a même pu voir des pentes descendantes bien plus marquées, il n'en reste pas moins que sur le long terme toutes les observations donnent une hausse moyenne d'environ 1°C sur 150 ans, sauf HadCRUT qui donne un peu moins, ce qui est cocasse quand on sait que nos amis climatosceptiques ont remis en cause la qualité des données de cet organisme (vous vous souvenez du bouffon John McLean ?); on serait tenté de leur répondre que oui, HadCRUT chauffe moins que les autres, donc sa qualité laisse peut-être à désirer !
Et si on regarde les données satellitaires (ou satellitales, je ne sais jamais comment dire mais on s'en fout) voici le résultat :
Données issues des satellites pour la période 1979-2019 (source woodfortrees) |
Ici évidemment la période est bien plus courte, elle ne peut commencer qu'en 1979, mais nous avons déjà une idée des tendances, avec un RSS qui chauffe bien plus que les deux versions de UAH, on se demande pourquoi (bien qu'on ait une petite idée...)
Là aussi 2005-2013 se distingue à peine de l'ensemble des données, mais on peut quand même remarquer qu'après 2013 les températures sont reparties...à la hausse !
Et qu'on ne me dise pas qu'il y a le Niño de 2016 qui fausserait la tendance, le Niño de 1998 est lui aussi bien visible sur le graphique avec une baisse de températures qui l'a immédiatement suivi, ce qui est tout à fait normal, mais la hausse reprend peu après et 2019 sera dans le peloton de tête des températures les plus chaudes jamais enregistrées, que ce soit par les instruments de surface ou par les satellites.
Au passage on remarquera que UAH monte, entre 1979 et 2019, d'environ...0,5°C, ce qui en effectuant une simple règle de trois nous donne une augmentation d'1,25°C sur 100 ans ; quand on prend en considération d'une part que ces données sont « à prendre avec des pincettes » et que d'autre part elles concernent le passé alors qu'il est plus que probable que dans le futur l'augmentation de température sera plus forte (comment pourrait-il en être autrement au vu des émissions actuelles de CO₂ ainsi que de celles à venir ?) on voit que même UAH prévoit, sans le dire ouvertement, au moins 2°C de plus d'ici la fin de ce siècle, ce que l'on peut considérer comme le bas extrême de la fourchette.
Les données de surface sont, elles, plus réalistes, et montrent une hausse de 1°C pour 150 ans environ, en partant de loin, de 1850 ; mais si on considère ces mêmes données depuis 1979 on obtient ceci :
Données de surface pour la période 1979-2019 (source woodfortrees) |
Ici on monte de 0,7°C sur les 40 ans de la période (contre 0,5°C pour UAH) ce qui fait 1,75°C sur 100 ans, donc au minimum 1,75°C à rajouter pour la fin de ce siècle aux 0,7°C enregistrés depuis 1979, ce qui nous donne près de 2,5°C d'augmentation entre 1979 et 2100, sans compter l'augmentation entre 1850 et 1979 que l'on peut estimer grossièrement à 0,5°C, et nous arrivons à +3°C minimum d'augmentation entre la période pré-révolution industrielle et la fin de ce siècle.
Ces calculs doivent être pris pour ce qu'ils sont, des extrapolations mathématiques élémentaires effectuées par quelqu'un qui, contrairement à un Benoit Rittaud, a des connaissances en mathématiques très limitées et le reconnait sans peine ; c'est pour cela que n'importe qui peut se livrer à de tels calculs, il n'y a pas besoin d'être climatologue ou physicien et encore moins mathématicien pour tirer quelques conclusions sommaires afin de se faire une opinion sur un sujet qui devrait être réservé aux spécialistes (je veux dire que seuls les spécialistes devraient pouvoir donner leur avis)
Mais Roy Spencer peut sans aucun doute être considéré comme un « spécialiste », il reconnait d'ailleurs lui-même, lors de son speech introductif dans la conférence-débat avec Scott Denning, qu'il est d'accord avec lui ainsi que sur à peu près tout ce qu'il y a dans les rapports du GIEC (oui, oui, regardez la vidéo à partir de 16:24, « the most part I agree with IPCC »), mais alors pourquoi prétend-il que plus de 50% du réchauffement de la planète serait d'après lui d'origine divin…, pardon, d'origine naturelle ?
Il y a deux questions à se poser à mon avis :
- Roy Spencer est-il incompétent à ce point ou bien fait-il l'âne pour avoir du son ?
- Comment se fait-il que ce guignol déguisé en scientifique ait encore une telle audience auprès de gens ayant pour quelques uns d'entre eux (une minorité heureusement) une formation qui devrait leur permettre de voir et comprendre qu'il les prend pour des crétins ?
Je laisse à chacun le soin de répondre à chacune de ces deux questions, je sais que parmi mes lecteurs (ils se reconnaitront aisément) il y en a qui devraient se sentir visés mais qui refuseront quand même qu'on puisse les prendre pour des crétins, ils ont une certaine fierté et reconnaitre qu'ils se font mettre bien profond n'est pas dans leur nature. Et après tout ils ont l'air d'apprécier.
Attention : ne laissez pas Dr. Spencer toucher votre cerveau, il n'est pas qualifié pour cela ! |
Que disait-il au fait le bon docteur Spencer ?
je vais commencer à me poser des questions sur ma vision de la sensibilité climatique.Ah bon, vous y avez cru ?
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