jeudi 15 juin 2017

Pascal Picq n'est pas simiesque cela...

Après plusieurs billets sur l'homme et le singe (ici, ici et ici) n'est-il pas temps de conclure ?

Enfin, conclure provisoirement, car le sujet semble inépuisable...

J'ai reçu il y a quelques jours le dernier ouvrage de Pascal Picq, Qui va prendre le pouvoir ? dont j'ai commencé à lire l'introduction et quelques passages qui me semblaient intéressants, mais que je vais emporter avec moi (l'ouvrage, pas Pascal Picq) samedi pour toute la semaine prochaine où je serai dans le Queyras pour changer un peu d'air ; j'aurai l'occasion de le lire complètement le soir à la chandelle avant de m'endormir après une rude journée à crapahuter dans la montagne (à cette occasion j'en profite pour informer mes deux ou trois lecteurs que je n'emporte pas de PC avec moi et que mon téléphone ne me servira qu'à téléphoner en cas de besoin urgent, par conséquent le blog sera au repos forcé et je ne répondrai à aucun commentaire pendant cette période)

D'après le peu que j'aie lu il me semble (mais Robert me dirait que je ne sais pas lire) que Pascal Picq fait bien la différence entre d'un côté l'Homme et de l'autre côté les singes (grands ou petits, peu importe)

Extraits de l'introduction du livre, dont le titre complet est : Qui va prendre le pouvoir ? Les grands singes, les hommes politiques ou les robots.

Cela commence très fort avec :
  • page 9 (première phrase de l'introduction) : Les grands singes auront disparu d'ici 2050.
Je ne sais peut-être pas lire mais cette phrase très courte semble vouloir dire que si l'Homme est un grand singe lui-même, alors nous aurons disparu dans 33 ans...

A moins évidemment que Pascal Picq ne sache pas s'exprimer ou bien qu'il s'ingénie à noyer le poisson dès le début afin de désorienter les lecteurs convaincus comme Robert.
  • toujours page 9 (6 lignes plus bas) : On ne voit [...] pas en quoi la survie des singes et des grands singes pourrait obscurcir l'avenir radieux de l'humanité.
Ouf, je suis rassuré, l'humanité (donc l'Homme) ne va pas disparaître en 2050, quand les singes et les grands singes auront tous disparu !
  • toujours page 9 (juste après ci-dessus) : Si les grands singes se trouvent menacés par les hommes, et non pas l'inverse, [etc.]
Nous ne sommes qu'à la toute première page du livre de Pascal Picq et il nous a déjà clairement fait comprendre à trois reprises que les hommes (les femmes on sait pas...) et les singes cela fait deux ; mais il est vrai que je ne sais pas lire.

Alors continuons la non-lecture du livre de Pascal Picq.
  • page 13 : Est-il nécessaire de rappeler que nous faisons toujours partie des primates ?
La question qu'on est en droit de se poser ici est : est-ce que primate = singe ?

Pour répondre à cette question regardons ce qu'en dit wikipedia :
Je suis content d'apprendre que j'ai une assez proche parenté avec le lapin, mais vu la propension de certains humains à copuler frénétiquement on peut comprendre d'où nous tenons cela.

Et wikipedia nous donne quelques pistes à explorer (je parle surtout pour Robert) avec ceci :
  • La phylogénie du groupe, autrement dit la formation et le développement des espèces, est bien établie et sa structure est relativement bien connue. Il existe encore plusieurs points qui font débat comme le cas particulier de la relation entre l'espèce humaine et les grands singes qui est un sujet délicat.
Un « sujet délicat », comme c'est bien dit !

Et voici le magnifique arbre phylogénique des primates :

On remarquera deux choses, essentielles :
  1. Aucune mention des singes dans cette arborescence ;
  2. L'Homme fait bien partie des primates, il est tout en bas, dans la famille des Hominidae, dont voici le cladogramme (incluant les Hylobatidae)
A nouveau, deux remarques :
  1. Aucune mention des singes dans cette arborescence ;
  2. L'Homme (Homo) fait partie des Hominini en compagnie des chimpanzés et des bonobos.
Ces arborescences sont à rapprocher du schéma dessiné par Pascal Picq et que j'avais reproduit ici :


On distingue bien les embranchements menant à :
  1. O pour orang-outan (Pongo)
  2. G pour gorille (Gorilla)
  3. Chimp pour chimpanzé (Pan)
  4. H pour homme (Homo) et avant lui australopithecus (paix à son âme) 
Et on remarque le DAC, ou Dernier Ancêtre Commun à l'homme et au chimpanzé ; ce DAC étant lui-même ce que l'on nomme dans un langage relâché un "singe", étant lui-même issu d'une lignée ayant donné les "grands singes" actuels auxquels il faut ajouter une partie de sa descendance, les chimpanzés et les bonobos, eux-aussi qualifiés de "grands singes".

Et c'est Yves Coppens, rappelons-le, qui dit (ou du moins son éditeur qui le dit, mais on peut penser qu'il a lu et compris le livre de Coppens...) :
  • L'homme ne descend pas du singe, mais d'un singe [...]
Sans compter ce que Coppens a écrit dans Pré-ludes et que j'avais rapporté ici parce que je l'ai moi-même lu de mes yeux lu :
  • Page 53 : Ces grands cousins (i.e. les chimpanzés, les bonobos, les gorilles) n'étant véritablement observés dans leur milieu que depuis un petit demi-siècle (le livre de Coppens date de fin 2014), l'étonnement ne cesse de grandir face à ce que l'on découvre et porte naturellement à l'exagération (attention c'est pour bientôt), comme lorsqu'on déclare : « Le singe est un homme » ou « L'homme est un singe », deux propositions tout aussi abusives l'une que l'autre. (je vous avais prévenus !)


Mais continuons la lecture du livre de Pascal Picq.
  • page 14 : En fait, seuls les chimpanzés et les hommes sont des grands singes politiques.
Nous y voilà, les hommes seraient donc, comme les chimpanzés, des singes !

Ah mais oui mais non...

Les hommes et les chimpanzés sont "des grands singes politiques" ; et si l'on y réfléchit bien le mot important ici n'est pas tellement "singe", mais "politique" ! Comme on qualifie parfois un homme de singe (personne très laide, patron...), ici on qualifie le chimpanzé d'animal politique pour le comparer aux hommes politiques (c'est justement le sujet du livre...)

Pour se convaincre que Pascal Picq ne mélange pas les torchons et les serviettes :
  • page 16 (6 lignes avant la fin de l'introduction) : Les grands singes actuels n'ont jamais été nos ancêtres, mais nous avons des origines communes.
Et avoir des origines communes est parfaitement en adéquation avec tout ce qu'on a vu plus haut et ne signifie en aucune façon que nous soyons des grands singes nous-mêmes.

Mais je dois certainement avoir mal lu, ou bien je devrais peut-être changer de lunettes, je vais y penser après ma semaine de randonnées en montagne qui va me faire le plus grand bien pour mes neurones fatigués (et il m'en faut peu pour fatiguer mes neurones)

Rendez-vous donc dans un peu plus d'une semaine pour quelques éventuels compléments d'information (on ne sait jamais, je vais peut-être découvrir que je suis vraiment un singe après tout et il faudra que je m'y fasse, Robert a l'air de bien s'en sortir, lui)



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