Tous les deux ont écrit récemment des articles au sujet des ouragans qui viennent de frapper ces derniers temps plutôt durement les terres Américaines et les Antilles ; bien qu'ils ne soient pas climatologues ils ont quand même quelque chose à dire sur ces phénomènes.
Tout d'abord George Monbiot.
George Monbiot. |
Dans un article du 2 septembre, alors que seul Harvey avait sévi, Monbiot écrit sur la réticence des médias à évoquer le réchauffement climatique concernant cet ouragan.
Don’t Look Now (Ne cherchez pas maintenant)
- The media avoids the subject of climate breakdown – to do otherwise is to bring the entire infrastructure of thought crashing down.
- Les médias évitent le sujet de la dégradation du climat - faire autrement est (serait) faire s'écrouler toute l'infrastructure de la pensée.
- To talk about climate breakdown [...] is to question not only Donald Trump, not only current environmental policy, not only current economic policy, but the entire political and economic system.
- Parler du dérèglement climatique [...] consiste à remettre en cause non seulement Donald Trump, non seulement la politique environnementale actuelle, non seulement la politique économique actuelle, mais aussi l'ensemble du système politique et économique.
Et de préciser, pour ceux qui n'ont pas compris (bien qu'il y en ait qui ne comprendront jamais) :
- It is to expose a programme that relies on robbing the future to fuel the present, that demands perpetual growth on a finite planet. It is to challenge the very basis of capitalism; to inform us that our lives are dominated by a system that cannot be sustained, a system that is destined, if it is not replaced, to destroy everything.
- [Parler du dérèglement climatique] c'est dévoiler un programme qui repose sur le vol de l'avenir pour alimenter le présent, qui exige une croissance perpétuelle sur une planète finie. C'est contester la base même du capitalisme ; nous informer que nos vies sont dominées par un système qui ne peut être soutenu, un système qui est destiné, s'il n'est pas remplacé, à tout détruire.
Monbiot nous rappelle également qu'il n'y a pas longtemps, en juin dernier :
- Robert Kopp, a professor of earth sciences, predicted that “In the absence of major efforts to reduce emissions and strengthen resilience, the Gulf Coast will take a massive hit. Its exposure to sea-level rise – made worse by potentially stronger hurricanes – poses a major risk to its communities.”
- Robert Kopp, professeur de sciences de la terre, a prédit que « en l'absence d'efforts importants pour réduire les émissions et renforcer la résilience, la côte du Golfe sera durement touchée. Son exposition à l'élévation du niveau de la mer - aggravée par des ouragans potentiellement plus forts - pose un risque majeur pour ses communautés. »
Je suis allé voir l'article cité par Monbiot, Climate change to damage U.S. economy, increase inequality (Le changement climatique va endommager l'économie américaine, augmenter les inégalités), et j'ai reconnu une carte des Etats-Unis qu'il me semble avoir déjà montrée il y a quelque temps :
This map shows county-level annual damages in a median scenario for climate during 2080-2099 under business-as-usual emissions trajectory. Negative damages indicate economic benefits. |
On ne pourra pas dire que les Américains du Sud-Est n'étaient pas prévenus, cette carte a été publiée donc en juin 2017 mais je pense que les spécialistes savaient depuis bien longtemps déjà que le risque était grand dans cette partie du pays. Il n'aura fallu que deux mois à peine pour que Harvey vienne montrer "par l'exemple" qu'il ne s'agissait pas de simples spéculations ; quant à Irma et Maria, s'ils n'ont pas fait les dégâts attendus et redoutés (dans le continent bien sûr...) c'est uniquement grâce à la chance qui a voulu que leur itinéraire permette d'éviter le pire.
Monbiot regrette aussi que l'on "interdise" de parler du problème du réchauffement climatique au moment où l'ouragan est en train de frapper, ce serait "faire injure aux victimes" ; il remarque notamment qu'il convient :
- [...] talk about it only when it’s out of the news. When researchers determined, 9 years on, that human activity had made a significant contribution to Hurricane Katrina, the information scarcely registered.
- [...] d'en parler seulement quand ce n'est plus d'actualité. Lorsque les chercheurs ont déterminé, 9 ans plus tard, que l'activité humaine avait apporté une contribution significative à l'ouragan Katrina, l'information fut à peine mentionnée.
L'étude citée par Monbiot, qui date de février 2014 et n'est donc pas de la dernière pluie, mentionne en tête de son résumé :
- Global warming may result in substantial sea level rise and more intense hurricanes over the next century, leading to more severe coastal flooding.
- Le réchauffement climatique peut entraîner une augmentation substantielle du niveau de la mer et des ouragans plus intenses au cours du prochain siècle, entraînant des inondations côtières plus sévères.
Qu'ajouter de plus...?
Ah si, Monbiot cite une autre étude récente, datant du 7 juin 2017, intitulée Amplification of flood frequencies with local sea level rise and emerging flood regimes (Amplification des fréquences d'inondation avec l'élévation locale du niveau de la mer et les nouveaux régimes d'inondation) ; le titre à lui seul nous dit quasiment tout. Là aussi la première phrase du résumé est suffisamment éloquente :
- The amplification of flood frequencies by sea level rise (SLR) is expected to become one of the most economically damaging impacts of climate change for many coastal locations.
- L'amplification des fréquences d'inondation par l'élévation du niveau de la mer (SLR) devrait devenir l'un des impacts les plus dommageables sur le plan économique des changements climatiques pour de nombreux sites côtiers.
- The demand for perpetual economic growth, and the collective madness it provokes, leads inexorably to environmental collapse.
- La demande de croissance économique perpétuelle, et la folie collective qu'elle provoque, conduit inexorablement à l'effondrement de l'environnement.
Monbiot y dénonce évidemment notre système économique et ses acteurs qui nous mènent droit dans le mur le pied enfoncé sur la pédale d'accélérateur.
Il commence par nous rappeler la croyance de l'ancien trésorier en chef des Etats-Unis, celui qui a participé notamment à l'effondrement de l'économie mondiale en 2007-2008 :
- There was “a flaw” in the theory: this is the famous admission by Alan Greenspan, former chair of the Federal Reserve, to a congressional inquiry into the 2008 financial crisis. His belief that the self-interest of the lending institutions would lead automatically to the correction of financial markets had proved wrong.
- Il y avait "un défaut" dans la théorie : c'est la célèbre confession d'Alan Greenspan, ancien président de la Réserve Fédérale, dans une enquête du Congrès sur la crise financière de 2008. Sa conviction que l'intérêt personnel des institutions de crédit conduirait automatiquement à la correction des marchés financiers s'était révélée fausse.
- [...] a humbled Mr. Greenspan admitted that he had put too much faith in the self-correcting power of free markets and had failed to anticipate the self-destructive power of wanton mortgage lending.
- [...] un M. Greenspan ému a reconnu qu'il avait mis trop de confiance dans le pouvoir d'auto-correction des marchés libres et n'avait pas réussi à anticiper le pouvoir autodestructeur des prêts hypothécaires injustifiés.
- [...] sauf destruction ou thésaurisation (accumulation de monnaie), les revenus des individus les plus riches sont in fine réinjectés dans l'économie, soit par le biais de leur consommation, soit par celui de l'investissement (notamment via l'épargne), contribuant ainsi, directement ou indirectement, à l'activité économique générale et à l'emploi dans le reste de la société.
Mais Monbiot continue sur la lancée :
- [...] as in Greenspan’s theory of the financial system, there cannot be a problem. The market is meant to be self-correcting: that’s what the theory says. As Milton Friedman, one of the architects of neoliberal ideology, put it, “Ecological values can find their natural space in the market, like any other consumer demand”. As long as environmental goods are correctly priced, neither planning nor regulation are required. Any attempt by governments or citizens to change the likely course of events is unwarranted and misguided.
- [...] comme dans la théorie de Greenspan sur le système financier, il ne peut y avoir de problème. Le marché est censé être autocorrigé : c'est ce que dit la théorie. Comme Milton Friedman, l'un des architectes de l'idéologie néolibérale, a déclaré : « Les valeurs écologiques peuvent trouver leur espace naturel sur le marché, comme toute autre demande des consommateurs ». Tant que les produits environnementaux sont correctement évalués, aucune planification ni réglementation n'est requise. Toute tentative par les gouvernements ou les citoyens de modifier le cours probable des événements est injustifiée et mal orientée.
Seulement voilà, les ouragans ignorent toute main invisible, qu'elle soit humaine ou d'origine soi-disant divine :
- But there’s a flaw. Hurricanes do not respond to market signals. The plastic fibres in our oceans, food and drinking water do not respond to market signals. Nor does the collapse of insect populations, or coral reefs, or the extirpation of orangutans from Borneo. The unregulated market is as powerless in the face of these forces as the people in Florida who resolved to fight Hurricane Irma by shooting it. It is the wrong tool, the wrong approach, the wrong system.
- Mais il y a un défaut. Les ouragans ne répondent pas aux signaux du marché. Les fibres plastiques dans nos océans, nos aliments et notre eau potable ne répondent pas aux signaux du marché. Pas plus que l'effondrement des populations d'insectes, ou des récifs coralliens, ni l'élimination des orangs outans de Bornéo. Le marché non réglementé est aussi impuissant face à ces forces que les gens en Floride qui ont décidé de combattre l'ouragan Irma en lui tirant dessus. C'est le mauvais outil, la mauvaise approche, le mauvais système.
Et encore plus estomaqué quand un shérif a conseillé aux mêmes gens de ne pas le faire...Il leur aurait dit que les balles pourraient leur être retournées par l'ouragan, ce qui à mon avis n'aurait peut-être pas été une mauvaise chose...
Plus sérieusement, revenons à ce que Monbiot a à nous dire :
- There are two inherent problems with the pricing of the living world and its destruction. The first is that it depends on attaching a financial value to items – such as human life, species and ecosystems – that cannot be redeemed for money. The second is that it seeks to quantify events and processes that cannot be reliably predicted.
- Il existe deux problèmes inhérents à la tarification du monde vivant et à sa destruction. Le premier est que cela dépend de l'attribution d'une valeur financière aux éléments - tels que la vie humaine, les espèces et les écosystèmes - qui ne peuvent être échangés (rachetés) contre de l'argent. Le second est qu'elle (la tarification) vise à quantifier les événements et les processus qui ne peuvent pas être prédits de manière fiable.
- Environmental collapse does not progress by neat increments. You can estimate the money you might make from building an airport: this is likely to be linear and fairly predictable. But you cannot reasonably estimate the environmental cost the airport might incur. Climate breakdown will behave like a tectonic plate in an earthquake zone: periods of comparative stasis followed by sudden jolts. Any attempt to compare economic benefit with economic cost in such cases is an exercise in false precision.
- L'effondrement de l'environnement ne progresse pas par incréments ordonnés. Vous pouvez estimer l'argent que vous pourriez générer de la construction d'un aéroport : il est probable qu'il soit linéaire et assez prévisible. Mais vous ne pouvez pas raisonnablement estimer le coût environnemental que pourrait entraîner l'aéroport. Le dérèglement climatique se comportera comme une plaque tectonique dans une zone sismique : des périodes d'inactivité relative suivies de secousses soudaines. Toute tentative de comparer les avantages économiques avec le coût économique dans de tels cas est un exercice de fausse précision.
Et Monbiot de pointer le problème inhérent à notre système politico-économique actuel sous-tendu par l'idéologie néolibérale :
- Even to discuss such flaws is a kind of blasphemy, because the theory allows no role for political thought and action. The system is supposed to operate not through deliberate human agency, but through the automatic writing of the invisible hand. Our choice is confined to deciding which goods and services to buy. But even this is illusory. A system that depends on growth can survive only if we progressively lose our ability to make reasoned decisions. After our needs, then strong desires, then faint desires have been met, we must keep buying goods and services we neither need nor want, induced by marketing to abandon our discriminating faculties and succumb instead to impulse.
- Même discuter de ces défauts est une sorte de blasphème, car la théorie ne permet aucun rôle pour la pensée et l'action politiques. Le système est censé fonctionner non pas par une action humaine délibérée, mais par l'écriture automatique de la main invisible. Notre choix se limite à décider quels biens et services acheter. Mais même cela est illusoire. Un système qui dépend de la croissance ne peut survivre que si nous perdons progressivement notre capacité à prendre des décisions raisonnables. Après que nos besoins, puis nos désirs irrésistibles, puis nos désirs légers ont été satisfaits, nous devons continuer à acheter des biens et des services dont nous n'avons ni besoin ni désir, entrainés par le marketing à abandonner nos facultés discriminatoires (notre perspicacité) et à succomber à la place au coup de tête.
- Urge, splurge, purge: we are sucked into a cycle of compulsion followed by consumption, followed by the periodic detoxing of ourselves or our homes, like Romans making themselves sick after eating, so that we can cram more in. Continued economic growth depends on continued disposal: unless we rapidly junk the goods we buy, it fails. The growth economy and the throwaway society cannot be separated. Environmental destruction is not a by-product of this system. It is a necessary element.
- Désir, folie, élimination : nous sommes aspirés dans un cycle compulsif entrainant la consommation, suivie de la désintoxication périodique de nous-mêmes ou de nos maisons, comme les Romains se rendant malades après avoir mangé, afin que nous puissions nous empiffrer davantage. La croissance économique perpétuelle dépend de l' élimination continuelle : si nous ne jetons pas rapidement à la poubelle les produits que nous achetons, elle échoue. L'économie de croissance et la société du gaspillage ne peuvent être séparées. La destruction de l'environnement n'est pas un sous-produit de ce système. C'est un élément nécessaire.
- The environmental crisis is an inevitable result not just of neoliberalism – the most extreme variety of capitalism – but of capitalism itself. Even the social democratic (Keynesian) kind depends on perpetual growth on a finite planet: a formula for eventual collapse. But the peculiar contribution of neoliberalism is to deny that action is necessary; to insist that the system, like Greenspan’s financial markets, is inherently self-regulating. The myth of the self-regulating market accelerates the destruction of the self-regulating Earth.
- La crise environnementale est un résultat inévitable non seulement du néolibéralisme - la composante la plus extrême du capitalisme - mais du capitalisme lui-même. Même le type social-démocrate (keynésien) dépend de la croissance perpétuelle sur une planète finie : une formule pour un futur effondrement. Mais la contribution particulière du néolibéralisme est de nier que l'action soit nécessaire ; pour insister sur le fait que le système, comme les marchés financiers de Greenspan, est proprement autorégulé. Le mythe du marché autorégulateur accélère la destruction de la Terre autorégulatrice.
Il évoque ensuite le phénomène de dissonance cognitive sans le nommer :
- What cannot be admitted must be denied. Ten years ago this week, Matt Ridley, as chair of Northern Rock, helped to cause the first run on a British bank since 1878. This triggered the financial crisis in the UK. Now, in his new incarnation as a Times columnist, he continues to demonstrate his unerring ability to assess risk, by insisting that we needn’t worry about hurricanes: as long as there’s enough money to keep bailing us out, we’ll be fine.
- Ce qui ne peut être admis doit être nié. Il y a dix ans cette semaine, Matt Ridley, en tant que président de Northern Rock, a aidé à provoquer la première panique bancaire britannique depuis 1878. Cela a déclenché la crise financière au Royaume-Uni. Maintenant, dans sa nouvelle incarnation en tant que chroniqueur du Times, il continue de démontrer sa capacité infaillible à évaluer le risque, en insistant sur le fait que nous ne devons pas nous soucier des ouragans : tant qu'il y aura assez d'argent pour nous renflouer, tout ira bien .
Monbiot poursuit avec Ridley :
- Ridley, who helped to destroy the hopes of millions, is one of the faces of the “New Optimism”, which claims that life is becoming inexorably better. This vision relies on downplaying or dismissing the predictions of environmental scientists. We cannot buy our way out of a process that could, through a combination of heat stress, aridity, sea level rise and crop failure, render large parts of the habited world hostile to human life, and that, through sudden jolts, could translate environmental crisis into financial crisis.
- Ridley, qui a aidé à détruire les espoirs de millions de personnes, est l'un des visages du « Nouvel Optimisme », qui prétend que la vie devient inexorablement meilleure. Cette vision repose sur la minimisation ou le rejet des prédictions des scientifiques de l'environnement. Nous ne pourrons pas nous sortir d'un processus qui pourrait, par le biais d'une combinaison de stress thermique, d'aridité, d'élévation du niveau de la mer et d'échec des récoltes, rendre une grande partie du monde habité hostile à la vie humaine, et qui, par des secousses soudaines, pourrait transformer la crise environnementale en crise financière.
- [...] the author and former Northern Rock chairman Matt Ridley – the title of whose book The Rational Optimist makes his inclinations plain – kept up his weekly output of ebullient columns celebrating the promise of artificial intelligence, free trade and fracking.
- [...] l'auteur et l'ancien président de Northern Rock, Matt Ridley, dont le titre du livre intitulé The Rational Optimist montre clairement ses sentiments - a maintenu sa production hebdomadaire de colonnes exubérantes célébrant la promesse d'intelligence artificielle, de libre échange et de fracking.
- “Rational optimism holds that the world will pull out of the current crisis,” Ridley wrote after the financial crisis of 2007-8, “because of the way that markets in goods, services and ideas allow human beings to exchange and specialise honestly for the betterment of all … I am a rational optimist: rational, because I have arrived at optimism not through temperament or instinct, but by looking at the evidence.”
- "L'optimisme rationnel affirme que le monde sortira de la crise actuelle", a déclaré Ridley après la crise financière de 2007-8 ", en raison de la manière dont les marchés des biens, des services et des idées permettent aux êtres humains d'échanger et de se spécialiser honnêtement pour l'amélioration de tous ... Je suis un optimiste rationnel : rationnel, parce que je suis parvenu à l'optimisme non pas par le tempérament ou l'instinct, mais en regardant les preuves ".
- Matt Ridley likes to quote a predecessor of the contemporary optimists, the Whig historian Thomas Babington Macaulay: “On what principle is it that, when we see nothing but improvement behind us, we are to expect nothing but deterioration before us?”
- Matt Ridley aime citer un prédécesseur des optimistes contemporains, l'historien Whig Thomas Babington Macaulay: "Quel est ce principe selon lequel, quand on ne voit que l'amélioration derrière nous, nous ne devons attendre que de la dégradation devant nous?"
- “You’re asking, ‘Am I the man who falls out of a skyscraper, and as he passes the second storey, says, ‘So far, so good?’” Matt Ridley says. “And the answer is, well, actually, in the past, people have foreseen catastrophe just around the corner and been wrong about it so often that this a relevant fact to take into account.”
- "Vous demandez, " Est-ce que je suis l'homme qui tombe d'un gratte-ciel, et comme il passe au deuxième étage, dit : "Jusqu'ici, tout va bien ?", dit Matt Ridley. "Et la réponse est, eh bien, en fait, dans le passé, les gens ont prévu une catastrophe juste au coin de la rue et ont eu tort de le faire si souvent que c'est un fait pertinent à prendre en compte".
Revenons à Monbiot qui nous indique :
- In April, Bloomberg News, drawing on a report by the US federal mortgage corporation, Freddie Mac, investigated the possibility that climate breakdown could cause a collapse in real estate prices in Florida. It looked only at the impact of sea level rise – hurricanes were not considered. It warned that a bursting of the coastal property bubble “could spread through banks, insurers and other industries. And, unlike the recession, there’s no hope of a bounce back in property values.” The sigh of relief from insurers and financiers when Hurricane Irma, whose intensity is likely to have been enhanced by global heating, changed course at the last minute could be heard around the world.
- En avril, Bloomberg News, en s'appuyant sur un rapport de la société américaine de prêts hypothécaires Freddie Mac, a étudié la possibilité que la dérégulation du climat pourrait provoquer un effondrement des prix de l'immobilier en Floride. Il ne s'agissait que de l'impact de l'élévation du niveau de la mer - les ouragans n'étaient pas considérés. Il a averti qu'un éclatement de la bulle immobilière côtière "pourrait se répandre à travers les banques, les assureurs et d'autres industries. Et, contrairement à la récession, il n'y a aucun espoir de rebondir dans les valeurs immobilières." Le soupir de soulagement des assureurs et des financiers lorsque l'ouragan Irma, dont l'intensité a probablement été renforcée par le réchauffement global, a changé de cap à la dernière minute pouvait être entendu dans le monde entier.
Eh oui, les Floridiens ont eu beaucoup de chance, pas comme ces bouseux de Texans et de Louisianais qui n'ont qu'à se débrouiller tout seuls (je parle des pauvres bien sûr) ; et le jour où effectivement l'économie Américaine (et donc mondiale) s'effondrera suite à un cataclysme majeur lié au réchauffement climatique, peut-être alors que les mentalités changeront (je dis ça mais je n'en suis même pas sûr-que les mentalités changeront...)
Et Monbiot de nous donner une information intéressante qui tombera certainement dans les oreilles de pas mal de sourds :
- This year, for the first time, three of the five global risks with the greatest potential impact listed by the World Economic Forum were environmental. A fourth (water crises) has a strong environmental component. If an economic crisis is caused by the environmental crisis, it will be the second crash in which Matt Ridley will have played a part.
- Cette année, pour la première fois, trois des cinq risques mondiaux ayant le plus grand impact potentiel répertoriés par le Forum économique mondial étaient environnementaux. Un quatrième (crise de l'eau) a une forte composante environnementale. Si une crise économique est causée par la crise environnementale, ce sera le deuxième accident dans lequel Matt Ridley aura joué un rôle.
J'ai bien aimé ce graphique inclus dans le rapport du WEF représentant toutes les interconnexions entre les différents risques :
Ainsi on voit clairement le lien entre changement climatique et terrorisme, avec cet exemple de chemin : événements climatiques extrêmes => échec des politiques régionales ou globales pour y faire face => migrations involontaires à grande échelle => conflits inter-états => attaques terroristes ; seuls les aveugles avec la tête enfoncée dans le sable arrivent encore à nier qu'il y ait le moindre lien entre réchauffement climatique et terrorisme, ce dernier étant évidemment aussi la conséquence d'autres causes, comme l'instabilité sociale, qui elle-même peut provenir...de migrations involontaires à grande échelle !
Et Monbiot de terminer ainsi :
- They bailed out the banks. But as the storms keep rolling in, you’ll have to bail out your own flooded home. There is no environmental rescue plan: to admit the need for one would be to admit that the economic system is based on a series of delusions. The environmental crisis demands a new ethics, politics and economics. A few of us are groping towards it, but it cannot be left to the scattered efforts of independent thinkers: this should now be humanity’s central project. At least the first step is clear: to recognise that the current system is flawed.
- Ils ont renfloué les banques. Mais comme les tempêtes continuent à circuler, vous devrez renflouer votre propre maison inondée. Il n'y a pas de plan de sauvetage environnemental : en admettre la nécessité serait admettre que le système économique repose sur une série d'illusions. La crise environnementale exige de nouvelles éthiques, politiques et économies. Certains d'entre nous tâtonnent dans cette direction, mais cela ne peut pas être laissé aux efforts épars des penseurs indépendants : cela devrait maintenant être le projet central de l'humanité. Au moins, la première étape est claire : reconnaître que le système actuel est défectueux.
Mouais, à mon avis c'est pas gagné...
Et maintenant au tour de Joseph Stiglitz.
Joseph Stiglitz.
Dans un article du 8 septembre, donc après la dissipation d'Harvey et alors qu'Irma faisait ses dégâts sur les iles Turks-et-Caïcos et que Maria n'était pas encore visible même à l'état de possibilité, Stiglitz écrit un article dans le Guardian intitulé Harvey spells it out: markets alone won't protect you (Harvey l'explique dans le détail : les marchés seuls ne vous protégeront pas), ce qui est tout un programme.
Nous apprenons d'abord que Harvey pourrait coûter jusqu'à 180 milliards de dollars :
Stiglitz rappelle quelques principes à ne pas oublier :
- Tropical Storm Harvey has left in its wake upended lives and enormous property damage, estimated by some at $150-$180bn. But the storm that pummelled the Texas coast for the better part of a week also raises deep questions about the United States’ economic system and politics.
- La tempête tropicale Harvey a laissé dans son sillage des vies et des dégâts matériels énormes, estimés à quelques 150 à 180 milliards de dollars. Mais la tempête qui a frappé la côte du Texas pendant une bonne partie de la semaine soulève également de profondes questions sur le système économique et la politique des États-Unis.
- U.S. Treasury Secretary Steven Mnuchin on Sunday challenged Congress to raise the government's debt limit in order to free up relief spending for Hurricane Harvey, a disaster that the governor of Texas said could require up to $180 billion.
- Le secrétaire du Trésor des États-Unis, Steven Mnuchin, a demandé dimanche au Congrès d'augmenter la limite de la dette du gouvernement afin de libérer les dépenses de secours pour l'ouragan Harvey, une catastrophe qui d'après le gouverneur du Texas pourrait s'élever jusqu'à 180 milliards de dollars.
- It is ironic, of course, that an event so related to climate change would occur in a state that is home to so many climate-change deniers – and where the economy depends so heavily on the fossil fuels that drive global warming.
- Il est ironique, bien sûr, qu'un événement tellement lié au changement climatique se produise dans un état qui abrite tant de négateurs du changement climatique - et où l'économie dépend tellement des combustibles fossiles qui alimentent le réchauffement climatique.
Stiglitz rappelle quelques principes à ne pas oublier :
- Of course, no particular climate event can be directly related to the increase in greenhouse gases in the atmosphere. But scientists have long predicted that such increases would boost not only average temperatures, but also weather variability – and especially the occurrence of extreme events such as Harvey. As the Intergovernmental Panel on Climate Change concluded several years ago, “There is evidence that some extremes have changed as a result of anthropogenic influences, including increases in atmospheric concentrations of greenhouse gases.” Astrophysicist Adam Frank succinctly explained: “Greater warmth means more moisture in the air which means stronger precipitation.”
- Bien sûr, aucun événement climatique particulier ne peut être directement lié à l'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Mais les scientifiques ont longtemps prédit que de telles augmentations augmenteraient non seulement les températures moyennes, mais aussi la variabilité de la météo - et en particulier l'apparition d'événements extrêmes tels que Harvey. Comme le GIEC a conclu il y a plusieurs années, « il existe des preuves que certains facteurs extrêmes ont changé en raison d'influences anthropiques, y compris l'augmentation des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre ». L'astrophysicien Adam Frank explique succinctement: « Une plus grande chaleur signifie plus d'humidité dans l'air, ce qui signifie de plus fortes précipitations ".
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