vendredi 10 août 2018

Un point sur l'Arctique

L'état de l'Arctique fait couler beaucoup d'encre et on voit écrit beaucoup de bêtises à son sujet.

Quand on parle de l'Arctique en principe on évoque la banquise (la glace d'eau de mer) ainsi que les calottes glaciaires (essentiellement celles du Groenland, mais il en existe aussi sur les continents, notamment au Canada et en Russie)

Sur le forum quetedugraal le sujet est donc l'évolution de l'Arctique et c'est l'occasion pour les trolls de se déchainer et raconter un peu n'importe quoi :
par troubaa Aujourd'hui à 9:44A chacun ses courbes, les tiennes sont des courbes statisticiennes, les miennes de relevées réels.
comme quoi la science n'est pas établie malgré le "consensus".
La courbe pour 2018 est en noire
(soure : institut danois de métrologie)
Evolution du volume de la banquise arctique (source quetedugraal.forumgratuit.org)

Le dénommé troubaa répondait à Komyo qui présentait des courbes montrant l'évolution de la banquise depuis 1979 (courbes tirées de mes Climactualités et issues du site psc.apl.uw.edu) ; précisons que les données PIOMAS sont une combinaison d'observations et de modèles servant à déterminer le volume des glaces, lequel se situait en juillet 2018 au 6ème rang des données, mais parfaitement en ligne avec la tendance à long-terme comme précisé dans le texte :
Average Arctic sea ice volume in July 2018 was 17,200 km3. This value is the 6th lowest on record about 1800 km3 above the June record that was set in 2017 with 15,400 km3 . Ice volume was 42% below the maximum in 1979 and 26% below the mean value for 1979-2017. June 2018 ice volume falls close to the long term trend line. 
Le volume moyen de glace de mer arctique en juillet 2018 était de 17 200 km3. Cette valeur est la 6e plus basse enregistrée à environ 1800 km3 au-dessus du record de juin établi en 2017 avec 15 400 km3. Le volume de glace était inférieur de 42% au maximum en 1979 et de 26% en dessous de la valeur moyenne pour 1979-2017. Le volume de glace en juin 2018 est proche de la ligne de tendance à long terme.
Ainsi nous en sommes à 26% en dessous de la moyenne 1979-2017, mais troubaa en déduit que « la science n'est pas établie » alors que le graphique qu'il présente pour juillet montre quelque chose approchant la 6ème position (difficile à dire avec les multiples courbes qui se chevauchent) ; pour août il semblerait que 2018 soit encore plus bas dans le classement (peut-être la 12ème position) mais ce qui échappe à notre contradicteur c'est que seule la tendance à long-terme est significative et que la saison n'est pas encore terminée, il reste encore près de deux mois avant d'avoir atteint le minimum et pouvoir ainsi faire un bilan définitif de l'année 2018.

Par ailleurs examinons attentivement le commentaire de troubaa afin de rire un peu (cela ne fait jamais de mal) :
chacun ses courbes, les tiennes sont des courbes statisticiennes, les miennes de relevées réels.
PIOMAS donnerait donc des courbes « statisticiennes » alors que troubaa fournirait des courbes « réelles » ; le premier rictus qui nous est arraché provient du mot « statisticienne » qui ne veut pas dire grand chose, toute courbe étant par essence « statistique », d'autant plus si elle provient d'observations ! Or nous avons vu que PIOMAS fournissait des données issues d'observations et de modèles ; de son côté troubaa est tout fier de nous fournir des « courbes réelles », et là c'est le fou rire assuré quand on s'aperçoit que le graphique qu'il nous donne est issu...d'un modèle !

En effet, si troubaa ne donne pas la source de son graphique (il nous dit que cela vient de l'institut danois de métrologie (sic), ne semblant pas connaitre le sens du mot métrologie, sans fournir le lien vers son graphique) moi je vous donne le lien vers l'institut danois de météorologie avec la carte qui va bien :
Volume de la banquise arctique selon les modèles (source ocean.dmi.dk)
Il est bien mentionné en titre : Modeled ice thickness and volume, c'est-à-dire Epaisseur et volume de glace modélisés !

Le modèle utilisé est décrit ainsi sur le site de l'institut danois :
The 3D ocean model HYCOM and the sea-ice model CICE is developed at the University of Miami and Los Alamos National Laboratory. The models are fully coupled at each time step. Output are the surface variables sea level and ice conditions (concentration, thickness, velocity, convergense, strength, etc.) and 3-dimensional maps of current, temperature and salinity at sigma levels. 
Le modèle océanique 3D HYCOM et le modèle de glace de mer CICE sont développés à l'Université de Miami et au Laboratoire national de Los Alamos. Les modèles sont entièrement couplés à chaque pas de temps. Les résultats sont les variables de surface du niveau de la mer et les conditions de glace (concentration, épaisseur, vitesse, convergence, force, etc.) et les cartes tridimensionnelles du courant, de la température et de la salinité aux niveaux sigma.

Cependant, malgré ce graphique présenté par l'institut Danois, on se perd en conjecture quand on lit, sur le même site, ceci :
Since the 1970s the extent of sea ice has been measured from satellites. From these measurements we know that the sea ice extent today is significantly smaller than 30 years ago. During the past 10 years the melting of sea ice has accelerated, and especially during the ice extent minimum in September large changes are observed. The sea ice in the northern hemisphere have never been thinner and more vulnerable. 
Depuis les années 1970, l’étendue de la glace de mer a été mesurée à partir de satellites. À partir de ces mesures, nous savons que l’étendue des glaces de mer est nettement inférieure à celle d’il y a 30 ans. Au cours des 10 dernières années, la fonte de la glace de mer s'est accélérée et, en particulier pendant la période glaciaire minimale en septembre, d'importants changements ont été observés. La glace de mer dans l'hémisphère nord n'a jamais été aussi mince et vulnérable.
Ainsi c'est le même institut qui nous présente d'un côté les courbes du volume des glaces avec l'année 2018 au-dessus de la moyenne 2004-2013 (à la date d'aujourd'hui), et d'un autre côté nous explique que la surface est « nettement inférieure à celle d'il y a 30 ans ».

Il faut donc faire bien attention à la nature des données : volume ou étendue ; état actuel par rapport à une moyenne sur une période récente (2004-2013) ou par rapport à « il y a 30 ans » (donc en 1988) ; quoi qu'il en soit il est bien précisé que « la glace de mer dans l'hémisphère nord n'a jamais été aussi mince et vulnérable », ce qui signifie :
  • que son volume est bien à un minimum (mince se réfère à l'épaisseur, pas à la superficie)
  • que cela ne s'arrange pas et que la tendance est bien à la baisse (vulnérable veut dire que la banquise est amenée à diminuer en tendance longue)

On comprend, avec toutes ces informations délicates à manier, que certains esprits faibles se laissent aller à les interpréter « dans le sens qui leur sied » et à les présenter comme « preuves » de leurs croyances en ne s'apercevant pas qu'ils se tirent une balle dans le pied.

Troubaa s'exerçant chez lui au tir à 20 centimètres.


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