samedi 2 avril 2022

Olivier Delamarche en roue libre et dérapage incontrôlé

 

Olivier Delamarche l'ouvre toujours en grand, la preuve.

Olivier Delamarche, c'est le gars qui voyait le CAC40 chuter lourdement à 2000 points en 2012 (voir mon billet du 9 juillet 2017 La prochaine crise est pour bientôt, quoique... ainsi que le sien à titre de confirmation)

Afin de bien planter le décor d'entrée de jeu voici l'évolution du CAC40 depuis 10 ans :

Evolution du CAC40 sur les 10 dernières années (source Boursorama)

Si vous vouliez une preuve, une seule preuve, qu'Olivier Delamarche est un guignol, ce graphique devrait en principe suffire amplement pour vous en convaincre.

Mais en mars 2015 il récidivait (voir Olivier Delamarche : un CAC 40 à 6000 points, oui, pourquoi pas ?) en prédisant un CAC40 à 6000 points, alors que cette valeur n'a été atteinte très brièvement qu'en 2019, soit quatre ans plus tard. Une éternité.

Bref nous avons affaire à une brêle qui ne sait pas de quoi il parle.

Nous en avons une fois de plus la confirmation avec une vidéo tournée récemment, le 15 mars dernier, de laquelle est extrait le portrait flatteur qui ouvre le présent billet (c'est ici : Corse, inflation, essence: la récession arrive !!)

Je n'ai pas tout écouté tellement Delamarche est une véritable plaie pour les oreilles avec ses euuuuuuh à répétition ; il lui faut plusieurs minutes pour dire ce qui prendrait à un être humain normalement constitué seulement quelques grosses secondes, donc je me contenterai de vous citer un court passage qui a retenu mon attention, l'avantage étant que le passage en question se situe presque au début de la vidéo qui dure quand même une heure quarante cinq ! Bon courage à vous si vous décidez de vous taper la totalité du laïus, moi je passe mon tour.

Ça commence à 12:50 environ :

On est en train de pousser les Russes dans les bras des Chinois et je vous rappelle que les Russes ont absolument toutes les matières premières, dont les matières premières énergétiques. Donc s'agiter en envoyant des armes, en mettant des sanctions à un pays qui est dix fois plus fort que nous, c'est très con. C'est très très con. Alors c'est du niveau de monsieur Macron, ça on le sait tous, mais c'est d'une bêtise absolue. Donc le le le il faut espérer qu'il soit gentil avec nous, parce que quand il en aura fini de son opération militaire, or ça ça va finir d'ici à la fin de la semaine à mon avis c'est fini, l'opération militaire ça va pas durer des lustres, quand il va avoir fini son opération militaire il va s'occuper de notre cas. Et je suis pas sûr que ce jour-là on va rigoler.

Pas la peine d'aller plus loin, si ça vous chante faites-vous plaisir et dites-moi en commentaire si vous avez pêché d'autres perles dans le même genre.

Comme le dit Delamarche c'est très très con. Je parle bien sûr de ce qu'il nous raconte ici et qui est du même tonneau que ce qu'il nous a servi par exemple sur le CAC40, entre autres énormités.

Il voyait donc l'« opération militaire », expression poutinienne qu'il reprend trois fois pour bien faire comprendre au Kremlin de quel côté il se situe, se terminer le dimanche 20 mars dernier ; nous sommes le 2 avril, soit quinze jours plus tard, et ce que l'on constate c'est que les Russes sont en train de battre en retraite sur plusieurs fronts, ce qui dans une certaine mesure laisserait penser que Delamarche aurait eu raison si l'on considère que leur débâcle correspondrait à la fin de l'« opération militaire » que les imprudents appellent aussi l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Mais en fait les Russes ne font que se repositionner en abandonnant des positions intenables afin d'en consolider d'autres plus stratégiques, dans le Donbass par exemple.

Donc il va falloir attendre un peu avant que Poutine vienne « s'occuper de notre cas », et on a le temps de rigoler effectivement.

On voit avec ce passage que Delamarche n'a toujours pas enlevé ses œillères, ce qui l'empêche de comprendre que Macron est loin d'être le seul concerné, ce sont plusieurs pays qui ont pris des sanctions, pas uniquement la France ; et avant d'aller « s'occuper de notre cas » Poutine aurait bien des étapes à franchir au préalable ; d'abord il lui faudrait terminer le travail en Ukraine, ce qui risque de lui prendre un peu de temps, plusieurs années, ou plusieurs siècles, allez savoir ; ensuite il lui faudrait passer sur le corps de la Pologne, membre de l'OTAN, puis se frotter à l'Allemagne qui est sur le point de se réarmer à la vitesse grand V ; et enfin il pourrait « s'occuper de notre cas », tout en sachant que le temps aura passé et que son économie, l'économie russe, sera peut-être revenue au niveau de l'après seconde guerre mondiale. Ou avant. Bien avant, qui sait ?

Ah oui, entretemps Poutine aura probablement été poussé dans les bras des Chinois, lesquels se feront un plaisir par la suite de convaincre les Chinois de Sibérie de rejoindre l'empire du Milieu, quelque chose de plus facile en définitive que d'aller s'attaquer au petit état de Taïwan qui serait bien capable de répéter ce que les Ukrainiens font actuellement subir aux Russes. Voici un extrait tiré de Wikipédia :

Actuellement, une partie significative de la population de la Russie éprouve la crainte de voir la Sibérie colonisée par les Chinois d'une manière lente, mais massive.

Voilà ce qui pend au nez des Russes, les Chinois sont des gens très patients et très pragmatiques, un jour ou l'autre ils grignoteront leur vieil « ami » après lui avoir acheté ses matières premières à vil prix. Ces matières premières que Delamarche met en avant comme s'il s'agissait d'un actif pour la Russie ; on sait ce qu'il en est des pays qui dépendent un peu trop de ce qui git dans leur sous-sol, et la Russie ne fait pas exception à la règle. 

C'est John McCain qui a dit en 2015, peu après l'annexion de la Crimée et les troubles fomentés dans le Donbass (voir John McCain: Russia is a 'gas station masquerading as a country') :

Russia is, more or less, a giant gas station pretending to be a real country.
La Russie est, en quelque sorte, une station-service géante qui se fait passer pour un vrai pays.
Il me semble avoir vu quelque part un résumé semblable mais un peu plus développé sous la forme
La Russie est une station service accolée à une caserne militaire.
En matière de haute technologie la Russie est un nain, elle est presque totalement dépendante de l'étranger ; bien sûr elle pourra importer, des composants électroniques par exemple, depuis la Chine, mais la qualité risquera d'en souffrir...

Et la récente remontée du rouble ne doit pas faire illusion, comme nous l'explique Paul Krugman dans Why Russia Is Defending the Ruble : 
Russia’s defense of the ruble, while impressive, isn’t a sign that the Putin regime is handling economic policy well. It reflects, instead, an odd choice of priorities, and may actually be a further sign of Russia’s policy dysfunction.
La défense du rouble par la Russie, bien qu'impressionnante, n'est pas un signe que le régime de Poutine gère bien la politique économique. Elle reflète, au contraire, un choix étrange de priorités, et peut en fait être un signe supplémentaire du dysfonctionnement de la politique russe.

Entre Paul Krugman et Olivier Delamarche le combat est par trop inégal, je m'excuserais presque de les mettre en parallèle tellement l'écart est abyssal en matière d'analyse économique de la situation en Ukraine et en Russie.

Les mois et les années qui viennent promettent d'être agités, il va falloir tenir bon la rampe, non seulement nous ne sommes toujours pas complètement sortis de l'épidémie de Covid, mais nous devrons endurer les conséquences du conflit en cours, avant de s'attaquer au gros morceau qui nous attend et que vous devinez peut-être si vous avez été suffisamment attentif.

Sans compter toutes les autres surprises qui par définition ne peuvent pas être prévues.

La chute d'un météore géant.

Une éruption volcanique cataclysmique.

Un virus encore plus méchant.

La France une nouvelle fois championne du monde de football.


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