Négateur un jour négateur toujours.
Rémy Prud'homme est professeur émérite d'économie, il n'est donc pas la moitié d'un con, surtout quand on sait qu'il est également membre du comité fantais..., pardon, scientifique du club très fermé des climato-irréalistes présidé par le génial Benoit Rittaud.
Dans Impact des émissions de CO2 sur le climat : le test Covid il tente de nous prouver une fois de plus qu'il n'y aurait aucune relation entre nos émissions de CO₂ et la hausse des températures ; voici comment il introduit son sujet :
Le catéchisme climatique repose sur deux piliers. Les émissions de CO2 des hommes sont la cause de l’augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère. Cette augmentation est à son tour la cause du réchauffement de la planète, qui engendre lui-même tous les malheurs du monde. Il s’ensuit que la réduction des émissions de CO2 des hommes est la condition nécessaire et suffisante de la survie de l’humanité.
On notera le caractère religieux que Prud'homme transpose de sa propre personne sur ce que les scientifiques ont découvert depuis bien longtemps déjà, à savoir que nous les hommes nous sommes bien responsables d'émissions de gaz à effet de serre (CO₂, CH₄ et N₂O principalement, soit le dioxyde de carbone, ou gaz carbonique, le méthane et le protoxyde d'azote) et que ces émissions ont pour résultat attendu d'augmenter la température terrestre en entrainant effectivement des conséquences fâcheuses maintenant mais surtout dans les décennies à venir.
On voit bien, avec le langage employé par notre professeur retraité (un de plus), que la science est reléguée au rang d'une croyance dont les scientifiques seraient les grands prêtres.
Et bien sûr notre Bon'homme d'ironiser sur la nécessité de diminuer nos émissions en la réduisant à « la condition nécessaire et suffisante de la survie de l’humanité » alors que ce n'est que notre modèle civilisationnel qui est principalement en péril ; l'humanité s'en sortira certainement, elle est nullement en péril, mais il faudra qu'elle s'adapte et qu'elle subisse les conséquences de ses actes, ce qui a toutes les chances de se traduire en modification du niveau (i.e. de qualité) de vie pas forcément dans le sens qu'imagine notre économiste de pacotille (i.e. excellent pour expliquer les événements du passé mais déplorable pour anticiper ce qui nous pend au nez)
Il n'a donc rien trouvé de mieux que de nous démontrer, à l'aide du Covid-19 s'il vous plait, que la baisse des émissions de CO₂ est inutile, et que de toute façon ce gaz n'est pour rien dans la hausse des températures, hein !
Et voici ce qu'il avance à l'appui de sa thèse :
Durant les six premiers mois de 2020, les émissions de CO2 anthropiques du globe ont diminué de 8,8% (par rapport aux émissions des six premiers mois de 2019). C’est ce qui ressort d’un article savant de Zhu Liu et al publié le 14 octobre dans Nature Communication, à partir des données disponibles sur la consommation mondiale de charbon, de gaz, et de pétrole.
Et d'en tirer la conclusion suivante :
Le test de la covid ébranle ainsi sérieusement le premier pilier du catéchisme. Réduire de 9% nos émissions de CO2 n’a eu aucun effet sur la teneur de l’air en CO2, qui a continué a augmenter comme si de rien n’était.
Il ne citera évidemment pas le passage suivant figurant dans l'étude dont il donne le lien (Near-real-time monitoring of global CO2 emissions reveals the effects of the COVID-19 pandemic) :
However, although numerous organizations and some policy-makers have now emphasized the opportunity for a Green Recovery that will both revive economies and advance climate goals24,25, emissions could also rebound and exceed pre-pandemic levels if recovery and stimulus rely on carbon-intensive energy availability. And it is here that the value of near-real-time monitoring to policy making becomes apparent: ambitious climate goals, such as limiting the increase in mean global temperatures to 1.5 °C, leave no time for such a Carbon Rebound26. It is thus critical that structural changes can be detected as soon as possible, in order to identify and possibly modify policies that are less effective.
Toutefois, bien que de nombreuses organisations et certains décideurs politiques aient maintenant souligné l'opportunité d'une relance verte qui permettra à la fois de stimuler les économies et de faire progresser les objectifs climatiques, les émissions pourraient également rebondir et dépasser les niveaux pré-pandémiques si la relance et la stimulation reposent sur la disponibilité d'une énergie à forte intensité de carbone. Et c'est là que l'intérêt d'une surveillance en temps quasi réel pour l'élaboration des politiques devient évident : des objectifs climatiques ambitieux, tels que la limitation de la hausse des températures moyennes mondiales à 1,5 °C, ne laissent pas le temps d'un tel rebond du carbone. Il est donc essentiel que les changements structurels puissent être détectés le plus tôt possible, afin d'identifier et éventuellement de modifier les politiques qui sont moins efficaces.
Et de toute façon notre émérite professeur ne fait qu'enfoncer une porte ouverte bien avant lui ; dans Covid-19: Biggest drop in CO2 emissions since WWII but little impact on climate change on apprenait dès le 3 avril que :
Though scientists expect carbon emissions to fall by 5% in 2020, the coronavirus pandemic is having very little impact on climate change, according to the World Meteorological Organization.
Bien que les scientifiques s'attendent à une baisse de 5 % des émissions de carbone en 2020, la pandémie de coronavirus a très peu d'impact sur le changement climatique, selon l'Organisation météorologique mondiale.
A l'époque on tablait sur une baisse des émissions de 5% pour l'ensemble de l'année 2020, or les 8,8% repris par Prud'homme concernent le premier semestre, et on nous dit que déjà la Chine a repris son activité économique comme si de rien n'était (voir L'économie chinoise retrouve son niveau d'avant le Covid-19) :
La reprise s'accélère en Chine, où l'épidémie de coronavirus paraît maîtrisée. La deuxième puissance économique mondiale enregistre une croissance de 4,9 % de son PIB au troisième trimestre. L'économie chinoise confirme son redressement, après +3,2 % enregistré au printemps.
Variation du PIB chinois sur un an en %. |
Par ailleurs on nous avait bien dit dans Decrease in fossil-fuel CO2 emissions due to COVID-19 detected by atmospheric observations :
The size of the atmospheric reservoir of CO2 is quite large and the atmospheric CO2 has a relatively long lifetime. These characteristics make the change in the atmospheric CO2 concentrations caused by the COVID-19 influence quite small
La taille du réservoir atmosphérique de CO2 est assez importante et le CO2 atmosphérique a une durée de vie relativement longue. Ces caractéristiques font que la variation des concentrations de CO2 atmosphérique causée par l'influence du COVID-19 est assez faible.
On retrouve la valeur de -9% pour la période janvier-juin 2020 dans Les émissions de CO2 révèle (sic) les effets de la pandémie de Covid-19 (on passera sur la faute d'accord...) :
Une équipe internationale impliquant le LSCE (CEA-CNRS-UVSQ) publie une évaluation des émissions de CO2 par l'industrie, les transports et d'autres secteurs de janvier à juin 2020. Les mesures de confinement liées à la pandémie ont entraîné une baisse de 9 % des émissions sur cette période par rapport à 2019.
Variation des émissions de CO₂ en %. |
Nous avons pu suivre les effets en cascade de la perturbation des activités humaines liée à la Covid-19, de la Chine en février aux États-Unis et en Europe, de mars à mai. Nous avons également pu constater la reprise des émissions dans de nombreuses régions, comme en Chine, où elles sont maintenant revenues aux niveaux d'avant la pandémie.
Bref le Covid-19 ne sera qu'un court intermède sans grande conséquence sur nos émissions et donc sur ce qui en découle : la continuation de la hausse des températures.
Et la conclusion ultime qu'arrive à trouver notre économiste dépassé est celle-ci :
l’expérience covid-19. [...] devrait servir à tempérer l’ardeur de ceux qui brandissent avec rage l’impératif catégorique de limiter – coûte que coûte – les rejets de CO2.L'expérience du Covid-19 aura surtout servi à faire fonctionner le bullshit detector en continu afin de mettre à jour (ou à nu si vous préférez) toute une série de charlatans dont je ne citerai pas les noms par charité, à moins que ce ne soit par lassitude.
Un peu inquiétant de voir qu'un professeur émérite est incapable de saisir les mécanismes simples de physiques sous jacents, ni même le calcul basique de mathématiques permettant de calculer un ralentissement temporaire dans l'augmentation de la concentration. Un petit problème de dérivée seconde tout simple qui bloque un économiste c'est fendard.
RépondreSupprimerIl est professeur émérite d'économie, donc je ne pense pas qu'il ait davantage de connaissances en physique que ce que j'ai moi même, c'est tout dire ! Il doit (ou devrait) néanmoins avoir un niveau en maths supérieur au mien, mais je ne sais fichtre pas s'il est suffisant pour lui faire comprendre le concept que vous mentionnez...
SupprimerOu alors il est comme Rittaud, il a le bagage nécessaire pour comprendre mais il ne veut pas le déballer pour maintes raisons (religion ? idéologie ? simple bêtise ? un psychologue est demandé à l'accueil)