samedi 8 février 2020

Jacques Henry et sa marotte, le prochain et imminent âge de glace

Jacques Henry aimerait vivre encore dix ans de plus, il nous le dit tout net :
Le 7 février 2020 à 13 h 35 min, jacqueshenry a dit :
Comme me l’avais écrit dans un message électronique Valentina Zharkova j’espère vivre encore dix ans pour assister à la chute du dogme du réchauffement du climat d’origine humaine …
Pourquoi se limiter à seulement dix ans ? D'une part il n'aura pas besoin d'attendre autant de temps, d'autre part je lui souhaite encore vingt ou trente ans à vivre en se demandant comment il a pu se gourer à ce point avec ses foireuses prédictions.

Il y a dans mon souhait un peu de sadisme je dois l'avouer, car c'est à une véritable torture mentale que des gens comme lui, tels que François Gervais ou Benoit Rittaud, vont être soumis dans les années et décennies qui viennent.

Alors quelle est la dernière sortie de Jacques Henry qui va nous faire désespérer un peu plus de l'intelligence humaine et de son déclin avec l'âge ou à cause d'idées préconçues difficiles à extirper de cerveaux endommagés ?

Dans Un refroidissement imminent du climat serait-il devenu officiellement admis ? notre clown du jour informe ses lecteurs chéris que, vous vous en doutez probablement un peu si vous connaissez déjà l'individu :
l’année 2020 marquera le début d’un petit âge glaciaire qui devrait durer au moins 35 ans.
Pas moins !

Evidemment le billet du monsieur n'est qu'un enfilage de balivernes dont on retiendra tout particulièrement ce morceau :
les experts de la NASA prévoient une chute brutale des températures moyennes pouvant atteindre un degré, seulement au cours de l’année 2020, après c’est l’inconnu.
Et il nous avertit que la NASA serait inquiète pour l'avenir de la conquête spatiale puisque :
Cette constatation [du prochain petit âge glaciaire] remet en cause le projet de la NASA d’envoyer un homme et une femme sur la Lune dans quelques années, respect de l’égalité des genres oblige. En effet l’activité du Soleil diminue à tel point – du jamais vu depuis plus de 200 ans – que le champ magnétique de l’astre sera trop faible pour protéger efficacement les deux explorateurs lunaires des radiations cosmiques.
On se demande tout d'abord ce que vient faire le « respect de l'égalité des genres » dans l'affaire, bref, le plus important c'est que bien sûr la NASA n'a JAMAIS affirmé rien de ce que Jacques Henry tente de lui mettre dans la bouche (l'image est osée mais il faut bien se détendre un peu) ; en effet, dans un article de juin 2019 la NASA écrivait...exactement le contraire ! Dans Solar Activity Forecast for Next Decade Favorable for Exploration, l'article auquel fait référence l'article auquel fait référence Jacques Henry (vous suivez ?) il était dit noir sur blanc :
NASA is charged to get American astronauts to the Moon in the next five years with a landing on the lunar South Pole. With a calm and quiet space weather forecast for the coming decade, it is a great time to explore!
La NASA est chargée d'envoyer des astronautes américains sur la Lune dans les cinq prochaines années avec un atterrissage au pôle Sud lunaire. Avec une météo spatiale calme et tranquille prévue pour la prochaine décennie, c'est un moment idéal pour explorer !
Avouez quand même qu'il faut être un peu dérangé pour traduire cela, comme le fait Jacques Henry, par :
Cette constatation remet en cause le projet de la NASA d’envoyer un homme et une femme sur la Lune dans quelques années
Par ailleurs faut-il préciser que la NASA, si elle évoque l'activité solaire, ne fait absolument aucune allusion à son impact sur le climat de la Terre ! La NASA parle en effet uniquement de « space weather », c'est-à-dire de « météo spatiale », une analogie avec la météo terrestre à ne pas prendre au pied de la lettre puisqu'il s'agit de deux choses bien différentes, même si l'activité solaire peut avoir un impact extrêmement limité sur notre météo à nous qui vivons sur le plancher des vaches.

Voici ce que dit exactement la NASA :
The Sun's activity rises and falls in an 11-year cycle. The forecast for the next solar cycle says it will be the weakest of the last 200 years. The maximum of this next cycle – measured in terms of sunspot number, a standard measure of solar activity level – could be 30 to 50% lower than the most recent one. The results show that the next cycle will start in 2020 and reach its maximum in 2025.
L'activité du soleil monte et descend selon un cycle de 11 ans. Les prévisions pour le prochain cycle solaire indiquent qu'il sera le plus faible des 200 dernières années. Le maximum de ce prochain cycle - mesuré en termes de nombre de taches solaires, une mesure standard du niveau d'activité solaire - pourrait être de 30 à 50 % inférieur au plus récent. Les résultats montrent que le prochain cycle commencera en 2020 et atteindra son maximum en 2025.
La préoccupation de la NASA est donc purement spatiale et n'a rien à voir avec la météo ou le climat sur Terre :
Knowing how the Sun will behave can offer necessary insight to plan protections for our next explorers who will venture into deep space. It also lets us protect technology we depend on: satellite missions studying the universe from space, landers and rovers heading to the Moon and Mars, and the telecommunications satellites right in our own backyard.
Savoir comment le Soleil se comportera peut offrir l'éclairage nécessaire pour planifier les protections de nos prochains explorateurs qui s'aventureront dans l'espace profond. Cela nous permet également de protéger les technologies dont nous dépendons : les missions de satellites qui étudient l'univers depuis l'espace, les atterrisseurs et les rovers qui se dirigent vers la Lune et Mars, et les satellites de télécommunications qui se trouvent dans notre propre cour.
Tout juste parle-t-on de ce que nous avons au-dessus de nos têtes, à savoir les satellites qui pourraient être détériorés par une activité solaire anormale, ce qui bien évidemment aurait des impacts sur notre vie quotidienne : plus de GPS, plus de télé par satellite, plus de prévisions météo, etc. cela pourrait effectivement nous impacter dans une certaine mesure, mais je pense que nous survivrions.

Pour raconter ses boniments Jacques Henry nous dit qu'il s'est « inspiré » du site themindunleashed.com, alors je suis allé voir à la source de son « information » et j'ai trouvé l'article intitulé Earth Could Be About to Enter a ‘Mini Ice Age,’ Scientist Claims (sous-titre "The Sun is approaching a hibernation period." ) qui nous accueille avec cette mise à jour :
This story has been challenged by Science Feedback and rated false because the “most recent forecast from NOAA’s Space Weather Prediction Center (from December 2019) predicts that the next solar cycle will be similar to the one that is currently ending” and “even if an extended grand solar minimum were to occur, it would not produce marked global cooling.” 
Cette histoire a été contestée par Science Feedback et jugée fausse car "la prévision la plus récente du Space Weather Prediction Center de la NOAA (datant de décembre 2019) prévoit que le prochain cycle solaire sera similaire à celui qui se termine actuellement" et "même si un grand minimum solaire prolongé devait se produire, il ne produirait pas de refroidissement global marqué".
Et juste au-dessous on peut lire :
The Mind Unleashed was not claiming to know professor Valentina Zharkova is correct, so we have revised our title for better accuracy.
The Mind Unleashed ne prétendait pas savoir que le professeur Valentina Zharkova avait raison, c'est pourquoi nous avons révisé notre titre pour plus de précision.
Ce site a l'honnêteté de reconnaitre que ce qui a été raconté était une ânerie, cependant non seulement le mal est fait (la preuve avec Jacques Henry et tous ceux qui vont se référer à cet article) mais également on a du mal à voir en quoi ils ont révisé le titre « pour plus de précision »... Le titre est tout aussi faux et trompeur que ce qu'il devait être avant la soi-disant révision, car en bon français voici ce qu'il nous dit avec son sous-titre :
La Terre pourrait être sur le point d'entrer dans une "mini ère glaciaire", selon les scientifiques
"Le Soleil approche d'une période d'hibernation."
Je suis désolé mais non, non seulement nous ne sommes pas sur le point d'entrer dans une mini ère glaciaire mais les températures vont continuer de monter malgré la faiblesse passagère du Soleil.

Pour s'informer beaucoup mieux qu'avec le torchon de Jacques Henry ou le papier toilette qui l'a inspiré, nous avons climatefeedback qui, dans Claims of a coming 30-year “mini ice age” are not supported by science (Les affirmations concernant une "mini ère glaciaire" de 30 ans à venir ne sont pas étayées par la science), nous donne les clés pour comprendre l'embrouille.

Nous y voyons un graphique de l'activité solaire passée et à venir :

Mise à jour des prévisions du cycle solaire 25

Les cycles solaires sont repérés avec un numéro, Wikipédia nous dit, au sujet du cycle n° 25 :
Le cycle solaire 25 est le prochain cycle solaire, le vingt-cinquième depuis 1755, date du début du suivi intensif de l'activité et des taches solaires2,3. Il n'y a pas encore de consensus sur la date de début du cycle4 et l'intensité attendue de celui-ci. Selon certains scientifiques, il devrait commencer fin 2019 et se poursuivre jusqu'en 2030 5,6. Selon l’accord général, il sera plus faible que la moyenne (c’est-à-dire plus faible que pendant le maximum moderne)7. Des organisations telles que la Société internationale de l'énergie solaire (ISES) et le Centre de prévision de la météo spatiale (SWPC) de la NOAA n'ont pas émis ou approuvé de prévisions pour le cycle jusqu'en 2019.
On voit sur le graphique un cycle 25 assez semblable au précédent que nous venons de connaitre de 2010 à 2019, mais sensiblement plus faible que le n°23 ; nous notons immédiatement que la faiblesse du n°24 par rapport au n° 23 ne s'est pas vraiment traduite par une baisse des températures, voici ce que nous dit Woodfortree depuis 1996, date de début du cycle n°23 :

Evolution de la température de 1996 à 2019 (source woodfortrees)

J'ai choisi Gistemp, voyons maintenant avec UAH en saucissonnant les tendances selon les durées des trois cycles solaires inclus dans la période et qui sont dans l'ordre :
  1. cycle 23 : d'août 1996 à décembre 2007 (exactement 8/01/2008) => 11,5 ans ;
  2. cycle 24 : de janvier 2008 à mars 2020 => 12 ans et quelques ;
  3. cycle 25 : désolé mais je n'ai pas encore l'information des températures pour ce cycle, il va falloir patienter un peu !
Voici donc le graphique avec les deux cycles à notre disposition :

Evolution de la température de 1996 à 2019 (source woodfortrees)

Vous comprendrez que j'aie sélectionné cette fois UAH afin de donner la parole à Roy Spencer, le « monsieur moins » des températures, celui qui tient à vous prouver que les températures ne montent pas tant que ça mais qui commence probablement à se poser des questions (en tout cas quelques uns de ses lecteurs lui font remarquer que ça monte comme la petite bête) ; et que voyons-nous avec les données UAH ? Une accélération de la hausse des températures lors du cycle 24 qui était pourtant, c'est bizarre, plus faible que le 23...

Donc si nous suivons cette bête logique, avec un cycle 25 qui serait quasiment identique au 24, d'après vous à quoi devons-nous nous attendre sur le plan des températures dans les années qui viennent ?

Jacque Henry n'y va pas par quatre chemin, pour lui c'est à une baisse de pas moins d'un degré pour la seule année 2020 !

Je ne sais pas dans quel état est le cerveau de Jacques Henry, ça ne doit pas être beau là-dedans, un peu comme si l'on investiguait les poumons d'un fumeur en phase terminale d'un cancer causé par son addiction, on comprend qu'il vaut mieux ne pas trop y penser afin d'éviter d'avoir la nausée, en tout cas voici un autre graphique qui, s'il tombe sous ses yeux effarés, ne va pas arranger son cas :

Figure – A comparison of solar activity and northern hemisphere climate from AD 800 to AD 2016. Top: Sunspot number, from direct telescopic observations (black) and reconstructed on the basis of 14C concentrations in tree trunks (red). Bottom: Northern hemisphere temperature anomaly, ΔT, (relative to the 1961–1990 mean) for paleoclimate reconstructions, as presented in the IPCC fifth assessment report. Colours, from white through red, show the probability density function (PDF), while the white line shows the PDF maximum value (or mode). The blue line shows ΔT from the instrumental record (HadCRUT4). (Source)

Traduction :
Figure - Comparaison de l'activité solaire et du climat de l'hémisphère nord entre 800 et 2016 après J.-C. En haut : Nombre de taches solaires, d'après des observations directes au télescope (en noir) et reconstitué sur la base des concentrations de 14C dans les troncs d'arbres (en rouge). En bas : Anomalie de température dans l'hémisphère nord, ΔT, (par rapport à la moyenne de 1961-1990) pour les reconstructions paléoclimatiques, telles que présentées dans le cinquième rapport d'évaluation du GIEC. Les couleurs, du blanc au rouge, indiquent la fonction de densité de probabilité (PDF), tandis que la ligne blanche indique la valeur maximale (ou mode) de la PDF. La ligne bleue indique ΔT de l'enregistrement instrumental (HadCRUT4).
On voit que le minimum de Maunder, nettement mentionné (MM) en plein milieu du « petit âge glaciaire » (LIA), n'est en aucun cas responsable de la baisse des températures moyennes durant cette période, puisqu'il a commencé bien après le début du LIA et s'est terminé bien avant sa fin :
  • LIA en totalité : de 1250-1300 à 1850-1900 ;
  • MM : de 1645 à 1715.

L'activité solaire n'a donc clairement joué strictement aucun rôle significatif dans l'évolution des températures pendant cette période faussement appelée « petit âge glaciaire », étant donné que si les hivers étaient particulièrement froids par contre les été, eux, étaient au contraire plutôt chauds ; voici ce qu'on peut lire dans Claim in The Express that low solar activity is bringing cold weather is false :
the Maunder Minimum was a 50-year period with no solar cycles— not a minimum between cycles. […] Most importantly, the Maunder minimum was NOT (repeat NOT) a period of decades of freezing weather. It was a period when Europe had a higher fraction of cold winters but summers were, if anything, warmer in the Maunder minimum (as seen, for example, in the central England Temperature measurements) and paleoclimate data show a longer interval of slightly lower global temperatures (often massively misleadingly called the “little ice age”) which began long before the Maunder minimum and didn’t end until after the Maunder minimum was over. The idea that the Maunder minimum gave periods of unremitting cold is just wrong—it is often quoted but it is totally wrong.
le minimum de Maunder était une période de 50 ans sans cycles solaires - pas un minimum entre les cycles. [...] Plus important encore, le minimum de Maunder n'était PAS (répétez PAS) une période de plusieurs décennies de temps glacial. C'était une période où l'Europe a connu une plus grande proportion d'hivers froids, mais où les étés étaient, au mieux, plus chauds durant le minimum de Maunder (comme le montrent, par exemple, les mesures de la température dans le centre de l'Angleterre) et où les données paléoclimatiques montrent un intervalle plus long de températures mondiales légèrement plus basses (souvent massivement appelé à tort "petite période glaciaire") qui a commencé bien avant le minimum de Maunder et ne s'est terminé qu'après la fin du minimum de Maunder. L'idée que le minimum de Maunder a donné des périodes de froid incessant est tout simplement erronée - elle est souvent citée mais elle est totalement fausse.
En fait, comme nous l'indique Wikipédia, ce qu'on a surnommé le « petit âge glaciaire » a connu une importante activité volcanique :
In a 2012 paper, Miller et al. link the Little Ice Age to an "unusual 50-year-long episode with four large sulfur-rich explosive eruptions, each with global sulfate loading >60 Tg" and notes that "large changes in solar irradiance are not required."[6]
Dans un article de 2012, Miller et al. lient le Petit Âge glaciaire à un "épisode inhabituel de 50 ans avec quatre grandes éruptions explosives riches en soufre, chacune avec une charge globale de sulfate >60 Tg" et note que "de grands changements dans l'irradiance solaire ne sont pas nécessaires"[6].
Ainsi nous ne sommes pas à l'abri d'une forte baisse des températures dans les décennies ou même les siècles qui viennent, il suffirait pour cela que de gigantesques éruptions volcaniques aient lieu à la chaine dans les jours voire les heures qui viennent, ou bien qu'un colossal astéroïde de la taille de l'égo de Benoit Rittaud nous percute demain matin, ou que Donald Trump décide, après avoir été réélu à la fin de l'année, et afin de laisser son nom dans l'histoire, de déclarer la guerre à la Chine en lui balançant une floppée de missiles nucléaires pour lui apprendre à vivre, ce qui aurait pour conséquence inattendue de provoquer une réplique pékinoise qui nous rappellerait le bon vieux temps du docteur Folamour.

Bref arrêtons d'incriminer ce pauvre Soleil qui n'est absolument pour rien dans nos errances températuresques, qu'il se contente de nous réchauffer la couenne comme il le fait depuis belle lurette, c'est tout ce qu'on lui demande, n'exigeons pas de lui la Lune, la NASA a déjà bien du mal avec elle. 

1 commentaire:

  1. À ce sacré soleil ....
    Ce genre de conneries - alimentées à l'énergie solaire :P -, se répandaient il y a près d'une quinzaine d'années déjà :

    .... Rien n'a fondamentalement changé en fait depuis mon premier article publié sur mon journal associatif "L'effet de serre, chimère notoire ? "
    (Titre original : “Quand le soleil nous tape sur le système... les esprits s’échauffent !”
    Extrait de "LA LETTRE DE L'AGNVS" de decembre 2007) (*)

    Extrait choisi :
    => C’EST LA FAUTE AU SOLEIL !

    Cf. "Occultez ce soleil qui nous chauffe la couenne !"
    (https://2013-continuum.blogspot.com/2019/08/soleil-obscur.html)

    (*) http://agnvswebmestre.free.fr/effetdeserre.htm

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