Les masques tombent

On s'en doutait un peu, et même beaucoup à vrai dire, mais nous en avons la confirmation éclatante avec au moins deux exemples qui sont tombés très récemment sur les téléscripteurs.

Nous avons ainsi monsieur Antoine qui révèle son vrai visage de complotiste primaire n'ayant pas peur d'afficher ses convictions :

4286. AntonioSan | 4/08/2019 @ 17:38
papijo (#4284), Ce n’est pas une surprise. La supposée urgence climatique sert de caution pour l’instauration d’un gouvernement mondial et l’abolition des états-nations.
Si Ste Greta, Vierge de Davos, peut bénéficier de tels traitements de faveurs de la part des élites onusiennes et politiques du bloc occidental, c’est bien qu’elle est leur création, leur produit que leur presse se charge de vendre dans des campagnes millimétrées.
Extinction Rebellion, basée en GB comme beaucoup des relais politico-médiatiques du bloc occidental -on pense immédiatement au fameux observatoire syrien, a Bellingcat etc…- bénéficie de la même couverture médiatique.
Aucun de ces militants n’a perdu d’yeux lors de leurs mises en scène… Et si la police les déloge de manière pas assez cérémonieuse, ce sont les policiers qui se font réprimander ou attaquer en justice. Pas de LBD 40 en vue… Et les black blocks ne viennent pas salir leur réputation…

Mais oui, mais oui, « l'instauration d'un gouvernement mondial », rien que ça, avec Greta Thunberg qui serait instrumentalisée par des « khmers verts » qui lui assureraient l'impunité (les « traitements de faveurs ») en la protégeant des lancers de balles de défense, et notre météorologue en herbe (marijuana de préférence) regrettant presque qu'« aucun de ces militants n'a[it] perdu d'yeux lors » des manifestations qu'il qualifie de « mises en scène », comme si les jeunes qui défilent dans les rues étaient en représentation théâtrale, bref des décervelés manipulés par les « élites onusiennes et politiques du bloc occidental », on en rirait presque si ce n'était pas si pathétique.

Pathétique comme le deuxième exemple qui me tombe sous la main avec le voyage de Benoit Rittaud à Washington dans le temple du conservatisme américain qu'est le Heartland Institute, et en plus situé dans la Trump Tower, magnifique assemblage de tout ce qui se fait de mieux en matière de ringardise et de déni à la puissance dix mille.

Ainsi il a fallu pas moins de deux billets (ici et ici) à Benoit Rittaud pour faire état public d'allégeance aux désinformateurs patentés du Heartland Institute avec ces monuments de bêtise tirés de sa prose insipide comme d'habitude :

Le soir de mon arrivée, j’ai vu plusieurs petits groupes, notamment de jeunes, porter fièrement les fameuses casquettes rouges « Make America great again » de la dernière campagne présidentielle.

Bizarrement lors de la conférence elle-même les « jeunes » étaient beaucoup moins présents...

Malgré ses 300 participants annoncés, la conférence n’occupait qu’une petite partie de l’hôtel, et nous n’étions nullement mis en évidence à l’entrée.

300 participants, vraiment ?

En comptant ceux qui se reflètent dans les miroirs et en rajoutant une bonne centaine, le compte est bon ! (source The Weather Channel)

On remarquera les nombreux « jeunes » comme par exemple Christopher Monckton sur la droite, l'air ahuri. On notera également que John Cook a été viré de la conférence, persona non grata, ce qui fait une personne de moins, donc nous arrivons à 299 participants si mon compte est bon.

Quoi que l’on pense de Trump ou du decorum, ce genre de rendez-vous est important pour les climato-réalistes bien de chez nous, à la fois pour signaler notre existence (rétrospectivement, je crois que c’est à Washington en 2017 que l’association a commencé à être bien identifiée à l’étranger) et pour apprendre ce qui se passe dans le pays le plus important du monde.

Oui c'est vrai, on peut penser ce que l'on veut de Trump, le pire président que l'Amérique ait jamais connu, qui est indirectement la cause de la recrudescence de meurtres de masse commis par des suprémacistes blancs dopés par ses messages sur Twitter et ses harangues haineuses à la foule de ses admirateurs, en plus évidemment d'être un ignare avéré en matière scientifique, l'important pour Rittaud est d'aller carrément dans son arrière-cour afin de « signaler [son] existence », preuve qu'il est tombé bien bas pour essayer de se maintenir à flot.

Le premier exposé scientifique a été celui de Roy Spencer, de l’université d’Alabama à Huntsville. Avec John Christy (que nous avons reçu à Paris le 6 mai dernier) dont il est le collègue direct à l’université, Spencer est le spécialiste mondial des mesures satellitaires de température de la Terre.

Sans blague, « le spécialiste mondial », pas moins ! Et quid de Carl Mears, le concurrent de Roy Spencer ? Certainement un second couteau pour Rittaud, il est vrai qu'il n'est pas créationniste et ne mérite donc pas les éloges de notre mathématimancien arpenteur de plateaux de télé périphériques qui se targue d'être « réaliste » parce que quand il sort de chez lui et qu'il fait frisquet c'est bien la preuve que le réchauffement climatique est un canular.

Cette première série d’exposés s’est conclue par une présentation de David Legates, qui est docteur en climatologie et est l’un des principaux animateurs du NIPCC, le « non-GIEC » créé par Fred Singer, qui produit des rapports dont la technicité et la précision n’ont rien à envier à ceux du GIEC.

Ce passage seul permet de se rendre compte à quel point Rittaud est « réaliste », car considérer le NIPCC, créé par le fameux désinformateur bientôt centenaire Fred Singer (lire Les Marchands de Doute où il occupe une place de choix), comme une organisation dont les rapports « n'ont rien à envier à ceux du GIEC » c'est au mieux faire preuve d'une grande naïveté, au pire je vous laisse deviner quoi.

A cet épisode américain je pourrais ajouter cet hilarant billet intitulé Le dernier livre de François Gervais cartonne sur Amazon considérant Amazon comme une revue scientifique validant toutes les âneries proférées par Gervais ; pour Rittaud le fait que le bouquin de son pote soit en tête de gondole est bien la preuve que tout ce qui y est écrit vaut son pesant de cacahuètes, il nous dit même :

Intéressant aussi est de voir le nombre de commentaires et leur appréciation générale

Comme on peut le voir pour Rittaud la revue par les pairs se limite aux commentaires positifs sur le site Amazon, si ce n'est pas une preuve de la grande qualité de l'ouvrage que vous faut-il de plus !?

Les masque tombent d'autant plus quand il s'agit de descendre à la grosse artillerie la môme Greta et que pour ce faire on publie sa diatribe dans un journal placé à droite, très à droite, certains diront même à l'extrême droite, je veux parler de Valeurs Actuelles, où notre inénarrable matheux se fend d'un article dans lequel il considère la petite Suédoise comme, je cite, un dangereux soldat de la planète !

Pour Rittaud, comme pour Antonio, c'est Greta qui est dangeureuse, encore une preuve manifeste de leur « réalisme » exacerbé qui ne contemple que la réalité seulement accessible à leurs neurones biberonnés au libre-échangisme sans frontière et à la théorie fumeuse du progrès technologique qui nous sauvera tous de l'âge de pierre.

Je n'ai personnellement jamais trop mis en avant le militantisme de Greta Thunberg, car j'estime qu'on ne devrait jamais avoir entendu parler de cette gamine qui ose dire aux adultes leurs quatre vérités, ce qui ne plait pas aux gros machos qui composent l'essentiel de la gent climato-irréaliste et qui n'ont comme contre-argument que de la qualifier d'arriérée mentale dont les parents et les extrémistes verts tireraient les ficelles, comme si ce n'était pas elle et elle seule qui avait décidé en août 2018 de venir tous les vendredi manifester devant le parlement suédois ; comme si Greta Thunberg ne s'était pas fait remarquer auparavant, en mai 2018, en gagnant un concours d'écriture :

Greta Thunberg, 15 år, är en av pristagarna i SvD:s tävling där unga har skickat in debattartiklar om klimatet. Här är hennes artikel där hon beskriver den otrygghet och rädsla hon känner över klimatförändringarna. Varför ljuger politikerna? frågar hon och skriver att vi har ett ansvar att agera nu! 

Greta Thunberg, 15 ans, est l'une des lauréates du concours SvD où des jeunes ont soumis des articles de débat sur le climat. Voici son article décrivant les insécurités et les peurs qu’elle ressent à propos du changement climatique. Pourquoi les politiciens mentent? elle demande et écrit que nous avons la responsabilité d'agir maintenant!

Evidemment j'en vois certains qui vont encore affirmer, bien sûr sans aucune preuve, que quelqu'un a dicté à Greta Thunberg ce qu'elle a écrit, quand on s'enfonce dans le déni en principe on le fait jusqu'au bout, jusqu'au point où l'on s'est tellement embourbé qu'il est impossible de s'en sortir, au risque d'exhiber aux yeux de tous son ridicule.

Cependant ce qui est le plus important dans l'affaire ce n'est pas Greta Thunberg mais le message qu'elle tente de faire passer avec sa méthode à elle, différente de celles utilisées par les scientifiques comme Michael Mann en Amérique ou François-Marie Bréon en France, pour ne citer qu'eux, or ce message nous le connaissons en fait depuis longtemps, très longtemps, il nous a été délivré successivement :

• en 1972 avec le rapport du Club de Rome, Les limites de la croiussance ;
• en 1979 avec le rapport Charney ;
• en 1988 avec l'audition de James Hansen devant le Congrès américain ;
• en 1998 et 1999 avec la courbe en crosse de hockey de Michael Mann.

Cela fait donc au minimum 47 ans que nous savons à quoi nous en tenir, mais qu'avons-nous fait pendant tout ce temps ?

Si des activistes comme Greta Thunberg se démènent pour faire prendre conscience aux gens de la réalité que nous connaissons depuis un demi-siècle au bas mot, on trouve des Benoit Rittaud et des monsieur Antoine qui, avec leur gros nez rouge qui ne trompe que les gogos, essayent d'amuser la galerie avec des diversions et divertissements dignes de Bozo le clown.

Mais le temps passant, au fil des enterrements et des départs à la retraite, les clowns se feront de plus en plus rares, et le public finira par rire jaune.

Cimetière de masques, qui trouvera ceux de Benoit Rittaud et de monsieur Antoine ?