Je ne suis pas abonné au New York Times où Paul Krugman écrit chaque semaine une tribune d'opinion à caractère économique (il a été lauréat en 2008 du prix de la banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel, ce que l'on résume en prix Nobel d'économie pour faire plus court) donc je ne peux pas le lire directement dans ce prestigieux quotidien américain, par contre je reçois une lettre qui complète ce qu'il a exposé dans le journal (il suffit d'être abonné à sa newsletter)
Dans sa dernière livraison il revient sur la récente vague de froid qui a sévi au Texas et nous donne son point de vue sur l'aspect économicopolitique de la situation, avec comme titre de son billet Burn, baby, burn, que l'on peut traduire littéralement par Brûle, bébé, brûle ; on comprendra mieux le sens de ce titre après avoir lu ses explications dont je vous fournis la traduction ci-après (merci qui ?)
Le gros du travail de traduction a été effectué par DeepL, je me suis contenté de rectifier le tir chaque fois que le résultat ne me convenait pas, mais sans jamais altérer le sens original ; je vous fournis d'ailleurs à la fin l'original afin que les initiés puissent vérifier que je n'ai pas travesti la pensée de Krugman.
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La crise de l'électricité au Texas a été un événement terrible et meurtrier. Comme je l'ai expliqué dans la chronique d'aujourd'hui, elle a prouvé qu'une déréglementation extrême ne fonctionne pas - quand même le sénateur Ted Cruz commence à exiger que les régulateurs freinent les profits exceptionnels, vous savez que la partie est jouée.
Mais alors que Cruz dénonçant les profits et exigeant le contrôle des prix est comme l'histoire de l'homme-qui-mord-le-chien [man-bites-dog story¹], je pense qu'il vaut aussi la peine d'approfondir l'histoire de l'homme-mordu-par-le-chien qui est arrivée en premier. Lorsque le Texas a subi des coupures de courant catastrophiques - principalement parce que les centrales électriques au gaz qui alimentent sa capacité de pointe ont gelé, ainsi que les pipelines qui alimentent ces centrales en combustible et les têtes de puits qui alimentent ces pipelines - la réaction immédiate de la quasi-totalité du complexe politico-médiatique de droite a été de blâmer ... l'énergie éolienne, et de déclarer que tout l'épisode montrait la folie d'un Green New Deal.
La seule opinion divergente que j'ai vue de ce côté vient de Larry Kudlow, qui était l'économiste en chef de Donald Trump, et qui attribue l'effondrement du réseau du Texas à ... Joe Biden. Non, je ne comprends pas non plus sa logique.
À un certain niveau, ce jeu de reproches n'était pas surprenant : Tout le monde sait que les républicains aiment les combustibles fossiles et considèrent A.O.C. [Alexandria Ocasio-Cortez] comme le diable incarné. Mais pourquoi, exactement, le conservatisme et l'envie de brûler les résidus de la vie végétale préhistorique vont-ils de pair ?
Cela n'a pas toujours été le cas. Pas plus tard qu'en 1990, les contributions politiques de l'industrie du charbon étaient partagées assez équitablement entre les partis ; la Virginie-Occidentale, qui compte aujourd'hui parmi les États les plus Trumpesques [Trumpiest² dans le texte] d'Amérique, a généralement soutenu les démocrates jusqu'en 2000.
Alors, que s'est-il passé ? Tout d'abord, au cours des années 1970 et 1980, les républicains sont devenus le parti anti-environnemental. Ce n'est pas tout à fait la même chose que d'être un parti de libre marché : même si vous croyez aux vertus des marchés, l'« économie pour les nuls » [Econ 101³ dans le texte] affirme que les pollueurs devraient être confrontés à des incitations financières pour réduire les émissions, sous la forme soit de taxes sur la pollution, soit de permis d'émission négociables. Mais l'idée d'un marché libre avec des incitations à se comporter de manière responsable peut être trop subtile pour un slogan de campagne.
De plus, les politiciens et les stratèges politiques croient généralement - à juste titre, je pense - en quelque chose que je considère comme "l'effet de halo⁴". Le parti qui veut moins de gouvernement a tendance à s'opposer à toute intervention publique, aussi justifiée soit-elle, par crainte qu'elle ne légitime un rôle plus important du gouvernement dans l'esprit des électeurs. Pour être juste, le parti qui veut plus de dépenses sociales a tendance à favoriser les programmes gouvernementaux pour la même raison.
Et voilà le truc : les combustibles fossiles sont, disons-le, sales. Le charbon est le pire, mais même le gaz naturel a ses problèmes. Il n'y a pas que les émissions de gaz à effet de serre ; brûler des combustibles fossiles libère des particules, du mercure et d'autres substances nocives qui nuisent à la santé et augmentent la mortalité.
Les démocrates sont plus disposés que les républicains à faire quelque chose à ce sujet, ce qui fait que l'industrie des combustibles fossiles favorise les républicains. Et cela renforce la différence entre les partis, ce qui conduit à une disparité encore plus grande dans le soutien politique.
À ce stade, en fait, il semble que nous arrivions à la fin d'un cercle vicieux dans lequel le G.O.P.⁵ est devenu un parti des combustibles fossiles, par les combustibles fossiles, pour les combustibles fossiles. Dans le cycle électoral de 2020, l'industrie du pétrole et du gaz n'a donné que 16 % de ses contributions aux démocrates ; l'industrie minière du charbon n'en a donné que 4 %.
Le problème des républicains et de leurs amis fossiles est qu'ils sont du côté des perdants de l'histoire. Les progrès technologiques incroyables dans le domaine des énergies renouvelables ont rendu le charbon presque totalement non compétitif, le pétrole n'étant pas loin derrière et le gaz voyant les signes avant-coureurs [the writing on the wall].
D'où la folie de la récente attaque contre l'énergie éolienne. Il ne s'agissait pas seulement d'un blâme de routine et de désinformation ; c'était aussi, dans un certain sens, un cri de désespoir.
² Assez bizarrement DeepL traduit Trumpiest par...prospère ! Je me suis donc permis de le corriger.
³ ECON101: Principles of Microeconomics | Saylor Academy
⁴ Effet de halo — Wikipédia (wikipedia.org)
⁵ Grand Old Party = le Parti républicain
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Texte original
The Texas electricity crisis was a terrible, deadly event. As I explained in today’s column, it proved that extreme deregulation doesn’t work — when even Senator Ted Cruz starts demanding that regulators rein in windfall profits, you know the game is up. |
But while Cruz decrying profiteering and demanding price controls is quite the man-bites-dog story, I think it’s also worth delving into the dog-bites-man story that came first. When Texas suffered catastrophic power outages — mainly because the gas-fired power plants that supply its surge capacity froze up, along with the pipelines that supply those plants with fuel and the wellheads that feed those pipelines — the immediate reaction of pretty much the whole right-wing political-media complex was to blame … wind power, and declare that the whole episode showed the folly of a Green New Deal. |
The only dissenting opinion I’ve seen from that side comes from Larry Kudlow, who was Donald Trump’s chief economist, and who blames the collapse of the Texas grid on … Joe Biden. No, I don’t understand his logic either. |
At some level this blame game wasn’t surprising: Everyone knows that Republicans love fossil fuels and view A.O.C. as the devil incarnate. But why, exactly, do conservatism and the urge to burn the residue of prehistoric plant life go together? |
This wasn’t always true. As recently as 1990 political contributions from the coal industry were split fairly evenly between the parties; West Virginia, now among the Trumpiest states in America, generally supported Democrats until 2000. |
So what happened? First, over the course of the 1970s and 1980s Republicans became the anti-environmental party. This isn’t quite the same thing as being a free-market party: Even if you believe in the virtues of markets, Econ 101 says that polluters should face financial incentives to curb emissions, in the form of either pollution taxes or marketable emission permits. But the idea of a free market with incentives to behave responsibly may be too subtle for a campaign slogan. |
Also, politicians and political strategists generally believe — rightly, I think — in something I think of as the “halo effect.” The party that wants less government tends to oppose any public intervention, no matter how justified, out of fear that it will legitimize a bigger role for government in voters’ minds. To be fair, the party that wants more social spending tends to favor government programs for the same reason. |
And here’s the thing: Fossil fuels are, well, dirty. Coal is the worst, but even natural gas has its problems. It’s not just the greenhouse gas emissions; burning fossil fuels releases particulates, mercury and other nasty stuff that hurts health and increases mortality. |
Democrats are more willing than Republicans to do something about that, which makes the fossil fuel industry favor Republicans. And that reinforces the difference between the parties, which leads to even more disparity in political support. |
At this point, in fact, we seem to be reaching the end of a doom loop in which the G.O.P. has become a party of fossil fuels, by fossil fuels, for fossil fuels. In the 2020 election cycle the oil and gas industry gave only 16 percent of its contributions to Democrats; the coal mining industry gave just 4 percent. |
The problem Republicans and their fossil friends face is that they’re on the losing side of history. Incredible technological progress in renewable energy has made coal almost completely uncompetitive, with oil not far behind and gas seeing the writing on the wall. |
Hence the craziness of the recent attack on wind power. It wasn’t just routine blame-shifting and disinformation; it was also, in a sense, a cry of despair. |
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