Je ne pensais pas au début écrire à la file trois billets consacrés au PIB, et pourtant nous y voilà !
Après avoir vu, avec l'aide appréciable d'un "prix Nobel d'économie", dans Le PIB selon Paul Krugman, que le PIB était à manier avec d'extrêmes précautions, ce billet faisant suite à l'analyse (sommaire j'avoue) du point de vue de Xavier Moreau sur ledit PIB dans Le PIB à la sauce Xavier Moreau, voici donc un troisième opus consacré cette fois à un certain Bruno Bertez que je suspecte fortement d'avoir inspiré notre docteur ès poutinologie qui semblait découvrir la notion de PPA (parité de pouvoir d'achat). C'est par pur hasard que je suis tombé sur cet individu, que je ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam, en feuilletant de manière distraite la revue de presse du site Les crises, un exercice auquel je ne suis pourtant pas habitué, et que vois-je ?
Réflexion sur la puissance économique de la Russie : est-elle minorée pour la propagande ? |
en 2014, une crise géopolitique majeure s’est développée. Les États-Unis et la CIA ont organisé le coup d’État ukrainien « Euromaïdan » qui a renversé le gouvernement ukrainien dans les premiers mois de cette année.
Un mois plus tard, la Crimée organisait un référendum démocratique pour rejoindre à nouveau la Russie.
en fait classée dans le top 5 (et sans doute même beaucoup plus haut)
Dans le top 5 de quoi ? Si vous croyez qu'il parle des dictatures, ce qui aurait vraiment du sens, vous vous fourrez le doigt dans l'oeil jusqu'à l'épaule, il parle plutôt
des économies mondiales en termes de PIB
Et le voilà en train de comparer le PIB nominal avec le PIB en PPA en essayant laborieusement de démontrer que l'économie russe se porte super bien si on la mesure à l'aune de ce dernier indice. Il oublie en chemin de dire beaucoup de choses que je vous dévoilerai à la fin avec l'assistance d'un organisme au dessus de tout soupçon. Mais avant d'en arriver là je pense nécessaire de se pencher sur ce Bruno Bertez afin de se demander si on peut vraiment lui faire confiance.
Sur Wikipédia il est présenté ainsi :
Il est blogueur régulier des sites d'information Blog à Lupus, brunobertez.com, Atlantico et Lesobservateurs.ch.
Je ne connais pas le site suisse, par contre le Blog à Lupus et Atlantico ne me sont pas étrangers. Tout d'abord je confirme que Bruno Bertez est bien un habitué du premier site où il a son rond de serviette (voir Étiquette : Bruno Bertez – Le blog A Lupus). Le Blog à Lupus fait partie de ces sites dits de « réinformation », bien qu'il ne soit pas catalogué comme tel ; cependant quand on consulte sur ce site l'étiquette « George Soros » on a tout de suite compris qu'on se trouvait en présence d'un complotisme bien gras et dégoulinant qui a d'ailleurs attiré l'attention de Conspiracy Watch :
Une citation attribuée à George Soros est apparue sur Twitter puis a été reprise sur un blog visité des dizaines de milliers de fois par mois. Le philanthrope américain n'a pourtant jamais prononcé cette phrase.
Le « blog visité des dizaines de milliers de fois par mois » c'est bien entendu notre blog à Lupus :
Le 23 avril 2018, un mème avec une citation censée émaner de George Soros fait son apparition sur Twitter. [...] L’image contenant la citation sera relayée quelques jours plus tard par « le blog A Lupus », qui totalise plus de 100 000 visites par mois en moyenne. Peu fiable, ce site complotiste avait, entre autres, relayé une fausse information selon laquelle le numéro 2 de l'Etat islamique aurait appelé les musulmans d'Amérique à voter pour Hillary Clinton.
Bruno Bertez est donc un habitué d'un site labellisé complotiste, est-ce donc vraiment étonnant qu'il puisse inspirer quelqu'un comme Xavier Moreau ? Poser la question c'est y répondre, n'est-ce pas ? Et quand quelqu'un se targue de « réinformer » les gens en publiant sur son blog dont le sous-titre proclame fièrement « Il n'est de vérité que du tout », une formule magique qui ne veut strictement rien dire mais est uniquement destinée à impressionner le chaland qui passe en se disant que le taulier a peut-être des choses intéressantes à dire, alors on peut sans trop de crainte oublier l'individu et se consacrer à des activités plus normales et moins abêtissantes.
Et maintenant la touche finale pour enfoncer quelques clous dans le cercueil oratoire de notre réinformateur patenté. Le site de la Coface nous donne des indications sur l'état de forme de la Russie au moment présent. La Coface, contrairement à Xavier Moreau ou à Bruno Bertez, entre autres, ne fait pas dans l'idéologie de comptoir. Son métier est d'informer le plus objectivement possible les entrepreneurs qui auraient envie de s'aventurer dans des contrées éloignées et potentiellement hostiles. Elle n'a pas du tout intérêt à tromper ses clients, le retour de bâton serait préjudiciable à son compte de résultat et ses actionnaires ne le lui pardonneraient pas. Voici ce qu'elle dit au sujet de la Russie dans Russie / Etudes économiques en date d'avril 2023 :
En 2023, l'excédent de la balance courante ne continuera pas à afficher une performance aussi solide que celle enregistrée en 2022, lorsqu'il a grimpé à 227,5 milliards de dollars, c'est-à-dire sa valeur la plus élevée au deuxième trimestre, avant de commencer à diminuer.
Et d'ajouter :
Les élections législatives de septembre 2021 ont préservé la majorité constitutionnelle du parti au pouvoir, Russie unie (49,8 % des voix, 324 sièges sur 450).
Toutefois, le mécontentement social pourrait s'accroître en 2023, car l'économie russe devrait enregistrer une nouvelle année de récession, suivie par des années de stagnation en raison de l'accès limité aux nouvelles technologies, de l'érosion du pouvoir d'achat, de l'isolement du pays et de l'absence de réformes structurelles. Dès 2023, des centaines de milliers de citoyens (principalement des jeunes et des hommes) ont fui le pays après l'annonce de la mobilisation partielle, qui a provoqué un exode massif de Russes vers les pays voisins tels que la Géorgie, la Finlande, le Kazakhstan et la Mongolie, afin d'éviter la conscription. La crainte d'une nouvelle mobilisation pourrait conduire à une aggravation du mécontentement et de l'émigration.
Mais surtout :
Les dépenses massives et la chute des recettes énergétiques vont creuser le déficit budgétaire en 2023.
Parmi les points forts de la Russie relevés par la Coface on note en premier :
- Ressources naturelles abondantes (pétrole, gaz, bois, céréales, diamant, potasse (utilisée dans le processus de production d'engrais) et métaux)
- Dépendance aux prix des hydrocarbures (39% du PIB)
- Démographie en déclin
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