Jacques Henry nous fera toujours rire.
Le voici, dans Réchauffement du climat : une histoire d’entonnoirs, et autres réflexions., qui s'adonne à son habituel dada qui consiste à aligner les éternels poncifs climato-niais. Quand le mot réflexion figure dans le titre d'un article de Jacques Henry vous pouvez être assuré que vous ne serez pas déçu. Et quand il fait précéder ce terme, qui lui est au passage étranger, du mot entonnoir une image vous vient immédiatement à l'esprit :
Jacques Henry se préparant à écrire un billet sur son blog. |
Pourquoi nous parle-t-il d'entonnoirs au risque d'en prendre un (de plus) sur la tête ? C'est tout simplement parce qu'il a regardé religieusement une vidéo d'un certain Daniel Dory dans laquelle celui-ci fait référence à un joli dessin figurant dans un de ses ouvrages :
Collection de casseroles, pardon, d'entonnoirs servant à démontrer on ne sait trop quoi. |
La vidéo vantée par Jacques Henry vaut le détour, du moins pour les 10 ou 15 premières minutes, et vous n'êtes pas obligé de vous taper le tout, qui dure pas moins d'une bonne heure, pour vous rendre compte que le monsieur qui parle dans le poste s'est en fait servi des entonnoirs qu'il porte normalement sur la tête dans la journée.
Nous avons un premier indice avec la chaine qui diffuse cette vidéo qui est nulle autre que TVLibertés qui, vous ne le croirez jamais, a l'honneur d'avoir sa fiche chez Conspiracy Watch, on se demande bien pourquoi (en fait on se le demande si l'on a un entonnoir sur la tête, autrement ça n'étonne pas le moins du monde)
Je ne vais pas vous commenter en détail l'interview de Daniel Dory « interrogé » par un admirateur qui se fait passer pour un journaliste et dont j'ai oublié le nom. Dès le départ cet obséquieux (in)animateur, qui ne se risquera pas à bousculer son invité dans ses derniers retranchements, et qui ferait mieux de se reconvertir en expérimentateur de matelas Dunlopillo latex, présente Daniel Dory ainsi :
Daniel Dory est docteur en géographie avec une formation en philosophie, criminologie, sociologie et histoire, rien que ça.
Oui « rien que ça ». D'après mon expérience personnelle, qui est très modeste au demeurant, quand quelqu'un s'est « formé » sur un grand nombre de matières il est assez probable qu'il soit un véritable amateur dans chacune d'elles, surtout quand ces matières demandent une réelle expertise si l'on veut s'en prévaloir. On en déduira donc que notre loustic n'est véritablement spécialiste qu'en géographie, puisqu'il est docteur dans cette honorable discipline, et qu'il n'a pas de légitimité pour parler d'autres choses, et notamment...du climat !
Une preuve que notre « homme du jour » n'est qu'un guignol de plus s'exprimant comme beaucoup d'autres guignols dans son genre sur une chaine complotiste d'extrême-droite, c'est quand il nous parle de Greta Thunberg à 16:45 environ :
A titre anecdotique, parce que nos téléspectateurs ne savent pas ça, on a une confirmation rigolote très récemment, puisqu'une université finlandaise a donné un titre de docteur honoris causa à Greta Thunberg dont le savoir et le charisme nous ravagent (?) et c'est un doctorat en théologie [...] c'est très très important, bien sûr on ne peut pas lui donner un doctorat en physique, mais euh [l'inanimateur intervient alors : ce qui confirme la thèse selon laquelle tout cela est une religion] ce qui confirme, et d'ailleurs il y a la vierge prêchante, il y a les hérétiques, les climatosceptiques sont évidemment des hérétiques...
Tout ce gloubi-boulga est-il digne d'un docteur en géographie ? Je vous le demande mais n'attends pas vraiment de réponse, car il s'agit d'une question rhétorique bien sûr.
En effet, voici la définition d'un docteur honoris causa donnée par Wikipédia :
Un doctorat honoris causa (doctorat honorifique au Canada), ou titre de docteur honoris causa (du latin causa, qui exprime le but, précédé du génitif de honor, honoris, l'honneur : « pour l'honneur », honorifique) est un titre honorifique décerné par une université ou une faculté à une personnalité éminente. Un docteur honoris causa, parfois abrégé en Dr h. c., en est le récipiendaire.
Et si vous n'avez pas confiance en Wikipédia, ce qui est votre droit le plus absolu, alors vous avez celle de la Sorbonne :
Créé en 1918, le titre de Docteur Honoris Causa est l’une des plus prestigieuses distinctions décernées par les universités françaises pour honorer « des personnalités de nationalité étrangère en raison de services éminents rendus aux sciences, aux lettres ou aux arts, à la France ou à l’université ».
Ainsi nous avons par exemple le joueur de football Didier Drogba qui est « docteur honoris causa des universités du Réseau des Universités des Sciences et Technologies d’Afrique (RUSTA). »
Greta Thunberg est donc docteur honoris causa non pas d'une université finlandaise mais d'une belge, l'Université de Mons, qui n'a aucun département spécialisé en théologie. Par contre il y a bien la faculté de théologie d’Helsinki qui se propose de lui attribuer un tel titre de docteur honoris causa en théologie, mais je ne sais pas si cela aboutira (Elle devrait le recevoir le 9 juin prochain.) Quoi qu'il en soit, à supposer qu'elle soit également distinguée dans la catégorie « théologie » par une faculté finlandaise, présenter cela comme la preuve que la climatologie serait une religion et que les climato-crétins seraient des hérétiques qu'il faudrait brûler, alors que ce sont au contraire les scientifiques qui sont menacés, nous montre que Daniel Dory a une conception très personnelle de la science.
On lui fera remarquer au passage que Greta Thunberg n'arrête pas de dire qu'« il faut écouter les scientifiques », et on ne l'a jamais entendu faire la moindre référence à une quelconque religion, contrairement à Daniel Dory qui n'a que ce mot dans la bouche.
Autre passage où il nous montre qu'il n'y connait pas grand chose, à 12:40 environ :
A l'origine les travaux prévoyaient un refroidissement du climat.
« Les travaux », quels travaux ? Il se gardera bien de les citer puisqu'il n'y en a jamais eu beaucoup de la sorte, la plupart des études sur le climat, depuis qu'elles existent, évoquant un réchauffement lié à l'augmentation des gaz à effet de serre comme le CO₂ :
Pourcentage des études climatiques évaluées par des pairs entre 1965 et 1979 qui prévoyaient un réchauffement, pourcentage de celles qui prévoyaient un refroidissement et pourcentage de celles qui ne se prononçaient pas sur l'éventualité d'un réchauffement ou d'un refroidissement. D'après THE MYTH OF THE 1970s GLOBAL COOLING SCIENTIFIC CONSENSUS paru dans Bulletin of the American Meteorological Society Volume 89 Issue 9 (2008) |
Ainsi nous avons la preuve que notre docteur en géographie se contente de répéter comme un perroquet l'un des nombreux mythes climatosceptiques concoctés par des désinformateurs professionnels rémunérés par des entreprises et organismes ayant tout intérêt à ce que rien ne change. En cela il se comporte comme un Benoit Rittaud qui a lui aussi un intérêt évident à se montrer à la télé, à savoir vendre le plus possible de ses bouquins dont il fait la promotion chaque fois qu'il le peut ; Daniel Dory, de son côté, cherche uniquement à placer son dernier ouvrage que je vais m'empresser de ne pas aller acheter ou commander :
Qui n'en veut de la bonne salade de Daniel Dory ? |
Et il y a des benêts, comme Jacques Henry, qui avalent la ligne avec l'hameçon, la canne et le pêcheur qui va avec sans se poser la moindre question puisqu'ils sont déjà intimement convaincus. Mais c'est eux qui traiteront les scientifiques, les vrais, de religieux. Inversion accusatoire quand tu nous tiens.
Je vous laisse visionner la vidéo dans sa totalité, moi je n'en ai pas eu le courage, ou plutôt les bâillements m'ont dissuadé de trop passer de temps dessus, au risque de m'éclater le nez sur le clavier.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire