jeudi 11 janvier 2018

L'Alaska, un laboratoire grandeur nature pour mesurer les impacts négatifs du réchauffement climatique

Pendant que certains, qui se réclament pourtant du « réalisme climatique », en sont encore à douter de l'importance du réchauffement climatique, quand ce n'est pas carrément de son existence, d'autres se remontent les manches et pensent à l'avenir en essayant de s'y préparer du mieux possible ; ce sont eux qui sont réalistes et préparent le monde de demain en se basant sur les connaissances d'aujourd'hui.

Ainsi le site Anchorage Daily News nous informe :
  • On Monday, the state Division of Public Health released the first comprehensive report about the adverse health impacts climate change could have on Alaskans.
    • Lundi, la Division d'État de la santé publique a publié le premier rapport complet sur les impacts sanitaires néfastes que les changements climatiques pourraient avoir sur les Alaskiens.
Ce rapport, Assessment of the Potential Health Impacts of  Climate Change in Alaska (Évaluation des impacts potentiels du changement climatique sur la santé en Alaska.) a effectivement été publié le 8 janvier dernier par un organisme officiel, le Département de la santé de l'Alaska, section épidémiologie ; il comporte 69 pages très détaillées essentiellement documentées par des médecins et nous dit en préambule les choses suivantes :
  • What is already known about this topic?
    Alaska is experiencing changes in climate, and temperatures in the state have warmed faster than the rest of the United States. Climate change has already affected human health in Alaska and additional impacts are likely to occur.
    • Que sait-on déjà sur ce sujet?
    • L'Alaska connaît des changements climatiques et les températures dans l'État se sont réchauffées plus rapidement que dans le reste des États-Unis. Le changement climatique a déjà affecté la santé humaine en Alaska et des impacts supplémentaires sont susceptibles de se produire.
  • What is added by this report?
    The impacts of climate change in Alaska have been well documented in historical, environmental, and regional contexts, but little has been published on the range of human health impacts statewide. This report provides a broad assessment of the potential adverse human health impacts of climate change in Alaska.
    This report is also intended to serve as a resource for communities to determine which adverse impacts of climate change are most likely to affect their residents and to help communities develop their own adaptation strategies for climate change.
    • Qu'est-ce qui est ajouté par ce rapport?
      Les impacts du changement climatique en Alaska ont été bien documentés dans des contextes historiques, environnementaux et régionaux, mais peu d'études ont été publiées sur l'ensemble des impacts sur la santé humaine à l'échelle de l'État. Ce rapport fournit une évaluation générale des impacts négatifs potentiels sur la santé humaine du changement climatique en Alaska.
      Ce rapport est également destiné à servir de ressource pour les communautés afin de déterminer quels impacts négatifs du changement climatique sont les plus susceptibles d'affecter leurs résidents et d'aider les communautés à développer leurs propres stratégies d'adaptation au changement climatique.
Nous sommes pourtant dans l'Etat de Sarah Palin, gouverneur de 2006 à 2009 et grande climatosceptique devant l'Eternel, qui connaissait bien la Russie parce qu'elle était capable de la voir depuis ses terres...

Il ne faut ainsi jamais désespérer de l'être humain, on trouve de tout et il faut faire avec, heureusement qu'il y en a qui ont un peu plus de jugeote que les autres, cela permet d'établir un certain équilibre afin d'arriver quand même parfois à faire des choses positives.

Le rapport tient donc pour acquis le fait que l'Alaska se réchauffe bien plus que le reste des Etats-Unis et que le réchauffement climatique entraine des risques supplémentaires pour la santé de ses habitants.

Il est par conséquent de son devoir de tenter de trouver des solutions, c'est pour cela que ces fonctionnaires du Département de la santé sont payés et on ne peut pas le leur reprocher ; ce genre d'étude est d'ailleurs fort peu susceptible d'être financé par les frères Koch, je me demande bien pourquoi...

Parmi les quelques « désagréments » notés dans le rapport le Anchorage Daily News recense les suivants :
  • Worsening mental health (Aggravation de la santé mentale)
  • More accidents and injuries (Plus d'accidents et de blessures)
  • More wildfires (Plus de feux de forêt)
  • West Nile Virus and ticks (Virus du Nil occidental et tiques)
  • Longer pollen seasons (Des saisons polliniques plus longues)
  • Damaged infrastructure (Infrastructure endommagée)
  • Increasingly difficult hunting (Chasse de plus en plus difficile)
Le dernier point est particulièrement sensible pour les habitants d'un Etat où la chasse est quasiment le sport favori, mais :
  • Thinning sea ice is making hunting more dangerous. Increasing temperatures could also make storing and harvesting wild foods more difficult. Higher air temperatures could increase cases of foodborne botulism if foods are not properly prepared and stored in a way that prevents them from spoiling.
    • L'amincissement de la glace de mer rend la chasse plus dangereuse. L'augmentation des températures pourrait également rendre plus difficile le stockage et la récolte des aliments sauvages. Des températures de l'air plus élevées pourraient augmenter le nombre de cas de botulisme d'origine alimentaire si les aliments ne sont pas correctement préparés et entreposés de manière à les empêcher de se détériorer.
Pourtant Sarah Palin devrait se sentir concernée...mais il est vrai que le climatoscepticisme rend aveugle même aux évidences les plus éclatantes, question d'idéologie probablement.

Ce Health Impact Assessment (HIA) ne concerne que l'Alaska, mais peut très bien être utilisé pour extrapoler les problèmes de santé à d'autres régions sur certains points, comme par exemple la santé mentale, les incendies de forêts, les virus et autres parasites ou les saisons polliniques allongées ; d'autres points s'adresseront davantage à des régions similaires comme la Sibérie en ce qui concerne les infrastructures endommagées à cause du pergélisol, comme indiqué dans cet article :
  • La fonte du pergélisol peut provoquer de sérieux problèmes. En Russie, certaines stations nucléaires ont été construites sur ces sols gelés. Leur fonte pourrait non seulement endommager les bâtiments, mais aussi les infrastructures électriques, les pylônes. Si une centrale nucléaire n'est plus alimentée en électricité, on court à la catastrophe.
Mais sans aller jusqu'à de pareilles extrémités, Le Figaro nous parle des immeubles où vivent des habitants qui ne se doutent peut-être pas de ce qui les attend :
  • Le réchauffement climatique menace la faune, la flore mais aussi les bâtiments selon une récente étude relayée par le Siberian Times.
  • À en croire une analyse russo-américaine, dans le pire des cas, on pourrait assister à une réduction de 75% à 95% de la portance des sols, c’est-à-dire de leur capacité à supporter le poids de constructions, à l’horizon 2050. Forcément, l’étude en conclut que «le dégel du pergélisol peut potentiellement mener à la déformation et à l’effondrement des structures». Même si ces zones ne sont pas densément peuplées, elles couvrent 63% du territoire russe.
  • Un risque qui pèse aussi bien sur les immeubles d’habitation que sur les constructions industrielles et les infrastructures. Et le temps presse déjà car si les villes de Iakoutsk et Norilsk ne devraient être touchées que vers les années 2040, d’autres comme Salekhard et Anadyr devraient subir de rapides changements dès 2025, toujours selon cette étude financée par la Fondation russe pour les sciences et la US National Science Foundation.
  • D’ailleurs la région observe déjà régulièrement des fissures voire des effondrements de bâtiments fragilisés par des mouvements de sol.
Et quand je vois les fissures provoquées à certains endroits de ma modeste maison par le phénomène de retrait-gonflement des sols argileux, je ne peux que souscrire à l'inquiétude de ceux qui vivent sur des sols en cours de dégel :

Fissures rendant la fermeture de ma porte-fenêtre « compliquée »...
Et voici ce que cela donne à l'intérieur, avec un magnifique décrochage du mur par rapport au plafond !

Donc oui, personnellement je « crois » aux effets négatifs du réchauffement climatique, je peux les constater de visu chez moi (sans parler des chenilles processionnaires...)

L'Alaska est donc bien pour moi une espèce de laboratoire grandeur nature dans lequel non seulement on peut constater les dégâts causés par le réchauffement climatique, mais également où l'on pourra apprécier les efforts et les résultats éventuellement obtenus dans la lutte contre ce réchauffement.

Le rapport mentionne une série d'indicateurs du réchauffement climatique, et l'on retrouve sans surprise ce que l'on connaît déjà trop bien :
  • Temperature
  • Precipitation
  • Weather patterns
  • Sea ice
  • Glaciers
  • Permafrost
  • Sea levels
Chacun de ces indicateurs est ensuite repris à plusieurs reprises dans le rapport dans plusieurs chapitres :
  • Evidence of Climate Change in Alaska (Preuve du changement climatique en Alaska)
  • Climate Change Predictions for Alaska (Prédictions des changements climatiques pour l'Alaska)
  • Mental Health and Wellbeing (Santé mentale et bien-être)
  • Accidents and Injuries (Accidents et blessures)
  • Etc. en reprenant les « désagréments » déjà mentionnés plus haut.

Avec quelques jours de retard...

L'Alaska fait partie des Etats-Unis qui n'ont rien d'un régime communiste (cela se saurait) cependant on peut lire dans l'article du Anchorage Daily News :
  • Yoder said climate change will impact Alaska communities in different ways. She and McLaughlin said they hope local communities will use the new report to prioritize the potential health impacts of climate change most relevant to them. For each impact, they said the communities should determine the expected timing and magnitude.
    • Yoder (l'auteure du rapport) a déclaré que le changement climatique aura un impact différent sur les communautés de l'Alaska. Elle et McLaughlin ont dit espérer que les communautés locales utiliseront le nouveau rapport pour classer par ordre de priorité les impacts potentiels sur la santé du changement climatique qui les concernent le plus. Pour chaque impact, ils ont dit que les communautés devraient déterminer le moment et l'ampleur attendus.
  • "Communities should prepare to help people cope with these changes," McLaughlin said.
    • « Les communautés devraient se préparer à aider les gens à faire face à ces changements », a déclaré McLaughlin.
Comme quoi même aux Etats-Unis la « communauté » est une notion qui revêt une réalité ; et on peut dire que les habitants de l'Alaska sont réellement climatoréalistes, eux.


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