Une étude vient de paraitre pour nous dire qu'en plantant 500 milliards d'arbres on pourrait réduire de 25% le stock de carbone mais que si nous ne faisons rien la couverture en forêts pourrait diminuer de 223 millions d'hectares d'ici 2050 ; l'étude s'intitule The global tree restoration potential et voici sa présentation et son résumé :
De plus, une grande partie des zones identifiées pour bénéficier d'un éventuel programme de (re)forestation est constituée de prairies déjà utilisées pour produire du lait et de la viande… Cependant l'agroforesterie permettrait parait-il de résoudre ce problème.
Mais un autre site met un sérieux bémol à ce projet, il s'agit de Mother Jones qui dans Trees Will Not Save Us From Climate Change nous montre un graphique à méditer :
Nous avons déjà émis, en 2019, un peu plus de 400 milliards de tonnes de carbone depuis le début du 20ème siècle (en fait depuis les débuts de la révolution industrielle, mais jusqu'en 1900 cela ne se voyait guère…) et au train où vont les choses nous allons très probablement en émettre plus de 200 milliards de tonnes supplémentaires d'ici 2040 pour atteindre environ 650 milliards de tonnes plus ou moins quelques brouettes cumulées.
A supposer que tous les pays se prennent par la main et s'y mettent tout de suite, tout de suite signifiant maintenant et pas aux calendes grecques, comme il faut au grand minimum un demi siècle pour que les arbres arrivent à maturité vous pouvez prendre votre calculette pour essayer de trouver le carbone qui aura effectivement été retiré dans l'affaire d'ici la fin de ce siècle.
Bon là il me semble qu'il s'est un peu trompé dans les mesures et qu'il voulait dire mille milliards de tonnes (a thousand gigatonnes) ou mille gigatonnes, mais le résultat quoi qu'il en soit serait négligeable, « les arbres ne feraient qu'une petite différence » nous dit-il.
Ce n'est cependant pas une raison pour ne pas planter d'arbres, le plus d'arbres possibles, à condition de trouver le terrain disponible et d'entretenir les jeunes plans (pour éviter par exemple qu'ils se fassent bouffer par des cervidés ou autres cochonneries), de les arroser suffisamment (ne pas oublier que la température va de toute façon monter, monter…) et de les protéger contre les intempéries qui seront de plus en plus violentes, un beau programme !
Mais en continuant comme si de rien n'était à produire et consommer comme des morfalous tout en incitant les populations du monde à faire et vivre comme nous, planter des arbres serait un peu comme pisser dans la Méditerranée pour faire monter son niveau, cela n'empêchera pas les nombreux migrants de débarquer sur nos côtes et de présenter l'addition à nos enfants.
Le potentiel du couvert forestier mondial
La restauration des terres forestières à l'échelle mondiale pourrait aider à capter le carbone atmosphérique et à atténuer les changements climatiques. Bastin et al. ont utilisé des mesures directes du couvert forestier pour générer un modèle du potentiel de restauration forestière à travers le monde (voir la perspective de Chazdon et Brancalion). Leurs cartes spatialement explicites montrent combien d'arbres supplémentaires pourraient exister en dehors des forêts et des terres agricoles et urbaines existantes. Les écosystèmes pourraient soutenir 0,9 milliard d'hectares supplémentaires de forêt continue. Cela représenterait une augmentation de plus de 25 % de la superficie forestière, dont plus de 500 milliards d'arbres et plus de 200 gigatonnes de carbone supplémentaire à maturité. Un tel changement a le potentiel de réduire le réservoir de carbone atmosphérique d'environ 25 %.
Résumé
La restauration des arbres reste l'une des stratégies les plus efficaces pour atténuer les changements climatiques. Nous avons cartographié la couverture mondiale potentielle des arbres pour montrer que 4,4 milliards d'hectares de couvert forestier pourraient exister sous le climat actuel. En excluant les arbres existants et les zones agricoles et urbaines, nous avons constaté qu'il y a de la place pour 0,9 milliard d'hectares supplémentaires de couvert forestier, ce qui pourrait stocker 205 gigatonnes de carbone dans des zones qui seraient naturellement favorables aux forêts et aux étendues de boisées. Cela montre que la restauration des arbres à l'échelle mondiale est la solution la plus efficace que nous ayons trouvée jusqu'à présent pour lutter contre les changements climatiques. Cependant, le changement climatique modifiera cette couverture potentielle d'arbres. Nous estimons que si nous ne pouvons pas nous écarter de la trajectoire actuelle, le couvert forestier mondial potentiel pourrait diminuer d'environ 223 millions d'hectares d'ici 2050, la grande majorité des pertes se produisant sous les tropiques. Nos résultats mettent en évidence l'opportunité d'atténuer le changement climatique par la restauration globale des arbres, mais aussi l'urgence d'agir.Pour le site Clean Technica c'est la solution idéale, ils l'exposent dans Got An Overheating Planet? Plant 1 Trillion Trees. Problem Solved d'une manière très optimiste :
“This new quantitative evaluation shows [forest] restoration isn’t just one of our climate change solutions, it is overwhelmingly the top one,” lead researcher Tom Crowther of ETH Zürich in Switzerland tells The Guardian.
En dépit de cet optimisme affiché, quelques petits soucis se présentent au portillon ; par exemple, il faudrait de 50 à 100 ans pour obtenir le résultat des 205 gigatonnes de carbone séquestrées, ce qui, en tenant compte des délais de réaction et de décisions, mais aussi du fait que tout le monde ne jouera pas le jeu (on voit mal un Bolsonaro participer à ce programme…), douche légèrement l'enthousiasme que cette étude peut éventuellement provoquer."Cette nouvelle évaluation quantitative montre que la restauration [des forêts] n'est pas seulement l'une de nos solutions au changement climatique, c'est surtout la plus importante ", déclare Tom Crowther, chercheur principal à l'ETH Zurich (Suisse), au Guardian.
De plus, une grande partie des zones identifiées pour bénéficier d'un éventuel programme de (re)forestation est constituée de prairies déjà utilisées pour produire du lait et de la viande… Cependant l'agroforesterie permettrait parait-il de résoudre ce problème.
Mais un autre site met un sérieux bémol à ce projet, il s'agit de Mother Jones qui dans Trees Will Not Save Us From Climate Change nous montre un graphique à méditer :
Emissions cumulées de carbone (source globalcarbonproject) |
Nous avons déjà émis, en 2019, un peu plus de 400 milliards de tonnes de carbone depuis le début du 20ème siècle (en fait depuis les débuts de la révolution industrielle, mais jusqu'en 1900 cela ne se voyait guère…) et au train où vont les choses nous allons très probablement en émettre plus de 200 milliards de tonnes supplémentaires d'ici 2040 pour atteindre environ 650 milliards de tonnes plus ou moins quelques brouettes cumulées.
A supposer que tous les pays se prennent par la main et s'y mettent tout de suite, tout de suite signifiant maintenant et pas aux calendes grecques, comme il faut au grand minimum un demi siècle pour que les arbres arrivent à maturité vous pouvez prendre votre calculette pour essayer de trouver le carbone qui aura effectivement été retiré dans l'affaire d'ici la fin de ce siècle.
Kevin Drum nous dit que si pendant le temps de croissance de ces forêts additionnelles nous ne faisons rien pour réduire nos émissions, ce sont pas moins de 500 milliards de tonnes de carbone qui seraient rajoutées dans l'atmosphère, portant le total cumulé à environ un milliard de milliards de tonnes ! (total emissions of about a billion gigatonnes of carbon)
Ce n'est cependant pas une raison pour ne pas planter d'arbres, le plus d'arbres possibles, à condition de trouver le terrain disponible et d'entretenir les jeunes plans (pour éviter par exemple qu'ils se fassent bouffer par des cervidés ou autres cochonneries), de les arroser suffisamment (ne pas oublier que la température va de toute façon monter, monter…) et de les protéger contre les intempéries qui seront de plus en plus violentes, un beau programme !
Mais en continuant comme si de rien n'était à produire et consommer comme des morfalous tout en incitant les populations du monde à faire et vivre comme nous, planter des arbres serait un peu comme pisser dans la Méditerranée pour faire monter son niveau, cela n'empêchera pas les nombreux migrants de débarquer sur nos côtes et de présenter l'addition à nos enfants.
Article à prendre avec d'énormes pincettes, surtout quand on sait que l'océan est, et de loin, le principal puits de carbone de la planète et que son réchauffement diminue sa capacité à absorber le CO2.
RépondreSupprimerVous avez parfaitement raison, cependant je pense que les auteurs de l'étude, ainsi que Kevin Drum qui y met un bémol, sont au courant et qu'ils en ont tenu compte dans leurs calculs (comme je n'ai pas accès à la totalité de l'étude il est difficile d'être affirmatif)
SupprimerC'est marrant, j'ai également vu de mon côté cette étude énormément commentée par la communauté scientifique.
RépondreSupprimerComme vous le rappelez, planter des arbres, ce n'est effectivement pas la solution magique au changement climatique si l'on ne diminue pas nos émissions de CO2. Il ne faut pas confondre solution et partie de la solution. La solution, c'est un tout. Planter des arbres en fait partie, mais ce n'est pas suffisant si l'on ne change pas le système socio-économique en continuant d'émettre pour ensuite se justifier "c'est bon, regardez, on a planté des arbres !".
Il semble également y avoir confusion entre GtC et GtCO2, voir par exemple cette analyse https://twitter.com/hausfath/status/1147190442145898496
Good point !
SupprimerJe dois avouer que je me sens un peu dépassé par tous les calculs qui sont impliqués, il suffit de lire le fil de discussion sur le lien twitter de Zeke Hausfather et on s'aperçoit vite que c'est loin d'être simple…
Tout ce que j'ai compris à mon modeste niveau est que ce n'est pas en voulant « simplement » planter un milliard d'arbres qu'on va résoudre le problème du RCA.
Attendons un peu et je pense que nous aurons d'autres commentaires sur cette étude.
Voici un intéressant article sur Real Climate qui vient fortement relativiser l'intérêt de planter tous ces arbres : http://www.realclimate.org/index.php/archives/2019/07/can-planting-trees-save-our-climate/
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