vendredi 26 juillet 2019

Rien de vraiment nouveau sous le soleil

On fait grand cas actuellement de deux études qui viennent de paraitre quasi simultanément le 24 juillet dernier :
Pour faire bref, la première étude, issue du consortium Pages 2K, nous confirme que le réchauffement actuel est inédit depuis 2000 ans (The largest warming trends at timescales of 20 years and longer occur during the second half of the twentieth century, highlighting the unusual character of the warming in recent decades) alors que l'autre étude nous dit simplement que ce que nous appelons familièrement l'optimum climatique médiéval et le petit âge glaciaire n'avaient rien de global quand ils se sont produits, alors que le réchauffement actuel concerne quasiment l'ensemble de la planète (strong evidence that anthropogenic global warming is not only unparalleled in terms of absolute temperatures5, but also unprecedented in spatial consistency within the context of the past 2,000 years)

Ces deux études sont donc complémentaires, chacune éclairant notre « petit » problème sous un angle légèrement différent mais pourtant cohérent dans la conclusion générale que l'on peut en tirer : notre planète se réchauffe aujourd'hui dangereusement et cela n'a rien à voir avec des événements passés que certains voudraient nous présenter comme plus importants.

Pour les détails des résultats je vous renvoie à l'article de Johan Lorck, Le réchauffement climatique actuel plus rapide qu’au cours des 2 000 dernières années, qui nous explique les choses plus clairement que je ne pourrais le faire.

Ce que je voudrais souligner dans ce billet c'est que tout cela nous le savions en fait depuis 10 ans déjà, avec le papier de Michael Mann (et consorts !) intitulé Global Signatures and Dynamical Origins of the Little Ice Age and Medieval Climate Anomaly, paru en novembre 2009, dans lequel quasiment tout était écrit dans le résumé :
Global temperatures are known to have varied over the past 1500 years, but the spatial patterns have remained poorly defined. We used a global climate proxy network to reconstruct surface temperature patterns over this interval. The Medieval period is found to display warmth that matches or exceeds that of the past decade in some regions, but which falls well below recent levels globally. This period is marked by a tendency for La Niña–like conditions in the tropical Pacific. The coldest temperatures of the Little Ice Age are observed over the interval 1400 to 1700 C.E., with greatest cooling over the extratropical Northern Hemisphere continents. The patterns of temperature change imply dynamical responses of climate to natural radiative forcing changes involving El Niño and the North Atlantic Oscillation–Arctic Oscillation.
On sait que les températures mondiales ont varié au cours des 1500 dernières années, mais les configurations spatiales sont restées mal définies. Nous avons utilisé un réseau mondial d'approximation du climat pour reconstituer les profils de température de surface au cours de cet intervalle. La période médiévale se caractérise par une chaleur égale ou supérieure à celle de la dernière décennie dans certaines régions, mais qui se situe bien en deçà des niveaux récents à l'échelle mondiale. Cette période est marquée par une tendance aux conditions de type La Niña dans le Pacifique tropical. Les températures les plus froides du Petit Âge glaciaire sont observées entre 1400 et 1700 de notre ère, avec un refroidissement maximal sur les continents extratropicaux de l'hémisphère Nord. Les schémas de changement de température impliquent des réponses dynamiques du climat aux changements de forçage radiatif naturel impliquant El Niño et l'Oscillation de l'Atlantique Nord - Oscillation arctique.
Ainsi Mann nous informait que sur les 1500 dernières années (au lieu des 2000 dernières dans les récentes études) la température avait varié de manière inhomogène sur le globe ; on notera que ce que beaucoup appellent encore l'Optimum Climatique Médiéval prend le nom de Medieval Climatic Anomaly (MCA), c'est-à-dire en bon patois français l'Anomalie Climatique Médiévale, remplaçant donc optimum par anomalie, une anomalie qui n'était en rien générale.

On peut d'ailleurs observer la grande diversité qui régnait lors des deux périodes MCA (donc l'Anomalie Climatique Médiévale, des années 950 à 1250 de notre ère) et LIA (Little Ice Age, de 1400 à 1700) et en tirer la conclusion que notre ressenti d'Européens ne représentait qu'une toute petite partie de la situation globale qui était infiniment plus complexe :
Fig. 2. Schéma de température de surface reconstitué pour MCA (950 à 1250 E.C.) et LIA (1400 à 1700 E.C.). L'anomalie de température moyenne de surface (à gauche) et les pondérations relatives associées des divers enregistrements substitutifs utilisés (indiqués par la taille des symboles) pour la composante basse fréquence de la reconstruction (à droite) sont présentées. Les anomalies sont définies par rapport à la moyenne de la période de référence 1961-1990. La précision statistique est indiquée par l'hachurage [les régions qui réussissent les tests de validation au niveau P = 0,05 par rapport à RE (CE) sont notées par hachurage]. Le masque gris indique les régions pour lesquelles on ne dispose pas de données d'observation modernes à long terme de la température de surface à des fins d'étalonnage et de validation.

La courbe des températures pour l'hémisphère Nord est d'ailleurs suffisamment parlante, montrant pour cette partie de la planète de très légères variations pour les périodes concernées :
Fig. 1. Reconstitutions décennales de la température de surface. La moyenne des reconstructions de la température de surface a été calculée sur (A) l'ensemble de l'hémisphère Nord (NH), (B) la région AMO de l'Atlantique Nord[moyenne de la température de surface de la mer (SST) calculée sur l'océan Atlantique Nord définie par (30)], (C) la région PDO (Pacific Decadal Oscillation) Pacifique Nord (SST moyenne calculée sur la région Pacifique Centre Nord 22,5°N-57,5°N, 152,5°E-132,5°W tel que défini par (31)], et (D) région Niño3 (2,5°S-2,5°N, 92,5°W 147,5°W). Les ombres indiquent des intervalles de confiance à 95 %, fondés sur les estimations de l'incertitude dont il est question dans le texte. Les intervalles qui définissent le mieux l'AMC et l'AIL en fonction de la série moyenne hémisphérique NH sont indiqués par des cases rouges et bleues, respectivement. Aux fins de comparaison, les résultats sont également présentés pour les reconstructions parallèles (" triées ") qui sont basées sur un sous-ensemble de données indirectes qui réussissent le tri pour un signal de température local[voir (13) pour plus de détails]. La reconstruction des erreurs moyennes dans les variables (EIV) de l'hémisphère Nord (13) est également présentée à des fins de comparaison.
Traduit avec www.DeepL.com/Translator


Nous voyons par exemple que durant le MCA (950-1250) l'hémisphère Nord a été légèrement plus chaud que la moyenne pendant sa première moitié seulement, mais qu'ailleurs sur la planète, notamment dans le Pacifique, la température était nettement plus basse ; seul le Petit Age Glaciaire semble avoir eu un caractère relativement global, mais avec toutefois des nuances régionales notamment dans l'Atlantique Nord qui restait dans la moyenne durant la première moitié de l'épisode.

Quoi qu'il en soit les causes ayant entrainé tant l'anomalie médiévale que le rafraichissement postérieur n'ont évidemment rien à voir avec ce qui provoque le réchauffement actuel, lequel est provoqué par l'activité humaine, ce que beaucoup ont du mal à accepter ; c'est pourquoi les deux études parues récemment ne changeront pas grand chose au problème de déni qui plombe notre réflexion sur la question de savoir comment nous allons nous sortir du pétrin dans lequel nous nous sommes fourrés.

Mais il parait que ça porte chance...



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