lundi 7 mars 2022

Ainsi parla l'expert en vaccins de Lorgeril

 Afin de détendre un peu l'atmosphère un peu pesante de ces derniers jours nous pouvons éventuellement revenir sur le Covid-19, après tout il n'a pas totalement disparu, il y a toujours des morts mais quand même moins que ce qu'on peut escompter dans un pays situé à une paire d'heures d'avion de Paris.

Si vous ne le saviez pas nous avons en France un « expert en vaccins » en la personne du docteur Michel de Lorgeril ; c'est lui même qui nous l'annonce dans Épidémiologie de la COVID-19 en Mars 2022 : l’exemple d’Israël ! :

Comme expert en vaccins et autres produits de santé (et pas en infectiologie ou en virologie) et expert en méthodologie de l’évaluation des produits de santé (y compris les vaccins), je ne me permettrais que des commentaires et analyses succincts sur l’efficacité de la vaccination antiCOVID, notamment sur la mortalité COVID.

J'imagine que c'est parce qu'il a écrit neuf livres sur les vaccins qu'il se croit autorisé à se donner ce titre d'expert, donc feue Sylvie Simon, qui a écrit un certain nombre de livres sur la médecine et les vaccins (j'en ai compté 7 mais j'en ai peut-être oublié quelques uns) peut elle aussi être considérée comme une experte alors qu'elle n'était que journaliste avec un penchant assumé pour le paranormal.

Sur sa fiche Wikipédia (qu'il n'aime pas, allez savoir pourquoi...) il est dit que de Lorgeril 

est un médecin français, ex-chercheur au CNRS, et nutritionniste.

Et il est précisé un peu plus loin :

Il contribue par ailleurs à la désinformation à propos des vaccins.

On comprend qu'il n'aime pas.

Dans le billet du 5 mars cité plus haut, dans lequel il se déclare donc « expert en vaccins », il tente (une fois de plus) de montrer que la vaccination contre le Covid-19 n'a aucun effet contre la maladie et il choisit (une fois de plus) l'exemple d'Israel :

Examinons les données israéliennes puisque les gouvernants israéliens se sont présentés [sous les acclamations des plus doctes académiciens de chez nous] comme les champions du monde de la vaccination antiCOVID.

Nouveaux décès quotidiens en Israël

On admirera le professionnalisme de de Lorgeril qui montre un graphique sans légende (là c'est moi qui ai ajouté la légende en français) ni source (on ne sait pas d'où provient ce graphique) mais le plus déplorable dans l'affaire c'est l'analyse qu'il en tire :

Les données israéliennes montrent [que] les campagnes de vaccination successives n’ont pas diminué la fréquence des décès, c’est-à-dire les plus sévères des formes sévères.

Comme sophisme difficile de faire mieux !

Comment sait-il qu'en l'absence de toute vaccination la situation n'aurait pas été bien pire ?

Moi j'ai le sentiment qu'il n'a toujours pas compris certains principes comme par exemple le paradoxe de Simpson (très bien expliqué ici ou ), mais j'ai déjà à plusieurs reprises relevé les déficiences en calcul de notre « bon » docteur, je ne vais pas insister davantage.

Voici un article daté du 2 février dernier, Unvaccinated vs. boostered: What the COVID death toll from Israel reveals, dans lequel ce sont les Israéliens eux-mêmes qui s'expriment sur le sujet :

Some 680 Israelis died from COVID last month, with unvaccinated and partially vaccinated people over 60 making up a highly disproportionate number of cases, despite being only 12% of the overall age cohort
Quelque 680 Israéliens sont morts du COVID le mois dernier, les personnes de plus de 60 ans non vaccinées ou partiellement vaccinées représentant un nombre très disproportionné de cas, alors qu'elles ne constituent que 12 % de la cohorte d'âge globale.

Déjà dès le sous-titre nous avons quasiment la réponse, mais on peut compléter avec un graphique montré plus loin :

Décès dus au COVID chez les Israéliens de 60 ans et plus vaccinés et non vaccinés, pour 100 000 habitants.

Et le commentaire suivant permet de mettre les points sur les i :

Prof. Itamar Grotto, a former deputy director general of the Health Ministry, told Haaretz that “the chances of death could be 10 to 20 times more for the unvaccinated if you calculate it.”
Le professeur Itamar Grotto, ancien directeur général adjoint du ministère de la Santé, a déclaré à Haaretz que "les risques de décès pourraient être 10 à 20 fois plus élevés pour les personnes non vaccinées si on fait le calcul."

Autre chose que de Lorgeril n'a toujours pas pigée quand il dit :

Cette 5ème et terrible flambée est attribuée au variant Omicron que tous les experts considèrent pourtant comme le moins méchant de tous les variants et alors qu’une majorité de la population israélienne bénéficie sans doute d’une immunité naturelle due à une exposition « naturelle » au virus.

Ce n'est en effet pas parce qu'Omicron est « moins méchant » qu'il est moins mortel ! Comme il est bien plus contagieux que le variant Delta il y a davantage de personnes contaminées, donc même avec une létalité moindre que le Delta il en résulte une mortalité équivalente voire supérieure avec Omicron, surtout que le Delta n'a pas complètement disparu, loin s'en faut. Voici ce qu'en dit le professeur Itamar Grotto :

we’re seeing an increase in the number of COVID deaths in Israel since the beginning of January. On January 4, the seven-day average number of COVID deaths per day was four, but on February 2 it’s 39 – almost 10 times higher. [...] this death toll is partially related to the delta variant, but many cases are related to omicron. This means that although the omicron variant is milder, it is still causing a lot of illness and death due to its rapid spread.

nous constatons une augmentation du nombre de décès par COVID en Israël depuis le début du mois de janvier. Le 4 janvier, le nombre moyen de décès dus au COVID sur sept jours était de quatre, mais le 2 février, il est de 39, soit presque dix fois plus. [...] ce nombre de décès est partiellement lié à la variante delta, mais de nombreux cas sont liés à l'omicron. Cela signifie que, bien que la variante omicron soit plus bénigne, elle cause encore beaucoup de maladies et de décès en raison de sa propagation rapide.

Et il enfonce le clou dans le cercueil de de Lorgeril :

Grotto explained that the reason omicron is often milder is “at least partially” related to vaccination among the over 60s. According to ministry figures, on January 31 the death rate per 100,000 people for the over 60s stood at 16.3 for unvaccinated individuals, as opposed to 0.9 for the fully vaccinated.
M. Grotto a expliqué que la raison pour laquelle l'omicron est souvent plus bénin est "au moins partiellement" liée à la vaccination des plus de 60 ans. Selon les chiffres du ministère, au 31 janvier, le taux de mortalité pour 100 000 personnes chez les plus de 60 ans était de 16,3 pour les personnes non vaccinées, contre 0,9 pour les personnes entièrement vaccinées.

Une autre information que de Lorgeril ne voudra pas comprendre ; le 4 mars dernier (il y a 3 jours) paraissait dans Nature Waning of SARS-CoV-2 booster viral-load reduction effectiveness (Diminution de l'efficacité de la réduction de la charge virale du rappel du SRAS-CoV-2) avec cet extrait du résumé :

The rate and magnitude of this post-booster decline in viral-load reduction effectiveness mirror those observed post the second vaccine. These results suggest rapid waning of the booster’s effectiveness in reducing infectiousness, possibly affecting community-level spread of the virus.
Le taux et l'ampleur de ce déclin de l'efficacité de la réduction de la charge virale après le rappel reflètent ceux observés après le second vaccin. Ces résultats suggèrent un déclin rapide de l'efficacité du rappel en matière de réduction de l'infectiosité, ce qui pourrait affecter la propagation du virus au niveau communautaire.

Pour faire court, les vaccins et les rappels sont efficaces, mais pendant une certaine période seulement, ce qui explique qu'avec notamment le relâchement des « gestes barrières » une population puisse être à nouveau touchée par le virus.

Ce qui veut dire que plusieurs rappels sont nécessaires mais aussi que nous devrions toujours faire attention dans nos comportements, sans aller pour autant jusqu'à imposer des mesures excessivement drastiques, lesquelles s'avèrent contre-productives sur la durée (on en a tous marre de ce virus et de ce qu'il nous impose de faire ou ne pas faire)


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