samedi 15 mai 2021

Une question de taille qui aurait échappé à Didier Raoult ?

 Tout le monde sait que la taille c'est important. Je ne parle pas de la taille des haies, quoique, c'est justement le moment de les tailler et ce n'est pas facile avec toute la flotte qui nous tombe dessus, mais là n'est pas le sujet.

Si vous avez suivi un tantinet les aventures du petit Gaulois réfractaire dont le nom commence par Ra et finit par oult, vous savez à n'en pas douter qu'après nous avoir affirmé que le virus n'était pas dangereux, qu'il ne sortirait pas de Chine (remember les trottinettes ?), qu'il n'y aurait pas de deuxième vague, et donc pas de troisième itou, et puis qu'il avait de toute façon trouvé la tisane miracle qui allait tous nous sauver d'un petit rhume sans gravité, vous savez donc, disais-je, qu'une de ses nombreuses élucubrations consistait à nous seriner que le virus était MA-NU-POR-TE ! On nous le rappelait en octobre 2020 dans Coronavirus : Didier Raoult s'inquiète d'une nouvelle mutation plus virulente (lefigaro.fr) :

Sur l'aérosolisation du virus, Didier Raoult persiste : «Le risque d'exposition aéroportée est relativement faible à côté du risque d'exposition manuporté (transmis par les mains, NDLR)». 

Ce que certains « illuminés » contestaient vigoureusement :

Ce que contredisent de nombreux experts scientifiques, dont Lidia Morawska, spécialiste des aérosols, qui avait notamment affirmé au Figaro qu'«une bonne ventilation permettait d'évacuer le virus», et que le «risque (de contamination) augmentait si la personne infectée restait dans un lieu clos, diffusant des particules infectieuses de façon continue».

C'est vrai que quand on est « spécialiste des aérosols » c'est forcément qu'on n'y connait rien, contrairement à l'immense professeur Rahan qui, du haut de sa grande expérience en coups foireux et du fond de son omniscience allant de la poésie du haut Moyen Âge à l'élevage de l'alpaga dans la forêt primaire de Bornéo, nous assène sans aucun complexe que ce sont les mains idiot !

En novembre de la même année il persistait chez Ruquier, le titanesque journaliste scientifique toujours prêt à révéler au monde les dernières découvertes en médecine ou en culture de l'éponge de mer en milieu aquatique ; voir Didier Raoult : « Le gel ne sert à rien », l’infectiologue fait polémique chez Laurent Ruquier (maxisciences.com) :

Chez Didier Raoult, le masque n’emporte pas non plus les honneurs. Selon lui, il ne serait pas utile puisque le Coronavirus est manuporté, c’est-à-dire qu’il se transmet par les mains.

Bon Dieu ! Mais c'est...bien sûr ! se serait alors écrié le commissaire Bourrel depuis sa tombe, les masques on s'en fout puisque le virus est ma-nu-por-té ! Et voilà peut-être l'explication à la notable difficulté d'enrayer l'épidémie (quelle épidémie au passage ? nous dit Marc Girard qui en connait un rayon de vélocipède), les gens écoutent le grand savant (ou savon) de Marseille qui leur répète qu'ils ne doivent toucher à rien avec leurs mains mais qu'ils peuvent se faire la bise et chanter à tue-tête dans des rassemblements gigantesques étant donné qu'ils ne risquent pas de se refiler la bestiole par les airs puisque le virus est ma-nu-por-té je vous dis !

Pour redevenir un peu sérieux, la susnommée Lidia Morawska est citée dans un récent article intitulé The 60-Year-Old Scientific Screwup That Helped Covid Kill (L'erreur scientifique vieille de 60 ans qui a aidé le Covid à tuer) dans lequel on apprend ceci :

At one point, Lidia Morawska, a revered atmospheric physicist who had arranged the meeting, tried to explain how far infectious particles of different sizes could potentially travel. One of the WHO experts abruptly cut her off, telling her she was wrong, Marr recalls. His rudeness shocked her. “You just don’t argue with Lidia about physics,” she says.

À un moment donné, Lidia Morawska, une physicienne de l'atmosphère respectée qui avait organisé la réunion, a tenté d'expliquer la distance que des particules infectieuses de différentes tailles pouvaient potentiellement parcourir. L'un des experts de l'OMS l'a brusquement interrompue, lui disant qu'elle avait tort, se souvient Mme Marr. Son impolitesse l'a choquée. "On ne discute pas de physique avec Lidia", dit-elle.

La scène se passe le 3 avril 2020, la réunion a lieu en « distanciel » via l'application Zoom ; on aura compris qu'une représentante de l'Organisation mondiale de la santé (WHO) y participait, il s'agit en fait de Maria Van Kerkhove, la responsable technique de l'Organisation pour le Covid-19...

Ainsi notre Raoult national a, tout comme l'OMS en la personne de sa représentante en charge du Covid-19, soixante ans de retard si l'on en croit le titre de l'article !

En effet, pour en revenir à la question de la taille (qui je sais vous obsède depuis le début) voici ce que l'on peut en dire :

Morawska had spent more than two decades advising a different branch of the WHO on the impacts of air pollution. When it came to flecks of soot and ash belched out by smokestacks and tailpipes, the organization readily accepted the physics she was describing—that particles of many sizes can hang aloft, travel far, and be inhaled. Now, though, the WHO’s advisers seemed to be saying those same laws didn’t apply to virus-laced respiratory particles. To them, the word airborne only applied to particles smaller than 5 microns. Trapped in their group-specific jargon, the two camps on Zoom literally couldn’t understand one another.
Mme Morawska avait passé plus de vingt ans à conseiller une autre branche de l'OMS sur les effets de la pollution atmosphérique. Lorsqu'il s'agissait de particules de suie et de cendres éjectées par les cheminées et les pots d'échappement, l'organisation acceptait volontiers les principes physiques qu'elle décrivait, à savoir que des particules de toutes tailles peuvent s'élever, voyager loin et être inhalées. Mais aujourd'hui, les conseillers de l'OMS semblent dire que ces mêmes lois ne s'appliquent pas aux particules respiratoires chargées de virus. Pour eux, le mot "aérien" ne s'applique qu'aux particules inférieures à 5 microns. Coincés dans leur jargon spécifique, les deux camps de Zoom ne pouvaient littéralement pas se comprendre.

La voilà la taille qui a tant d'importance, 5 microns ! (Avouez que vous êtes rassurés, hein ?)

Je vous passe les détails et le reste du très long article que vous pourrez lire après vos cours d'anglais, voici quelles sont aujourd'hui les préconisations du CDC américain dans Scientific Brief: SARS-CoV-2 Transmission | CDC :

  • This science brief has been updated to reflect current knowledge about SARS-CoV-2 transmission and reformatted to be more concise.
  • Modes of SARS-CoV-2 transmission are now categorized as inhalation of virus, deposition of virus on exposed mucous membranes, and touching mucous membranes with soiled hands contaminated with virus.
  • Although how we understand transmission occurs has shifted, the ways to prevent infection with this virus have not. All prevention measures that CDC recommends remain effective for these forms of transmission.
Ce dossier scientifique a été mis à jour pour refléter les connaissances actuelles sur la transmission du SRAS-CoV-2 et reformaté pour être plus concis.

Les modes de transmission du SRAS-CoV-2 sont désormais classés comme suit : inhalation du virus, dépôt du virus sur les muqueuses exposées et contact des muqueuses avec des mains souillées par le virus.

Bien que la façon dont nous comprenons la transmission ait évolué, les moyens de prévenir l'infection par ce virus n'ont pas changé. Toutes les mesures de prévention recommandées par le CDC restent efficaces pour ces formes de transmission.

Et voici l'introduction du dossier à titre de résumé :

The principal mode by which people are infected with SARS-CoV-2 (the virus that causes COVID-19) is through exposure to respiratory fluids carrying infectious virus. Exposure occurs in three principal ways: (1) inhalation of very fine respiratory droplets and aerosol particles, (2) deposition of respiratory droplets and particles on exposed mucous membranes in the mouth, nose, or eye by direct splashes and sprays, and (3) touching mucous membranes with hands that have been soiled either directly by virus-containing respiratory fluids or indirectly by touching surfaces with virus on them.
Le principal mode d'infection par le SRAS-CoV-2 (le virus à l'origine du COVID-19) est l'exposition à des fluides respiratoires porteurs du virus infectieux. L'exposition se produit de trois façons principales : (1) inhalation de très fines gouttelettes respiratoires et de particules d'aérosol, (2) dépôt de gouttelettes et de particules respiratoires sur les muqueuses exposées de la bouche, du nez ou des yeux par des éclaboussures et des pulvérisations directes, et (3) contact des muqueuses avec des mains qui ont été souillées soit directement par des fluides respiratoires contenant le virus, soit indirectement en touchant des surfaces sur lesquelles se trouve le virus.

Mais Raoult vous le répètera inlassablement : le virus est ma-nu-por-té ! C’est-à-dire qu’il se transmet par les mains pour ceux qui n'auraient pas compris le sens de ce mot étrange qui semble faire référence à un certain Manu qui serait porté par on ne sait trop qui.

Bon il est vrai qu'en faisant appel à un peu de bon sens on aurait pu deviner ce qu'il en était depuis longtemps, avec les nombreux exemples où des personnes ayant été infectées n'ont pourtant apparemment pas touché grand chose susceptible d'être contaminé.

Attention Didier, la barbe est probablement corrompue par le virus !


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