vendredi 15 décembre 2017

Jean-Pierre Bardinet et les ours polaires, 6 ans après ça donne quoi ?

Notre vieil ami Jean-Pierre Bardinet, dont j'avais tracé le portrait ici en mentionnant un grand nombre de publications où il apparaissait tel un diable sortant de sa boite dès que le climat était évoqué de près ou de loin, est quelqu'un qu'on ne peut pas soupçonner d'être une girouette, il n'a jamais changé d'un iota dans ses non-argumentations et c'est toujours un plaisir de le retrouver dans des commentaires qui commencent à dater mais démontrent sa grande constance dans le climatonégatisme (terme inventé par moi à l'instant pour changer un peu du sempiternel climatoscepticisme)

Ainsi dans mon précédent billet intitulé Match Susan Crockford contre Steven Amstrup j'avais mentionné le lien vers un site qui titrait Ours polaire : nager pour survivre, et que voit-on dans les commentaires ?
  • jipebe29 dit : 1 août 2011 à 08h13
    • 1) La fonte de la glace arctique ne fait pas monter le niveau océanique (c’est un simple fait physique, découlant de l’application de la poussée d’Archimède).
    • 2) Les gaz triatomiques, dont le CO2, H2O vapeur, … sont des gaz émissifs : ils absorbent les IR (infra-rouges) émis par le sol, et réémettent des IR, mais jamais vers le sol plus chaud, sous peine de violer la seconde loi de la thermodynamique. Le rôle pivot du CO2 sur la température moyenne globale n’a jamais été prouvé. L’étude du passé montre que jamais le CO2 n’a généré une hausse significative de la température (en fait, chaque période de réchauffement a été suivie d’une augmentation du taux de CO2 troposphérique, avec un retard de 800 ans en moyenne). En outre, depuis 1999, la température moyenne globale (TMG) est stable, malgré l’augmentation continue du taux de CO2.
    • 3) La théorie de Fourier a été reprise à la fin du 19ème par le chimiste Arrhénius, qui, le premier, a émis l’hypothèse du rôle du CO2 sur l’effet de serre. Ces travaux d’Arrhénius ont été réfutés par les physiciens de son époque et mis aux oubliettes. Ils ont été, fort opportunément, remis à l’honneur par le GIEC qui devait impérativement « prouver » le rôle pivot du CO2 sur T, comme l’UNEP le lui avait demandé (bel esprit scientifique, qui consiste à donner une « solution » à un problème qui n’a pas encore été étudié en détail). A ce jour, cette hypothèse du rôle pivot du CO2 n’a jamais été validée.
    • 4) Les ours polaires ont survécu à l’Optimum Médiéval, plus chaud d’environ 2°C que de nos jours. Le long chemin parcouru par UN cas particulier n’a aucune valeur statistique et ne veut RIEN dire. Il faudrait étudier une population de plusieurs centaines d’ours, sur plusieurs années, en hiver comme en été boréal, pour pouvoir sortir un résultat crédible.
    • 5) Depuis 1999, la TMG est stable : il n’y a donc plus de réchauffement climatique global.http://www.woodfortrees.org/plot/hadcrut3vgl/from:1998/offset:-0.15/plot/gistemp/from:1998/offset:-0.24/plot/uah/from:1998/plot/rss/from:1998
    • Si la mer de glace arctique a une fonte plus prononcée au cours de l’été boréal, les causes en sont à rechercher au niveau régional (vents, courants marins, …).http://arctic.atmos.uiuc.edu/cryosphere/IMAGES/current.area.jpgPar contre, la mer de glace antarctique a augmenté notablement. http://arctic.atmos.uiuc.edu/cryosphere/IMAGES/current.anom.south.jpg
    • Kenavo, gente damoiselle
C'était donc il y a plus de 6 ans et nous pouvons aujourd'hui faire un constat assez significatif sur la compétence du sieur Bardinet : elle est inexistante en matière climatique.

Ainsi reprenons patiemment chacun des points relevés par notre négateur patenté.

1) La fonte de la glace arctique ne fait pas monter le niveau océanique (c’est un simple fait physique, découlant de l’application de la poussée d’Archimède).


Jean-Pierre Bardinet semble découvrir l'eau chaude, ou plutôt essaie de nous faire penser qu'il nous apprend quelque chose ; évidemment si l'on parle de la banquise, c'est-à-dire de l'eau de mer qui a gelé, sa fonte n'a qu'un effet non significatif sur la hausse du niveau des mers, seule l'expansion thermique due au réchauffement de l'eau participant dans une très faible mesure à cette hausse (si la banquise fond, l'eau se réchauffe avec la baisse de l'albédo)

La remarque de Bardinet vient de ce passage de l'article qu'il commente (c'est moi qui surligne en rouge) :
  • Le réchauffement climatique a bien des impacts dont notamment la fonte des glaces en Arctique. Ce phénomène a divers conséquences, pour l’Homme qui voit le niveau de la mer s’élever et gagner chaque jour un peu plus de terrain sur la Terre, mais également pour diverses espèces animales comme l’Ours polaire.
On notera que l'article parle non pas de la glace de mer (la banquise) mais "des glaces en Arctique", donc si l'on inclut le Groenland ainsi que l'Archipel arctique canadien, tous deux situés dans la zone arctique, nous avons affaire à de la "glace de terre", par conséquent la fonte de ces glaces contribue effectivement à faire monter le niveau océanique, contrairement à ce qu'affirme Bardinet.

2) Les gaz triatomiques, dont le CO2, H2O vapeur, … sont des gaz émissifs : ils absorbent les IR (infra-rouges) émis par le sol, et réémettent des IR, mais jamais vers le sol plus chaud, sous peine de violer la seconde loi de la thermodynamique. Le rôle pivot du CO2 sur la température moyenne globale n’a jamais été prouvé. L’étude du passé montre que jamais le CO2 n’a généré une hausse significative de la température (en fait, chaque période de réchauffement a été suivie d’une augmentation du taux de CO2 troposphérique, avec un retard de 800 ans en moyenne). En outre, depuis 1999, la température moyenne globale (TMG) est stable, malgré l’augmentation continue du taux de CO2.


Je ne suis pas qualifié pour réfuter ce tissu d'âneries, mais cela a été fait à de multiples reprises par bien plus compétent que moi ; la fameuse "violation du second principe de la thermodynamique" est un classique du genre qui suffit à elle-seule pour discréditer définitivement celui qui la met en avant pour réfuter le rôle du CO2 dans l'effet de serre ; quant au "rôle pivot du CO2 sur la température" qui n'aurait jamais été prouvé, Bardinet se garde bien de nous expliquer comment il se fait que température et CO2 ont une évolution symétrique en forme de crosse de hockey comme expliqué sur le site planet-terre de l'ENS de Lyon, avec les deux schémas suivants qui parlent d'eux-mêmes :

Évolution de la température.
Évolution de la concentration en CO2

Comme par hasard depuis les débuts de la révolution industrielle, et les quantités astronomiques de CO2 qui ont été ajoutées artificiellement dans l'atmosphère, la concentration en CO2 est passée de 280ppm à plus de 400ppm (les graphes ci-dessus s'arrêtent à l'an 2000), soit une augmentation de plus de 40% en quelques 150 ans, et dans le même temps la température moyenne a augmenté de près de 1°C ; et tout ce que trouve Bardinet comme explication c'est de nous dire que dans le lointain passé c'est la température qui précédait le CO2, ce qui est vrai mais totalement hors sujet aujourd'hui.

Enfin Bardinet n'a apparemment pas compris (ou fait semblant de ne pas comprendre) que la température ne suit pas le CO2 comme un petit chien suit son maitre, il ignore la variabilité naturelle, comme le volcanisme, l'activité solaire ou les oscillations pacifique et nord-atlantique, qui peuvent perturber temporairement sur le court-terme la hausse des températures induite par la hausse du taux de CO2.

Ce qui est particulièrement cocasse, et montre la totale incompétence de Bardinet, c'est que quand il affirme que « chaque période de réchauffement a été suivie d’une augmentation du taux de CO2 troposphérique, avec un retard de 800 ans en moyenne » il se base sur les travaux de Jean Jouzel et Claude Lorius (par exemple Climat et atmosphère au Quaternaire : de nouveaux carottages glaciaires) qui ne sont pas spécialement climatosceptiques comme lui !

3) La théorie de Fourier a été reprise à la fin du 19ème par le chimiste Arrhénius, qui, le premier, a émis l’hypothèse du rôle du CO2 sur l’effet de serre. Ces travaux d’Arrhénius ont été réfutés par les physiciens de son époque et mis aux oubliettes. Ils ont été, fort opportunément, remis à l’honneur par le GIEC qui devait impérativement « prouver » le rôle pivot du CO2 sur T, comme l’UNEP le lui avait demandé (bel esprit scientifique, qui consiste à donner une « solution » à un problème qui n’a pas encore été étudié en détail). A ce jour, cette hypothèse du rôle pivot du CO2 n’a jamais été validée.


Là encore Bardinet nous montre son incompétence ou sa mauvaise foi (au choix) ; Svante Arrhenius, prix Nobel de chimie en 1903, s'est peut-être trompé sur certains aspects, mais il travaillait sans ordinateur, lui, et finalement son estimation de la sensibilité climatique de 5°C (suite au doublement du taux de CO2) n'était pas si éloignée que cela de ce que l'on pense aujourd'hui (de 2°C à 4,5°C) ; et s'il s'est trompé c'est surtout qu'il pensait que l'augmentation de température se ferait sur une longue durée (environ 3000 ans) alors qu'on constate qu'elle s'effectue bien plus rapidement (environ un siècle seulement) ; on apprend également que sa loi sur l'effet de serre (Si la quantité d’acide carbonique augmente en progression géométrique, l’augmentation de la température suivra, presque avec une progression arithmétique) a été validée et simplifiée récemment, en 1998, par un certain Gunnar Myhre avec la formule ΔF = α ln(C/C0) (ne m'en demandez pas davantage...) ; donc s'il faut jeter quelque chose ou quelqu'un aux oubliettes, c'est bien le sieur Bardinet.

Quant au GIEC sa mission n'a jamais été de « prouver » le rôle du CO2, la preuve ayant été apportée depuis belle lurette quand le GIEC a été créé en 1988 ; la mission du GIEC est clairement définie sur son site :
  • Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade.
  • Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est le principal organe international chargé d’évaluer le changement climatique. Il a été créé en 1988 par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) pour fournir au monde une vision scientifique claire de l’état actuel des connaissances en matière de changements climatiques et de leur incidence potentielle sur l’environnement et la sphère socio-économique.
  • Le GIEC est un organe scientifique. Il a pour mission d'examiner et évaluer les données scientifiques, techniques et socio-économiques les plus récentes publiées dans le monde et utile à la compréhension des changements climatiques. Il n’est pas chargé de conduire des travaux de recherche, ni de suivre l’évolution des données ou paramètres climatologiques.
 Et là aussi Bardinet se garde bien de donner la moindre référence sur le fait que l'UNEP aurait soi-disant demandé au GIEC de « prouver » quoi que ce soit.

 4) Les ours polaires ont survécu à l’Optimum Médiéval, plus chaud d’environ 2°C que de nos jours. Le long chemin parcouru par UN cas particulier n’a aucune valeur statistique et ne veut RIEN dire. Il faudrait étudier une population de plusieurs centaines d’ours, sur plusieurs années, en hiver comme en été boréal, pour pouvoir sortir un résultat crédible.


Ah nous y voilà, les ours polaires ont survécu dans le passé, à une époque où soi-disant la température était plus élevée qu'aujourd'hui de 2°C, ce qui ne repose sur rien de scientifiquement avéré, au contraire, tout montre que la température aujourd'hui n'a jamais été aussi élevée depuis au moins 2000 ans (voir courbes plus haut) et certainement depuis bien plus longtemps encore ; mais l'Homme a aussi survécu à différents cataclysmes, ses lointains ancêtres ont par exemple échappé à l'extinction qui a frappé les dinosaures il y a 65 millions d'années, est-ce pour autant que l'on peut en déduire que l'Homme ne pourra jamais disparaître ? Bien d'autres espèces qui ont réussi à passer à travers les mailles de cette dernière grande extinction ont disparu depuis, soit naturellement soit à cause de nous les hommes, par conséquent le fait que les ours polaires aient survécu dans le passé n'est en rien une preuve de quoi que ce soit en ce qui concernerait leur avenir immédiat.

Et la leçon de statistique de Bardinet est certes intéressante, ce n'est même pas faux comme aurait dit Wolfgang Pauli, malheureusement on peut penser qu'il y a bien plus qu'un seul cas d'ourse polaire "forcée à parcourir 700 kilomètres à la nage", tous les ours, loin de là, n'étant pas munis d'un GPS permettant de les suivre à la trace et de constater la nature de leurs déplacements ; si sur 70 ours munis d'un GPS un seul a effectué 700 kilomètres à la nage, l'article mentionne quand même :
  • D’ailleurs, parmi les onze ourses polaires accompagnées de leur petit à avoir parcouru une grande distance à la nage (plus de 50 kilomètres), seules 5 ont réussi à s’en sortir avec leur petit.
Maintenant essayons d'extrapoler ces chiffres à l'ensemble de la population d'ours polaires, soit environ 20-25000 individus, et faisons l'effort de nous imaginer ce que cela va être dans le futur proche avec la disparition programmée de la banquise pendant une grande partie de l'année, entrainant de grandes difficultés pour les ours en quête de nourriture, et nous voyons le tableau qu'un Jean-Pierre Bardinet est totalement incapable de visualiser.

5) Depuis 1999, la TMG est stable : il n’y a donc plus de réchauffement climatique global.woodfortrees


Ici nous touchons au grand comique que les climatosceptiques tels que Bardinet sont capables d'exhiber sans même s'en rendre compte.

Souvenons-nous que le commentaire de notre faux sceptique date du 1er août 2011, donc les courbes issues de woodfortree devaient ressembler à ceci :

Evolution des températures de 1998 à 2011, source woodfortrees

Effectivement à l'époque on pouvait supposer, surtout en partant de l'exceptionnellement chaude année 1998, que les températures s'étaient stabilisées, malheureusement pour notre manipulateur de courbes patenté, si nous regardons les mêmes courbes aujourd'hui voici ce que nous constatons :

Evolution des températures de 1998 à 2017, source woodfortrees

Et là c'est une tout autre histoire !

Mais c'est encore plus parlant quand on évite de manipuler les données et qu'on fait partir les courbes depuis le début :


Evolution des températures de 1860 à 2017, source woodfortrees

Et là on peut constater que l'on part de -0,5 environ, pour arriver aux alentours de +0,5, soit une augmentation de la température de 1°C sur un siècle et des poussières ; même en prenant les données satellitaires (UAH et RSS) qui ne sont pourtant disponibles que depuis 1979, on arrive à une augmentation de quelques 0,6°C (au pif) en seulement moins de 40 ans.

Je ne peux pas m'empêcher, pour exposer la mauvaise foi (ou la totale incompétence) de Jean-Pierre Bardinet, de montrer le graphique appelé "the escalator" :

Visions comparées réalistes versus climatosceptiques, actualisée ici à fin 2016

Si la mer de glace arctique a une fonte plus prononcée au cours de l’été boréal, les causes en sont à rechercher au niveau régional (vents, courants marins, …).http://arctic.atmos.uiuc.edu/cryosphere/IMAGES/current.area.jpgPar contre, la mer de glace antarctique a augmenté notablement. http://arctic.atmos.uiuc.edu/cryosphere/IMAGES/current.anom.south.jpg


Et Jean-Pierre Bardinet de terminer en beauté, avec non seulement deux liens cassés qui ne nous apprendront donc rien de plus (sur son incompétence ou sa mauvaise foi), mais également sur des affirmations fantaisistes dont l'une au moins ne résiste pas à l'épreuve du temps, à savoir la prétendue augmentation de la banquise antarctique :

Extension de la banquise de l'Antarctique, source ads.nipr.ac.jp.

Dur dur d'être confronté à l'épreuve du temps, je serai toujours là pour le rappeler aux comiques du genre de Jean-Pierre Bardinet.



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