dimanche 3 décembre 2017

Les 1240 raisons de poursuivre Rémy Prud'homme

Benoit Rittaud laisse de temps en temps les clés de son blog à des désinformateurs patentés, sous la même licence que lui, afin de raconter les mêmes âneries au même public.

Dans COP23 : Catastrophisme et finance publié le 1er décembre nous avons donc droit (c'est le cas de le dire, nous allons vite voir pourquoi) à un long laïus de Rémy Prud'homme tentant de faire croire aux benêts abonnés aux mythes et mancies du taulier (ou tôlier tellement c'est inconsistant) que la finance serait du côté des écolos, la preuve en quelques exemples où le mot écolo est employé :
  • À Paris, le sommet officiel à venir est résolument centré sur la finance. [...] Au moins trois des quatre « panels » prévus à ce « One Planet Summit » [...] traitent de finance [...] le quatrième (« renforcer les politiques publiques pour la transition écologique et solidaire ») [...]
  • Finies ces réunions de militants écolo [...] Place aux industriels et aux banquiers.
  • Un paradoxe amusant est que ce grand mouvement capitaliste a été porté et soutenu par des militants écologistes qui étaient généralement/initialement, et qui sont encore, fortement anti-capitalistes.
Et dans les commentaires les benêts abonnés s'en donnent à cœur joie :
  • Le , Roi Louis [...] dans de nombreux domaines, et pas seulement sur le climat, les puissances financières retournent les problématiques des écolos idéologues, scellant des alliances tacites (et souvent non perçues par les écologistes) contre nature. Les écolos sont alors les « idiots utiles  » de l’affaire. 
  • Le , Cédric Moro [...] D’ailleurs, les milieux populaires ne votent plus écolo depuis longtemps, pour ces raisons même (sic) [...]
Comme on peut le voit l'écolo a bon dos, c'est vrai qu'il est souvent bobo, l'écolo, mais de là à l'assimiler à la finance il faut quand même oser le faire, et ils le font les bougres.

Disclaimer : l'auteur du présent blog, le dénommé Géd, n'est pas et n'a jamais été écolo, écolo dans le sens politique et idéologique du terme bien sûr, autrement il trie ses déchets et essaye d'utiliser sa voiture le moins possible, car c'est meilleur pour la santé de marcher quand on va faire quelques courses au centre du village ; mais cela ne l'empêche pas de respecter ceux qui se prévalent du qualificatif "écolo" pour dénoncer les dérives du système économique dans lequel nous vivons (fin du disclaimer)

Mais venons-en au sujet du billet pour expliquer au final son titre (énigmatique ?)

Rémy Prud'homme exhibe son professionnalisme comme désinformateur en chef de la coterie franchouillarde des climato-irréalistes (titre qu'il dispute âprement à François Gervais, Benoit Rittaud et quelques autres) quand il nous balance carrément dès le début :
  • Catastrophe – Une fois de plus, on nous a répété que la planète est au bord du gouffre. Tout va mal, de plus en plus mal, il est sans doute même déjà trop tard : l’augmentation des températures est la cause de toutes sortes de maladies et attaque partout la santé, augmentant la mortalité et la morbidité ; la pluviométrie augmente dramatiquement, entraînant de plus en plus d’inondations et de glissements de terrain ; les productions agricoles sont gravement affectées, entraînant partout des famines meurtrières ; les cyclones sont de plus en plus nombreux et de plus en plus violents ; les réfugiés climatiques sont de plus en plus nombreux ; pour faire bonne mesure, on trouve même des politiciens responsables et des journalistes influents pour dire que le dérèglement climatique engendre des tremblements de terre et des tsunamis de plus en plus terribles. Et tout cela n’est rien à côté de ce qui nous attend dans les années à venir, qui n’est rien de moins que la fin de l’humanité.
Et pour bien enfoncer le clou (dans son cercueil ?) :
  • Toutes ces affirmations sont inexactes, et il est facile de le montrer.
Evidemment toutes ces affirmations, du moins celles qui proviennent des scientifiques (on laissera de côté les "politiciens responsables et journalistes influents"), sont parfaitement étayées par de nombreuses études que je ne vais pas détailler ici, car pour chaque contre-vérité il faudrait quasiment un long article de blog avec toutes les références requises et ce n'est pas vraiment le sujet ici (si l'on ne prend que le sujet des cyclones j'en ai déjà parlé à plusieurs reprises, et notamment ici, je ne vais pas y revenir) ; par contre notre ami Rémy Prud'homme, bien qu'affirmant que « il est facile de le montrer » ne s'aventurera jamais à réfuter une quelconque étude scientifique dont il conteste les résultats, tout simplement parce qu'il est incompétent en la matière et que son boulot est simplement de semer le doute dans l'esprit des benêts et autres gogos.

Cela nous renvoie d'ailleurs à mon précédent billet qui est plus que jamais d'actualité, Susan Crockford, la nouvelle égérie du climatoscepticisme ursusmaritime, dans lequel le lecteur intéressé pourra peut-être comprendre (c'est même pas sûr pour certains...) dans quelle catégorie se range la clique à Rittaud.

Nous en arrivons ici au sujet du billet quand Rémy Prud'homme fait étalage de ses immenses connaissances en droit civil :
  • [Les pays pauvres] appliquent le célèbre article 1382 du code civil français « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à la (sic) réparer », et demandent donc réparation.
En réalité l'article 1382 est écrit exactement comme suit :
  • Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer.
En droit en particulier, et dans la langue française en général, la ponctuation et la terminologie ont leur importance, ce qui échappe apparemment à notre climatosceptique certifié qui n'est pas spécialiste en précision lexicale et syntaxique ; d'autant plus qu'il se plante également sur le numéro de l'article puisqu'à partir du 1er octobre 2016 ce n'est plus le numéro 1382 mais le 1240 (on lui pardonnera de ne pas se tenir au courant, après tout il a fait sa spécialité de colporter des informations obsolètes dont certaines ont été maintes fois réfutées) qui serait maintenant écrit comme suit d'après legifrance :
  • Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer.
On remarquera qu'une virgule a sauté, mais que les deux premières persistent dans le nouvel article ; comme je n'ai pas la version papier du nouveau Dalloz je ne peux pas vérifier si legifrance reproduit correctement le texte de l'article, mais il est évident que c'est le « fait [...] qui cause à autrui un dommage, [qui] oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer » (réparer le dommage et non la faute...) ; si l'on ne respecte pas la ponctuation on en déduit que c'est « l'homme qui cause à autrui un dommage [...] » ce qui n'est pas tout à fait (sic) ce qu'a voulu dire le législateur ; par ailleurs Wikipédia mentionne bien la virgule entre les mots "arrivé" et "à" et donne la même version que le Dalloz en ma possession qui en est toujours à l'article 1382 : 
  • Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer.
Mais là n'est pas précisément le sujet du billet !

Dans mon Dalloz (édition 2016, page 1846) en complément de l'article 1382 (l'ouvrage a été imprimé en août 2015, soit juste avant la renumérotation de certains articles dont l'article en question) on peut lire au numéro 16 :
  • Falsification des faits. La rediffusion, en connaissance de cause, d'une information inexacte est constitutive d'une faute au sens de l'art. 1382 C. civ. Civ. 2e, 13 mars 1998 : Bull. civ. II, n°151. Indépendamment des dispositions spéciales concernant la presse et l'édition et eu égard au droit du public à l'information, l'auteur d'une oeuvre relatant des faits historiques engage sa responsabilité à l'égard des personnes concernées lorsque la présentation des thèses soutenues manifeste, par dénaturation, falsification ou négligence grave, un mépris flagrant pour la recherche de la vérité. Civ. 1re, 15 juin 1994 : Bull. civ. I, n°218.
On voit ici que falsifier des faits, c'est-à-dire par exemple mentir en racontant sciemment des bobards, est susceptible d'entrainer la responsabilité civile de l'auteur des bobards.

Mais pour que cette responsabilité civile soit engagée il faut certains éléments, comme dans toute bonne recette de cuisine :
  • une faute ;
  • un dommage entrainé par la faute ;
  • un auteur (ou des auteurs) de la faute ;
  • une personne (ou des personnes) qui subit (subissent) le dommage qui a été causé par l'auteur (ou les auteurs) de la faute.
  • La responsabilité civile est engagée, soit en raison de l'inexécution d'un contrat, soit en raison d'un acte volontaire ou non, entraînant pour la personne qui est fautive ou qui est légalement présumée fautive, l'obligation de réparer le dommage qui a été subi par une ou plusieurs autres.

Quant à la faute :
  • La "faute" est l'action volontaire ou non, ou encore l'omission qui porte atteinte au droit d'autrui en lui causant un dommage. En droit civil la doctrine fait une différence entre la faute dite quasi-délictuelle et la faute contractuelle.

En ce qui concerne le sujet de ce billet, qui vous l'avez compris se nomme Rémy Prud'homme et Cie., il s'agit bien sûr de faute dite quasi-délictuelle, définie comme suit :
  • L'expression faute quasi-délictuelle, désigne la cause du dommage moral, physique ou patrimonial qui s'est réalisée hors de toute relation contractuelle, notamment par la négligence ou l'impéritie de son auteur. La commission par la victime, d'une faute qui a provoqué, facilité ou aggravé les conséquences du dommage qu'elle a subi amène les juges à diminuer et même à réduire à néant la réparation à laquelle elle prétend.

Ce dernier point est particulièrement important ; imaginons un climatosceptique lambda, que nous appellerons monsieur B (comme benêt), qui sur les conseils de désinformateurs comme Prud'homme ou Rittaud, déciderait de s'installer comme agriculteur dans une zone soumise au risque cyclonique, persuadé que le réchauffement climatique n'existe pas et donc qu'il ne peut y avoir aucune conséquence néfaste à son encontre, et soit un jour à la fois victime :
  • d'un cyclone exceptionnellement violent ayant détruit sa maison et ruiné ses récoltes ;
  • d'un glissement de terrain emportant son principal entrepôt, causé par les pluies diluviennes entrainées par l'ouragan ;
  • d'un afflux de réfugiés climatiques venant de zones plus sinistrées que la sienne et cherchant à s'établir sur ses terres ;
  • d'infections liées à une épidémie causée par la migration de parasites initialement absents de son territoire ;
  • d'un divorce, sa femme ne supportant plus de vivre avec quelqu'un d'aussi godiche gobant n'importe quelle fadaise correspondant à son idéologie (la femme avait la même idéologie, mais plus intelligente elle s'est rendue compte que c'était une ânerie)
On pourrait penser que monsieur B serait en droit de chercher réparation au civil auprès de la bande à Rittaud, mais non, il serait très probablement débouté parce que par sa bêtise il aurait « provoqué, facilité ou aggravé les conséquences du dommage » qu'il a subi.

Bon plus sérieusement (ce qui précède n'était qu'une boutade, mais vous l'aviez compris, n'est-ce pas ?) il est en l'état actuel des choses très improbable que quelqu'un comme Rémy Prud'homme puisse être poursuivi devant les tribunaux pour les fadaises qu'il colporte, car une éventuelle victime devrait prouver que le dommage qu'elle a subi a été causé par la faute, pourtant réelle, de Rémy Prud'homme qui se livre régulièrement à la falsification d'informations destinées au public ; je vous redis le passage au cas où vous l'auriez déjà oublié :
  • La rediffusion, en connaissance de cause, d'une information inexacte est constitutive d'une faute.
C'est en toutes lettres écrit dans le code civil dont Rémy Prud'homme vous a lui-même cité l'article qui l'incrimine.

Vous aurez je pense aussi remarqué que la deuxième partie se référait à « des faits historiques » et concernait particulièrement ceux que l'on appelle des négationnistes ; pour l'instant le mot de négationnisme est réservé à ceux qui nient la réalité de l'holocauste, c'est-à-dire la tentative de génocide contre les Juifs et les Tziganes, mais bientôt, peut-être, ce mot pourra également désigner toute personne niant une réalité qui s'impose à tous par son évidence, par exemple le fait que la cigarette est mauvaise pour la santé, que la vitesse est un facteur de risque au volant, que les produits chimiques déversés dans nos champs ont des effets délétères pour notre santé, ou, au hasard, que le CO2 que nous injectons en grandes quantités dans l'atmosphère provoque une hausse anormale de la température moyenne de la Terre et a des effets divers négatifs, voire néfastes, comme par exemple la hausse du niveau des mers et des sécheresses et inondations accrues entrainant de nombreuses migrations climatiques parmi les populations les plus défavorisées de la planète (les riches continueront de se porter plutôt bien, ils auront les moyens de s'adapter, eux)

Nous pourrions avoir ainsi les éléments de langage suivants :
  • négationnistes des génocides des Arméniens, des Tutsis, des Indiens d'Amérique, des Aborigènes d'Australie, des Bosniaques, etc.
  • négationnistes des effets délétères de l'amiante, du glyphosate, des statines, etc.
  • négationnistes de la réalité du trou de la couche d'ozone, de l'effet de serre, de l'effet de serre anthropique, etc.
  • négationnistes de la Shoah.
En effet, par quoi dans les cas cités ci-dessus remplacer le mot "négationnistes" ?

Sceptiques ? Révisionnistes ? Réformistes ? Anticonformistes ?

Allons donc, un peu de sérieux s'il vous plait !





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