dimanche 24 décembre 2017

L'année 2017 se termine avec un nouveau record

On peut toujours discuter de la réalité des records concernant la saison cyclonique en Atlantique Nord, avec la série Harvey, Irma, Maria et Ophélia, après tout Météo France nous dit :
  • S'étendant officiellement entre le 1er juin et le 30 novembre, la saison cyclonique en Atlantique-Nord est désormais terminée. Il s'agit tout simplement de la 5e saison la plus active des 100 dernières années.
Ce qui veut dire qu'il y a eu 4 saisons plus actives auparavant, qu'on peut essayer de trouver avec le graphique suivant :

Indice ACE depuis 1918.

Oui je sais, c'est assez facile, les années sont clairement indiquées et la plus "active" a été l'année 1933 avec un indice ACE de 259 ; d'où les fanfaronnades des climatosceptiques de tout poil qui vous clament à la figure « vous voyez bien que l'année 2017 n'a pas été exceptionnelle », « le climat a toujours changé », « il y a toujours eu des cyclones plus dévastateurs que ceux d'aujourd'hui », etc.

Oui mais voilà, l'indice ACE est un indicateur parmi d'autres, qu'on doit regarder avec sérieux mais sans ignorer qu'il n'est pas le seul à exister.

Par exemple Météo France continue avec ceci :
  • Malgré une saison débutant officiellement au 1er juin, la tempête tropicale Arlène est née dès le 19 avril, soit avec plus d'un mois d'avance sur la période normale. Il s'agissait alors seulement du deuxième système tropical de l'histoire à se former de manière aussi hâtive, à égalité avec Ana en 2003. Une dépression qui donnait alors le ton de cette saison hors norme
Eh oui, on savait déjà que les cyclones migrent vers les pôles, tout comme les espèces animales et végétales qui ne supportent pas la hausse rapide (rapide à leur échelle) des températures, maintenant il s'avère également que leur saison commence plus tôt et va donc durer plus longtemps.

Voici la carte pour 2017 de tous les cyclones avec leur date d'apparition :

Bilan de la saison cyclonique 2017 en Atlantique Nord - NOAA

Le premier est donc apparu le 19 avril et le dernier a disparu le 9 novembre, ce qui nous fait pratiquement 7 mois de saison cyclonique ; quand le premier se produira en mars et le dernier s'évanouira en décembre nous aurons encore fait un grand pas vers un monde plus sûr...

Si 2017 n'est pas une saison record pour les cyclones alors qu'est-ce que c'est si on la compare avec la  moyenne de la période 1981-2010 ?
  • 17 systèmes tropicaux (moyenne de 11.9) pour un total de 91,25 jours (moyenne de 58.4j)
  • 10 ouragans (moyenne de 6.4) pour un total de 51.25 jours (moyenne de 23.9j)
  • 6 ouragans majeurs > cat 3 (moyenne de 2.7) pour un total de 19.25 jours (moyenne de 6.2j)
  • Indice ACE de 226.0 (moyenne de 104.5)
Donc nous avons les écarts à la moyenne 1981-2010 :
  • systèmes tropicaux : +5,1 et +33 jours ;
  • ouragans : +3,6 ;
  • ouragans majeurs : +3,3 et +13 jours ;
  • Indice ACE : +122.
Comme le diraient Benoit Rittaud et certains de mes lecteurs qui ont du mal à regarder la réalité en face, 2017 est une saison pas plus exceptionnelle qu'une autre !

D'ailleurs pour s'en convaincre encore davantage nous avons ce classement :

3 ouragans (Irma, Maria et José) sont entrés dans le top 25 des ouragans les plus actifs de l'histoire du bassin Atlantique Nord.

Je dois m'avouer vaincu, Irma n'est même pas en première position, c'est donc bien la preuve que 2017 est une année tout ce qu'il y a de plus normal, cela saute aux yeux.

Si en plus l'article sur Météo France est signé de Guillaume Séchet, alors là nous sommes définitivement fixés, puisque nous avons affaire il parait à un climatoréaliste chéri par nos amis de Skyfall, dont l'un des adeptes les plus emblématiques nous disait en 2016 :
  • 22.  miniTAX | 13/04/2016 @ 9:07 Paul AUBRIN (#21), chroniques de l’excellent Guillaume Séchet qui, contrairement aux greluches qui se dandinent chaque soir à la télé devant la carte du temps, est un vrai passionné de météo, qui travaille beaucoup par analogues et qui fait de bonnes prévisions. Séchet qui soit dit en passant est … climato-sceptique [...]
Le dénommé miniTAX ne savait pas à l'époque qu'il ne fallait plus dire "climatosceptique", ce gros mot employé par ceux qui veulent du mal aux gentils "climatoréalistes" ; ainsi les informations que je vous livre ci-dessus sont tirées de la prose d'un climatoréaliste, un vrai en fait, puisque bien évidemment Guillaume Séchet n'a jamais été en rien climatosceptique comme je l'avais expliqué dans mon billet (mais miniTAX n'était pas du genre à accepter la réalité, tout comme BenHague aujourd'hui, avec la grosse différence que l'un des deux est un grossier personnage qui a fini par se faire virer de Skyfall pour ses outrances verbales, ce qui ne risque pas d'arriver au consensuel BenHague)

Mais ce n'est peut-être pas la saison cyclonique 2017 qui sera le véritable fait marquant de l'année, nous avons un autre candidat en la personne du gigantesque incendie qui continue à l'heure actuelle à faire des ravages en Californie !

Le site nationalobserver nous informe :
  • L'effrayant incendie Thomas "saison des pluies" en Californie vient de se distinguer dans les livres de records. A la date du 22 décembre 2017 il est devenu officiellement le plus grand feu de forêt enregistré de l'Etat, ayant déjà brûlé 273 400 acres (110600 hectares ou 1106 km2). Contenu à seulement 65%, il devrait brûler jusqu'à Noël et la nouvelle année, pendant ce qui est supposé être la saison la plus humide de la région. Comme le rapporte le Los Angeles Times, l'incendie Thomas a fait tout cela malgré un nombre record de pompiers (8 500) et un montant record d'argent (175 millions de dollars) dépensé pour essayer d'arrêter la bête.
Et comme une image vaut mille discours :

Le top 20 des feux de forêt en Californie par mois de l'année où ils se sont produits. Données de CalFire. Graphique par Barry Saxifrage.

C'est un peu comme les cyclones qui commencent plus tôt, là nous avons un incendie gigantesque qui se déclenche très tard dans la saison, Benoit Rittaud dirait qu'il s'agit sûrement d'une illusion d'optique, voire même d'un mythe, puisqu'il s'est fait le spécialiste des mythes de toute nature.

Mais faisons comme pour les cyclones et regardons un peu l'historique, cette fois depuis 1930 : 

Les 20 plus grands feux de forêt de la Californie par année de leur occurence. Données de CalFire. Graphique par Barry Saxifrage.

Effectivement, comme le dirait BenHague il est difficile de constater une tendance avec ces données un peu touffues, surtout sur la droite du graphique où l'on a un peu de mal à distinguer quoi que ce soit ; et il y a bien eu un gros incendie en 1930, preuve irréfutable qu'« il y a toujours eu des incendies » et que par conséquent pourquoi se faire du souci, hein, je vous le demande.

Et là non plus aucun record significatif, sauf peut-être :
  • Record de sécheresse. La pire sécheresse depuis un millénaire a frappé l'État de 2011 à 2016.
  • Record d'humidité. Cela a été suivi par la saison la plus humide jamais enregistrée dans l'Etat. Au cours du seul mois de février, les inondations ont causé des dommages de 1,5 milliard de dollars et forcé l'évacuation de 188 000 résidents en aval du barrage débordant d'Oroville.
  • Record de chaleur. Puis, toute cette pluie épique a cédé la place à l'été record le plus chaud de Californie.
  • Record d'incendies. Cette année a amené le tiercé gagnant de la misère des incendies de forêt en Californie, établissant des records pour les plus grands, les plus destructeurs et les plus meurtriers jamais enregistrés dans l'état.
  • Record de chaleur et de sécheresse en même temps. La région de l'incendie a brûlé durant les mois d'octobre et novembre les plus chauds jamais enregistrés. Et les plus secs aussi. Le service d'incendie du comté de Ventura rapporte: "Nous avons eu plus de 250 jours sans pluie enregistrée dans la région." Huit mois sans pluie. Record de chaleur. Les vents soufflant en rafales à la force des ouragans à certains moments.
  • Record de mort des forêts. Le coup de fouet météo a tué des arbres californiens en nombre record. La semaine dernière, le US Forest Service a annoncé que "bien que la Californie ait reçu des pluies record en hiver 2016-2017, les effets de cinq années consécutives de sécheresse sévère en Californie, une hausse spectaculaire des infestations de scolytes et la hausse des températures ont entrainé des niveaux historiques de mortalité des arbres ... un nombre effarant de 129 millions d'arbres morts dans l'État. " Tous ces arbres morts augmentent le potentiel de combustible pour des incendies de forêt plus extrêmes à l'avenir.
Effectivement il n'y a pas lieu de s'inquiéter, rien dans tout cela qui ne soit vraiment catastrophique comme nous l'expliquerait calmement un spécialiste des exponentielles.

Mais rassurons-nous, nous nous acheminons tranquillement vers un nouvel âge de glace et 2018 sera certainement l'année la plus froide depuis le début de ce siècle (enfin, c'est du moins ce qui est prédit depuis longtemps par des milieux qui se disent autorisés...)


Bref, l'année 2017 se termine en beauté après un très bon début et un excellent milieu, donc un superbe millésime qui sera peut-être considéré dans le futur comme un tournant climatique majeur, allez savoir.



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