dimanche 10 décembre 2017

Match Susan Crockford contre Steven Amstrup

Quand on n'est pas spécialiste d'un sujet on essaie de s'informer en consultant plusieurs sources que l'on pense dignes de confiance, à défaut de mieux, car à moins de reprendre ses études et de passer au moins une maitrise ou, mieux, un doctorat, on se retrouve bien obligé de tabler sur la confiance dans une certaine mesure ; c'est un peu comme quand on est passager d'un avion, on fait confiance au pilote, et quand on est sur la table d'opération on fait confiance au chirurgien, quoi faire d'autre ?

En ce qui concerne le problème des ours polaires que j'ai déjà évoqué, le petit monde climatosceptique nous sert du Susan Crockford en veux-tu en voilà, comme si cette charmante dame était LA spécialiste des ours polaires, comme si SEUL son avis avait la moindre valeur, et donc comme si les ours polaires étaient, puisque c'est ce qu'elle claironne à qui veut l'entendre, en excellente santé et n'avaient aucun souci à se faire pour leur avenir.

Mais du côté scientifique c'est le nom de Steven Amstrup que l'on voit cité le plus souvent, et ce monsieur n'a pas du tout le même avis sur la question que Susan Crockford ; alors qui dit vrai, et qui essaie d'enfumer la galerie ?

Je n'ai pas d'avis personnel sur le sujet des ours polaires, je n'en ai jamais rencontré personnellement et ne peux juger de leur santé présente et future ; je sais cependant qu'ils ont été très mal à une époque à cause de la chasse qu'on leur faisait, et que c'est par la législation qu'on est parvenu à enrayer leur déclin, cependant je vois également un peu partout que non seulement le changement climatique est un facteur de risque pour leur survie dans le futur, mais aussi que l'on continue à les chasser, comme on peut le constater en consultant quelques sites :
  • Conservation de l’ours blanc au Canada
    • Les changements climatiques continuent d’avoir un impact négatif sur les ours blancs dans certaines régions de leur aire de répartition et demeurent la menace la plus grave pour leur sécurité à long terme dans l’ensemble de leur aire de répartition.
    • Les plans de conservation de l’ours blanc doivent tenir compte d’effets immédiats et de longue durée extrêmement variables, ainsi que des effets ultimes prévisibles du réchauffement climatique.
  • Ours polaire : nager pour survivre
    • Le réchauffement climatique a bien des impacts dont notamment la fonte des glaces en Arctique. Ce phénomène a divers conséquences, pour l’Homme qui voit le niveau de la mer s’élever et gagner chaque jour un peu plus de terrain sur la Terre, mais également pour diverses espèces animales comme l’Ours polaire.
    • [...] l’ours polaire est encore aujourd’hui victime de la chasse, et cela alors que l’espèce est menacée. Les Inuits par exemple disposent de quotas de chasse, tandis que depuis 1976, une convention de sauvegarde internationale protège l’animal.
  • Ours polaire en danger
    • [...]  les ours polaires sont en train de perdre leur banquise, alors ils se déplacent sur la côte, ce qui constitue un danger réel pour les populations locales. D’autant plus que l’ours polaire qui n’a plus accès aux phoques qui restent dans l’eau, finit par manquer de nourriture et peut s’en prendre aux humains.
  • Ours polaires : une protection accrue mais insuffisante préviennent les experts
    • Ce qui nous donne de l'espoir, c’est que 120 pays sont maintenant conscients des menaces auxquelles les ours polaires sont confrontés : la réduction de leur habitat, la pollution, la chasse. Ceci est une première étape importante, mais elle ne doit pas être la dernière si nous voulons sauver l'ours polaire.
    • On estime qu’il ne reste que 20.000 à 25.000 ours polaires dans le monde. Ces animaux qui se reproduisent lentement dépendent de la couche de glace sur le plateau continental arctique pour chasser.
    • "Des projections scientifiques avertissent que d'ici 2050 le nombre d'ours polaires à l'état sauvage aura diminué de deux tiers", précise le Dr. Masha Vorontsova.
Ce ne sont que quelques exemples, on pourrait en trouver des tonnes, la plupart évoquant des problèmes pour nos amis les ours polaires.

Mais on est en droit de se demander si tous les sites que l'on consulte n'ont pas un biais partisan, pour ne pas dire "écologiste" (ouh le gros mot !), après tout certains ont bien un biais climatosceptique, alors...

Alors essayons de rester sur le plan purement scientifique et concentrons-nous sur Susan Crockford et Steven Amstrup.

Regardons tout d'abord leur fiche Wikipédia, c'est un début comme un autre, il vaut ce qu'il vaut mais cela nous permet de planter le décor.

Steven Amstrup a bien sa fiche dans l'encyclopédie participative, qui commence comme suit :
En suivant l'un des deux liens mentionnés on tombe sur Polar bear champion Amstrup wins prestigious animal conservation award qui nous aiguille sur le site polarbearsinternational où nous pouvons chercher dans la case prévue à cet effet les noms de Crockford et d'Amstrup, je vous invite à le faire, c'est très instructif... (un indice, Crockford n'est pas la bienvenue...) ; l'autre lien étant cassé (erreur 404) ne nous en apprendra pas davantage.

Mais on comprend mieux le sort réservé à Crockford chez polarbearsinternational quand on lit :
On s'imagine assez aisément que Susan et Steven ne passeront pas leurs vacances ensemble sur la même ile (ou le même morceau de banquise)...

Quant à Susan Crockford la seule fiche Wikipédia que j'ai pu trouver est écrite en allemand... 
  • Susan Janet Crockford ist eine kanadische Zoologin und Autorin.
Je ne comprends pas l'allemand mais en traduisant avec l'aide de Google j'apprends que Susan Crockford est spécialiste du thon :
  • Crockford a exploré, entre autres, les occurrences archéologiques de restes de thons sur la côte nord-est de l'Amérique.
Elle s'y connaît également en cabots :
  • Elle a beaucoup traité de la domestication du chien domestique.
Mais bien sûr on en arrive à sa position sur les ours polaires quand on lit ceci (traduction Google, hein !)
  • Crockford argumente sur son blog et dans des livres auto-publiés - contrairement à l'état de l'art que les ours polaires sont menacés par l'extraction des ressources et le changement climatique - la thèse selon laquelle les ours polaires ne sont pas menacés. Avec la référence aux changements climatiques sévères antérieurs, il tient pour acquis une large adaptabilité des populations d'ours polaires. Cependant, les mécanismes correspondants ne sont pas encore complètement connus. [10] Les effondrements temporaires des populations d'ours polaires en 1974 et 2004-2006 étaient associés à des périodes de glace de mer relativement épaisse autour du Beaufortsee. [11] Il n'a pas eu à publier d'articles d'experts avant 2017. Sur les blogs, qui sont attribuables aux cercles de soi-disant climato-sceptiques, cependant, leurs thèses ont reçu beaucoup d'approbation. Elle est là en tant qu '"experte" sur le sujet, donc une étude sur les stratégies de blogs qui nient le changement climatique artificiel ou minimisent ses conséquences. Même dans les commentaires de presse leurs thèses ont été considérées comme remarquables.
Nous avons donc affaire à deux zoologistes qui n'ont pas du tout la même vue sur un sujet qui devrait normalement faire consensus, car l'Arctique n'est pas l'Antarctique, c'est une région assez bien connue même si elle demeure inhospitalière pour le commun des mortels, alors à qui se fier ?

La deuxième étape, après la fiche Wikipédia, est de consulter ce que dit Google Scholar sur chacun d'eux en tapant leur nom suivi des mots "polar bears", et voici ce qu'on obtient, en sélectionnant les 5 premières occurrences :
D'après ce rapide aperçu je ne sais pas pour vous mais en ce qui me concerne j'ai ma petite idée sur le fait de savoir qui est plus compétent que l'autre pour m'informer sur les ours polaires.

Je sais à qui je vais permettre de me transporter en avion ou de m'ouvrir le ventre sur la table d'opération.

Et qu'on ne vienne pas m'accuser de sexisme ou de machisme.



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