jeudi 11 janvier 2018

Bientôt un consensus à 100% ?

Pierre Gosselin nous avait déjà fait le coup en 2016 et j'avais relaté l'épisode dans Difficultés de compréhension ou simple mauvaise foi chez Skyfall ? ; à l'époque ce guignol, qui est notamment l'une des références de nos amis de Skyfall qui le citent souvent, avait dénombré 770 publications qui soi-disant remettraient en question  le consensus scientifique actuel sur le réchauffement climatique d'origine humaine, mais nous avions vu qu'il suffisait de creuser un peu et on s'apercevait que parmi ces 770 papiers il y en avait qui ne remettaient rien en cause du tout, se contentant de parler d'irradiance solaire par exemple, sans prétendre que celle-ci serait supérieure en intensité au CO2 que nous balançons dans l'atmosphère ; je faisais remarquer en outre que dans « le dernier rapport du GIEC [on] voi[t] un FR de 0.05 pour « les changements d’éclairement énergétiques du soleil », à comparer avec le FR anthropique total de 2,29 », mais les commentateurs habituels de Skyfall (miniTAX ou testut à l'époque, entre autres) avaient beaucoup de mal à comprendre, en fait refusaient de comprendre ce que je leur expliquais.

Les ancêtres de miniTAX et testut en pleine réflexion.

On pouvait par conséquent penser que si parmi ces 770 papiers on en trouvait, en cherchant au hasard, certains qui ne remettaient pas en cause le consensus, il devait y en avoir bien d'autres cachés dans la masse, mais pour les repérer tous il aurait fallu tous se les farcir, et comme je n'avais pas envie de perdre mon temps pour trouver un résultat très prévisible je m'étais contenté d'un sondage sommaire.

Mais voilà que Gosselin récidive en en trouvant cette fois...485 !

Première conclusion, hâtive, nous sommes passés de 770 papiers à 485 qui, soi-disant, remettraient en cause le consensus, soit une baisse de 37% en seulement un an, et encore en considérant le fait qu'il y a de grandes chances que sur les 485 en question ce soit comme en 2016 et qu'une grande partie (la totalité ?) ne remette en cause rien du tout.

Mais comme le fait remarquer justement Hotwhopper dans When 97% becomes 99.6% - climate change in 2017 :
  • If you go to Google Scholar and search for the term "climate change" and select "2017-2017", you'll find there were "About 115,000 results". Now 485 is 0.4% of 115,000, so even if all those 485 papers disputed the greenhouse effect (which they don't), it would still mean that one could argue that 97% has become 99.6% :D
Comme je préfère vérifier, j'ai moi-même fait l'expérience et suis allé sur Google Scholar et j'ai procédé de la même façon ; Sou ayant sélectionné le Google Australien j'ai appelé à l'aide le mien au cas où il y aurait des différences régionales, scholar.google.fr, et contrairement à elle j'en trouve...118000 ! (à noter que depuis mon ordinateur et en sélectionnant son Google Scholar j'en trouve un peu moins qu'elle, 111000 au lieu de 115000, mais ce sont les mystères googeliens...)

Donc si je refais les calculs je trouve 485 / 118000 x 100 = 0,4%, donc la même chose que Sou, par conséquent on a bien un consensus brut de décoffrage de 99,6% ; maintenant si l'on considère que dans les 485 une majorité ne remettent rien en cause, alors nous sommes très très proches des 100% !

Je n'ai pas le temps, ni l'envie (mais si ça vous tente) de vérifier les 485 papiers, donc je me contenterai des trois premiers dans la liste, mentionnés dans la partie Solar Influence On Climate (dans laquelle on aurait 121 papiers "contre" le consensus) en citant les résumés.
  1. Wetland evolution in the Qinghai Lake area, China, in response to hydrodynamic and eolian processes during the past 1100 years
    • The Daotanghe riverine wetland in close proximity to the Qinghai Lake was investigated to demonstrate the interrelationships between Qinghai Lake hydrodynamic processes, eolian mobility and ecological conditions during the past 1100 years in response to climate change. We used ostracod assemblages from various sites east of Qinghai Lake and from the sediment core QW15 of Daotanghe Pond and combined them with grain size and geochemical data from the same core. The statistical extraction of grain size endmembers (EM) revealed three different transportation processes responsible for pond-related fluvio-lacustrine, pure fluvial and eolian deposits. Identified seasonal effects (eolian mobility phase) and timing of ice cover are possible tracers for the competing influence between the Asian summer monsoon and the Westerlies in the Daotanghe Wetland and surrounding area. Our results show that ostracod associations and sediment properties are evidence of a fluvio-lacustrine fresh water environment without ingression of Qinghai Lake into the wetland. Hydrodynamic variations coupled with phases of eolian input indicate highly variable water budgets in response to climate-induced effective moisture supply. The Medieval Warm Period (MWP) until about 1270 CE displays generally moist and warm climate conditions with minor fluctuations, likely in response to variations in summer monsoon intensity. The three-partite period of the Little Ice Age (LIA), shows hydrologically unstable conditions between 1350 and 1530 CE with remarkably colder periods, assigned to a prolonged seasonal ice cover. Pond desiccation and replacement by fluvial deposits occurred between 1530 and 1750 CE, superimposed by eolian deposits. The phase 1730–1900 CE is recorded by the re-occurrence of a pond environment with reduced eolian input. Principal Component Analysis (PCA) on ostracod abundances shows similar trends. All three phases of the LIA developed during a weak summer monsoon influence, favoring westerly-derived climate conditions until ca. 1850 CE, in accordance with records from the adjacent regions. Seasonal freezing periods in excess of the average time of frozen water bodies also occurred in periods of the well-known grand solar minima and indicate stronger seasonality, possibly independent from variations in summer monsoon strength but with links to global northern hemispheric climate.
  2. Quantifying climatic variability in monsoonal northern China over the last 2200 years and its role in driving Chinese dynastic changes
    • Our understanding on the spatial-temporal patterns of climatic variability over the last few millennia in the East Asian monsoon-dominated northern China (NC), and its role at a macro-scale in affecting the prosperity and depression of Chinese dynasties is limited. Quantitative high-resolution, regionally-synthesized palaeoclimatic reconstructions as well as simulations, and numerical analyses of their relationships with various fine-scale, numerical agro-ecological, social-economic, and geo-political historical records during the period of China's history, are presented here for NC. We utilize pollen data together with climate modeling to reconstruct and simulate decadal- to centennial-scale variations in precipitation or temperature for NC during the last 2200 years (-200–2000 AD). We find an overall cyclic-pattern (wet/warm or dry/cold) in the precipitation and temperature anomalies on centennial- to millennial-scale that can be likely considered as a representative for the entire NC by comparison with other related climatic records. We suggest that solar activity may play a key role in driving the climatic fluctuations in NC during the last 22 centuries, with its quasi ∼100, 50, 23, or 22-year periodicity clearly identified in our climatic reconstructions. We employ variation partitioning and redundancy analysis to quantify the independent effects of climatic factors on accounting for the total variation of 17 fine-grained numerical Chinese historical records. We quantitatively illustrate that precipitation (67.4%) may have been more important than temperature (32.5%) in causing the overall agro-ecological and macro-geopolitical shifts in imperial China with NC as the central ruling region and an agricultural heartland over the last 2200 years.
  3. An Analysis of Climate Forcings from the Central England Temperature (CET) Record
    • The Central England Temperature (CET) record is the world's longest instrument-based temperature record and covers the years 1659-present. The temperature variation of 0.8°C between the Maunder Sunspot Minimum in the late 17th Century and the beginning of the Industrial Revolution in the mid-late 18th Century can be explained by fluctuations in solar output (TSI) alone. Thereafter, approximately one third of the temperature increase to the present may be attributed to increases in atmospheric CO2, with the anthropogenic contribution to Global Warming/Climate Change up to the end of the 20th Century estimated at 0.4 to 0.5°C.
J'ai sauté en fait le troisième papier de la liste car je n'arrive pas à copier/coller, et ne comptez pas sur moi pour tout retranscrire manuellement, si vous voulez y jeter un coup d'œil c'est ici, mais cela ne vous apportera pas grand chose, car on n'y voit rien qui remette en cause le consensus, de près ou de loin, je vous laisse juge.

Donc rien que sur les trois premiers papiers tirés de la liste de Gosselin, AUCUN ne parle de CO2 ou d'effet de serre anthropique, il s'agit simplement de considérations, certainement intéressantes, sur l'activité solaire, essentiellement dans le passé, donc sans relation avec la situation actuelle ; les deux premiers, en outre, se concentrent sur la situation en Chine du Nord (NC) et la date la plus récente que l'on puisse trouver est l'année 1900 dans le premier papier et 2000 dans le deuxième, donc par charité on considèrera que seul ce dernier peut éventuellement apporter quelques doutes avec son « We suggest that solar activity may play a key role in driving the climatic fluctuations in NC during the last 22 centuries », sans trop savoir où l'on s'arrête vraiment étant donné qu'il est fait référence à l'« imperial China » qui, à ma connaissance, a cessé d'exister il y a déjà un bon moment...

Seul le dernier papier, le troisième dans ma liste ci-dessus et le quatrième dans celle de Gosselin, affirme clairement que le CO2 anthropique serait à l'origine de 0,4 à 0,5°C, ce qui n'est déjà pas si mal comme contribution, le reste étant dû à l'irradiance solaire ; mais ce papier dit que les 2/3 de l'augmentation de températures (de l'Angleterre centrale...) sont dus à cette irradiance solaire et que la hausse des températures depuis la fin du 17ème siècle serait de 0,8°C, et 2/3 de 0,8 cela fait 0,53, très proche de la contribution du CO2 anthropique, donc je ne comprends pas très bien la logique...

Quoi qu'il en soit en étant très indulgent on peut ranger ce papier dans ceux qui sont "anti-consensus", donc sur les quatre nous en avons deux qui peuvent être classés dans cette catégorie et deux qui n'ont rien à y faire.

Par conséquent si l'on extrapole "bêtement" (à la manière climatosceptique) à partir de ces simples constatations certes très superficielles, on arriverait à un consensus de 99,8%

Nous devrions remercier Pierre Gosselin pour nous avoir fait la démonstration que bientôt nous n'aurons plus un seul papier allant contre  le consensus.

Pierre Gosselin à l'oeuvre.


6 commentaires:

  1. J'avais fait le même exercice sur Twitter il y a quelques mois, pour répondre à un pseudo-sceptique qui brandissait cette liste comme le clou dans le cercueil du réchauffement climatique. La liste était différente à l'époque, et je m'étais arrêté au 7e papier (Kong et al., maintenant 14e), parce qu'il mentionne explicitement l'accord de ses résultats avec les reconstructions de températures de Mann, Moberg, Ljungqvist et Pages2K !

    Sans surprise, ledit pseudo-sceptique n'a pas révisé son jugement ...

    "5.2. Comparison with global temperature changes

    Generally, SST variation in the northern SCS is quite comparable to global/northern hemisphere temperature changes (Fig. 4) (Ljungqvist, 2010; Mann, 2007; Moberg et al., 2005; PAGES 2k Consortium, 2013). Surface temperatures over the last two millennia are characterized with largely worldwide “Medieval Warm Period” (WMP) and “Little Ice Age” (LIA). Though it is hard to define the time span of MWP and LIA periods at multi-decadal scale because of broad regional heterogeneity (PAGES 2k Consortium, 2013), these two concepts have been widely accepted to refer to a sustained warm interval of 9–13th century and a cold period of 15–18th century, respectively (Crowley, 2000; Mann et al., 2009). The NS02G-SST was slightly higher from ∼900 to 1400 AD, with the warmest point at ∼970 AD. It seems to match the global temperature peak at the time (PAGES 2k Consortium, 2013). The SST shows a slightly decreasing trend during 0-600 AD and 960–1400 AD, also quite in accordance with global temperature changes."

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    1. « Sans surprise, ledit pseudo-sceptique n'a pas révisé son jugement », cela me fait penser à un intervenant régulier sur ce blog...

      Evidemment on pourra nous rétorquer que nous non plus nous ne révisons pas notre jugement, peut-être que nous ne voyons que ce que nous voulons voir, euh, je veux dire que nous ne voyons que ce qui est écrit noir sur blanc sans déformer les propos des auteurs, mais nous devons être endoctrinés pour faire preuve d'un tel aveuglement !

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  2. C'est encore bien plus grave que ce que je pouvais penser...

    Voir https://www.snopes.com/scientific-papers-global-warming-myth/ ainsi que https://www.youtube.com/watch?v=LyMaRx7gIGY&feature=youtu.be

    Apparemment il semblerait que quasiment AUCUN papier inclus dans la liste de No Tricks Zone ne remette en cause le RCA !

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    1. "Apparemment il semblerait que quasiment AUCUN papier inclus dans la liste de No Tricks Zone ne remette en cause le RCA !"

      Si, si il y en a. Les usual suspects, qui publient dans des revues aux éditeurs prédateurs, avec un peer-review laissant à désirer (Scientific Research Publishing (SCIRP), OMICS Publishing Group, ...). Les Scafetta, Mörner, Ollila, Svensmark, Nikolov et Zeller (alias Volokin et RelLez, les nouveaux Gerlich et Tscheuschner, ...) qui ont maîtrisé depuis longtemps de genre de communication.

      Deux exemples, du début de la liste :
      Mörner, 2017 : "Our Oceans-Our Future: New Evidence-based Sea Level Records from the Fiji Islands for the Last 500 years Indicating Rotational Eustasy and Absence of a Present Rise in Sea Level" chez Graphy Publications
      Soumis le 20/09/2017, accepté le 07/10/2017, publié le 09/10/2017. Les reviewers ont dû vraiment le cuisiner !
      28 références, dont 21 auto-citations. Rien que cela l'aurait disqualifié dans une journal sérieux.
      Ollila 2017 : "Semi Empirical Model of Global Warming Including Cosmic Forces, Greenhouse Gases, and Volcanic Eruptions"
      Publié dans Physical Science International Journal chez ScienceDomain International, un autre éditeur douteux.
      Reçu le 27/05/2017, accepté le 28/06/2017, publié le 3/7/2017 !
      5 reviewers, spécialistes dans des domaines aussi divers que les propriétés optiques des nanoparticules, la dégradation des acides nucléiques, la relativité générale et la superconductivité, la catalyse hétérogène, et, ah !, la dynamique des glaces antarctiques.

      Sinon, pour l'immense majorité des autre papiers "démontant le consensus" !!!, Gosselin est passé maître dans l'art de choisi des articles de paléoclimatologie, étudiant un aspect qui a influencé une région pendant une période données. Pour peu que le CO2 ne soit pas mentionné, Ahah !, l'article va à l'encontre du consensus.
      C'est aussi stupide que de prétendre qu'un article étudiant les prédispositions génétiques au cancer de l'oesophage nie le fait que le tabac est une cause de ce cancer.
      Mais le public de Gosselin, manquant, disons, d'esprit critique, gobe tout cela comme du petit lait.

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    2. « Mais le public de Gosselin, manquant, disons, d'esprit critique, gobe tout cela comme du petit lait. »

      Nous en avons un exemple ici même, il a publié un commentaire à 22:49 exactement et il est content de lui, il pense que je suis satisfait que la température augmente et que nous courons à la catastrophe ; pour lui je devrais être « ravi » de prouver que Gosselin dit des conneries, alors qu'en fait je ne suis qu'atterré que ces conneries soient avalées avec tant de facilité par les gogos comme lui.

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  3. Pourquoi "Plus Grave" ? Cela devrait vous ravir , non ? :-D

    BenHague

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