lundi 15 janvier 2018

La limitation de vitesse à 80 km/h

archives.nicematin

Le 1er juillet prochain la vitesse sera donc limitée à 80 km/h sur les routes secondaires à double sens ne possédant pas de terre-plein central.

Si l'on fait un rapide tour d'horizon européen voici ce que l'on constate en se servant des sites legipermis et wikipedia et en prenant un certain nombre de pays européens représentatifs, incluant notamment tous ceux qui ont déjà adopté la limitation à 80 km/h sur les routes :

Limitations de vitesses par pays.

Limitations de vitesses : tri par tués / millions d'habitants.
Limitations de vitesses : tri par tués / milliards de km parcourus.

A première vue la limitation de vitesse à 80 km/h semble efficace, puisque les pays qui l'ont adoptée ou qui s'en rapprochent le plus sont ceux qui enregistrent la mortalité la plus faible tant par rapport aux habitants que par rapport aux kilomètres effectués.

D'un autre côté les « bons élèves » se retrouvent majoritairement dans les pays du nord et les « mauvais élèves » dans les pays du sud, mais on se doute quand même un peu pourquoi...

Il ne devrait donc pas y avoir de débat et la mesure devrait être acceptée par tout le monde sans discussion, les chiffres parlant d'eux-mêmes ; cependant on voit bien qu'il en est en matière de sécurité routière comme pour le réchauffement climatique ou les vaccins, la France est partagée en deux avec les « pour » s'opposant aux « contre », et avec quasiment le même système d'argumentation basée essentiellement sur de fausses informations ou des informations déformées ; ainsi les « contre » utilisent les mêmes stratagèmes que les climatosceptiques ou les anti-vaccins intégristes (ces derniers ne devant pas être confondus avec les pro-vaccins qui sont anti-obligation vaccinale pour des raisons brièvement évoquées mais non approfondies dans mon billet 11 vaccins obligatoires, pour quoi faire ? )

Commençons par regarder les « arguments » des usual suspects, par exemple ceux de la ligue (non pas des gentlemen extraordinaires mais) des conducteurs qui propose de signer une pétition dans laquelle on peut lire (avec mes commentaires en bleu) une injonction à l'attention du ministre de l'Intérieur :
  • Attendu que vous projetez de baisser les limitations de vitesse à 80 km/h sur les routes (il ne s'agit pas de toutes les routes, seulement des routes secondaires à double circulation non pourvues d'un terre-plein central, mais c'est astucieux de laisser penser aux gens que cette limitation s'appliquerait à toutes les routes)
  • Attendu que déjà, avec les limitations de vitesse actuelles, plus de 46.900 PV pour excès de vitesse sont dressés chaque jour, et 13 millions de points de permis sont retirés chaque année (comme si le nombre de PV et de points de permis retirés devaient entrer en considération face aux morts et aux blessés sur les routes)
  • Attendu que, sur des routes truffées de radars-pièges (fixes, mobiles, et bientôt l'armada de voitures-radars avec chauffeurs), une baisse des vitesses-limite entraînera une explosion totalement insupportable des PV (pour la ligue les radars sont des pièges, pour moi ils permettent plutôt de limiter la vitesse simplement par leur présence, ce qui est plutôt rassurant, et comme je respecte les limitations je ne me sens nullement piégé par leur présence ; quant aux PV qui vont exploser, ils seront insupportables essentiellement pour les délinquants, je ne me sens pas concerné personnellement)
  • Attendu que cette baisse n'a aucun fondement en matière de sécurité routière - on dispose même de données qui montrent qu'augmenter la vitesse ne nuit pas à la sécurité : en 2012, la vitesse moyenne a augmenté en France. Et pourtant, le nombre de tués sur la route a diminué de presque 8%. C'était déjà le cas entre 1998 et 2002, avec une baisse du nombre de décès sur les routes de 15 % (pas de fondement en matière de sécurité routière ?  Sans blague !  Nous allons voir ce qu'il en est des « données qui montrent qu'augmenter la vitesse ne nuit pas à la sécurité »)
  • Je vous demande de mettre un terme immédiat au projet de baisse des limitations de vitesse. (signez la pétition si le cœur vous chante, moi je ne le ferai pas pour les raisons qui vont suivre)
Après la pétition voyons ce que nous dit la ligue de défense des conducteurs (et d'attaque des autres conducteurs n'adhérant pas à son idéologie) avec ses vérités résumées habilement sous le titre Pourquoi il ne faut pas baisser la limitation de vitesse à 80 km/h sur route (encore une fois ce n'est pas sur toutes les routes...) en reprenant chacun de ses « arguments » au nombre de 7 :

1 - Pas d'impact sur la pollution : Les études menées par des organismes de surveillance de la qualité de l’air montrent que passer d’une vitesse de 90 à 80 km/h entraîne un rejet plus important de composés organiques volatils, et n’a qu’un impact minime sur les émissions d’oxyde d’azote.  Sans compter que plus on passe de temps sur la route, plus on pollue !
  • Ce n'est pas l'avis de l'ADEME qui dit dans le résumé de son étude publiée en 2014 Impacts des limitations de vitesse sur la qualité de l'air, le climat, l'énergie et le bruit : L'objet de cette étude est une analyse bibliographique des travaux d'évaluation des impacts des limitations de vitesse sur la qualité de l'air. Conclusion : au-dessus de 70 km/h, les réductions de vitesse ont un effet plutôt positif sur les émissions de particules et d'oxydes d'azote. En dessous de 70 km/h, cet effet est plutôt négatif. En pratique, la situation est plus complexe puisqu'il faut tenir compte de l'effet de la limitation de vitesse sur la congestion. Le passage de 80 à 70 km/h d'une voie congestionnée va dans le bon sens pour la qualité de l'air, car il favorise la fluidité du trafic. Une évaluation a posteriori serait toutefois nécessaire pour évaluer finement les effets réels sur la qualité de l'air.
2 - Chez nos voisins européens, on roule plus vite qu'en France et il y a moins de morts sur les routes : En 2012, le Danemark et l’Angleterre ont vu leur mortalité routière baisser à trois décès pour 100 000 habitants. Pourtant, le Danemark a augmenté les limitations de vitesse de 110 à 130 km/h sur son réseau autoroutier. Et au Royaume-Uni, on roule à 100 km/h (60 miles) sur le réseau secondaire. En Allemagne, où on roule aussi à 100 km/h sur le réseau secondaire, et sans limitation de vitesse sur une partie des autoroutes, le nombre de tués sur la route a été le même qu’en France en 2013, pour 20 % d’habitants en plus. D’autres pays réfléchissent à relever leurs limitations de vitesse : c’est le cas actuellement au Luxembourg et en Suisse.
  • On a vu plus haut ce qu'il fallait en penser, « chez nos voisins européens » du nord on roule majoritairement moins vite et la mortalité est plus faible ; au Danemark ils se sont alignés sur la France en ce qui concerne le réseau autoroutier, oui et alors ? on parle ici du réseau secondaire, et encore pas dans sa totalité, et les Danois y roulent justement à 80 km/h  ; au Royaume-Uni bien que la vitesse soit limitée à 96-97 km/h la vitesse réelle est bien plus basse, estimée à 77 km/h (source moto-net,  « Concernant le Royaume-Uni, la vitesse maximale autorisée est limitée à 97 km/h sur les routes rurales, mais la vitesse moyenne réellement pratiquée est de 77 km/h car cette partie du réseau routier ne permet pas de rouler plus vite. » ; quant à l'Allemagne, si le nombre de tués est similaire à celui de la France (3777 morts en 2015, contre 3784 en France), par contre celui des blessés graves est sans commune mesure : 67732 en Allemagne contre 26635 chez nous, soit un rapport de 2,5 qui s'aggrave encore quand on considère le nombre de blessés légers : 321803 en Allemagne contre 46413 en France, soit un rapport de 6,5 en notre faveur ! Cela s'explique par une circulation essentiellement de type urbain chez nos voisins (source sciencesetavenir) à quoi le professeur Claude Got ajoute « Certes, certaines portions d'autoroute en Allemagne n'ont pas de limitation officielle de vitesse. Cela ne veut pas dire pour autant que les véhicules y roulent tous à tombeau ouvert. La vitesse maximum conseillée y est de 130 km/h. Et en cas d'accident, certaines compagnies d'assurance réduisent leurs remboursement si la vitesse est par trop supérieure à cette limite conseillée » ; et en ce qui concerne la Suisse (où on nous dit que la limitation à 80 km/h est entrée dans les mœurs depuis longtemps...) et le Luxembourg (seulement 10% des habitants seraient favorables à une absence de limitation sur...les autoroutes !), on peut douter de leur volonté de relever leurs limitations de vitesses, même s'ils y réfléchissent, et à supposer qu'ils le fassent on a vu avec l'Allemagne et le Royaume-Uni qu'on ne pouvait pas comparer facilement deux situations assez différentes.
3 - Il est faux de relier systématiquement vitesse et mortalité : Des études indépendantes montrent que la formule mathématique sur laquelle se base la Sécurité routière (1% de vitesse en moins = 4% de morts en moins) est fausse. Si elle était exacte, il suffirait d’ailleurs de réduire la vitesse de 25 km/h pour qu'il n'y ait plus aucun mort sur les routes de France… La preuve : en 2012, la vitesse moyenne a augmenté en France. Et pourtant, le nombre de tués sur la route a diminué de presque 8%. C’était déjà le cas entre 1998 et 2002.
Pour vraiment diminuer le nombre de morts, l’Etat ferait mieux d’entretenir le réseau routier - le facteur infrastructure est présent dans 40% des accidents mortels.
  • Argument fallacieux du «  il suffirait d’ailleurs de réduire la vitesse de 25 km/h pour qu'il n'y ait plus aucun mort sur les routes de France » qui consiste à multiplier bêtement 4 par 25 pour obtenir 100, ce qui n'a aucun sens et montre un désir de tromper avec des raisonnements simplistes ; il est bien évident qu'il est hors de question de limiter la vitesse en-dessous de certains seuils, il s'agit donc de ce que l'on appelle un strawman ou sophisme de l'« homme de paille » en français ; par ailleurs, avancer que pour « vraiment diminuer le nombre de morts, l’Etat ferait mieux d’entretenir le réseau routier » est également un sophisme, car il n'est là aussi pas question de négliger l'entretien du réseau routier, cependant mettre sur le dos de ce dernier 40% des accidents mortels sans préciser que la vitesse a certainement joué un rôle elle aussi est malhonnête, la plupart des accidents sont multifactoriels et la vitesse trop élevée reste un des facteurs les plus importants ; quand le réseau routier est de mauvaise qualité le conducteur se doit de réduire sa vitesse, c'est ce que font notamment...nos amis britanniques (qui ne se classent même pas dans les 20 meilleurs au monde pour la qualité du réseau, la France étant 8ème) qui ne roulent qu'à 77 km/h sur un réseau routier limité à 96 km/h !
4 - Des risques en plus pour le conducteur : Si on abaisse la vitesse à 80 km/h, les voitures et les motos iront à la même vitesse que les camions, ce qui multiplie le risque de dépassements dangereux. En augmentant encore une fois le nombre de panneaux et les différences de limitations, on détourne l’attention du conducteur de la route. Et plus celui-ci roule lentement, plus les risques de somnolence ou d’utilisation du smartphone sont élevés.
  • Là on ne voit pas très bien le problème, si la vitesse est limitée à 80 km/h et qu'un camion roule devant soi à 80 km/h pourquoi vouloir le dépasser ? Quant aux risques de somnolence au volant ils sont bien réels, mais surtout sur les autoroutes ; et dans ce cas il y a un moyen d'y remédier : faire une pause ; idem pour téléphoner, utiliser son smartphone au volant n'est pas une obligation sauf pour ceux qui croient que la Terre va s'arrêter de tourner s'ils ne répondent pas dans la seconde à un appel. Tout cela relève de l'éducation et devrait être une priorité dès l'école, car on voit bien que pour les personnes d'un certain âge qui n'ont jamais été vraiment sensibilisées aux problèmes de sécurité routière la pilule est difficile à avaler.
5 - Une perte de 39,5 milliards d'euros par an pour l'économie française : Diminution des distances moyennes parcourues, temps de livraison plus longs… selon les études de plusieurs économistes reconnus, le coût économique engendré par une baisse des limitations de vitesse s’élève à 39,5 milliards d’euros par an, soit presque deux points de PIB. Sans parler du renouvellement de tous les panneaux !
  • Encore un argument fallacieux sorti d'on ne sait où, le chiffre de 39,5 milliards d'euros semblant surgir du chapeau d'un prestidigitateur ; sur les routes secondaires concernées la « perte de temps » est facilement chiffrable : Le Monde met en ligne un calculateur qui permet de se faire une idée de cette « perte de temps » : en ce qui me concernait quand je travaillais et que j'avais 20 km à faire pour aller au boulot, la « perte de temps » était de 2 minutes, sachant que bien souvent je voyais quelqu'un me dépasser au début de mon trajet et je le retrouvais quelques voitures devant moi en approchant de mon lieu de travail, bref la circulation routière avait fait que je l'avais rattrapé sans même y penser ; et j'avais fait moi-même l'expérience en essayant différents styles de conduite (sportive, nerveuse, calme ou simplement normale) et j'avais constaté que sur 20 km les écarts de temps se chiffraient en quelques minutes de « gagnées ou de perdues », bref pas de quoi fouetter un chat, et j'avais dès lors opté pour une conduite relax, ce qui me permettait d'arriver au travail plus détendu. Quant au renouvellement des panneaux, voici le prix : 68 euros hors taxes. Le prix total est estimé à environ 1,6 millions d'euros, nous sommes donc très très loin des montants faramineux que nous montre la ligue qui tente de nous faire croire que ce remplacement se chiffrerait « en milliards d'euros » ; quant aux « économistes reconnus » qui auraient chiffré le coût économique à 39,5 milliards il s'agit en fait d'un certain Jean Poulit (ancien directeur général de l'Institut géographique national...) qui sortait ce chiffre de son chapeau en 2014 en avançant des calculs plutôt vaseux.
6 - Les flashs des radars multipliés par quatre : La Ligue de Défense des Conducteurs a mené l’enquête sur les radars les plus lucratifs de France. Résultat : ceux qui flashent le plus sont majoritairement installés à des endroits où la vitesse a été abaissée. Lorsque la limitation de vitesse est abaissée au niveau d’un radar, la rentabilité de celui-ci est multipliée jusqu’à quatre fois. 
  • Euh oui, et alors ? Que les radars qui flashent le plus soient installés là où la vitesse a été abaissée est donc considéré par la ligue comme une anomalie ; personnellement je me dis que si la vitesse a été abaissée il est assez normal qu'on veuille contrôler que les conducteurs respectent bien la nouvelle limitation de vitesse ; quant au qualificatif de « lucratifs » appliqué aux radars on voit immédiatement le biais idéologique des délinquants routiers qui considèrent que s'ils sont verbalisés c'est uniquement pour alimenter les caisses de l'Etat.
7 - Une explosion des PV et des retraits de permis... et des chômeurs : Avec les limitations actuelles, plus de 34 500 PV pour excès de vitesse sont dressés chaque jour, et plus de 14 millions de points de permis sont retirés chaque année. Les conséquences sociales sont dramatiques : 90 000 personnes perdent déjà leur permis chaque année, et une sur trois perd son emploi par la suite. Sur des routes truffées de radars-pièges, une baisse des limitations entraînera inéluctablement un doublement ou un triplement de ces chiffres.
  • On se pince pour le croire, ainsi pour réduire le nombre de chômeurs, en suivant ce raisonnement, il suffirait de ne plus verbaliser les délinquants routiers et donc ne plus enlever de points quand des infractions graves sont commises, comme le dépassement des vitesses autorisées. Par ailleurs combien, parmi les 14 millions de points de permis retirés chaque année, le sont pour des causes autres que les franchissements de vitesse autorisée ? Quid de l'alcoolisme au volant, de griller un feu rouge ou prendre un sens interdit ? Le site planetoscope nous dit « Chaque année environ 90 à 100 000 permis sont retirés suite à des infractions. Au total ce sont 14 millions de points qui ont été enlevés aux permis des conducteurs français sur une année (2012) et 600.000 personnes rouleraient sans permis. » ; le chiffre de 14 millions vient donc de là, mais petit problème, il concerne tous les délits entrainant la suppression de points et pas seulement le non respect des limitations de vitesse.

Comme on peut facilement le constater, les « arguments » de la ligue des mauvais conducteurs sont plutôt faiblards et, sans jeu de mot (quoique...) ne tiennent pas la route, tout comme ses adhérents avinés qui roulent un peu trop vite dans les virages.

Et pour terminer je ne résiste pas à la tentation de vous montrer également la copie d'une vieille connaissance, j'ai nommé le sieur Beauzamy, alias Beauzo le clown, qui nous a pondu en décembre dernier une étude de son cru intitulée Réduction de la limite de vitesse sur certains axes routiers dans laquelle il nous rappelle les mêmes contre-vérités que l'on peut trouver chez les ligueurs (à mon avis c'est lui qui les a inspirés) :
  • On lit souvent dans la presse une formule du type : "baisser la vitesse maximale de 1% entraîne une baisse de 1% du nombre d'accidents, de 2% du nombre de blessés, et de 4% du nombre de tués". En tant que mathématiciens professionnels, nous pouvons certifier qu'une telle formule est entièrement dépourvue de contenu scientifique. Elle n'est invoquée que par des dogmatiques qui veulent donner une apparence scientifique à leurs dogmes.
Quelle perspicacité, il décrit admirablement son mode de fonctionnement en tentant maladroitement de l'imputer aux autres !

geluck

Lectures utiles :

mpsra

12 commentaires:

  1. Je me fiche totalement du passage á 80 km/h sur les routes francaises (j'habite aux Pays Bas) et mieux que cela en plsu de 20 ans de permis je n'ai JAMAIS perdu un point pour excés de vitesse. Donc je ne me sens vraiment pas concerné . POur info il n y a pas de permis á point aux Pays Bas et il n'est pas prévu d'en mettre un ... comme quoi l'interet du permis á points peut etre contesté .
    En revanche votre analyse m'interpelle :

    > Vous triez les pays par nombre de morts par milliards de kilométres parcourus ( c'est une normalisation judicieuse) et vous en déduisez que OUI le passage á 80 km/h est bénéfique . Ce qui est étrange c'est que nombre de pays avec une vitesse sur route superieure ou egale á nous font beaucoup mieux que nous (R.U , Allemagne, Autriche, Italie, Finlande ) . Donc j'ai du mal á comprendre d'ou vient cette conclusion si lumineuse rien qu'a partir de ce tableau.


    BenHague

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. « je ne me sens vraiment pas concerné », mon billet n'était pas destiné à vous attaquer...par ailleurs moi aussi, avec plus de 40 ans de permis, je peux me prévaloir d'aucun accident ni aucun retrait de point, j'ai dû avoir un ou deux accrochages sans gravité quand j'étais jeune et que je ne faisais pas trop attention, c'est tout.

      J'ai trié les pays non seulement par milliards de km parcourus mais aussi par millions d'habitants pour avoir au moins deux critères ; dans chacun des classements les pays ayant une limitation de 80km/h s'en sortent plutôt mieux que ceux ayant une limitation plus haute (on parle des routes, pas des autoroutes) ; l'Italie et l'Autriche sont plutôt en milieu ou bas de classement et ne font certainement pas mieux que nous en France, elles sont simplement à peu près à notre niveau ; pour le RU vous n'avez pas lu ce que j'ai écrit ? La vitesse réelle là-bas est de 77km/h, soit 3km/h plus bas que la limitation que nous allons avoir...quant à la Finlande la limitation va de 80 à 100km/h, comme les Finlandais ne sont pas trop cons ils adaptent la vitesse en fonction de l'état de la route, et de plus les amendes là-bas sont dissuasives, elles sont fonction du revenu...

      « j'ai du mal á comprendre », pourquoi ne suis-je pas étonné...? J'avais pourtant écrit « A première vue la limitation de vitesse à 80 km/h semble efficace, puisque les pays qui l'ont adoptée ou qui s'en rapprochent le plus sont ceux qui enregistrent la mortalité la plus faible tant par rapport aux habitants que par rapport aux kilomètres effectués. », mais le « à première vue » vous avait apparemment échappé. A seconde vue, en lisant correctement mon billet, vous vous rendrez compte qu'il y a bien quelque chose de vrai dans l'égalité « vitesse plus basse = abaissement de la dangerosité sur la route ».

      Supprimer
    2. Savez vous quelle est la vitesse moyenne sur le réseau secondaire en France ? (avec une limitation à 90 km/h) Juste pour pouvoir comparer au Royaume Uni ....

      Supprimer
    3. Wikipedia nous dit que c'est 82km/h, mais sans référence, donc à prendre avec prudence ; cependant cette valeur semble venir du site https://fr.statista.com/statistiques/513718/vitesses-moyennes-sur-reseau-le-jour-france/ (pour obtenir la source il faut s'abonner : 49 euros / mois...)

      Mon expérience personnelle tend à me faire penser que cette vitesse moyenne de 82km/h est correcte, il y a des gens qui roulent vite et d'autres plus lentement, certains trop vite et d'autres trop lentement, quoi qu'il en soit si vous êtes allé en GB vous avez dû remarquer qu'il valait mieux ne pas avoir le pied trop lourd sur la majorité du réseau secondaire.

      A mon avis avec la limitation à 80km/h la France se rapprochera de la vitesse moyenne de la GB, mais avec un meilleur réseau routier, donc...

      Supprimer
  2. professeur Claude Got ajoute « Certes, certaines portions d'autoroute en Allemagne n'ont pas de limitation officielle de vitesse. Cela ne veut pas dire pour autant que les véhicules y roulent tous à tombeau ouvert."

    Pour avoir habité 5 ans en Allemagne , je peux vous dire qu'a 150 km/h (ma vitesse usuelle sur les autoroutes en Allemagne) , il vaut mieux etre sur la voie la plus á droite sur ces portions. J'evaluerai la vitesse moyenne sur la voie de gauche á 210 km/h ( avec les inevitables Porsche et Audi R8 á 230-250 km/h ).
    Mais il est vrai que dés que la limitation apparait , TOUT le monde la respecte.
    Donc , par experience , je dirai que l'argument du Professeur Got est faible.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. « je dirai que l'argument du Professeur Got est faible », peut-être qu'il ne s'agit pas là de son meilleur argument, je vous l'accorde, cependant vous avez mal lu/compris la phrase du professeur Got, un mot vous a échappé, il s'agit d'un adjectif en quatre lettres qui relativise son propos...

      De plus vous reconnaissez que les Allemands sont plus respectueux que nous des limitations de vitesse, par ailleurs vous ne niez pas les autres points avancés par le professeur Got concernant l'Allemagne, par exemple le fait que les compagnies d'assurance peuvent réduire leurs remboursements en cas de vitesse trop élevée ou que de nombreuses routes soient limitées à 80km/h malgré une limitation "par défaut" de 100km/h. Je n'ai jamais vécu en Allemagne et ne compte pas le faire, cependant je connais un peu la "mentalité" allemande qui n'est pas tout à fait la même que celle des français, et ça vous ne pouvez pas le changer du jour au lendemain : les Allemands sont beaucoup plus respectueux des lois et règlements, et cela peut aller jusqu'à l'aveuglement...

      Supprimer
  3. Comme vous le savez , les accidents sont multifactoriels . Si ma mémoire est bonne environ 25% des accidents mortels sont dus à l'alcool . Et dans la quasi totalité de ce sous ensemble , une survitesse etait aussi en cause ..
    D'apres vous ? Est ce la vitesse qui est grisante et met le conducteur en état d'ébriété ? Ou bien l'alcool qui donne confiance en soi et qui alourdit la pédale ?
    Quel effet aura cette réduction de vitesse sur ce sous ensemble d'accidents mortels ? Nada !!!!!!

    De mon point de vue les seules réglementations qui ont vraiment sauvées des vies , c'est : La ceinture obligatoire et la lutte contre l alcoolémie ... Tout le reste est du à la technologie : Airbag, ABS, coque deformable, pneu , etc etc

    RépondreSupprimer
  4. « les accidents sont multifactoriels » ; est-ce que vous m'avez lu ? (votre "comme vous le savez" semble être un simple élément de langage qu'on emploie quand on s'adresse justement à quelqu'un "qui ne sait pas")

    J'ai écrit « la plupart des accidents sont multifactoriels et la vitesse trop élevée reste un des facteurs les plus importants » ; votre mémoire est bonne, l'alcool est la première cause de mortalité, suivie de très près par la vitesse.

    « Est ce la vitesse qui est grisante et met le conducteur en état d'ébriété ? » ; je ne pense pas, quand on est bourré on ne va pas nécessairement plus vite, je pense même que c'est le contraire, plus on est bourré moins on va vite par rapport à son comportement à jeun (je dis "on" mais je ne m'inclus pas dans ce "on", je ne bois jamais avant de conduire) ; d'ailleurs dans les statistiques les deux facteurs sont distincts, même si l'on doit bien admettre qu'il y a des accidents qui cumulent les deux, seulement autant le taux d'alcoolémie est facilement vérifiable après accident, autant le facteur vitesse peut être négligé, car il n'est pas toujours facile d'attribuer la vitesse excessive à un accident quand il n'y a aucun témoin...

    « Nada !!!!!! » ; toutes les mesures en faveur de la sécurité routière, TOUTES, ont fait l'objet en leur temps du même genre de commentaire : aucun effet après l'obligation du port de la ceinture (avant, puis passager, puis arrière), aucun effet après une quelconque limitation de vitesse, aucun effet après avoir fixé un seuil d'alcool dans le sang, aucun effet suite à l'obligation du port du casque pour les motards, etc.

    Au moins vous admettez que quelques réglementations ont été utiles, mais vous vous trompez lourdement sur les effets de la technologie ; ceux-ci sont progressifs et pour bien en juger il faudrait que tous les automobilistes changent leur voiture quasiment en même temps en achetant une voiture flambant neuve possédant les dernières innovations en matière de sécurité, ce qui est évidemment loin d'être le cas, donc cet effet "technologie" ne peut agir que sur le long-terme, par contre on peut immédiatement mesurer les effets d'une limitation de vitesse.

    Wikipédia (encore...) nous dit : « Les progrès de la sécurité routière en France, sur cette longue période de 1973 à 2012, sont imputables pour l'essentiel à cinq facteurs qui interagissent entre eux : l'amélioration des comportements des conducteurs (grâce au travail de sensibilisation, à l'évolution de la réglementation et à l'évolution du processus de contrôle et de sanction), l'amélioration des infrastructures routières, les progrès de sécurité passive et de sécurité active sur les nouveaux véhicules, l'amélioration du parc automobile (notamment grâce aux contrôles techniques obligatoires), et les progrès des services de secours. Les analyses accidentologiques ne permettent pas de préciser la part imputable à chacun de ces facteurs » ; la vitesse est donc un facteur parmi d'autres, mais prétendre que réduire la vitesse ne sert à rien pour faire baisser la mortalité (et le nombre de blessés...) est une opinion dans le même genre que « le CO2 émis par l'homme ne provoque aucun réchauffement de l'atmosphère » ; on constate d'ailleurs, à l'occasion de votre commentaire, que ce sont souvent les mêmes qui nient les faits et qui refusent de prendre en compte les recherches, avec je pense un même argument qui tue : « tout ça c'est pour nous prendre nos sous et brider notre liberté ».

    RépondreSupprimer
  5. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ma patience ayant quand même quelques limites le commentaire de BenHague ci-dessus se retrouve maintenant à la place qu'il mérite : https://sogeco31.blogspot.fr/p/poubelle.html

      Supprimer
  6. Bonjour,
    Je suis ravi de rencontrer une personne qui favorise une approche critique de la sécurité routière.
    Cette démarche, bien que douloureuse parfois, devrait nous satisfaire, car le but n'est pas d'avoir raison, mais plutôt de ne pas persister dans l'erreur.
    Je voudrais, à mon tour et très modestement, apporter quelques précisions concernant votre chronique sur la limitation de vitesse à 80 km/h. Il s'agit de l'argument n°3 : « Il est faux de relier systématiquement vitesse et mortalité ».
    L'argument qui consiste à indiquer qu'il «  suffirait d’ailleurs de réduire la vitesse de 25 km/h pour qu'il n'y ait plus aucun mort sur les routes de France » est effectivement un « homme de paille ». En voici la démonstration :
    D'abord un « homme de paille » consiste à caricaturer des propos, à les simplifier, les déformer pour mieux les attaquer par la suite.
    Pour des raisons pédagogiques, la formule de Nilsson est déjà simpliée. Cette simplification volontaire, est utilisée par ses détracteurs comme s'il s'agissait de dire seulement que « 1% de vitesse en moins = 4% de morts en moins ». Or, ce n'est pas ce que dit la science au sujet de ce modèle. Ce que dit la science c'est « Lorsque la variation de la vitesse moyenne est de l’ordre de quelques km/h, cette formule peut se traduire de façon simplifiée par :
    « une variation de la vitesse de 1 % induit une variation du nombre d’accidents corporels de 2 % et une variation du nombre d’accidents mortels de 4 % » ». source : http://www.securite-routiere.gouv.fr/media/fichiers/onisr/les-thematiques/vitesse-pratiquee-et-accidents-les-modeles-de-nilsson-et-elvik
    Donc, cette formulation simplifiée de Nilsson ne s'applique que pour des variations faibles de la vitesse moyenne.
    Pour le savoir, il faut une certaine motivation... et les désinformateurs comptent sur notre paresse cognitive pour atteindre leurs objectifs (https://nospensees.fr/pensee-reversible-la-lutte-contre-la-paresse-cognitive/ )
    En lisant ce communiqué de l'Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière, vous constaterez que d'autres éléments viennent préciser cette formule de Nilsson comme par exemples, « sur un réseau donné », « si tous les autres facteurs ne varient pas » et le fait que c'est un modèle empirique. Cela laisse de la possibilité pour d'autres « strawman ». A nous de les dénoncer lorsqu'ils apparaissent.

    « par ailleurs, avancer que pour « vraiment diminuer le nombre de morts, l’Etat ferait mieux d’entretenir le réseau routier » est également un sophisme »
    Là aussi, vous avez raison, il s'agit d'un « chiffon rouge » que l'on agite pour détourner l'attention, pour dire que le problème est ailleurs... C'est un argument fallacieux car avec ce procédé on quitte le sujet de la limitation à 80 km/h.
    Cette méthode n'est pas nouvelle. En 1974, Jérôme Spicket écrivait dans son livre "la ceinture qui tue" (ce monsieur était farouchement contre le port généralisé de la ceinture de sécurité):
    « et l'on ne peut s'empêcher de se demander si tout cet argent ne serait pas mieux employé dans des investissements plus concrets et indiscutables- comme par exemple l'amélioration du réseau routier, qui en a si cruellement besoin... » (page 17).
    L'obligation du port généralisé de la ceinture de sécurité a permis de sauver des vies rapidement. Et la science le savait à l'époque.
    Merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. « Et la science le savait à l'époque. »

      Exactement, tout comme la science sait aujourd'hui qu'il y a un réchauffement climatique en cours et que notre descendance ne va pas aimer ça, mais cela n'empêche pas de nombreuses personnes de nier ce fait, comme d'autres nient que la vitesse est un facteur aggravant dans les accidents de la route, tout comme dans le passé certains ont nié que le tabac pouvait donner le cancer, on pourrait multiplier les exemples quasiment à l'infini.

      L'être humain est apparemment programmé pour vivre dans le moment présent sans se préoccuper de l'avenir à trop long-terme, celui qu'il ne verra pas notamment, ou celui qu'il ne veut pas voir, et il a tendance à croire que ce qui s'est produit dans le passé se reproduira nécessairement dans le futur ; jusqu'à présent nous avons évolué et notre croissance, tant économique que démographique, a bondi après la révolution industrielle, mais cela ne va pas obligatoirement continuer comme cela jusqu'à la fin des temps ; pour la voiture c'est un peu la même chose, le plaisir immédiat de conduire (vite si possible) prime sur des conséquences qu'on préfère ignorer, et on s'invente des justifications comme « c'est davantage l'état des routes ou des véhicules qui tue plutôt que la vitesse ».

      Supprimer