Article de Paul Krugman traduit par Google Translate (avec quelques retouches de ma main ici ou là, et avec l'aide occasionnelle, et toujours appréciée, de wordreference) ; j'ai cependant jugé utile, cette fois, de conserver la version originale pour ne pas gâcher votre plaisir si vous préférez la VO ; j'apporterai d'éventuels commentaires additionnels que je surlignerai en bleu pour faciliter la lecture, la traduction en français étant elle surlignée en jaune.
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The Axis of Climate Evil
“It’s Not Your Imagination: Summers Are Getting Hotter.” So read a recent headline in The Times, highlighting a decade-by-decade statistical analysis by climate expert James Hansen. “Most summers,” the analysis concluded, “are now either hot or extremely hot compared with the mid-20th century.”
- "Ce n'est pas votre imagination : les étés sont en train de devenir plus chaud." Ainsi titrait récemment The Times, mettant en évidence une analyse statistique décennale du climatologue James Hansen. "La plupart des étés", a conclu l'analyse, "sont maintenant chauds ou extrêmement chauds par rapport au milieu du 20ème siècle".
- J'avais déjà évoqué ce problème d'été de plus en plus chauds dans mon billet intitulé Il parait qu'il va faire froid...dans lequel figurait le graphique suivant :
- Paul Krugman a donc lui aussi lu ce pré-rapport et va donc dire ce qu'il pense de tout cela.
So what else is new? At this point the evidence for human-caused global warming just keeps getting more overwhelming, and the plausible scenarios for the future — extreme weather events, rising sea levels, drought, and more — just keep getting scarier.
- Alors, qu'y a-t-il de nouveau ? À ce stade, les preuves du réchauffement climatique anthropique ne cessent d'être encore plus accablantes, et les scénarios plausibles pour l'avenir - les phénomènes météorologiques extrêmes, l'élévation du niveau de la mer, la sécheresse et plus encore - continuent de devenir plus effrayants.
- Krugman pourrait donc être catalogué par les climatosceptiques, au même titre que Jouzel, parmi les "catastrophistes du climat" ; on pourrait rajouter Hawking ou Hansen, ou Neil deGrasse Tyson, entre autres... pas spécialement des débutants ou des crétins...
In a rational world urgent action to limit climate change would be the overwhelming policy priority for governments everywhere.
- Dans un monde rationnel, une action urgente pour limiter les changements climatiques serait une très importante priorité politique pour les gouvernements partout dans le monde.
- Oui mais voilà, nous ne sommes pas dans un monde rationnel, ou du moins, et autrement dit, les intérêts rationnels de certains entrent en contradiction (et conflit) avec les intérêts rationnels d'autres personnes, le tout noyé dans un océan d'irrationalité pour arranger les choses.
But the U.S. government is, of course, now controlled by a party within which climate denial — rejecting not just scientific evidence but also obvious lived experience, and fiercely opposing any effort to slow the trend — has become a defining marker of tribal identity.
- Mais le gouvernement des États-Unis est, bien sûr, maintenant contrôlé par un parti dans lequel le refus du (réchauffement) climat(ique) - rejetant non seulement les preuves scientifiques, mais aussi l'indéniable expérience vécue, et s'opposant farouchement à tout effort pour ralentir la tendance - est devenu un marqueur déterminant de l'identité tribale.
- Krugman emploie l'expression "climate denial" qui en fait ne veut en elle-même pas dire grand chose, personne bien sûr ne nie qu'il y ait un climat, mais il faut comprendre qu'il s'agit d'un raccourci pour désigner le réchauffement climatique anthropique ; le terme exact en anglais serait "anthropogenic climate change denial", ou "anthropogenic global warming denial".
Put it this way: Republicans can’t seem to repeal Obamacare, and recriminations between Senate leaders and the tweeter in chief are making headlines. But the G.O.P. is completely united behind its project of destroying civilization, and it’s making good progress toward that goal.
So where does climate denial come from?
- Alors, d'où vient le refus du (réchauffement) climat(ique) ?
- J'ai déjà, il y a longtemps, écrit sur le sujet (voir Les motivations des climatosceptiques)
Just to be clear, experts aren’t always right; even an overwhelming scientific consensus sometimes turns out to have been wrong. And if someone offers a good-faith critique of conventional views, a serious effort to get at the truth, he or she deserves a hearing.
- Pour être parfaitement clair, les experts n'ont pas toujours raison ; même un important consensus scientifique se révèle parfois être erroné. Et si quelqu'un offre une critique de bonne foi des points de vue conventionnels, un sérieux effort pour chercher la vérité, il ou elle mérite d'être écouté.
- Les "importants consensus scientifiques" qui se sont révélés erronés dans le passé sont en fait très rares ; les climatosceptiques citent souvent le cas de Galilée, ignorant qu'à l'époque celui-ci avait l'Eglise contre lui, mais certainement pas la majorité de ses confrères savants ; on pourrait éventuellement citer Wegener mais même là ce n'est pas très convaincant, car d'abord Wegener n'avait pas raison sur tout, et puis la controverse n'a pas duré vraiment très longtemps, alors que la découverte de l'effet de serre (bien mal nommé, mais il s'agit d'une image) date de 2 siècles maintenant et personne n'a pu le réfuter malgré quelques tentatives infructueuses (Gerlich & Tscheuschner par exemple) ; quant au rôle de l'homme dans la diffusion du CO2 dans l'atmosphère il faut être soit borné soit de très mauvaise foi pour affirmer qu'il est négligeable ; si le taux de CO2 est passé de 280ppm à plus de 400ppm depuis le début de la révolution industrielle, ce n'est pas un hasard ou le résultat de la fée Clochette.
What becomes clear to anyone following the climate debate, however, is that hardly any climate skeptics are in fact trying to get at the truth. I’m not a climate scientist, but I do know what bogus arguments look like — and I can’t think of a single prominent climate skeptic who isn’t obviously arguing in bad faith.
Take, for example, all the people who seized on the fact that 1998 was an unusually warm year to claim that global warming stopped 20 years ago — as if one unseasonably hot day in May proves that summer is a myth. Or all the people who cited out-of-context quotes from climate researchers as evidence of a vast scientific conspiracy.
- Prenons, par exemple, toutes les personnes qui ont exploité le fait que 1998 a été une année exceptionnellement chaude pour affirmer que le réchauffement climatique s'est arrêté il y a 20 ans - comme si une journée exceptionnellement chaude au mois de mai prouvait que l'été serait un mythe. Ou toutes les personnes qui ont fait référence à des citations hors contexte de climatologues comme preuve d'un vaste complot scientifique.
- Cela fait bien évidemment penser à Christopher Monckton et ses inénarrables articles sur WUWT affirmant que la température n'a pas évolué depuis 18 années et des brouettes ; ou a Michael Mann qui fut accusé de manipulation de données dans le cadre du piteux climategate organisé pour démolir par avance la future COP15 qui s'est tenue à Copenhague.
Or for that matter, think of anyone who cites “uncertainty” as a reason to do nothing — when it should be obvious that the risks of faster-than-expected climate change if we do too little dwarf the risks of doing too much if change is slower than expected.
- Ou d'ailleurs, pensez à quiconque mentionne «l'incertitude» comme une raison de ne rien faire - quand il devrait être évident que les risques d'un changement climatique plus rapide que prévu si nous faisons trop peu dépassent de beaucoup les risques de trop faire si le changement est plus lent que prévu.
- C'est bien sûr une évidence, comme le fait d'assurer sa maison contre l'incendie alors qu'il y a une très grande incertitude sur la survenance d'un tel accident ; mais il faut croire que les climatosceptiques n'assurent pas leur maison s'ils jugent que le risque est vraiment trop faible...
But what’s driving this epidemic of bad faith? The answer, I’d argue, is that there are actually three groups involved — a sort of axis of climate evil.
- Mais qu'est-ce qui motive cette épidémie de mauvaise foi ? La réponse, je dirais, est qu'il y a en réalité trois groupes impliqués - une sorte d'axe du mal climatique.
- D'où le titre de l'article de Krugman.
First, and most obvious, there’s the fossil fuel industry — think the Koch brothers — which has an obvious financial stake in continuing to sell dirty energy. And the industry — following the same well-worn path industry groups used to create doubt about the dangers of tobacco, acid rain, the ozone hole, and more — has systematically showered money on think tanks and scientists willing to express skepticism about climate change. Many — perhaps even most — authors purporting to cast doubt on global warming turn out, on investigation, to have received financial support from the fossil fuel sector.
- Tout d'abord, et le plus évident, il y a l'industrie des combustibles fossiles - pensez aux frères Koch - qui a un intérêt financier évident pour continuer à vendre de l'énergie sale. Et l'industrie - suivant le même chemin vu et revu que les groupes industriels ont utilisé pour créer le doute sur les dangers du tabac, des pluies acides, du trou d'ozone, et plus encore - a systématiquement déversé de l'argent sur des groupes de réflexion et des scientifiques disposés à exprimer un scepticisme au sujet du changement climatique. Beaucoup - peut-être même la majorité - des auteurs prétendant jeter le doute sur le réchauffement climatique se sont révélés, après enquête, avoir reçu un soutien financier du secteur des combustibles fossiles.
- Rappelons que Krugman est économiste, éventuellement prix "Nobel" d'économie, et qu'il est peu probable qu'il lance à la légère ce genre d'accusations en direction notamment des frères Koch ; ce n'est d'ailleurs un secret pour personne (sauf peut-être pour un de mes commentateurs habituels) et Desmogblog nous dit tout sur eux ; par ailleurs le livre de Naomi Oreskes et Erik Conway, Les marchands de doute, est suffisamment documenté et argumenté, au point d'être une référence sur la question de l'implication de certaines personnes dans le déni de la science à diverses époques ; pas étonnant d'ailleurs que les climatosceptiques tentent de décrédibiliser Oreskes en particulier (ils fichent la paix à son co-auteur) en "jouant" notamment sur son physique comme on peut le constater sur WUWT...
- Oreskes is obviously ugly as heck and lonely and bitter, she convinces women they are better off childless and on their own (Oreskes est évidemment diablement moche et solitaire et amère, elle convainc les femmes qu'elles sont mieux sans enfants et toutes seules.)
- I never realised that Naomi Oreskes face was as ugly as her thinking (Je n'avais jamais réalisé que le visage de Naomi Oreskes était aussi laid que sa pensée.)
Still, the mercenary interests of fossil fuel companies aren’t the whole story here. There’s also ideology.
- Pourtant, les intérêts mercenaires des entreprises de combustibles fossiles ne sont pas le fin mot de l'histoire ici. Il y a aussi l'idéologie.
An influential part of the U.S. political spectrum — think the Wall Street Journal editorial page — is opposed to any and all forms of government economic regulation; it’s committed to Reagan’s doctrine that government is always the problem, never the solution.
- De telles personnes ont toujours eu un problème avec la pollution : lorsque des actions individuelles non réglementées imposent des coûts aux autres, il est difficile de voir comment éviter de soutenir une forme d'intervention gouvernementale. Et le changement climatique est la mère de toutes les questions de pollution.
- Voir à ce sujet mon billet Petite leçon de comptabilité à l'usage des terriens dans lequel j'évoque les externalités niées notamment par les libéraux/libertariens pour lesquels seul compte l'individu, le gouvernement n'étant éventuellement là que pour faire respecter l'ordre et mater les révoltes de ceux qui ne seraient pas contents (j'exagère un peu, quoique...)
Some conservatives are willing to face this reality and support market-friendly intervention to limit greenhouse gas emissions. But all too many prefer simply to deny the existence of the issue — if facts conflict with their ideology, they deny the facts.
- Certains conservateurs sont prêts à faire face à cette réalité et à soutenir une intervention favorable au marché pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Mais beaucoup trop d'entre eux préfèrent simplement nier l'existence du problème - si les faits sont en conflit avec leur idéologie, ils nient les faits.
- Autrement dit on casse le thermomètre pour ne pas voir la température monter, variante de la tête dans le sable pour éviter d'être confronté à la réalité.
Finally, there are a few public intellectuals — less important than the plutocrats and ideologues, but if you ask me even more shameful — who adopt a pose of climate skepticism out of sheer ego. In effect, they say: “Look at me! I’m smart! I’m contrarian! I’ll show you how clever I am by denying the scientific consensus!” And for the sake of this posturing, they’re willing to nudge us further down the road to catastrophe.
- Enfin, il y a quelques intellectuels publics - moins importants que les ploutocrates et les idéologues, mais si vous voulez mon avis encore plus honteux - qui adoptent une attitude climatosceptique par pure haute opinion d'eux-mêmes. En effet, ils disent: "Regardez-moi ! Je suis intelligent ! Je suis anticonformiste ! Je vais vous montrer à quel point je suis intelligent en refusant le consensus scientifique » Et pour cette posture, ils sont prêts à nous pousser plus loin dans la voie de la catastrophe.
- Cela me fait penser à quelqu'un comme Rittaud, je ne sais pas pourquoi...
Which brings me back to the current political situation. Right now progressives are feeling better than they expected to a few months ago: Donald Trump and his frenemies in Congress are accomplishing a lot less than they hoped, and their opponents feared. But that doesn’t change the reality that the axis of climate evil is now firmly in control of U.S. policy, and the world may never recover.
- Ce qui me ramène à la situation politique actuelle. À l'heure actuelle, les progressistes se sentent mieux qu'ils ne l'avaient prévu il y a quelques mois : Donald Trump et ses amiennemies au Congrès accomplissent beaucoup moins qu'ils ne l'espéraient, et que leurs adversaires craignaient. Mais cela ne change pas la réalité que l'axe du mal du climat contrôle maintenant fermement la politique des États-Unis, et que le monde pourrait ne jamais s'en remettre.
- Le véritable souci dans la politique américaine du Donald est que tout foire sauf ce qu'il entreprend dans le cadre de l'environnement et du climat où il respecte assez bien ses promesses de campagne ; il ne lâchera donc rien sur ces sujets qui sont pour lui les plus faciles à mettre en oeuvre afin de s'assurer une majorité, lors de la prochaine élection, auprès de ses fidèles électeurs qui pour la quasi totalité ne croient pas au réchauffement de la planète.
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Je rappelle que dans mon billet sur Les motivations des climatosceptiques j'avais listé exactement cinq types de motivations d'ordre
- religieux
- idéologique
- économique
- technologique
- politique
Paul Krugman mentionne mes deuxième et troisième types, quant à son troisième à lui je n'y avais pas pensé, ou du moins je l'avais plus ou moins inclus dans l'idéologique, mais à la réflexion il mérite quand même une place à part, ce qui me fait penser qu'il faudra qu'un jour j'actualise mon billet sur les motivations qui semblent être encore un peu plus complexes que je ne pensais initialement.
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