jeudi 17 août 2017

L'énergie fossile, une amie qui vous veut du bien...

Harry, un ami qui vous veut du bien : Les vacances de Claire et Michel s'annoncent plutôt difficiles. [...] C'est alors qu'Harry débarque inopinément dans leurs vies, prêt à tout pour faire le bonheur de son ami Michel, dont il bouleversera l'existence.

Il faut se méfier de ces faux amis qui prétendent vouloir votre bien.


*****

Source gettyimages

ODI (Overseas Development Institute ), une ONG basée au Royaume-Uni, dont la mission est « d'inspirer [...] les politiques et les pratiques qui conduisent à la réduction de la pauvreté, à l'atténuation de la souffrance et à la réalisation de moyens de subsistance durables dans les pays en développement », a publié une étude qui m'a poussé à écrire le présent billet ; cette étude s'intitule Beyond coal: scaling up clean energy to fight global poverty (Au-delà du charbon : le développement des énergies propres pour lutter contre la pauvreté mondiale), voici comment elle est présentée en introduction :
  • Eradicating global poverty is within reach, but under threat from a changing climate. Left unchecked, climate change will put at risk our ability to lift people out of extreme poverty permanently by 2030, the first target of the Sustainable Development Goals. Coal is the world’s number one source of CO2 emissions. Most historic emissions came from the coal industry in the developed world in the last century, with China joining the biggest emitters at the beginning of this one. It is widely accepted that a rapid and just response to climate change will require the urgent replacement of coal with low-carbon energy sources in rich economies.
    • L'éradication de la pauvreté mondiale est à portée de main, mais menacée par un climat changeant. Non maitrisés, les changements climatiques mettront en danger notre capacité à sortir de manière permanente les personnes de leur situation de pauvreté extrême d'ici 2030, la première cible des objectifs de développement durable. Le charbon est la principale source mondiale d'émissions de CO2. La plupart des émissions historiques provenaient de l'industrie du charbon dans le monde développé au siècle dernier, la Chine joignant les plus grands émetteurs au début de celle-ci. Il est largement admis qu'une réponse rapide et juste au changement climatique nécessitera le remplacement urgent du charbon par des sources d'énergie à faible teneur en carbone dans les économies riches.
  • Now the coal industry claims that expanding coal use is critical to fighting extreme poverty and improving energy access for billions of people in developing countries. In fact, the opposite is true. The global commitment to eradicate extreme poverty and energy poverty by 2030 does not require such an expansion and it is incompatible with stabilising the earth’s climate. The evidence is clear: a lasting solution to poverty requires the world’s wealthiest economies to renounce coal, and we can and must end extreme poverty without the precipitous expansion of new coal power in developing ones.  
    • Maintenant, l'industrie du charbon affirme que l'utilisation croissante du charbon est essentielle pour lutter contre la pauvreté extrême et améliorer l'accès à l'énergie pour des milliards de personnes dans les pays en développement. En fait, c'est le contraire qui est vrai. L'engagement global pour éradiquer l'extrême pauvreté et la pauvreté énergétique d'ici 2030 n'exige pas une telle expansion et celle-ci est incompatible avec la stabilisation du climat terrestre. La preuve est claire : une solution durable à la pauvreté exige que les économies les plus riches du monde renoncent au charbon, et nous pouvons et devons mettre fin à l'extrême pauvreté sans l'expansion précipitée de la nouvelle puissance du charbon dans les pays en développement.
  • This paper explores the role of energy in fighting poverty, arguing that:
    • More coal will not end energy poverty
    • Coal is given too much credit for the reduction of extreme poverty
    • Better energy options exist to lift people out of income poverty
    • More coal will entrench poverty.
      • Cet article explore le rôle de l'énergie dans la lutte contre la pauvreté, en soutenant que:
        • Plus de charbon ne mettra pas fin à la pauvreté énergétique
          On accorde trop d'importance au charbon dans la réduction de l'extrême pauvreté
          Il existe de meilleures options énergétiques pour sortir les gens de la pauvreté monétaire
          Davantage de charbon renforcera la pauvreté.

Dans le document nous pouvons notamment examiner le graphique suivant qui concerne la Chine :


Si ce graphique dit bien la vérité et n'a pas été trafiqué (difficile d'être sûr à 100% de l'honnêteté des gens, mais sur ce coup on va leur faire confiance) on ne peut que remarquer que la diminution de la pauvreté a bien précédé, et non suivi, l'expansion de l'utilisation du charbon dans ce pays ; le commentaire dans l'étude est le suivant :
  • Box 2: What were the real drivers of China’s successful reduction of extreme poverty? Detailed time series analyses by World Bank economist Martin Ravallion have revealed that China’s success in reducing extreme poverty was primarily driven by growth in agricultural productivity, enabled by regulatory changes that dismantled collective farms and empowered smallholder farmers to benefit economically from managing their own farms (Ravallion, 2008). Between 1980 and 1985, agricultural productivity increased by an average of 7.5% per year, much of it among the poorest households. Urbanisation and the growth of exportorientated manufacturing also played a role, but can be credited with less than one quarter of the extreme poverty reduction between 1981 and 2004 (World Bank, 2016). While few, if any, countries have succeeded in dramatically reducing poverty without industrialising, no poorer agrarian economies have succeeded in either materially reducing extreme poverty or industrialising without first improving agricultural productivity in ways that benefit the rural poor (Ravallion, 2008). Small-scale agriculture remains the primary employer in the majority of least developed countries, representing 48% of the developing world labour force (Cheong et al., 2013). In sub-Saharan Africa, it employs seven times as many people as industry (Ibid.).
    • Encadré 2: Quels ont été les véritables moteurs de la réduction réussie de l'extrême pauvreté par la Chine? Les analyses détaillées des séries chronologiques de l'économiste de la Banque mondiale, Martin Ravallion, ont révélé que le succès de la Chine dans la réduction de la pauvreté extrême reposait principalement sur la croissance de la productivité agricole, grâce à des changements réglementaires qui ont démantelé les fermes collectives et autorisé les petits agriculteurs à tirer profit économiquement de la gestion de leurs propres fermes (Ravallion 2008). Entre 1980 et 1985, la productivité agricole a augmenté en moyenne de 7,5% par année, dont une parmi les ménages les plus pauvres. L'urbanisation et la croissance de la fabrication orientée vers l'exportation ont également joué un rôle, mais pour moins d'un quart de la réduction de la pauvreté extrême entre 1981 et 2004 (Banque mondiale, 2016). Alors que peu de pays, s'il en est, ont réussi à réduire considérablement la pauvreté sans industrialisation, aucune économie agraire pauvre n'a réussi à réduire matériellement la pauvreté extrême ou à s'industrialiser sans d'abord améliorer la productivité agricole de manière à bénéficier aux ruraux pauvres (Ravallion, 2008). L'agriculture à petite échelle reste l'employeur principal dans la majorité des pays les moins avancés, représentant 48% de la main-d'œuvre mondiale en développement (Cheong et al., 2013). En Afrique subsaharienne, elle emploie sept fois plus d'individus que l'industrie (Ibid.).


Pour résumer, permettons aux pays pauvres de subvenir à leurs besoins primaires d'alimentation en favorisant leur agriculture locale, et nous leur donnerons de meilleures chances de se développer.

A noter que, dans le cas de la Chine, l'augmentation de la productivité agricole a été "encouragée" par l'utilisation à outrance de pesticides ; le résultat pour ce pays c'est qu'aujourd'hui la quasi-totalité des nappes phréatiques est polluée, ce qui a amené les autorités chinoises à réagir au point que la Chine serait maintenant le leader asiatique du bio ! (source novethic) ; qu'aurait été la situation si dès le début les paysans chinois n'avaient utilisé aucun pesticide ? Probablement une moindre productivité, mais un environnement plus sain et une expertise en agriculture bien plus développée...

En ce qui concerne l'Inde le charbon a encore moins prouvé qu'il pouvait être utile aux pauvres de ce pays :
  • India’s population of 1.24 billion comprises 247 million households, 68% of whom live in rural villages. According to the 2011 census, 45% of these rural households – 75 million – have no electricity. Of urban households, 6 million remain without electricity, or about 8% of the total. These figures have not changed appreciably since 2001, though around 95,000 MW of new largely coal-based electricity generation capacity was added during the intervening decade (Sarma, 2015).
    • La population indienne de 1,24 milliard comprend 247 millions de foyers, dont 68% vivent dans des villages ruraux. Selon le recensement de 2011, 45% de ces ménages ruraux - 75 millions - n'ont pas d'électricité. Parmi les ménages urbains, 6 millions restent sans électricité, soit environ 8% du total. Ces chiffres n'ont pas changé de manière appréciable depuis 2001, mais environ 95 000 MW de nouvelles capacités de production d'électricité en grande partie à base de charbon ont été ajoutés au cours de la décennie intermédiaire (Sarma, 2015).

A côté de tout cela on s'aperçoit que, sur le papier du moins, les énergies renouvelables sont abondantes sur la planète :


Ainsi parmi les énergies renouvelables le solaire se taille largement la part du lion, principalement en Afrique et en Australie, ce qui n'a rien de bien étonnant ; on notera au passage que ce sont des régions avec de vastes espaces qui sont peu propices aux énergies véhiculées via un réseau électrique dense comme on peut en connaître en Europe ou en Amérique du nord, par conséquent elles sont tout à fait indiquées pour voir se développer une énergie décentralisée au plus proche des consommateurs, ce que seuls le solaires et l'éolien, et éventuellement la géothermie, peuvent faire quasiment partout sur la planète (avec certes des problèmes liés à leur intermittence)

L'étude par ailleurs nous dit :
  • It is true that coal-fired power currently dominates many national energy mixes: coal provides 42% of global power supply and renewable energy only 22%. Coal’s present dominance, however, is a poor indicator of the current and future economics of increasing electricity supply. Electricity plants are long-lived assets, and our current electricity mix is a hangover from the coal-heavy system installed in previous decades.
    • Il est vrai que l'énergie issue du charbon domine actuellement de nombreuses combinaisons énergétiques nationales : le charbon fournit 42% de l'alimentation électrique mondiale et les énergies renouvelables seulement 22%. La domination actuelle du charbon, cependant, est un mauvais indicateur de l'économie actuelle et future de l'augmentation de l'approvisionnement en électricité. Les usines d'électricité sont des actifs à long terme, et notre mix d'électricité actuel est un vestige du système principalement issu du charbon installé au cours des décennies précédentes.
Evidemment il y a loin de la coupe aux lèvres et pour l'instant la consommation d'électricité est très largement dominée par les énergies dites fossiles ; qu'on en juge avec ce tableau tiré du site encyclopedie-dd :


* PCI : pouvoir calorifique inférieur
** PCS : pouvoir calorifique supérieur. Pour les combustibles contenant de l’hydrogène, la combustion produit de la vapeur d’eau en plus du CO2 ; la chaleur restituée lors de la condensation de cette vapeur est prise en compte dans le PCS et dans le PCI.

Mais le plus instructif à mon sens est ce graphique qui représente la production d'électricité par source :



On voit ici que les renouvelables sont loin d'avoir exprimé tout leur potentiel, entre 1971 et 2003 leur part dans le mix a assez peu évolué en valeur absolue et a même diminué en valeur relative. 

Mais on peut quand même se poser la question de savoir à quoi sert toute cette débauche d'énergie, surtout si elle ne permet pas de vaincre la pauvreté, comme l'étude semble le démontrer pour le charbon.

Et si toutes les énergies fossiles étaient des faux-amis qui, comme Harry, prétendraient nous vouloir du bien mais en fait ne feraient que provoquer des difficultés que nous n'aurions pas eues sans elles ?

Il s'agit évidemment d'une question purement théorique puisque les fossiles sont une réalité avec laquelle il faut compter et dont on ne se débarrassera pas sur un simple coup de baguette magique ; il est cependant utile de se poser ce genre de question afin de s'interroger sur ce qu'il convient de faire dès à présent pour limiter les dégâts, mais force est de constater que certains ne sont pas capables de "changer de logiciel" et continuent à penser sans faire preuve de la moindre souplesse intellectuelle.

Ainsi deux de mes lecteurs fétiches m'ont gratifié de commentaires étonnants, pour ne pas dire ahurissants, suite à deux de mes deux billets, La Terre reverdirait, à moins que... et Petite leçon de comptabilité à l'usage des terriens :
  • Anonyme 2 juillet 2017 à 11:16 Rien n'est simple dans la vie, il y a des dangers que nous devons accepter de prendre (conduire une voiture, prendre un avion, etc.) mais il y en a d'autres qui sont plus ou moins facilement évitables et qui doivent être étudiés car il n'apportent pas vraiment de valeur ajoutée à l'ensemble de la société, ils servent seulement à enrichir une faible portion de l'humanité. Mais le "danger" du CO2 n'est pas du tout facilement "évitable". C'est à 100 % le contraire et les fossiles ont justement apporté "une valeur ajoutée" majeure à la société dont l'immense majorité des gens n'ont aujourd'hui plus du tout conscience. Sans énergie abondante et pas trop chère la population mondiale devra s'effondrer et le sort de la majorité des survivants revenir à ce qu'il était avant la révolution industrielle: pas de démocratie, esclavage, pas d'éducation etc etc. [...] Alors pourquoi vouloir replonger le monde dans le Moyen Age tout de suite avec une "solution" qui ne marchera même pas pour résoudre un possible problème dans un siècle dont l'ampleur et la nature n'est même pas certaine ? [...]
  • BenHague 6 juillet 2017 à 09:51 [...] AU terme de votre brillante demonstration , comment expliquez vous que l 'esperance de vie moyenne dans le Monde ait progress'e de 20 a 30 ans depuis le siecle dernier ?
  • BenHague 6 juillet 2017 à 10:09  ET comment expliquez vous l' explosion demographique mondiale ? ( qui est elle aussi concommittante de l' utilisation intensive des fossiles : un hasard sans doute ? ) .

Tout d'abord il faudrait m'expliquer en quoi le fait que la démographie ait explosé, "grâce" aux fossiles, pourrait être considéré comme un bienfait pour l'humanité... Nous serons au milieu de ce siècle environ 9 milliards d'êtres humains, alors que nous voyons dès aujourd'hui tous les problèmes que nous rencontrons avec "seulement" 7 milliards, est-ce donc qu'on peut considérer que les choses vont s'arranger sachant notamment que l'élévation de la température, entre autres problèmes à gérer comme la montée du niveau des océans, va entrainer des migrations dont nous n'avons qu'une toute petite idée ?

Ensuite qu'est-ce qui permet à mon commentateur d'affirmer que l'explosion démographique serait due à l'utilisation des fossiles ? Dans un premier temps j'étais plutôt d'accord avec cette idée mais en y réfléchissant un peu plus je me dis que sans aucun fossile peut-être que la population aurait évolué de la même façon ou, pourquoi pas, aurait été encore plus forte !

Je faisais remarquer, dans mon billet sur la comptabilité et les externalités, que les deux guerres mondiales nous avaient coûté près de 80 millions de morts, dont une grande partie de jeunes gens qui n'ont pas eu le temps de procréer... A ces deux guerres mondiales il faut rajouter tous les événements létaux liés à l'utilisation des fossiles, directement ou indirectement, ayant eu le même effet de freiner l'expansion de la démographie ; par ailleurs en quoi l'utilisation du charbon au 19ème siècle, puis du pétrole au 20ème, aurait pu avoir un effet sur l'allongement de l'espérance de vie et l'augmentation de la population mondiale, sachant que c'est essentiellement en Asie que l'on trouve la plus forte expansion, comme l'indique wikipedia :


Ainsi en Asie on est passé de 48% de la population mondiale en 1500 à 60% en 2012, alors qu'en Europe les pourcentages sont respectivement de 29% et 11% ; en 1900 les proportions étaient de 57% pour l'Asie contre 25% pour l'Europe, montrant que durant le 20ème siècle c'est surtout en Asie que la population a augmenté, alors que le charbon et le pétrole étaient largement utilisés pendant cette période ; en quoi ces énergies fossiles ont-elles pu contribuer à l'augmentation de la population sachant, comme on l'a vu plus haut pour la Chine, que l'on n'a pas pu créditer le charbon d'une réelle amélioration de la vie des habitants.

En réalité il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu dans l'amélioration de la qualité de la vie, et donc dans l'augmentation de l'espérance de vie, qu'il est très compliqué de dire ce qui a pu les favoriser sur la durée ; et c'est sans se poser la question de ce qui va nous arriver d'ici la fin de ce siècle si les températures dépassent de 4 ou 5 degrés, voire plus, les niveaux pré-industriels, c'est-à-dire d'avant l'utilisation des énergies fossiles.

Le premier commentateur affirmait que « [s]ans énergie abondante et pas trop chère la population mondiale devra s'effondrer », ce qui n'est pas démontrable, bien que possible ; en effet c'est partir du principe qu'on arrêterait tout immédiatement, et dans ce cas on peut effectivement penser que nous rencontrerions de sérieux problèmes !

Nous sommes en fait comme des toxicomanes qui ont besoin de leur piqûre quotidienne pour "tenir" et continuer à flotter dans leur petit monde virtuel, et si on les sèvre brutalement ils sont très mal et peuvent même en mourir.

Mais on peut tout de même se demander ce que serait devenu un toxicomane s'il n'avait jamais pris de drogue ; il n'aurait pas fait d'expériences psychédéliques, sa vie aurait peut-être été plus "banale", mais il serait en bien meilleure santé et aurait probablement trouvé d'autres occupations.

Si nous n'avions jamais connu aucun fossile, ni charbon, ni pétrole, ni gaz, et avions dû compter uniquement sur ce que la nature nous fournit gracieusement et de manière infinie, à savoir le soleil, le vent, l'eau, la chaleur de la Terre, alors que serions-nous devenus ?

Il est impossible de répondre à cette question, la seule solution aurait été d'avoir deux planètes identiques et de les faire "tourner" l'une avec fossiles et l'autre sans, puis voir aujourd'hui, et dans cent ans, l'état de la population de chaque planète et en tirer les conclusions en fonction des observations ; ou alors inventer une machine à remonter dans le temps et revenir en 1800 et fonctionner sans fossiles pour voir ce que cela ferait.

Comme tout cela ne peut se faire il nous reste donc à imaginer les choses, et se demander par exemple si, comme l'affirme un de mes commentateurs, « les fossiles ont justement apporté "une valeur ajoutée" majeure à la société dont l'immense majorité des gens n'ont aujourd'hui plus du tout conscience ». Ce même commentateur ajoutait d'ailleurs :
  • Anonyme2 juillet 2017 à 16:47  [...] Grâce à l'énergie abondante des fossiles et les bourses qui ont pu être distribuées, j'ai pu faire des études prolongées et devenir physicien, chose réservée à une infime minorité privilégiée avant.
On est bien contents pour lui, et à vrai dire moi aussi je suis très satisfait quand je pense à tout ce que les fossiles m'ont apporté, j'ai moi aussi fait des études et j'ai occupé des postes intéressants dans des sociétés liées aux fossiles (fabrication de bouteilles en plastiques ou plus récemment agrochimie), j'ai pu faire des voyages, j'utilise fréquemment ma voiture pour aller à la montagne faire des randonnées, je profite de l'Internet et de tous ses à-côté comme jouer à WoW ou tenir ce blog, entre multiples autres choses qui me sont permises "grâce" aux fossiles.

Mais considérer la question sous un angle nombriliste est non seulement faire preuve d'un égoïsme déplacé, car une majorité des habitants de la planète n'ont pas eu notre chance, c'est aussi être à la fois juge et partie et tomber sous le coup de ce que l'on pourrait appeler un conflit d'intérêt : ce n'est pas à celui qui profite d'un avantage quelconque de porter un jugement sur la valeur réelle de cet avantage, la réflexion est irrémédiablement biaisée et se retrouve par conséquent sans valeur aucune.

Qui nous dit que sans les fossiles la médecine n'aurait pas fait davantage de progrès, donc qui nous dit que sans les fossiles l'espérance de vie ne serait pas plus longue aujourd'hui et encore plus longue en 2100 ?

Qui nous dit que sans les fossiles il n'y aurait pas moins de personnes dans le monde qui mourraient de faim ?

Qui nous dit que sans les fossiles l'esclavage n'aurait pas été aboli plus tôt et que la démocratie ne serait pas davantage étendue sur la planète, et qui nous dit que les gens seraient moins éduqués ?

Heureux les simples d'esprit qui ont des réponses toutes faites à ce genre de questions, ils iront sûrement au Paradis des doux rêveurs qui croient que le Dieu Foh'sil a apporté la joie et la sérénité à tous les Terriens pour l'éternité.


En attendant "il faut faire avec" comme on dit, nous avons une société de consommation basée essentiellement sur les fossiles et il faut se demander comment quitter notre état de dissonance cognitive qui fait que bien que sachant que nous allons dans le mur nous continuons à appuyer sur la pédale d'accélérateur.


*****

A lire :



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire