Voici donc la deuxième partie du billet que je vous avais promise dans Bientôt 2022. Avec la réponse à la question cruciale : quel rapport entre l'élection de 2022 et le réchauffement climatique ?
Commençons doucement afin de ne pas brusquer les âmes sensibles.
Avec mes sottisiers je m'amuse, c'est le mot, et j'espère aussi que j'amuse certains d'entre vous, du moins ceux qui ne se sentent pas visés, je m'amuse disais-je à répertorier les perles sur lesquelles je tombe au fil de mes lectures internetesques, avec notamment quelques préférences pour des sites comme Skyfall où je suis sûr de trouver mon bonheur avec tous les petits rigolos qui s'en servent pour refaire le monde depuis leur salon, confortablement assis dans leur canapé en train de boire une bière et de visionner la dernière vidéo de Raoult ou de Perronne.
Disons-le carrément, ces gens-là sont sans aucune importance, ce ne sont que des benêts insignifiants, pour la plupart anonymes, tout comme moi d'ailleurs ; la seule différence entre eux et moi c'est que je suis un benêt insignifiant et anonyme revendiqué qui a le tort de faire confiance à la science et de ne pas se précipiter la tête la première dans la moindre faille complotiste, ce qui m'évite de délirer et élucubrer en avançant des thèses fumeuses et funambulesques comme on peut en voir à la pelle sur les sites dits de « réinformation » dont Skyfall fait partie.
A l'extrémité supérieure du spectre « confusionniste » (à ne pas confondre avec le confucianisme qui peut lui aussi rendre confus) nous trouvons les professionnels de la désinformation dont la spécialité est de jeter le doute et le trouble parmi les lascars de la première espèce ci-dessus citée, avec il faut bien l'avouer un succès avéré ; en nous contentant de ne parler que du climat (pour le Covid-19 les ficelles sont différentes même si quelques unes sont communes) nous connaissons assez bien maintenant les ténors (du bar haut ?) de la disciplines, qui sont au passage essentiellement anglo-saxons : le maitre en relations publiques Marc Morano, un cador de la désinformation grassement rémunérée et complètement décomplexée ; Anthony Watts, ex-présentateur météo ayant jugé plus lucratif de créer un blog qu'il a réussi à hisser à la première place mondiale des sites de réinformation en matière de climat au logis ; Christopher Monckton, le petit lord qui se prend pour un pair du Royaume-Désuni et qui avec son diplôme de journalisme se pique de renverser la table de la physique en réinventant les lois de la thermodynamique selon son bon vouloir ; et de nombreux autres tels que Judith Curry, Richard Lindzen, John Christy et son acolyte créationniste assumé Roy Spencer, tous, à part Morano, ont la particularité singulière d'être des scientifiques ou d'avoir des bases scientifiques (pour Watts difficile de le qualifier de scientifique...) notamment en météorologie et/ou climatologie.
On peut également ajouter, sans trop de risque de se tromper, que tous sans exception sont rémunérés d'une façon ou d'une autre pour diffuser leurs réinformations douteuses (i.e. servant à répandre le doute), car on ne peut pas imaginer un seul instant qu'ils mouillent à ce point leur chemise gratuitement, « pour le bien de l'humanité » !
Ainsi Anthony Watts blague souvent sur le chèque qu'il attend toujours de « Big Oil » et ses adorateurs relaient avec délectation ce genre de plaisanterie, par exemple dans Requesting some assistance :
dbstealey
August 28, 2013 4:28 pm
A hundred coming your way.
Folks, there is no more honorable and faithful advocate of honest science than Anthony Watts. Please do what you can, even if it’s only the cost of a Big Mac. We need someone to speak for us, and Anthony’s Big Oil paycheck has been delayed this month for some reason…
Une centaine [de dollars] arrive vers [Anthony Watts].
Mes amis, il n'y a pas de plus honorable et fidèle défenseur de la science honnête qu'Anthony Watts. Faites ce que vous pouvez, même si ce n'est que le coût d'un Big Mac. Nous avons besoin de quelqu'un pour parler en notre nom, et le chèque de salaire d'Anthony de Big Oil a été retardé ce mois-ci pour une raison quelconque...
On peut voir le même genre de blague non dans un commentaire mais directement dans un article, comme dans Home Invasion écrit par Willis Eschenbach, un des multiples clones désinformateurs affiliés à la sphère wattsienne :
So Anthony, I’m proud to claim you among my friends, and [...] we both know there’s no money in the blog game, and the Big Oil paycheck is always just mailed yesterday and will arrive tomorrow.
Donc Anthony, je suis fier de te compter parmi mes amis, et [...] nous savons tous les deux qu'il n'y a pas d'argent dans le jeu des blogs, et le chèque de paie de Big Oil vient tout juste d'être posté hier et arrivera demain.
Ah ah ah, vraiment trop drôle ! Quel humour ce Willis, mais aussi quel fin psychologue, ne l'oublions pas, car en effet si l'on veut désamorcer une bombe sur le point d'exploser le meilleur moyen n'est pas d'attendre à côté d'elle et de nier qu'elle va exploser, c'est de carrément aller la neutraliser par une action positive ; ainsi on prétend qu'il n'y a aucun chèque de Big Oil en plaisantant sur le chèque de Big Oil qu'on ne va pas tarder à recevoir, ce n'est pas plus compliqué que cela. Mais tout le monde ne se laisse pas duper par ces stratagèmes puérils, ainsi dans Anthony Watts responds to a paper on climate misinformation with misinformation about the paper on peut lire :
Anthony Watts is either a liar, or illiterate. And he’s just proven it. This shouldn’t be unexpected news to anyone at this point, but his latest post for Heartland, necessary to justify the paycheck he’s getting from that fossil-fuel-funded organization, makes it painfully obvious.
Anthony Watts est soit un menteur, soit un illettré. Et il vient de le prouver. Cela ne devrait être une nouvelle inattendue pour personne à ce stade, mais son dernier billet pour Heartland, nécessaire pour justifier le salaire qu'il reçoit de cette organisation financée par les combustibles fossiles, le rend douloureusement évident.
On peut véritablement douter qu'Anthony Watts et ses petits copains se donnent autant de peine et ne ménagent ni leur temps ni leurs efforts qu'en ayant comme seul objectif que celui d'informer en toute objectivité la population inculte qui leur fait confiance ; la seule hypothèse plausible est qu'ils font cela pour de l'argent, car business is business et l'argent n'a pas d'odeur comme chacun sait. Il est simplissime pour les grandes industries (Exxon, BP, Peabody Energy, etc.) de cacher les virements effectués en direction de tous les gentils désinformateurs qui œuvrent pour retarder voire annuler des réglementations qui leur seraient défavorables, et c'est un comptable qui vous le dit ! Dans les dizaines (ou centaines...) de milliers d'écritures qui peuplent la comptabilité de ces géants bien malin celui qui pourrait dénicher les transferts d'argent somme toute minimes en regard des autres opérations enregistrées ; il faudrait qu'un lanceur d'alerte, un contrôleur de gestion ou un réviseur comptable ayant la fibre écologiste par exemple, arrive à déceler que tel montant de quelques milliers de dollars a été versé à quelqu'un rémunéré uniquement pour falsifier ce que dit la science « officielle »...On voit bien que la probabilité que cela arrive est proche du zéro absolu.
Nous avons donc deux extrêmes : d'un côté les gros naïfs qui gobent tout ce que ceux de l'autre côté leur ont savamment concocté moyennant finance, et cela au bénéfice exclusif des industriels qui désirent, on les comprend, garder leurs avantages le plus longtemps possible.
Mais entre les deux nous avons (je parle ici uniquement de la France, cependant on peut extrapoler la chose à bien d'autres pays) des intermédiaires, des sortes d'interfaces entre les pointures désinformatrices professionnelles anglo-saxonnes et la base inculte et parfois quasiment analphabète prête à avaler l'hameçon avec l'asticot et même la ligne entière ; ces entremetteurs ont pour noms Benoit Rittaud, François Gervais, Rémy Prud'homme, Jean-Marc Bonnamy, Bernard Beauzamy, Christian Gérondeau, Claude Allègre, plus quelques autres dont le nom ne me vient pas immédiatement à l'esprit.
Tous ces maquignons (synonyme d'intermédiaires rusés cachant habilement les défauts de leur marchandise) ont plusieurs points commun, et notamment deux remarquables :
- ils ont tous une formation scientifique, ou du moins de solides bases scientifiques, dont ils se servent pour mettre en avant des discours fantaisistes sur le changement climatique ;
- ils sont tous adulés et largement cités par les médias...d'extrême droite !
Par conséquent le second tour verrait s'opposer Marine Le Pen à...un autre candidat, soit Emmanuel Macron, soit l'heureu-zélu de chez Les Républicains s'ils arrivent à trouver la perle rare qui sortirait d'une moule avariée...
* Le terme climatonégationniste que j'emploie ici est assumé, il ne s'agit pas d'une erreur de ma part. J'ai déjà à plusieurs reprises dit dans mon blog que cette expression entrerait tôt ou tard dans le langage courant et que le mot négationniste ne serait plus employé exclusivement pour désigner quelqu'un qui nie les crimes nazis perpétrés durant la seconde guerre mondiale contre les Juifs (sans oublier les gens du voyage alors appelés les tsiganes) ; un jour ou l'autre les dictionnaires accepteront l'entrée climatonégationniste (avec ou sans trait d'union), ce n'est qu'une question de temps, pour l'instant ce terme est déjà employé, notamment très récemment dans un livre publié par le collectif Zetkin avec pour titre Fascisme fossile et publié aux éditions La fabrique. Dès le premier chapitre le ton est donné, puisqu'il s'intitule Les fortunes du négationnisme climatique !
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