L'ami phi aime poser des devinettes à ses con-génères :
1901. phi | 13/12/2020 @ 0:31
Une série climatique de la collection Kilucru, je la pose sur le comptoir.
https://www.zupimages.net/up/20/50/yrkh.png
Un pot virtuel de merlot islandais pour celui qui trouve.
Le lien fourni mène sur ce graphique non légendé à dessein sur l'axe des ordonnées :
L'énigme de monsieur phi. |
1904. phi | 13/12/2020 @ 11:24
Indices.
La série est tirée d’un papier publié avec tous les tampons requis. De l’étude en question, elle ne représente que la seconde étape mais aussi celle qui a le plus de sens physique.
Une floppée de chercheurs travaillent dur depuis des années sur le jeu de données dont elle est issue afin de lui trouver une forme plus climatologiquement correcte.
On commence à entrevoir la démarche qui consiste à déprécier le travail de scientifiques en alléguant de mystérieuses manipulations de leur part. Comme phi est bon prince il donne d'autres indices :
1908. phi | 13/12/2020 @ 16:35
Nouveaux indices.
Ces sont des données globales bien connues mais rarement présentées sous cette forme et à cette étape de traitement. La température n’intervient pas dans l’ordonnée.
Si ce n'est pas la température c'est donc ton frère...euh non, je m'égare là, mais peut-être comme notre clown qui tient à amuser sa galerie. Comme un certain ppm451 propose la date des vendanges voici la réponse :
1911. phi | 13/12/2020 @ 19:03
ppm451 (#1910),
En effet, ce ne sont pas les dates des vendanges.
Si la climatologie n’était pas une pseudo-science, cette courbe devrait vous être familière. Les clowns manipulateurs du giec ont encore frappé.
Un clown qui traite de clowns de véritables scientifiques, on a déjà vu ça plusieurs fois ; je rappelle pour info que phi est celui-là même qui ne sait pas ce qu'est un forçage radiatif (voir Le sottisier de la semaine 2) et qui croit que les climatologues feraient mieux de raisonner en températures absolues plutôt qu'en anomalies (voir Gros problèmes de compréhension chez Skyfall (7)), c'est-à-dire en variations par rapport à une période de référence ; il a également des notions vagues de ce que sont l'effet de serre ou le gradient adiabatique, ce qui a donné lieu sur Skyfall à de mémorables passes d'armes avec plusieurs intervenants apparemment beaucoup plus qualifiés que lui sur tous ces sujets, mais bref, passons. Ici il va nous démontrer qu'il est aussi nul sur un sujet supplémentaire qui est...
1919. ppm451 | 13/12/2020 @ 23:39
où est-ce qu’on trouve des références 0 qui ne soient pas une température ?
un marégraphe marseillais, peut-être ? mais c’est une référence d’altitude, zut c’est pas très climatique…
Ça chauffe, on se rapproche :
1921. ppm451 | 14/12/2020 @ 0:02
Héhé ?
https://link.springer.com/article/10.1007/s10712-011-9119-1/figures/8
Le lien donne ce graphique :
Linear trends in sea level over successive 16 year periods for the yearly averaged reconstructed sea-level data. The trend from the satellite altimeter data are shown at the end of the time series |
Traduction de la légende :
Tendances linéaires du niveau de la mer sur des périodes successives de 16 ans pour les données moyennes annuelles reconstituées du niveau de la mer. La tendance des données altimétriques satellitaires est indiquée à la fin de la série chronologique
Et notre guignol s'ajouter :
1922. ppm451 | 14/12/2020 @ 0:16
Les amplitudes ne sont pas tout-à-fait les mêmes, mais les points d’inflexions sont pile-poil ajustés 😉
J’avais entendu dire ici que le niveau marin posait un problème de cohérence avec la doxa…
Je me pince afin de m'assurer que je ne rêve pas. Mais non, le dénommé ppm451 semble croire que la courbe représente l'évolution du niveau marin, de toute évidence il n'a pas compris le sens du mot « trend » qui signifie tendance...
En allant directement voir l'étude d'où est tiré ce graphique (voir Sea-Level Rise from the Late 19th to the Early 21st Century | SpringerLink) les graphiques suivants nous sont proposés :
Traduction :
Figure 4 : Niveau moyen mondial de la mer de 1990 à 2009, estimé à partir des données sur le niveau de la mer des côtes et des îles (en bleu avec une estimation de l'incertitude d'un écart-type) et estimé à partir des données altimétriques des satellites de 1993 (en rouge). Les moyennes annuelles estimées par satellite et in situ ont la même valeur en 1993 et les données in situ sont mises à zéro en 1990. Les lignes verticales en pointillés indiquent la transition du côté A de TOPEX au côté B de TOPEX, et le début des enregistrements de Jason-1 et OSTM/Jason-2
Fig.5 : Global average sea level from 1860 to 2009 as estimated from the coastal and island sea-level data (blue). The one standard deviation uncertainty estimates plotted about the low passed sea level are indicated by the shading. The Church and White (2006) estimates for 1870–2001 are shown by the red solid line and dashed magenta lines for the 1 standard deviation errors. The series are set to have the same average value over 1960–1990 and the new reconstruction is set to zero in 1990. The satellite altimeter data since 1993 is also shown in black |
Figure 5 : Niveau moyen mondial de la mer de 1860 à 2009, estimé à partir des données sur le niveau de la mer des côtes et des îles (en bleu). Les estimations de l'incertitude d'un écart-type, tracées à propos du niveau de la mer passé bas, sont indiquées par l'ombrage. Les estimations de Church et White (2006) pour la période 1870-2001 sont indiquées par la ligne rouge continue et les lignes magenta en pointillés pour les erreurs d'un écart-type. Les séries sont établies pour avoir la même valeur moyenne sur la période 1960-1990 et la nouvelle reconstruction est fixée à zéro en 1990. Les données altimétriques du satellite depuis 1993 sont également représentées en noir
Traduction :
Figure 6 : Niveau moyen mondial de la mer de 1860 à 2009, estimé à partir des données sur le niveau de la mer des côtes et des îles (bleu), comparé aux estimations de Jevrejeva et al. (2006, brun), Holgate et Woodworth (2004, rouge) et à partir d'une moyenne simple des marégraphes (jaune). Toutes les séries ont la même valeur moyenne sur la période 1960-1990 et les reconstructions sont mises à zéro en 1990. Les données altimétriques du satellite depuis 1993 sont également représentées en noir
Traduction :
Figure 7 : Niveau moyen mondial de la mer de 1860 à 2009, estimé à partir des données relatives au niveau de la mer sur les côtes et les îles (en gris) et après correction pour tenir compte des changements dans le stockage terrestre liés à la construction de barrages et à la suppression d'aquifères (en bleu). Notez que ces séries sont pratiquement identiques avant 1950
Ainsi ces différents graphiques nous montrent la variation du niveau des mers selon différentes mesures, toutes allant dans le même sens ; l'année 1990 sert de référence (année 0) pour montrer les variations un peu sur le même modèle que les anomalies de températures ; nous avons donc les variations suivantes :
Figure 4 : de 1990 à 2009 l'amplitude est de 0 à +55 soit +55mm (+2,75mm par an)
Figures 5/6/7 : de 1860 à 2009 l'amplitude est de -190 à +50 soit +240mm (+1,60mm par an)
Déjà nous voyons ici qu'une accélération a bien eu lieu dans le temps puisque nous passons de +1,60mm par an sur 1860-2009 à +2,75mm par an sur les 20 années récentes 1990-2009 (l'étude date de 2011)
Et c'est la figure 8 qui nous donne la clé du soi-disant mystère présenté par phi :
Traduction :
Figure 8 : Tendances linéaires du niveau de la mer sur des périodes successives de 16 ans pour les données moyennes annuelles reconstituées sur le niveau de la mer. La tendance des données altimétriques satellitaires est indiquée à la fin de la série chronologique
Ce graphique donne donc les tendances, sur des périodes successives de 16 ans, de la variation du niveau des mers ; parfois on est près du zéro, comme par exemple dans les années 1920, ce qui signifie qu'alors le niveau est resté relativement stable, ce qui peut d'ailleurs être vérifié sur les graphiques précédents, et d'autres fois on est à 2mm par an comme en 1895 ou entre 1935 et 1955, et l'on constate qu'aux environs de l'an 2000 nous ne sommes par très loin des 3mm par an.
Mais ce n'est pas fini, notre amuseur public tient à marquer de son empreinte son ignorance sur ce nouveau sujet avec un commentaire révélateur :
1924. phi | 14/12/2020 @ 9:20
[blablabla]
Ce n’est pas Church mais Dangendorf. Voilà le graphique dûment légendé :
https://zupimages.net/up/20/50/t08h.png
C’est en principe la meilleure estimation de la variation du niveau marin d’après marégraphes. Les données sont pondérées géographiquement et le rebond isostatique est pris en compte. C’est donc bien là une estimation de la variation effective. Les corrections supplémentaires ne font en principe qu’altérer ces valeurs effectives pour prendre en compte de manière discutable notamment les bilans hydriques de la planète.
La première vague a le statut d’énigme baptisée de Munk. Certains prétendent qu’elle aurait été résolue mais ce n’est que de l’enfumage assisté par ordinateur.
Et de nous sortir ce graphique de son chapeau de magicien :
Taux de variation du niveau marin. |
Mais où est le lien vers l'étude en question ? Ce graphique ne figure pas dans l'étude susmentionnée, et le nom de Dangendorf n'y apparait même pas ! Comme je suis gentil je vous donne la référence de cette étude (voir Reassessment of 20th century global mean sea level rise | PNAS) avec le graphique correct et non simplifié à la mode phi :
Fig. S9. Effect of tide gauge selection on GMSL and extension to 1880. (A) Shown are 11 realizations of our GMSL curve, using different subsets of tide gauges resulting from VLM error thresholds between 0.5 and 1.5 mm⋅y−1, extending back to 1880 (dashed lines). Since before 1902, there is no information on the geoid corrections; these curves are corrected only for VLM. The GMSL curve from Fig. 3A, including all corrections, is shown for comparison in black. Also shown are the reconstructions from refs. 1 and 6 (solid red and brown lines, respectively). (B) Corresponding rates. (C) Linear trends (1902–1990) and SDs (1902–2012) from each reconstruction (colored dots) shown in A and the final curve from Fig. 3A (black cross). |
Effet du choix du marégraphe sur le GMSL et extension jusqu'en 1880. (A) Sont montrées 11 réalisations de notre courbe GMSL, utilisant différents sous-ensembles de marégraphes résultant de seuils d'erreur VLM entre 0,5 et 1,5 mm⋅y-1, s'étendant jusqu'à 1880 (lignes en pointillés). Comme avant 1902, il n'existe aucune information sur les corrections du géoïde ; ces courbes sont corrigées uniquement pour le VLM. La courbe GMSL de la Fig. 3A, y compris toutes les corrections, est indiquée en noir à des fins de comparaison. Les reconstructions à partir des références sont également représentées. 1 et 6 (lignes rouges et brunes continues, respectivement). (B) Taux correspondants. (C) Tendances linéaires (1902-1990) et SD (1902-2012) de chaque reconstruction (points colorés) montrées en A et la courbe finale de la Fig. 3A (croix noire).Quelques abréviations méritent une explication :
- GMSL : global mean sea level (niveau moyen mondial de la mer)
- VLM : vertical land motion (mouvement vertical de la terre)
- SD : standard deviation (écart type)
En ce qui concerne l'« énigme de Munk » elle fait l'objet de la note n°10 :
Munk W (2002) Twentieth century sea level: An enigma. Proc Natl Acad Sci USA 99:6550–6555..
Abstract/FREE Full TextGoogle Scholar
L'étude de Munk s'intitule Twentieth century sea level: An enigma | PNAS et l'auteur propose plusieurs explications possibles :
Among possible resolutions of the enigma are: a substantial reduction from traditional estimates (including ours) of 1.5–2 mm/y global sea level rise; a substantial increase in the estimates of 20th century ocean heat storage; and a substantial change in the interpretation of the astronomic record.
Parmi les résolutions possibles de l'énigme figurent : une réduction substantielle par rapport aux estimations traditionnelles (y compris les nôtres) de 1,5-2 mm/an de l'élévation du niveau mondial de la mer ; une augmentation substantielle des estimations du stockage de la chaleur des océans au XXe siècle ; et un changement substantiel dans l'interprétation des données astronomiques.
Bref rien que de très normal, un scientifique essaie de comprendre des choses apparemment anormales mais que phi traduit par de « l'enfumage assisté par ordinateur. » Phi, lui, n'a pas besoin d'ordinateur pour enfumer quiconque le prend pour un expert, et ils sont nombreux sur Skyfall qui aiment se faire enfumer, pour ne pas dire plus (la vulgarité n'a pas sa place ici)
L'ami phi a lu mon billet et se fend d'un commentaire (pas ici, il aurait trop peur de se prendre une soufflante) sur Skyfall dans lequel il juge que je me suis livré à « une revue atterrante » ; bien sûr il ne dira pas en quoi cette revue est atterrante, ce serait trop lui demander, et il ne s'expliquera pas sur le fait qu'il a évoqué « la meilleure estimation de la variation du niveau marin d’après marégraphes » alors que le graphique en question représentait le « taux de variation », ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
RépondreSupprimerMonsieur phi en vérité s'est aperçu de son erreur en lisant mon billet et il tente de s'en sortir comme il peut pour sauver la face, exactement comme un certain monsieur Antoine qui nous a déjà fait beaucoup rigoler mais qui se fait plus discret depuis quelque temps. Un clown chasse l'autre, faut croire.
Nous touchons maintenant au sublime.
RépondreSupprimerPhi essaie de se sortir tant bien que mal du mauvais pas dans lequel il s'est lui-même fourré en écrivant notamment cette ânerie : « sa seule critique concrète est que j’aurais confondu le niveau de l’océan avec sa variation. »
Phi ne comprend même pas ce qu'il lit, ma « critique », qui n'était en fait qu'une constatation, est qu'il confond, ou semble confondre, la variation du niveau des océans avec le taux de variation ; le graphique qu'il présente a en titre « Taux de variation du niveau marin », et il le commente en évoquant « la variation du niveau marin ».
Mon métier de comptable m'a appris a utiliser les mots corrects pour désigner des concepts de comptabilité, et je pense ne pas me tromper en affirmant qu'un scientifique se doit également d'utiliser des mots corrects pour désigner des concepts scientifiques. Mais monsieur phi est-il vraiment un scientifique ? Permettez-moi d'en douter.