lundi 5 novembre 2018

Laure Resplandy, la petite française qui remet les pendules (de l'océan) à l'heure

On sait, du moins ceux qui prennent la peine de s'informer, que l'océan (l'océan au singulier, signifiant la totalités des mers du globe) est le facteur primordial dans l'évolution du climat, l'atmosphère et la biosphère n'étant que la partie émergée de l'iceberg que constitue le système climatique Terre ; c'est en effet l'océan (cf Climats-passé, présent, futur) qui « assure de nombreuses fonctions dans l'équilibre climatique, en particulier :
  • l'échange de chaleur et de vapeur d'eau avec l'atmosphère, à travers le cycle de l'eau,
  • le transport de chaleur entre la bande tropicale et les régions polaires,
  • le stockage d'énergie, principalement sous forme de chaleur (sa capacité calorifique est près de mille fois plus élevée que celle de l'atmosphère),
  • et, actuellement, le rôle de puits de CO2 anthropique, émis et accumulé dans l'atmosphère, atténuant ainsi le réchauffement par effet de serre lié à cette émission. »
C'est cette dernière information qui est peut-être la plus importante de toutes, puisque ce rôle de puits de CO2 nous « empêche », nous pauvres humains vivant dans les toutes premières couches de l'atmosphère et en contact direct avec la biosphère, de « profiter » pleinement du réchauffement d'origine anthropique, étant donné que plus de 90% de la chaleur additionnelle est en fait ingurgitée dans l'océan, comme nous le montrait en 2012 le site planeteviable avec un schéma très explicite :

Estimation des différentes composantes impliquées dans l’équilibre calorifique de la Terre (source : Levitus et coll., Warming of the world ocean, 1955-2003, Geophys. Res. Letter 32 (2005) L02604).

Comme on dit familièrement, « il n'y a pas photo ! » et si on se livre au calcul à partir des éléments disponibles sur ce tableau on trouve 84% (14,5 / (14,5 + 0,9 + 0,8 + 0,7 + 0,3 + 0,1) x 100) pour la part de chaleur absorbée par l'océan, pour seulement 4% restant dans l'atmosphère ; cependant dans le livre déjà mentionné plus haut (Climats), plus à jour avec les données du dernier rapport du GIEC en 2013, page 248 on peut voir le graphique suivant (pris sur le site ocean-climate d'où j'ai tiré sa légende, mais il s'agit exactement du même graphique) :

Courbe d’accumulation de l’énergie in ZJ faisant référence à 1971 et calculée entre 1971 et 2010 pour des différentes composantes du système climatique terrestre. Le réchauffement océanique (exprimé ici en tant que changement du contenu de chaleur) domine. L’océan des couches de surface (couleur bleu clair, couche de 0 à 700 m de profondeur) contribue de manière prépondérante. L’océan profond (couleur bleu foncé; couche d’eau en dessous de 700 m) contribue lui aussi de manière très importante. La fonte de la glace continentale (en gris clair), les surfaces continentales (en orange) et l’atmosphère (violet) contribuent de manière bien moins importante. L’incertitude des estimations est représentée en contour discontinu. Figure adaptée de Rhein et al. 2014.

Les auteures nous expliquent :
« La Figure 24.4a [celle montrée ci-dessus] montre la répartition de l'augmentation [du] flux d'énergie dans [les] quatre compartiments [atmosphère, océan, surface des continents et cryosphère] entre 1971 et 2010 (GIEC 2013). Le réchauffement de l'océan domine, représentant environ 93% du total, l'océan supérieur (de la surface à 700 mètres de profondeur) se réchauffant plus vite que l'océan profond (en dessous de 700 mètres). La fusion des glaces intervient pour 3% et le réchauffement des continents et de l'atmosphère pour 3% et 1% respectivement. »
Tout cela permet de relativiser très fortement les allégations fantaisistes de ceux qui proclament que la Terre ne se réchauffe plus depuis bientôt 20 ans en vous montrant fièrement une courbe de l'évolution de la température de l'atmosphère, laquelle ne représente que 1% de la chaleur additionnelle injectée dans le système climatique global !

Après on va me reprocher de qualifier ces charlatans de guignols ou de bouffons…

Le graphique ci-dessus est donc inclus dans le dernier rapport du GIEC (2013), mais voilà, on peut penser que dans le prochain rapport à paraitre en 2022 les proportions auront encore changé, et pas dans un sens vraiment favorable aux thèses des « réalistes »...

En effet une étude d'une jeune scientifique française travaillant à l'Université de Princeton, Laure Resplandy, vient jeter un pavé dans la grande mare océanique ; le site Skeptical Science nous en fait un bref compte-rendu :
The world’s oceans have been soaking up far more excess heat in recent decades than scientists realized, suggesting that Earth could be set to warm even faster than predicted in the years ahead, according to new research published Wednesday.
Les océans du monde ont absorbé beaucoup plus de chaleur excédentaire au cours des dernières décennies que les scientifiques ne le pensaient, suggérant que la Terre pourrait chauffer encore plus vite que prévu dans les années à venir, selon une nouvelle étude publiée mercredi.
Over the past quarter-century, Earth’s oceans have retained 60 percent more heat each year than scientists previously had thought, said Laure Resplandy, a geoscientist at Princeton University who led the startling study published Wednesday in the journal Nature. The difference represents an enormous amount of additional energy, originating from the sun and trapped by Earth’s atmosphere — the yearly amount representing more than eight times the world’s annual energy consumption.
Au cours des 25 dernières années, les océans de la Terre ont conservé 60% de chaleur en plus chaque année par rapport à ce que les scientifiques pensaient jusqu'alors, a déclaré Laure Resplandy, une géoscientifique à l’Université de Princeton, qui a dirigé l’étonnante étude publiée mercredi dans la revue Nature. La différence représente une énorme quantité d’énergie supplémentaire, provenant du soleil et piégée par l’atmosphère de la Terre - la quantité annuelle représentant plus de huit fois la consommation d’énergie annuelle mondiale.
In the scientific realm, the new findings help resolve long-running doubts about the rate of the warming of the oceans before 2007, when reliable measurements from devices called “Argo floats” were put to use worldwide. Before that, differing types of temperature records — and an overall lack of them — contributed to murkiness about how quickly the oceans were heating up.
Sur le plan scientifique, ces nouvelles découvertes aident à résoudre les doutes persistants quant au taux de réchauffement des océans avant 2007, année où des mesures fiables provenant d'appareils appelés «flotteurs Argo» ont été mises en œuvre dans le monde entier. Auparavant, différents types d’enregistrements de température - et leur absence globale - contribuaient à obscurcir la rapidité avec laquelle les océans se réchauffaient.
The higher-than-expected amount of heat in the oceans means more heat is being retained within Earth’s climate system each year, rather than escaping into space. In essence, more heat in the oceans signals that global warming is more advanced than scientists thought. 
La quantité de chaleur plus élevée que prévu dans les océans signifie que de plus en plus de chaleur est retenue dans le système climatique de la Terre chaque année, au lieu de s’échapper dans l’espace. En substance, plus de chaleur dans les océans indique que le réchauffement climatique est plus avancé que ne le pensaient les scientifiques.
Nous voilà rassurés !

Le reste de l'article est consultable sur le site washingtonpost.

Et si vous avez du temps (et de l'énergie) à perdre vous pouvez toujours lire l'article que Bob Tisdale lui a consacré sur WUWT ; ne doutons pas un instant que l'étude Resplandy sera traitée de la même façon sur tous les blogs « réalistes » qui se proposent de vous éduquer à leur façon.

En naviguant sur Internet je suis tombé sur une présentation dans laquelle Laure Resplandy était co-auteure (il s'agissait des Journées scientifiques LEFE/GMMC 2017) et dans laquelle on peut vérifier que les scientifiques ne pensent pas qu'au CO2 anthropique contrairement à ce que certains voudraient vous faire croire ; on y parle des « effets des perturbations anthropiques des apports fluviaux et du CO2 atmosphérique sur la biogéochimie de l'océan côtier mondial ».

Différents facteurs de perturbation de l'océan côtier.

A mon humble avis Bob Tisdale aurait énormément à apprendre de jeunes scientifiques comme Laure Resplandy, mais il a préféré s'engager sur une autre voie que je qualifierai de garage, certainement plus rémunératrice et davantage à la portée de ses faibles moyens intellectuels.



14 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  3. Deux messages inutiles émanant de quelqu'un qui ne signe même pas d'un pseudo pour dire des énormités montrant qu'il n'a rien compris au schmilblick => https://sogeco31.blogspot.com/p/poubelle.html

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  4. C est interessant . Sur Climate Etc , Nic Lewis a trouvé une grosse erreur dans le papier en question . Erreur apparemment confirmée par des sites non sceptiques ...Il faut dire que prétendre avoir trouver 60% de chaleur en plus dans le buget des océans est assez intrépide.
    Qu en pensez vous ? Allez vous faire un billet la dessus ?
    BenHague

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    1. Depuis quand vous intéressez-vous à ce que je pense d'un papier scientifique qui est immédiatement contesté par un climatosceptique tentant apparemment de désamorcer au plus vite une petite bombe ?

      Je vous rappelle que je ne suis pas scientifique, et encore moins climatologue, tout comme vous au passage, par conséquent je me contente de considérer la littérature sur le sujet du climat en essayant de comprendre de quoi il retourne.

      Que Lewis pense avoir trouvé une grosse erreur, cela me fait dans l'immédiat sourire, tellement d'« erreurs » ayant été soi-disant trouvées et ayant fait pschitt par la suite.

      Vous dites que l'erreur a été confirmée par des sites non sceptiques (au passage ce terme de non sceptique ne veut rien dire, vous vouliez je pense dire des sites acceptant la science mais étant capable d'y jeter un œil critique) mais de quel site s'agit-il ?

      Pour l'instant je suis occupé avec des problèmes personnels et n'ai pas le temps de creuser davantage.


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    2. Après une rapide recherche sur Internet je ne vois aucun « site non sceptique » ayant confirmé qu'il y avait une erreur dans le papier de Laure Resplandy.

      Je suis donc très sceptique moi-même...

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  5. avoir trouvé ... sorry

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  6. Les climatos fossiles semblent s'être trouvé un nouvel os à ronger. Certains comme machin san avec quelques vieux copains n'est pas loin d'en perdre son dentier a force de commenter. https://youtu.be/GzGvSOURUTg
    Perso, je suis prêt à parier que si il y a une erreur ça sera bien plus vite intégré dans la communauté de chercheurs que chez tous ces vieux adorateurs de quelques scientifiques dépassés et enterres depuis longtemps.

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    1. « quelques scientifiques dépassés et enterres depuis longtemps »

      Il en reste encore quelques uns toujours bien vivants, mais c'est vrai que la relève n'est pas là et au fur et à mesure des enterrements les troupes climatosceptiques vont se raréfier, tout comme d'ailleurs les ressources en fossiles qui ne sont pas inépuisables ; en résumé tous les fossiles sont destinés à disparaitre dans un avenir plus ou moins proche (ou lointain, cela dépend de la façon de voir les choses)

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  7. Merci pour ce commentaire fort à propos et qui fait avancer le sujet

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    1. Et le vôtre de commentaire, il nous amène où ?

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  8. Apparemment Mrs Resplandy a reconnu son erreur (et meme remercié Nic Lewis) sur son blog de Princeton .

    > Il est dommage qu' une revue de premier ordre comme Nature n' ait pas détecté l'erreur
    > Il est dommage que les sites de référence n' aient pas détecté l'erreur , aient seulement repris en gros les conclusions et n'aient pas analysé en détail l'article comme ils le font lorsque des articles ne va pas dans leur sens.
    > Il est dommage que ces memes sites de référence après avoir propagé l'article se taisent maintenant.

    > En revanche votre réaction était prévisible : " Que Lewis pense avoir trouvé une grosse erreur, cela me fait dans l'immédiat sourire, tellement d'« erreurs » ayant été soi-disant trouvées et ayant fait pschitt par la suite"

    Au moins dans ce cas précis, Nic Lewis a aidé la Science. Cela doit vous faire mal ...

    Cette scientifique a commis une erreur dans son analyse . Ce n'est pas grave en soi (si vous saviez le niveau ras du sol en mathématiques de la plupart des chercheurs ...particulièrement en Science de la Terre ...) d'autant plus qu'elle réagit avec professionnalisme ...
    Ce qui est grave , c'est que cette erreur grossière n'aient pas été détectée et la (sur) réaction des gens comme vous et des médias . Elle est symptomatique du climat pourri instauré par les militants/activistes du climat.

    Je ne me fais aucune illusion sur votre réaction . Vous allez :
    1) Minimiser l'affaire . Après tout 97% des scientifiques .... Certes mais tout votre "billet" reposait sur cette découverte ....
    2) Embrayer sur les erreurs des climato_sceptiques ( Allegre , Courtillot, Lindzen ... etc etc ). Alors que cela n' a rien à voir avec le sujet ...
    C'est triste . Vous etes pret à avaler n'importe quoi si cela confirme votre idéologie ....

    BenHague

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    1. « C'est triste . Vous etes pret à avaler n'importe quoi si cela confirme votre idéologie … »

      Ne me prêtez pas svp vos propres défauts, dans le cas présent je n'ai rien avalé du tout, j'ai simplement fait part d'une étude d'une scientifique française, sans affirmer en aucune manière qu'elle avait raison et ne s'était pas trompé.

      Et oui que Nic Lewis pensait avoir trouvé une grosse erreur m'a fait sourire, vous connaissez certainement le proverbe « chat échaudé craint l'eau froide », ce monsieur est du genre à nier certaines choses en temps normal, alors qu'il ait pensé trouver une erreur cela m'a fait sourire, mais je n'ai dit nulle part qu'il avait tort, relisez moi et arrêtez de me prêter des intentions qui sont plutôt habituelles dans votre camp.


      Par contre je serais intéressé de savoir o ù Resplandy a reconnu soin erreur ; j'attends également avec impatience d'en connaitre plus sur la question afin de savoir dans quelle mesure son erreur remet en cause ses résultats : 100% (c'est-à-dire tout faux), 50%, 1% ou autre valeur ?

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    2. Ah, j'ai enfin trouvé le commentaire de Laure Resplandy, ce n'est pas sur un blog (elle ne semble pas en avoir) mais sur le site de Princeton (http://resplandy.princeton.edu/in-the-news) ; voici ce qu'elle dit exactement, sans déformer ses propos ni les tronquer : « New study estimate ocean warming using atmospheric O2 and CO2 concentrations. We are aware the way we handled the errors underestimated the uncertainties. We are working on an update that addresses this issue. We thank Nicholas Lewis for bringing this to our attention. »

      De cela je comprends que c'est l'incertitude qui doit être revue, et non la pente de sa courbe, attendons par conséquent la mise à jour et des informations complémentaires avant de tirer des conclusions hâtives comme certains.

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