samedi 8 décembre 2018

Les enseignements du passé

Foin des modèles climatiques essayant de nous dire quelque chose sur notre proche futur !

Regardons plutôt ce que nous dit le passé avec la paléoclimatologie.

Un article de Skeptical Science que j'avais gardé sous le coude, titré Welcome to the Pliocene, nous donnait en août dernier un aperçu de différentes époques vécues par la Terre jusqu'à 17 millions d'années en arrière, avec cet intéressant graphique :

Data details: atmospheric CO2, temperature anomaly relative to the pre-industrial era and sea-levels relative to now measured and from palaeoclimate records. The graphic, created by "JG", is adapted from Table S1 from the paper's supporting information section, available here. Data sources are fully referenced.

L'article de Skeptical Science était motivé par une étude parue le 10 août, intitulée Trajectories of the Earth System in the Anthropocene, dans laquelle on peut lire dans le résumé :
We explore the risk that self-reinforcing feedbacks could push the Earth System toward a planetary threshold that, if crossed, could prevent stabilization of the climate at intermediate temperature rises and cause continued warming on a “Hothouse Earth” pathway even as human emissions are reduced. Crossing the threshold would lead to a much higher global average temperature than any interglacial in the past 1.2 million years and to sea levels significantly higher than at any time in the Holocene.
Nous explorons le risque que les rétroactions auto-renforçantes poussent le système terrestre vers un seuil planétaire qui, s'il était franchi, puisse empêcher la stabilisation du climat lorsque la température est élevée et provoque un réchauffement continu sur une voie « Terre chaude » alors même que les émissions humaines sont réduites. Le franchissement du seuil entraînerait une température globale moyenne beaucoup plus élevée que tout interglaciaire des 1,2 million d'années écoulées et un niveau de la mer nettement supérieur à celui de l'Holocène.
Comme dans beaucoup de choses tout est affaire de seuil, comme pour le seuil d'une maison, tant qu'on ne l'a pas franchi on est dehors, après l'avoir franchi on se retrouve dans la maison avec des conditions qui peuvent alors être bien différentes ; évidemment la grande différence avec le seuil de la maison c'est qu'on peut quand on veut le refranchir pour se retrouver dehors à tout moment, alors que pour le climat c'est comme si la porte ne comportait pas de poignée à l'intérieur de la maison, impossible de ressortir !

Et alors en regardant vers le passé nous pouvons considérer des époques où les conditions étaient similaires ou approchantes de celles que nous vivons aujourd'hui ou que nous nous apprêtons à vivre dans un proche futur.

Ainsi la première constatation est que notre niveau de concentration en CO2 est inédit depuis 3 à 4 millions d'années ; il faut remonter en effet au Pliocène moyen pour voir des niveaux de 400 à 450 ppm, soit l'équivalent de ce que nous allons connaitre durant le 21ème siècle (nous en sommes aujourd'hui à environ 405 ppm) ; à cette lointaine époque le niveau des mers était de 10 mètres supérieur à ce qu'il est aujourd'hui quand la température était elle-même supérieure de 2°C par rapport à notre niveau préindustriel (nous en sommes actuellement à environ +1°C)

Mais ce qui est bien sûr essentiel de considérer c'est qu'il nous a fallu 150 ans pour monter de 1°C alors que le Pliocène s'est étendu sur une période de près de 3 millions d'années, le Pliocène moyen, d'après le tableau ci-dessus, s'étalant sur 1 million d'années ; les mers ne sont donc pas montées d'une trentaine de mètres (de -22 à +10) sur le claquement du doigt d'un de nos lointains ancêtres.

Par conséquent pas la peine de tous se précipiter aux abris, nous avons encore un peu de temps, même si l'on considère qu'avec une prévision de montée des eaux d'un seul petit mètre d'ici 2100 certaines personnes devraient se faire un minimum de souci en pensant à leur descendance (leur héritage risque de perdre assez rapidement de la valeur…)

La montée des eaux est fonction de leur température (dilatation thermique) ainsi que de la fonte des glaciers ; une étude de février 2018, intitulée Committed sea-level rise under the Paris Agreement and the legacy of delayed mitigation action, nous montre les différents contributeurs à la hausse du niveau marin :

Response of the sea-level contributors to net-zero CO2 scenarios. Time series of the sea-level responses of thermal expansion a, mountain glaciers b, Greenland mass balance c, and Antarctic mass balance d. Sea-level rise is in cm and relative to the year 2000. Colors refer to peak years as in Fig. 1. Shadings show the central 90th percentile range.

Ces graphiques illustrent ce que serait la montée des eaux dans le cas d'un scénario « zéro émissions de CO2 » respectant les termes de l'accord de Paris, ainsi dans l'hypothèse la plus pessimiste (ou réaliste ?) où le pic d'émission serait en 2035 nous aurions ce qui suit d'ici 2300 :
  • dilatation thermique : +38 cm
  • glaciers de montagne : +18 cm
  • Groenland : +61 cm
  • Antarctique : +36 cm
Soit un total de 153 cm, environ 1 mètre et demi de plus donc à l'horizon 2300.

1 mètre et demi « seulement » mais à la condition, bien évidemment, que nos émissions atteignent un pic en 2035, ce qui est loin d'être gagné quand on voit notre addiction aux énergies fossiles…

Nous sommes prévenus, nous avons toutes les cartes en main, malheureusement l'Homme n'apprend jamais rien de l'Histoire, il refait toujours les mêmes erreurs en les actualisant à la mode du moment, on ne voit donc pas comment il pourrait apprendre d'un passé qui remonte à plus de 3 millions d'années quand il est incapable de tirer les leçons du siècle précédent.


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