lundi 11 mars 2019

Une grève étudiante pour le climat ce vendredi 15 mars et c'est panique à bord !

Le bateau climatosceptique, qui fait eau de toutes parts depuis un bon moment déjà, commence à donner des signes que sa situation passe de problématique à désespérée.

Ainsi le capitaine Lépiédanlo, autrement appelé Benoit Rittaud, nous livre sa dernière version d'un énième appel au secours dans L’odieuse et illégale « grève scolaire mondiale pour le climat ».

Notre mathématimancien régional s'offusque qu'une jeune fille de 16 ans, Greta Thunberg, qui plus est diagnostiquée autiste Asperger, puisse faire entendre sa voix et susciter parmi les jeunes de la planète des envies de se rebeller contre tous ces vieux schnocks qui ne comprennent rien de rien ou plutôt qui ne désirent pas comprendre que le réchauffement climatique est un vrai danger se profilant devant nous.

Alors pour discréditer la jeune militante rien de plus facile, il suffit de prétendre qu'elle est « manipulée » par des adultes sans foi ni loi et le tour est joué !
[…] les ayatollahs du climat ont alors eu une idée : exploiter les enfants. Ne reculant devant aucune abjection, ils se sont choisis une égérie en la personne d’une adolescente suédoise atteinte d’autisme pour promouvoir une « grève scolaire » de tous les enfants du monde, destinée à dénoncer l’inaction climatique.
Pour information, la jeune fille, qui au passage est née dans une famille suédoise aisée sans problème d'argent, a commencé par ses propres moyens à manifester dès août 2018 en venant s'asseoir chaque vendredi devant le parlement suédois en arborant un écriteau où elle a écrit « grève étudiante pour le climat » :

Greta Thunberg leads a school strike and sits outside of the Swedish Parliament, in an effort to force politicians to act on climate change. Photograph: Michael Campanella/The Guardian (Source theguardian)

De toute évidence il s'agissait d'une initiative courageuse toute personnelle que certains ont peut-être par la suite tenté de récupérer à leur « profit », mais les choses ne sont pas claires à ce sujet, comme on peut le constater à la lecture de cet article sur Libération, L'activiste pour le climat Greta Thunberg est-elle instrumentalisée par le «capitalisme vert» ?

Quoi qu'il en soit son « geste » et ses quelques apparitions dans les médias ainsi qu'au forum de Davos en janvier dernier ont apparemment donné des idées, et certainement aussi du courage, à d'autres jeunes ailleurs dans le monde, et c'est comme cela que de fil en aiguille une grève étudiante pour le climat s'est mise en place.

On rappellera à ceux qui ont la mémoire courte que la Suède a connu l'an dernier, avec tous les pays scandinaves, des températures jamais atteintes auparavant, comme l'annonçait le « soi-disant climatosceptique » Guillaume Séchet sur la chaine Météo Paris en montrant cette carte :

Anomalie de température du 13 au 15 mai 2018 - WeatherBell

On comprend que la jeune Greta ait été sensibilisée par cette situation climatique exceptionnelle, ce qu'on comprend un peu moins c'est qu'il ait fallu que ce soit une jeune autiste qui se prenne en main et aille au charbon (sic) alors qu'il y a à ma connaissance en Scandinavie suffisamment d'adultes qui auraient pu tirer la sonnette d'alarme.

Mais se faire damer le pion par une « simple d'esprit » pas si demeurée que ça, c'en était trop pour Rittaud qui commence son long et ennuyeux (et ennuyant) laïus par ce modèle de concision et de retenue :
Vous n’en avez peut-être pas encore beaucoup entendu parler mais ça ne va plus tarder : le 15 mars sera le jour d’une « grève scolaire mondiale pour le climat ». Attendez-vous donc à une prochaine avalanche d’éléments de langage vous expliquant une énième fois que, par votre faute, nous sommes au bord du gouffre : la planète va très bientôt se réchauffer d’une dizaine de degrés, la mer va monter de plusieurs mètres d’ici l’année prochaine, et la « très sérieuse revue Nature » publie justement un nouvel article bourré de chiffres et de courbes plus sérieuses les unes que les autres montrant une « accélération encore pire que prévu » des catastrophes à redouter pour demain matin. Vous vous sentirez coupables, j’espère.
Donc d'après Rittaud les scientifiques prétendraient que « la planète va très bientôt se réchauffer d’une dizaine de degrés » et que « la mer va monter de plusieurs mètres d’ici l’année prochaine » et que l'information serait publiée dans la « très sérieuse revue Nature » qu'il prend bien soin de mentionner entre guillemets afin de bien faire comprendre à ses ador… pardon à ses lecteurs que la revue Nature n'est bien sûr qu'un torchon publiant n'importe quoi.

Mais il ne faut pas s'inquiéter pour le lecteur habituel de Rittaud, il ne se sentira coupable en aucune façon, ce n'est pas son genre, ce lecteur a des valeurs auxquelles il tient et qu'il ne compte pas lâcher parce qu'une débile mentale au pays des Vikings lui ferait la leçon, non mais !

Le reste de la prose rittaudienne est comme d'habitude indigent à défaut d'être indigeste (ou l'inverse, c'est pareil) ainsi il nous parle d'« éléments de langage stéréotypés », on croit rêver, on dirait qu'il décrit le discours climatosceptique auquel il est abonné, mais non, c'est bien à ceux qu'il appelle des « prophètes » qu'il fait allusion, entendez par là les scientifiques ainsi que les médias qui relaient leurs conclusions (en en faisant parfois un peu trop, mais les médias cherchent à vendre, peut-on le leur reprocher alors que certains climatosceptiques ne se gênent pas pour essayer de passer chez eux afin de refourguer leur camelote ?)

Je laisserai de côté la plupart de l'« argumentation » du pape français du climato-irréalisme pour terminer par cette perle qu'il conviendra d'enfiler au déjà bien fourni collier qui commence à valoir son pesant de cacahouètes :
En plus d’être abjecte dans son principe, la « grève climatique » à laquelle certains enseignants et certains chercheurs ont appelé est parfaitement illégale. Les textes en vigueur sont tout ce qu’il y a de clair : par définition, « la grève est une cessation collective et concertée du travail destinée à appuyer des revendications professionnelles » […] Il s’agit d’une revendication politique, explicitement exclue du champ du droit de grève par un arrêt du Conseil d’État (Rousset, 8 février 1961).
Ainsi notre matheux qui a oublié d'être réaliste confond allègrement cette « grève pour le climat » avec une grève d'ouvriers de chez Renault destinée à faire valoir des revendications salariales.

Et non, il ne s'agit pas d'une « revendication politique » mais d'un mouvement citoyen au même titre que celui des Gilets Jaunes ; les jeunes s'adressent aux « dirigeants du monde entier » afin qu'ils « assument leurs responsabilités » (source letemps), par ailleurs, contrairement à ce qu'affirme Rittaud, les enseignants (du moins les français) n'appellent pas à la grève, ils soutiennent le mouvement des étudiants et ont même créé un site, enseignantspourlaplanete, dans lequel on peut lire une FAQ où le droit de grève est clairement expliqué, notamment :
Ai-je le droit d’appeler mes élèves à la grève ? Que faire pour les mobiliser ?
Non, car les élèves eux-mêmes (jusqu’au lycée) n’ont pas le droit de grève. Ils ont une obligation d’assiduité. Le texte de référence est le décret n° 91-173 du 18 février 1991 relatif aux droits et obligations des élèves, qui mentionne l’obligation d’assiduité en cours. Agissant en fonctionnaires éthiques et responsables, nous ne pouvons les inciter à déroger à cette obligation.
Et plus loin :
Nous pouvons rappeler qu’il ne s’agit pas d’un mouvement partisan, mais d’un mouvement citoyen, destiné à préserver la possibilité de vivre en paix, en démocratie, en sécurité dans un monde préservé du chaos écologique.
Mais Rittaud, qui est lui-même enseignant, ne semble pas au courant de ces subtilités bien trop subtiles pour lui, et on peut aisément imaginer qu'il n'encouragera pas ses élèves à lui à aller manifester.

Pour résumer, et à l'attention de Benoit Rittaud s'il me lit, les étudiants ne vont pas vraiment faire la grève, puisqu'ils n'en ont pas le droit (jusqu'au lycée), ils vont simplement se prendre en main pour protester en séchant les cours le vendredi 15 mars, avec le soutien de la majorité de leurs professeurs qui, contrairement à lui, n'ont pas la tête plantée dans un trou en attendant de se faire botter le cul.


6 commentaires:

  1. Le ciel leur tombe sur la tête en ce moment, saint gervais est brocardé par un jeune doctorant !
    Un blog toujours et encore lutte contre la désinformation, mr antoine semble ne s'être toujours pas remis des déculottés qu'il y a pris.
    "mihi est" qu'il vous en veut toujours, car il ne se passe une semaine sans qu'il ne vous cite !
    Et maintenant, la jeunesse qui envoie tous les vieux croutons se faire voir sur mars ! Il va falloir qu'ils remisent les fraises au placard !

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    1. J'ai vu ça, le plus cocasse c'est que notre commissaire d'opérette croit que VB et Bréon sont la même personne, un fin limier celui-là, il ne serait même pas capable de retrouver ses lunettes sur son nez.

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    2. Il tient peut-être une piste, là. Au fond, personne ne m'a jamais vu dans la même pièce que François-Marie Bréon ...
      Mais pour the fritz, je serais le Réveilleur.
      Ça commence à faire beaucoup de monde !

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    3. Comme on ne nous a jamais vu non plus dans la même pièce peut-être que je suis vous et réciproquement, mon cher Valentin !

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  2. Homme de paille, attaque ad hominem... Même si ce que vous dîtes est (peut-être) vrai, sachez que votre argumentation est "misérable" et ne peut que flatter ceux sensibles à ce genre de procédés.
    Quel est l'objectif ? Écrire des articles pamphlétaires ou opposer une argumentation aux "climatosceptiques" ?

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    1. « Homme de paille »

      Vous serez bien gentil de me dire où vous avez vu un strawman dans mon billet.

      « attaque ad hominem.»

      Là c'est une plaisanterie de votre part je pense ; quand Rittaud attaque Bréon en le comparant à un dictateur, ou quand il dénigre Jouzel, ce n'est peut-être pas de l'ad hominem de sa part ? Par ailleurs si je cite nommément Rittaud je m'attaque avant tout aux bêtises qu'il publie en argumentant, mais cela vous a certainement échappé.

      « Quel est l'objectif ? »

      Si vous voyez un « objectif » dans ce que j'écris c'est que décidemment vous n'avez rien compris, mais on le savait après avoir lu ce qui précède votre question.

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