C'est Judith Curry qui nous donne à connaitre un surprenant billet écrit certainement avec les pieds par Matt Ridley, individu dont j'ai déjà parlé au moins à deux reprises (mais on peut aussi très avantageusement consulter sa fiche sur Desmogblog pour avoir le CV complet de ce monsieur)
L'article en question, qui devrait vous faire réfléchir sur la bêtise humaine, s'intitule Lying with science: a guide to myth debunking (Mentir avec la science : un guide pour dévoiler le mythe) et on y trouve cette perle quasiment dès le début :
L'article en question, qui devrait vous faire réfléchir sur la bêtise humaine, s'intitule Lying with science: a guide to myth debunking (Mentir avec la science : un guide pour dévoiler le mythe) et on y trouve cette perle quasiment dès le début :
Newspapers, politicians and pressure groups have been moving smoothly for decades from one forecast apocalypse to another (nuclear power, acid rain, the ozone layer, mad cow disease, nanotechnology, genetically modified crops, the millennium bug…) without waiting to be proved right or wrong.
Oui vous avez bien lu, vous n'avez pas rêvé, ainsi pour monsieur Ridley les journaux, les politiciens et ce qu'il appelle les groupes de pressions, mais que l'on peut traduire je pense par les ONG du type Greenpeace ou WWF, rien n'aurait dû être entrepris avant d'avoir la preuve formelle :Les journaux, les politiciens et les groupes de pression évoluent en douceur d'une apocalypse à l'autre (énergie nucléaire, pluies acides, couche d'ozone, maladie de la vache folle, nanotechnologies, cultures génétiquement modifiées, bogue du millénaire…) sans attendre d'avoir la preuve d'être dans le vrai ou d'avoir tort.
- qu'une catastrophe nucléaire pouvait arriver (il y en a eu trois majeures à la date d'aujourd'hui, Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima), donc aucune précaution d'aucune sorte, hormis celles qu'auraient bien voulu prendre les intéressés, n'aurait dû seulement être envisagée ;
- que les pluie acides étaient bien une réalité, et donc aucune législation n'aurait dû venir gêner le business en introduisant des normes, dans les années 1980, qui ont permis par la suite de réduire effectivement ces pluies acides, ce qui doit être un véritable scandale selon Matt Ridley ;
- que la couche d'ozone était en grand danger à cause notamment des CFC dont nombre de nos appareils étaient pourvus, bref, avant de faire quoi que ce soit nous aurions dû attendre que le nombre de cancers de la peau, entre autres, augmente de façon tellement significative un peu partout dans le monde que plus aucun doute n'aurait été permis ;
- que l'encéphalopathie spongiforme bovine, autrement nommée maladie de la vache folle, fasse tellement de dégâts que là non plus aucun doute n'aurait pu effleurer le plus sceptique des climatosceptiques ;
- que les nanotechnologies puissent avoir le moindre impact sur la santé, tellement il apparait improbable, du moins aux yeux de gens comme Matt Ridley, que des « outils » mesurant quelques nanomètres (1 nm = 10–9m, soit l'échelle atomique) soient capables de perturber notre organisme, surtout s'ils se trouvent répandus dans l'atmosphère que nous respirons ;
- que les OGM, développés essentiellement par des sociétés commerciales pour faire des profits et non pour « sauver l'humanité », puisse avoir la moindre utilité par rapport à des cultures conventionnelles, sachant que les OGM cultivés le sont avant tout pour aller de pair avec des produits chimiques commercialisés par les mêmes entreprises (cas par exemple des plantes Roundup Ready de l'ex-Monsanto qui sont tolérantes au glyphosate de la même firme, avec le « petit » inconvénient que les agriculteurs sont obligés d'en racheter sans pouvoir en ressemer puisqu'elles sont stériles) ;
- que l'an 2000 soit arrivé et que rien ne se soit passé, bref les entreprises auraient, d'après Matt Ridley, dû croiser les doigts en priant que non seulement leur système informatique ne plante pas, mais qu'aucun système informatique ne soit victime du moindre « problème », que ce soit un fournisseur, un client ou une administration (de fait rien ne s'est passé, mais on ne saura jamais ce qui serait arrivé si on n'avait strictement rien préparé)
Nous voyons que pour Matt Ridley tous ces « petits ennuis » auraient été exagérément qualifiés d'apocalyptiques, sans qu'il ne montre une seule fois un seul exemple pour appuyer son propos.
Ainsi je n'ai aucun souvenir d'avoir entendu le moindre homme politique parler d'apocalypse en faisant référence aux pluies acides, à la couche d'ozone ou aux nanotechnologies, pour ne prendre que ces quelques exemples.
Au pire (ou au mieux) a-t-on pu évoquer une apocalypse nucléaire, mais uniquement dans le cadre d'une guerre mondiale faisant appel à des armes nucléaires, jamais en ce qui concerne d'éventuels accidents de centrales nucléaires.
Les journaux, quant à eux, ne font en principe que reprendre plus ou moins sensationnellement les informations livrées par les scientifiques, avec une teinte politico-idéologique suivant qu'ils sont de droite, de gauche ou d'ailleurs, l'objectivité n'existant pas dans la presse, sauf dans l'esprit des gros naïfs qui gobent facilement ce qu'ils lisent, entendent ou voient ; la moindre des choses est de faire preuve d'un minimum d'esprit critique quand on s'informe auprès de la presse généraliste, et accepter que celle-ci ait parfois (souvent ?) des biais qu'il convient de corriger par soi-même.
Quant aux « groupes de pression », c'est-à-dire les ONG pour être exact, si celles-ci n'existaient pas peut-on un instant penser que les industriels prendraient d'eux-mêmes les décisions qui iraient dans le sens des intérêts des consommateurs que nous sommes ? Peut-on également imaginer que les hommes politiques, sans ces contre-pouvoirs qualifiés par Matt Ridley de « groupes de pression », prendraient eux-aussi les meilleures décisions allant dans le sens des intérêts de leurs électeurs ?
Matt Ridley est un activiste ayant des intérêts dans le charbon, c'est bien sûr un conservateur qui a voté pour le Brexit, après avoir dirigé la seule banque britannique à avoir fait faillite depuis un siècle et demi, ce qui a mené la Northern Rock à être nationalisée, un comble pour un libéral comme lui !
Il est cocasse de lire sous sa plume que des « groupes de pression » existeraient du côté des scientifiques, alors qu'il est lui-même conseiller de la Global Warming Policy Foundation (GWPF), un véritable groupe de pression (sans guillemets) œuvrant pour nier la réalité du danger du réchauffement climatique afin de bloquer autant que faire se peut toute législation destinée à entraver les intérêts financiers de ses membres et bienfaiteurs.
C'est ce qu'on peut appeler voir midi à sa porte si l'on est modéré, ou alors prendre les gens pour des cons dans un style plus débridé.
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