dimanche 13 novembre 2016

Gros problèmes de compréhension chez Skyfall (6)

Voici donc un nouvel épisode concernant cette fois la courbe de Mann que nos amis climato-irréalistes veulent à tout prix enterrer.

Quand on veut noyer son chien on l'accuse de la rage, pour la courbe de Mann c'est un peu la même chose, tous les prétextes sont bons pour essayer de la disqualifier.

Voyons d'abord un aperçu de la courbe de Mann originale, qui date donc de 1999, accompagnée de quelques autres qui s'étalent de 2000 à 2010.

Toutes ne mesurent pas la même durée, pour la simple raison que les proxies utilisés ne sont pas toujours disponibles quand on remonte trop loin dans le temps ; elles ne concernent pas toutes forcément la même zone de la planète, certaines se limitent à l'hémisphère nord, d'autres sont plus globales.

A noter les marges d'erreur ou d'incertitude qui augmentent quand on remonte le temps, ce qui est normal, la période récente étant couverte par les mesures modernes, notamment les thermomètres et depuis 1979 les satellites (et même depuis 1967 pour les températures de surface de la mer)

En regardant toutes ces courbes on ne peut que constater leur grande similitude avec leur caractéristique essentielle niée par les climatosceptiques : quand on regarde à droite de la courbe on voit une nette et brutale hausse des températures qui coïncide avec ce que nous appelons l'ère industrielle.

Mann en 1999
En bleu, anomalies de température (base 1961-1990) pour l’hémisphère nord estimées à partir des enregistrements de divers proxies. Les mesures de la période instrumentale sont en rouge. Les proxies utilisés sont les cernes d'arbres, les sédiments, les carottes de glace et les coraux.

Huang en 2000


Variations de température globale moyenne en surface au cours des cinq derniers siècles reconstituées à partir des données de forage (ligne rouge épaisse). L’ombrage représente l’incertitude associée. La courbe bleue est une moyenne glissante sur cinq ans des données de température de l’air en surface (données HadCRUT)

Oerlemans en 2005 
Best estimate of the global mean temperature obtained by com-
bining the weighted global mean temperature from 1834 with the
stacked temperature record before 1834. The band indicates the es-
timated standard deviation.



Smith en 2006
Reconstructions, à partir de spéléothèmes, des températures annuelles de l’hémisphère nord ; la zone grisée montre l’erreur associée (deux déviations standards)


Wahl en 2007 
Courbe originale de Mann (1999, bleu) comparée à la reconstruction de Wahl and Amman (rouge). Les températures de la période instrumentale sont en noir - Concerne l'hémisphère nord.

Mann en 2008
Composite des reconstructions de températures de l’hémisphère nord, sur continents, et océan plus continent, avec les intervalles de confiance à 95% associés. Les reconstructions sur l’Hémisphère nord publiées antérieurement sont montrées également


Ljungqvist en 2010 
Estimations of extra-tropical Northern Hemisphere (90–30°N) decadal mean temperature variations (dark grey line)
AD 1–1999 relative to the 1961–1990 mean instrumental temperature from the variance adjusted CRUTEM3+HadSST2 90–30°N record (black dotted line showing decadal mean values AD 1850–1999) with 2 standard deviation error bars (light grey shading).

Ce « pic » moderne ainsi que l'Optimum Médiéval sont les deux pierres d'achoppement des climatosceptiques : soit ce pic est tout simplement nié (certains vont jusqu'à affirmer que les températures...baissent !), soit l'OM est prétendu plus chaud que l'époque actuelle.

Or le pic, c'est-à-dire la hausse rapide et récente des températures, est corroboré par plusieurs faits observables :
Ces faits observables, ajoutés aux lois physiques qui expliquent le rôle du CO2 comme gaz à « effet de serre », vont tous dans le même sens, à savoir que la température monte « trop » vite en « trop peu » de temps et cela est essentiellement dû à l'activité humaine, notamment les émissions de CO2.

Quant à l'Optimum Médiéval, il s'agit d'un dada des climatosceptiques qui le mettent volontiers en avant afin de « prouver » qu'il y aurait eu des époques plus chaudes que l'actuelle, mais cela ne repose sur rien de sérieux, cet OM n'étant que régional (limité à une partie de l'hémisphère nord) et sujet de controverses non encore éteintes aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, à supposer que cet OM ait bien été aussi chaud ou même plus chaud qu'aujourd'hui, cela n'explique en rien la montée subite (subite à l'échelle des temps géologiques) des températures durant l'ère industrielle ; Lors de l'OM l'homme n'émettait aucun CO2 de façon industrielle et l'usage des sols pouvait être considéré comme négligeable sur le plan climatique, il en est tout autrement aujourd'hui, mais cela les climatosceptiques ne veulent pas le comprendre (ou font semblant de ne pas le comprendre)

Dans l'article sur Skyfall tout est parti de ce commentaire :
  • 32.  Jojobargeot | 7/11/2016 @ 16:22 Realclimate, n’est-ce pas ce site internet fondé sur la méthode Coué dirigé par le très honnête Michael Mann?
    Mwouarff Ha Ha Ha Ha fi hi hi!!!!! Ah elle est bien bonne.
    J’hésite. Ged à fait l’école du rire, ou il suce un clown tous les matins?
Il faut noter à ce stade que Realclimate avait été cité par un climatosceptique (Pierre Gosselin) à l'appui de ses affirmations ! Mais cela a de toute évidence échappé au pois chiche qui sert de cerveau à Jojobargeot puisqu'il m'attribue cette citation.

A noter également que c'est le même Jojobargeot qui introduit Mann dans la discussion alors que c'est complètement hors-sujet (le sujet était la couverture nuageuse et son impact sur les températures), montrant par là-même une des tactiques préférées des sophistes : changer de sujet quand ça commence à sentir le roussi !

Ça continue plus loin (je passe certains commentaires pour faire court) avec ceci :
  • 44.  pastilleverte | 8/11/2016 @ 13:42 Géd (#39),
    tant il est vrai qu’en matière d’honnêteté intellectuelle, il est bien connu que Mann est un « saint » et Duran un « démon ».
    La liberté d’opinion est permise, la mauvaise foi, j’hésite.
Ainsi nous y voila, on compare Mann à Duran, et évidemment chez pastilleverte il faut comprendre l'inverse de ce qu'il écrit : Mann est un « démon » et Duran est un « saint »...

C'est alors que je mets sous les yeux de pastilleverte les références de chacun des deux cités :
  • 54.  Géd | 9/11/2016 @ 2:47 pastilleverte (#44),

    il est bien connu que Mann est un « saint » et Duran un « démon ».
    Non, Mann sur Google Scholar c’est 105000 résultats sur le climat (avec le premier résultat cité près de 2000 fois), Duran c’est zéro, il s’agit donc simplement de compétence, pas tellement de liberté d’opinion, même si Duran est libre (et il le prouve) de raconter n’importe quoi sans être poursuivi.
    Par ailleurs personne n’a jamais prétendu que Mann était un saint ou Duran un démon, encore une élucubration de votre part, vous confondez science et religion, honnêteté intellectuelle et charlatanisme, ce qui ne m’étonne pas outre mesure.
    Et on attend toujours la réfutation de la courbe en crosse de hockey, ça va être dur d’autant plus qu’elle a été confirmée par d’autres équipes indépendantes.
Je suis bien obligé de défendre Mann, personne sur Skyfall n'oserait le faire en tout cas pas face au dieu vivant Duran.

C'est alors que Jojobargeot se lance dans une logorrhée illisible et imbuvable dont je ne citerai qu'un extrait :
  • 55.  Jojobargeot | 9/11/2016 @ 12:44
    Non, Mann sur Google Scholar c’est 105000 résultats sur le climat (avec le premier résultat cité près de 2000 fois), Duran c’est zéro, il s’agit donc simplement de compétence, pas tellement de liberté d’opinion, même si Duran est libre (et il le prouve) de raconter n’importe quoi sans être poursuivi.
    Quantité ne veut pas dire qualité [...] Sa fameuse courbe en crosse de hockey, qui à fait de lui la star adulées par les crétins congénitaux réchauffistes, à été démontrée scientifiquement, ce dernier mot vous est inconnu visiblement, comme fausse et à été retirée de VOTRE bible, les rapports successifs du GIEC. [...]
Et scaletrans en rajoute une (petite) couche histoire de dire qu'il existe lui aussi :
  • 56.  scaletrans | 9/11/2016 @ 14:59 Géd (#54),
    Celui qui raconte n’importe quoi sans être poursuivi, c’est Mann, pas Duran. Par ailleurs, sachez qu’ici on se fout éperdument du nombre de citations; la logorrhée « scientifique » ne nous inspire pas, ce qui nous inspire, c’est l’esprit scientifique, tel que défini par Richard Feynmann, c’est à dire du rapport entre hypothèse et observations d’une part, et de la recevabilité des dites observations d’autre part.
Ainsi pour ces grands amateurs de science (la science pour les nuls ?) le nombre de citations et la quantité d'études sur un sujet déterminé ne prouvent rien ; que Mann ait essentiellement écrit sur le climat, avec d'innombrables références à ses travaux dans les études d'autres chercheurs, alors que Duran n'a pas pondu le moindre papier sur le climat dans toute sa carrière scientifique, tout cela n'a aucune importance, ce qui compte c'est que « Mann est un escroc un point c'est tout » et que Duran «  a évidemment raison non mais ».

Je passerai sur nombre de commentaires futiles, surtout insultants donc insignifiants, mais je ne peux pas m'empêcher de terminer sur cette perle d'un certain micfa :
  • 86.  micfa | 10/11/2016 @ 17:54 Géd (#76), Toutes les données d’un grand nombre de stations terrestres sont disponibles sur les sites de météo. Je me suis amusé à étudier les données d’une trentaine de stations éparpillées sur la planète relativement anciennes pour avoir du recul: France, grand nord, Antarctique, régions tropicales, régions équatoriales. J’effectue également des relevés quotidiens depuis 40 ans. A partir de toutes ces données, j’ai calculé (avec un logiciel) les moyennes annuelles sur 30 ans, sur 20 ans et sur 10 ans. On peut ainsi voir comment elles évoluent d’année en année et de décennie en décennie. Je vous invite d’ailleurs à en faire de même et vous aurez un aperçu de l’évolution des températures depuis l’ouverture de chaque station. Et je suis désolé de vous dire que dans toutes les courbes obtenues je ne vois pas le moindre bout de crosse de hockey. On observe une hausse des températures jusqu’en 1950, puis une baisse jusqu’en 1980 (alors que le taux de CO2 augmentait), puis une hausse sensible jusqu’en 2000 (sauf en Antarctique), puis une ralentissement de cette hausse à partir de 2000 (alors que le taux de CO2 augmentait). Si les T° s’emballent on doit pouvoir l’observer sur les moyennes annuelles lissées dur 10 ans. Voici quelques exemples : Haparanda (Suède), cette moyenne augmentait de 0,67° par décennie en 2000, et de 0,34° au1/01/2016, ça ralentit. Bethel (Alaska) : elle augmentait de 0,15° en 2000, en 2016 elle baisse de 0,54°, ça baisse. Guanhzou (Chine) : elle augmentait de 0,51° en 1995, de 0,19° en 2000 et elle baisse de 0,19° en 2016, ça baisse. Bordeaux-Mérignac (choisie parce qu’elle aura la T° de Séville en 2100 d’après les experts du climat, soit 7° de plus) : elle augmentait de 1,07° en 1998, de 0,71° en 2000, de 0,02° en 2010 et en 2106 elle baisse de 0,09°, voilà qui fait désordre (la crosse est tombée sur le gazon). Halley bay (Antarctique ) :elle augmentait de 0,59° en 1980, elle baissait de 1,47° en 2000, elle augmentait de 0,49° en 2010 et de 0,33° en 2016, c’est cahotique. Syowa (Antarctique) : elle baissait de 0,22° en 2000 et de 0,60° en 2016, ça baisse. Paris-Montsouris : elle augmentait de 0,85° en 1997, de 0,44° en 2000 et de 0,34° en 2016, ça ralentit et ce malgré l’effet urbain qui a un impact certain sur la hausse des T° des stations des villes. Aucun scientifique n’en parle, ce qui est pour le moins suspect car ça fausse toutes les données. Par exemple un jour d’octobre on relevait une minimale de 12,9° à Paris-Montsouris, 10,7 à Roissy, 8,7 à Orly, 9,9 à Trappes, 8 à Verneuil, 7,2 à Pontoise, soit un écart de 2 à 5° et cet écart varie tous les jours suivant de nombreux paramètres. Ce qui démontre que lorsqu’on calcule la température moyenne de la terre à partir des stations on fait plutôt la moyenne d’un certain nombre d’îlots de chaleur urbaine. Alors je continue d’affirmer que Mann peut ramasser sa crosse de Hockey qu’il a oubliée sur son gazon et la ranger dans son placard. Si vous voulez les données des autres stations et bien d’autres arguments chiffrés, je suis à votre entière disposition.
C'est vraiment désarmant de naïveté, pour ne pas dire autre chose...

D'abord il faut louer l'effort de micfa pour s'informer, malheureusement, le nez trop dans le guidon, il en oublie de réfléchir et de de renseigner aux bonnes sources.

Tout d'abord l'effet d'ilot de chaleur urbain est bien évidemment parfaitement pris en compte par les climatologues, et c'est les prendre pour des débiles mentaux que d'insinuer le contraire.

Ensuite ne pas voir la courbe en crosse de hockey dans une courbe reprenant les 40 dernières années, voire, soyons généreux, les 150 dernières années, c'est, comment dire, non je ne trouve pas les mots si je veux rester poli, alors je me contente d'essayer d'expliquer à micfa (qui ne me lira certainement pas, mais c'est pas grave) pourquoi il ne peut pas voir la courbe en crosse de hockey dans ses statistiques personnelles :
  • 93.  Géd | 11/11/2016 @ 2:20 micfa (#86),

    dans toutes les courbes obtenues je ne vois pas le moindre bout de crosse de hockey
    Euh, évidemment si vous vous contentez de regarder les statistiques depuis 40 ans…
    Et même en les faisant partir de 1850 vous ne verrez pas la courbe en crosse de hockey, et vous savez pourquoi ?
    Je vous laisse réfléchir.
    Je vous donne un indice quand même : essayez de prendre de la hauteur, ainsi vous verrez plus large.
Voici ce que regarde micfa, cela doit ressembler à quelque chose comme ça :


Effectivement je confirme, difficile de voir une courbe en crosse de hockey, mais si on regarde ceci :

Source wikipedia

Micfa n'a de toute évidence pas compris que la courbe en crosse de hockey ne pouvait se voir qu'à petite échelle, c'est-à-dire avec en abscisse plusieurs centaines d'années (mille ans dans le cas ci-dessus, parfois deux mille voire beaucoup plus) alors qu'il se contente de regarder quelques décades, tout au plus un siècle ou un siècle et demi, ne se rendant pas compte de l'effet d'échelle qui fait disparaitre le pic actuel, la palette de la crosse de hockey !

On passera sur les insultes habituelles de Tsih qui n'apportent rien au débat mais « irritent le modérateur » selon Nicias...

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Liens utiles :
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 Rappel des précédents gros problèmes de compréhension chez Skyfall
  1. Gros problèmes de compréhension chez Skyfall - où Nicias ne sait pas faire la différence entre un hiatus et une pause
  2. Gros problèmes de compréhension chez Skyfall (2) - où miniTAX prend Guillaume Séchet et les livres d'Emmanuel Le Roy Ladurie (mais pas Le Roy Ladurie lui-même) pour des climatosceptiques
  3. Gros problèmes de compréhension chez Skyfall (3) - où Nicias n'a pas compris que c'est l'augmentation du CO2 qui précède celle des températures et non l'inverse
  4. Gros problèmes de compréhension chez Skyfall (4) - où miniTAX s'échine à nier la réalité du recul des glaciers 
  5. Gros problèmes de compréhension chez Skyfall (5) - risques d'incendies de forêts

Et ce n'est pas fini...



13 commentaires:

  1. Géd,

    Je vous trouve dur, l'ilôt de chaleur urbain est d'une importance extrême. Pensez donc plus de 70% de la planète est recouvert d'eau, si vous y ajoutez les désertes (chauds et froids) les vastes étendues de savane, steppe, toundra etc... il est évident que cette particularité citadine est d'une importance capitale.


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    1. Vous avez parfaitement raison, mais même ce point de détail est pris en compte dans la mesure des températures (corrigez-moi si je me trompe) alors ça relativise le « aucun scientifique n'en parle » de micfa !

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    2. micfa ne sait pas comment on gère les températures, c'est juste un clown de plus. d'autre part on ne compare pas une série locale (une station) avec une série comprenant tout un hémisphère.

      Je serai absent quelques jours, je vais convoyer un voilier.

      Bon courage.

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  2. On pourrait même, pour faire plaisir à Micfa, à Jojobargeot, à Scaletrans et à quelques autres, prolonger la fameuse courbe de Lamb au-delà de 1960 et là… oh… une crosse de Hockey !

    https://en.wikipedia.org/wiki/Hockey_stick_graph#/media/File:Ipcc7.1-mann-moberg-manley.png

    Mais, quoi qu'il en soit, Pierre Alexandre et Enzio Ornato avaient démontré, dans les années 1980, que la courbe de Lamb était statistiquement fausse.

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    1. Oups… j'ai oublié de signer mon intervention : Olivier

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    2. Bonjour Olivier, j'imagine que vous êtes le même Olivier qui était déjà intervenu ici ?

      Et il me semble que vous avez récemment posté un commentaire sur Skyfall, non ?

      Ça me fait plaisir de voir qu'avec Robert et vous (plus quelques uns qui interviennent rarement) j'ai des lecteurs d'un niveau supérieur que ce qu'on peut rencontrer chez les « autres » !

      N'hésitez pas à apporter votre contribution et à me corriger si nécessaire.

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    3. Et pour la courbe de Lamb non seulement elle était fausse mais elle concernait le centre de l'Angleterre...

      Elle avait été utilisé dans le premier rapport du GIEC à défaut d'autre chose si je ne me trompe, mais a été vite remplacée quand Mann a sorti la sienne, exact ?

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    4. Oui, c'est le même Olivier qui a posté ici et sur skyfall pour corriger Nicias qui semble ne pas comprendre ce qu'est une une crosse de hockey et qui n'arrive pas à les voir alors même qu'il en a une sous les yeux !

      Pour la courbe de Lamb, elle ne concernait effectivement que le centre de l'Angleterre. Pierre Alexandre, dans sa thèse d'histoire médiéval du climat, a montré que la moitié des sources textuelles de Lamb devaient être éliminées. Lamb, n'étant pas médiéviste, n'avait pas su analyser correctement la validité historique de ces sources ; Le Roy Ladurie l'avait pourtant averti, à mots couverts, dans sa thèse complèmentaire sur la climat.

      En ne prenant que les sources historiquement valables et en se basant sur la méthode statistique de Lamb, Pierre Alexandre a montré que l'image d'un Moyen Âge uniformément chaud-tiède en Europe ne tenait pas : il trouvait un déphasage entre le Nord et le Sud de l'Europe. Ce que les premiers travaux de dendrochronologie de Françoise Serre-Bachet (CNRS-IMEP), notamment, tendaient aussi à montrer.

      Dans son analyse critique de la thèse de Pierre Alexandre, le médiéviste Enzio Ornato a montré, pour sa part, que la méthode statistique de Lamb avait tendance à surestimer les événements extrêmes et à gommer les périodes « normales ». Il en concluait que la méthode statistique de Lamb pour traîter les textes médiévaux comme proxies climatiques ne devait surtout pas être reprise telle quelle.

      Tout cela entre 1895 et 1988. Soit avant le premier rapport du GIEC. Dans l'AR1, le GIEC reprend la courbe de Lamb tout simplement parce qu'il n'y a aucune autre courbe disponible à cette date.

      Ceci dit, la courbe de Lamb est utilisée dans un très court passage, moins d'une page, qui porte sur le climat passé. Signe que cette question n'est pas, et n'a jamais été, capitale pour comprendre le réchauffement climatique.

      Par ailleurs et enfin, cette histoire du Moyen Âge chaud-tiède est un piège pour les climatosceptiques : en effet, si le climat a été plus chaud au Moyen Âge qu'au début du XXIe siècle, avec une concentration en CO2 de l'ordre de 280ppm, cela tend à signifier que la sensibilité climatique est plus élevée que celle estimée habituellement… donc un Moyen Âge chaud sans élévation des taux de CO2 est une très mauvaise nouvelle pour l'évolution du climat avec beaucoup de CO2 anthropique !

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    5. Merci Olivier pour tous ces détails, ça me change des explications fumeuses de qui-vous-savez !

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    6. Un historique de l'utilisation de cette malheureuse courbe de Lamb, par John Mashey, dans son style inimitable : http://scienceblogs.com/stoat/2012/10/08/more-use-and-abuse-of-ipcc-1990-fig-7-1c/. Documenté et référencé !

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    7. Merci VB, lien à ne surtout pas donner sur Skyfall de peur qu'ils aient des bouffées de chaleurs et des palpitations !

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  3. Tiens… Nicias est en train de faire de la propagande pour un article publié dans une obscure revue, par un pseudo-scientifique plus à l'aise avec les théories archéologiques fumeuses qu'avec les paléoglaciations… Pauvre garçon qui perd son temps alors qu'il pourrait occuper sa retraite en pêchant la truite.

    Olivier

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    1. Je ne connaissais pas ce Donald (encore un...) Rapp et ne compte pas lire ce long pavé destiné apparemment, selon Nicias, à nous montrer que « On ne sait pas trop » ; quand Nicias ne sait pas quelque chose alors personne ne peut savoir. Et c'est également une occasion pour lui de dénigrer une fois de plus les modèles climatiques, du déjà-vu quoi.

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