Nous avions déjà vu, en décembre dernier (voir Ça chauffe (aussi) pour les glaciers de l'est Antarctique), que les glaciers de l'est de l'Antarctique, que l'on croyait bien sages, se mettaient en réalité à fondre bien plus que ce que l'on pensait, mais aujourd'hui on apprend qu'au Groenland également la glace fiche le camp, et pas qu'un peu, puisqu'elle fondrait à un rythme...quatre fois plus élevé que ce que l'on imaginait jusqu'à présent !
C'est nouveau, ça vient de sortir, c'est aux PNAS et ça s'intitule Accelerating changes in ice mass within Greenland, and the ice sheet’s sensitivity to atmospheric forcing.
Quoi qu'il en soit après la mi-2013, l'étude explique :
Mais on remarquera que même durant cette pause le Groenland a continué de perdre de la glace :
Pas d'illusions à se faire, le réchauffement climatique ne s'est toujours pas arrêté, donc il n'y a aucune raison de penser que la glace du Groenland se reconstituera un jour prochain.
C'est nouveau, ça vient de sortir, c'est aux PNAS et ça s'intitule Accelerating changes in ice mass within Greenland, and the ice sheet’s sensitivity to atmospheric forcing.
En bon français on peut traduire cela par : Accélération des changements de la masse de glace au Groenland et sensibilité de la calotte glaciaire au forçage atmosphérique (vous voyez le quasi mot à mot marche très bien)
Je ne résiste pas à la tentation de vous en donner le résumé que voici in extenso :
From early 2003 to mid-2013, the total mass of ice in Greenland declined at a progressively increasing rate. In mid-2013, an abrupt reversal occurred, and very little net ice loss occurred in the next 12–18 months. Gravity Recovery and Climate Experiment (GRACE) and global positioning system (GPS) observations reveal that the spatial patterns of the sustained acceleration and the abrupt deceleration in mass loss are similar. The strongest accelerations tracked the phase of the North Atlantic Oscillation (NAO). The negative phase of the NAO enhances summertime warming and insolation while reducing snowfall, especially in west Greenland, driving surface mass balance (SMB) more negative, as illustrated using the regional climate model MAR. The spatial pattern of accelerating mass changes reflects the geography of NAO-driven shifts in atmospheric forcing and the ice sheet’s sensitivity to that forcing. We infer that southwest Greenland will become a major future contributor to sea level rise.
On ne voit pas dans ce résumé les « quatre fois plus » mentionnés par nationalgeographic (Greenland’s ice is melting four times faster than thought) mais en y regardant de plus près voici le passage intéressant :Entre le début de 2003 et le milieu de 2013, la masse totale de glace au Groenland a diminué à un rythme toujours croissant. Au milieu de 2013, un renversement soudain s'est produit et très peu de perte nette de glace s'est produite au cours des 12 à 18 mois qui suivirent. Les observations de GRACE et du système de positionnement global (GPS) révèlent que les schémas spatiaux de l'accélération soutenue et de la décélération brutale de la perte de masse sont similaires. Les accélérations les plus fortes ont suivi la phase de l’oscillation nord-atlantique (NAO). La phase négative de la NAO augmente le réchauffement estival et l’ensoleillement tout en réduisant les chutes de neige, en particulier dans l’ouest du Groenland, occasionnant un bilan de masse surfacique plus négatif, comme illustré par le modèle climatique régional MAR. Le schéma spatial des changements de masse en accélération reflète la géographie des changements de forçage atmosphérique causés par la NAO et la sensibilité de la calotte glaciaire à ce forçage. Nous en déduisons que le sud-ouest du Groenland deviendra un important contributeur futur à l'élévation du niveau de la mer.
The Greenland Ice Sheet (GrIS) and its outlying ice caps were losing mass at a rate of about −102 Gt/y in early 2003, but 10.5 y later this rate had increased nearly fourfold to about −393 Gt/y, accounting for much of the observed acceleration in sea level rise (7).
Si je comprends bien, cela voudrait dire que l'on pensait que le Groenland ne perdait « que » 102 Gt / an depuis 2003 et ce jusqu'en 2013, alors qu'en fait en 2013 il en perdait quatre fois plus ; mais j'ai l'impression qu'en réalité ce que veut dire l'étude c'est qu'entre 2003 et 2013 la perte de glace annuelle a été multipliée par quatre, passant de 102 Gt / an à 393 Gt / an, mais peu importe si National Geographic a été ou non imprécis dans son titre, dans le texte on peut lire :La calotte glaciaire du Groenland (GrIS) et ses calottes glaciaires périphériques perdaient de la masse à un taux d’environ -102 Gt / an au début de 2003, mais 10,5 ans plus tard, ce taux avait presque quadruplé pour atteindre environ -393 Gt / an, expliquant la plus grande part de l'accélération observée de la montée du niveau de la mer (7).
Greenland, the world’s biggest island, appears to have hit a tipping point around 2002-2003 when the ice loss rapidly accelerated, said lead author Michael Bevis, a geoscientist at Ohio State University. By 2012 the annual ice loss was “unprecedented” at nearly four times the rate in 2003, Bevis said in an interview.
Le « sans précédent » signifie à mon avis tout simplement qu'en 2012 la perte de glace était la plus forte jamais enregistrée, il ne me semble pas qu'il ait voulu dire que soudainement en 2012 les scientifiques se sont rendus compte de la chose.Selon le principal auteur, Michael Bevis, géoscientifique à l’Université d’État de l’Ohio, le Groenland, la plus grande île du monde, semble avoir atteint un point critique en 2002-2003, lorsque la perte de glace a rapidement accéléré. En 2012, la perte de glace annuelle était "sans précédent", soit près de quatre fois plus qu'en 2003, a déclaré Bevis dans une interview.
Quoi qu'il en soit après la mi-2013, l'étude explique :
Then, from mid-2013 onward, mass loss ceased or nearly ceased (Fig. 1 B and E) for 12–18 mo. Because seasonally adjusted mass loss stalled, we refer to this time interval as the “2013–2014 Pause” (Fig. 1B), or just “Pause.”
Ensuite, à partir de la mi-2013, la perte de masse a cessé ou a presque cessé (Fig. 1 B et E) pendant 12 à 18 mois. Étant donné que la perte de masse corrigée des variations saisonnières est en perte de vitesse, nous appelons cet intervalle de temps «pause 2013-2014» (Fig. 1B) ou simplement «pause».
C'est probablement cette pause qui fait que nos amis les climatosceptiques crient victoire !
Mais on remarquera que même durant cette pause le Groenland a continué de perdre de la glace :
Total ice mass fell by no more than ∼75 Gt during the Pause (Fig. 1 B and E).
Mais comme une pause est une pause, celle-ci a pris fin :La masse totale de glace n’a diminué que de 75 Gt environ au cours de la pause (figures 1 B et E).
The Pause ended by early 2015 (Fig. 1 B and E), but given the emergent onset of renewed ice loss, and the temporally correlated noise in the GRACE residuals (Fig. 1C), it is hard to determine the end time of the Pause with any great precision.
La Pause s’est terminée au début de 2015 (Fig. 1 B et E), mais étant donné l’apparition apparente d’une nouvelle perte de glace et du bruit corrélé temporellement dans les résidus GRACE (Fig. 1C), il est difficile de déterminer la fin de la Pause avec une grande précision.
Pas d'illusions à se faire, le réchauffement climatique ne s'est toujours pas arrêté, donc il n'y a aucune raison de penser que la glace du Groenland se reconstituera un jour prochain.
J espère également que toute la glace ne va pas se reconstituer.
RépondreSupprimerVivant au bord d un lac au pied des montagnes j espère que mes descendants pourrons aussi continuer à se baigner sous une bonne canicule.
Le patin à glace c qd même moins sympa.
Terrien
Si vous êtes Suisse (comme mon petit doigt me le dit) ce n'est pas sympa pour vos descendants de leur souhaiter « une bonne canicule », pourtant c'est bien ce qui leur pend au nez, mais pas en hiver, faut pas exagérer non plus.
SupprimerEn hiver effectivement toujours pas et pourtant selon les prédictions d il y a 20 ans...
RépondreSupprimerEn ce qui concerne l été dernier oui mon père a beaucoup souffert psychologiquement de la « canicule » enfermé devant BFM TV.
En revanche mes jeunes descendants, toujours dehors, se sont régalés. Et je leur souhaite très honnêtement de revivre des étés aussi chouettes!