Dès le 30 mars, dans Coronavirus: l'ANSM alerte sur les possibles "effets secondaires graves" des traitements, après 3 décès suspects, on nous informait que l'ANSM avertissait sur les quelques effets secondaires « graves » recensés concernant plusieurs médicaments traitant le Covid-19 :
Comme je suis un peu curieux je suis allé voir ce qu'on disait sur un site a priori sérieux au sujet de ces deux traitements en relation avec le cœur (afin d'en avoir le cœur net) :
Et à mon avis on va vite s'en apercevoir.
Lire aussi :
Coronavirus : les effets indésirables graves s’accumulent sur l’hydroxychloroquine
Coronavirus : en Suède, les hôpitaux ont prescrit de l’hydroxychloroquine avant de rapidement s’arrêter
Ils doivent être fous ces Suédois...
“Une trentaine” d’effets indésirables graves sont en cours d'investigation. Le Plaquénil, contenant de l'hydroxychloroquine, fait partie des traitements étudiés.Il y en avait donc déjà « une trentaine » et l'HCQ, tant prônée par le professeur Raoult, faisait partie du lot avec d'autres traitements tels que le Kaletra.
On nous expliquait également que l'association HCQ + azithromycine n'était pas sans risque sérieux (doux euphémisme) :
l’hydroxychloroquine couplée avec l’antibiotique azithromycine, sous le feu des projecteurs depuis que le Pr Didier Raoult a publié deux études controversées concluant selon lui à leur “efficacité” contre le coronavirus, mérite une “attention particulière”, observe le directeur général de l’ANSM.Et on nous précisait (à l'attention surtout de ceux qui s'y connaissent) :
Leur association “potentialise le risque” de trouble du rythme cardiaque “qui peut conduire à un accident cardiaque”, dit-il. Et cela est “encore plus vrai chez les patients qui souffrent du Covid”, en raison de troubles métaboliques spécifiques à cette maladie.
Si je comprends bien, moi qui suis totalement ignare en la matière, les deux médicaments en question, l'HCQ et l'antibiotique azithromycine, présentent chacun pris isolément des effets secondaires portant sur le rythme cardiaque, mais ces effets secondaires cumulés sont encore amplifiés chez les personnes qui souffrent du Covid-19, on pourrait presque parler de triple peine !
Comme je suis un peu curieux je suis allé voir ce qu'on disait sur un site a priori sérieux au sujet de ces deux traitements en relation avec le cœur (afin d'en avoir le cœur net) :
doctissimo : PLAQUENIL 200 mg, comprimé pelliculé, boîte de 30
L'hydroxychloroquine doit être utilisée avec prudence chez les patients présentant un allongement de l'intervalle QT congénital ou acquis documenté et/ou des facteurs de risques connus d'allongement de l'intervalle QT tels que :
maladie cardiaque, par exemple insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde, [etc.]
Des cas de cardiomyopathie menant à une insuffisance cardiaque d'évolution fatale dans certains cas ont été rapportés chez des patients traités par PLAQUENIL (voir rubriques Effets indésirables et Surdosage)
[…] un arrêt respiratoire et cardiaque peut survenir brutalement et précocement. Une hypokaliémie peut avoir lieu, probablement due à une entrée de potassium dans les cellules, augmentant ainsi le risque de dysrythmie cardiaque. L'évolution peut être fatale en cas d'insuffisance cardiaque, respiratoire ou de dysrythmie cardiaque.
doctissimo : ZITHROMAX 250 mg, comprimé pelliculé, boîte de 6
[…] Les patients âgés pouvant présenter des conditions pro-arythmogènes, la prudence est particulièrement recommandée en raison du risque d'apparition d'arythmie cardiaque et de torsades de pointes (voir rubrique Mises en garde et précautions d'emploi).
On comprend mieux les réticences de Michel de Lorgeril qui nous disait (voir Michel de Lorgeril s'exprime sur le Covid-19 et l'hydroxychloroquine) :Des cas de prolongation de la repolarisation cardiaque et d'allongement de l'intervalle QT, impliquant un risque de survenue d'arythmie cardiaque et de torsades de pointes, ont été observés lors du traitement avec les macrolides, dont l'azithromycine (voir rubrique Effets indésirables).
L’équipe marseillaise [...] peu[t] éventuellement obtenir des résultats (non scientifiquement fondés) encourageants en bénéficiant d’un effet placebo majeur et surtout de « l’effet magique » lié à la personnalité du grand professeur marseillais qui, seul contre tous…Surtout si cette équipe a pris l’indispensable précaution de surveiller attentivement tous les patients qui recevaient l’hydroxychloroquine avec des électrocardiogrammes répétés (dont l’interprétation n’est pas aisée). Cet effet placebo doublé de l’effet magique du grand professeur à barbe blanche se reproduira-t-il dans la banlieue de Montevideo ou les bidonvilles de Lagos quand les mêmes comprimés d’hydroxychloroquine seront distribués par des bénévoles de l’Armée du Salut ? Evidemment sans électrocardiogramme de contrôle.Oui, on peut s'émerveiller des merveilleux résultats du merveilleux professeur à barbe blanche dans son merveilleux institut ultra-moderne de Marseille, avec un équipement à la pointe de la technologie et un personnel hautement qualifié (tout ça est bien merveilleux n'est-ce pas ?) mais encore une fois, et je repasse la parole à de Lorgeril :
[…] les expériences marseillaises sont de peu d’utilité pour des médecins pratiquant ailleurs et différemment car elles ne sont pas extrapolables.Elles ne sont pas extrapolables nom d'un chien !
Et à mon avis on va vite s'en apercevoir.
L'ANSM, dans son article d'aujourd'hui 10 avril, nous informe qu'à la suite d'une enquête de pharmacovigilance menée à Dijon une « centaine de cas d’effets indésirables ont été déclarés en lien avec des médicaments utilisés chez des patients infectés par le COVID-19, dont 82 cas graves dont 4 cas de décès. », ces cas se répartissant majoritairement entre le lopinavir-ritonavir et l'hydroxychloroquine (à 50/50) ; cela a conduit l'ANSM « à mettre en place une seconde enquête, menée par le CRPV de Nice », avec les résultats suivants :
53 cas d’effets indésirables cardiaques ont ainsi été analysés, dont 43 cas avec l’hydroxychloroquine, seule ou en association (notamment avec l’azithromycine). Ils sont classés en trois catégories : 7 cas de mort subites, dont 3 « récupérées » par choc électrique externe, une dizaine de troubles du rythme électrocardiographiques ou symptômes cardiaques les évoquant comme des syncopes, et des troubles de la conduction dont allongement de l’intervalle QT, d’évolution favorable après arrêt du traitement.
Et d'en déduire :
Ce premier bilan montre que les risques, notamment cardio-vasculaires, associés à ces traitements sont bien présents et potentiellement augmentés chez les malades du COVID-19. La quasi-totalité des déclarations provient des établissements de santé. La prescription non autorisée en ville explique vraisemblablement la quasi absence de signalement dans ce secteur, bien que des cas de prescriptions ou d’autoprescriptions par des médecins aient été rapportés.
Avant de conclure (c'est moi qui souligne) :
Ces informations, si l’on prend en compte la sous-déclaration des effets indésirables, habituelle, et probablement accentuée dans cette période de forte tension dans les services hospitaliers, constituent un signal important. C’est pourquoi l’ANSM rappelle que ces médicaments doivent être utilisés uniquement à l’hôpital, sous étroite surveillance médicale dans le cadre fixé par le Haut conseil de la santé publique.Pour résumer :
- nous n'en sommes qu'au début du décompte des effets secondaires indésirables ;
- ces effets secondaires sont sous-déclarés, donc difficile pour le moment d'en avoir une vision correcte ;
- nous sommes dans un pays « moderne » bénéficiant d'une technologie de pointe et de personnel soignant hautement qualifié, ce qui est loin d 'être le cas partout ;
- tous les médicaments en cours d'évaluation, y compris l'HCQ et l'antibiotique associé, sont susceptibles de provoquer de « graves » effets secondaires que seules des équipes de grande qualité sont capables de gérer correctement ;
- l'IHU de Marseille est comme un îlot perdu au milieu de l'océan et il est illusoire de croire que les résultats de Didier Raoult, à supposer qu'ils soient vraiment ce qu'il en dit, seraient transposables chez toutes les personnes affectées par le Covid-19.
Bref, Didier Raoult est peut-être un dieu qui fait des miracles à Marseille, reste à voir s'il est capable de reproduire ces miracles à l'échelon de la planète.
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Lire aussi :
Coronavirus : les effets indésirables graves s’accumulent sur l’hydroxychloroquine
« Aujourd’hui, même chez certains médecins, c’est comme si l’hydroxychloroquine était déjà une panacée et les risques tout à fait secondaires, alors que la situation est parfaitement inverse, regrette le professeur [Milou-Daniel] Drici. Il faut garder son sang-froid et ne pas oublier le principe d’Hippocrate dans son traité Epidémies [410 avant J.-C.] : primum non nocere, d’abord ne pas nuire. »
Coronavirus : en Suède, les hôpitaux ont prescrit de l’hydroxychloroquine avant de rapidement s’arrêter
Fin mars, l’hôpital de Sahlgrenska à Göteborg a été le premier à annoncer qu’il arrêtait de prescrire la chloroquine et l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19. « Je pense que toutes les cliniques en Suède ont commencé à utiliser ce traitement quand les premiers patients sont arrivés. A Göteborg, nous étions très prudents depuis le début, explique Magnus Gisslén, professeur de maladies infectieuses et médecin à l’hôpital de Sahlgrenska. Nous nous sommes rendu compte que les preuves d’efficacité étaient faibles, mis à part une étude chinoise, cependant réalisée sans groupe témoin, et l’étude française où l’hydroxychloroquine est combinée à l’azithromycine, étude dont nous estimons qu’elle n’est pas suffisamment bien faite pour démontrer l’efficacité. »
Dans un communiqué, la Läkemedelsverket explique que « les données disponibles actuellement ne permettent pas d’aboutir à des conclusions solides concernant les effets cliniques et l’innocuité de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine dans le traitement de patients atteints du Covid-19 ».
« Je pense que plus un seul hôpital n’utilise ces médicaments aujourd’hui, confie Magnus Gisslén. La décision a été un peu controversée au début, mais rapidement, l’agence du médicament est venue avec ses propres recommandations, ce qui a convaincu ceux qui doutaient encore. »
Ils doivent être fous ces Suédois...
Bonsoir
RépondreSupprimerMalgré ma méconnaissance dans le domaine médical, je me permet quelques commentaires.
Le problème, ce n'est pas la dangerosité d'un médicament mais sa balance risque bénéfice. Tout médicament actif est potentiellement dangereux. En ce qui concerne le traitement à hydroxychloroquine associé à l'azithromycine, nous n'avons aucune information statistique fiable sur le nombre de personnes traitées, le nombre de personnes éventuellement guéries ,celles dont le décès est lié à la prise de ces médicaments.
C'est quoi la balance risque bénéfice ?
https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/medicaments/glossaire/article/rapport-benefice-risque
"Évaluation des effets bénéfiques thérapeutiques en comparaison aux risques liés à la sécurité d’emploi d’un médicament (mesurés pour un utilisateur donné ou estimés pour une population)."
https://www.vocabulaire-medical.fr/encyclopedie/204-benefice-risque
"Tout acte médical, si anodin soit-il en apparence, présente un risque ; celui-ci n’est acceptable que si l’on attend, en contrepartie, un bénéfice de cet acte ; soigner des patients consiste donc, in fine, à évaluer à chaque fois le fameux « rapport bénéfice/risque »."
Ci dessous une étude spécifique des effets secondaires du plaquenil .(Hydroxychloroquine )
https://www.chu-toulouse.fr/IMG/pdf/lupus_et_benefices_du_plaquenil_-_pr_pourrat.pdf
"Bénéfices et Risques du traitement par PLAQUENIL traitement du "Lupus Erythémateux Systémique "
"Le rapport bénéfice/risque, très favorable, fait recommander l’utilisation de l’Hydroxychloroquine."
Une autre étude :
https://www.larevuedupraticien.fr/article/hydroxychloroquine-plaquenil-un-vieux-medicament-au-profil-toujours-tres-interessant
"Hydroxychloroquine (Plaquenil) : un vieux médicament au profil toujours très intéressant"
"Certaines complications sont rares et sérieuses.
Ces complications sont : un rash, un angiœdème ; une réaction pseudo- myasthénique, une agranulocytose ; un état confusionnel, des convulsions. Les complications cardiaques, rares avec l’hydroxychloroquine, sont plus fréquentes avec la chloroquine, surtout aux doses cumulées élevées. L’incidence de troubles de la conduction cardiaque sous hydroxychloroquine au cours du lupus est faible. La complication la plus grave, heureusement très rare, est la cardiomyopathie, qui peut conduire à une insuffisance cardiaque parfois irréversible."
Ci dessous, le document officiel d'utilisation dans le cadre du covid19 :
file:///C:/Users/jeanp/Downloads/20200330_PUT_hydroxychloroquine_1.pdf
PROTOCOLE D’UTILISATION THERAPEUTIQUE : 30 mars 2020
Hydroxychloroquine Infection par le coronavirus SARS-CoV-2 (maladie COVID-19)
Comme vous dites, un site considéré comme sérieux qui fait une bonne synthèse:
https://www.doctissimo.fr/sante/epidemie/coronavirus-chinois/hydroxychloroquine-traitement-autorise-covid19
"Concernant le bon usage actuel de la chloroquine, le Dr Kierzek résume : "Pour l’instant c’est réservé pour les malades les plus graves pour lesquels il y a une prescription hospitalière, tout cela est très encadré. Il faut s’en tenir à cela". Avant de conclure : "Pas d’affolement, pas de panique et pas de précipitation sur la chloroquine !"
Dans le monde médical, on a des avis très contrastés et des arguments difficiles à décrypter pour des non spécialistes comme moi. On aura certainement des informations pertinentes mais dans pas mal de temps, probablement après la fin de la pandémie ?
Salutations
Saumon
Bonsoir Saumon
Supprimer« Malgré ma méconnaissance dans le domaine médical, je me permet quelques commentaires »
Tout le monde peut se permettre des commentaires à condition de rester dans les limites de ses compétences, donc vos commentaires sont les bienvenus puisque justement vous ne débordez pas.
« Le problème, ce n'est pas la dangerosité d'un médicament mais sa balance risque bénéfice. »
Exactement, et c'est justement ce qu'on reproche à Raoult, ses essais ne permettent en aucune façon de se faire une idée de cette balance risques / bénéfices.
Et oui vous avez raison, c'est après, quand le bilan de tout ça sera fait, qu'on en saura suffisamment pour se faire une idée, pour le moment c'est la cacophonie, cependant il semblerait que les choses commencent à se décanter...