Aujourd'hui nous allons parler d'autre chose que du Covid-19 et ce sont les allumés de Skyfall qui vont nous y aider.
Dans le troquet du coin ils se sont encore une fois surpassés avec ceci :
Je ne vais pas reprendre tout ce qui est dit dans cette publication, Géo la résume assez bien et vous pouvez lire leur article, même s'ils ont peut-être été imprécis sur certains points ; on comprend cependant l'émoi d'amike et Marco40 (ainsi que de tous les autres très probablement) quand ils sont tombés sur le sous-titre introductif de Géo :
Tout d'abord reprenons le paragraphe d'introduction :
Et on nous rappelle ce qui a été expliqué dans le récent article sur le col norvégien :
Dans le troquet du coin ils se sont encore une fois surpassés avec ceci :
1053. amike | 18/04/2020 @ 19:30
BenHague (#1050), Sur Géo : https://www.geo.fr/histoire/la-fonte-des-glaces-libere-des-centaines-dartefacts-dune-ancienne-route-viking-en-norvege-200494
On ne peut pas dire grand’chose : ils parlent d’une route, je dirais plutôt un passage : pas une route pavée, avec des bornes gravée ou un relais construit. Les découvertes tiennent de restes tombés. On ne sait si ils étaient au sol ou dans le glacier…
Plutôt que le lieu lui même, c’est la raison de cette fréquentation : étaient-ce des conditions climatiques qui permettaient des hauts pâturages ? Jonction plus courte permise entre 2 vallées du fait du retrait des glaces ?
Les découvreurs n’en ont cure : ils donnent un avis d’anthropologues et comme certains ici, ils ont une interprétation d’abord politiquement correcte.
Amike ne sait pas si « les […] restes tombés […] étaient au sol ou dans le glacier…» et il se demande si les « conditions climatiques [...] permettaient des hauts pâturages », s'il avait fait l'effort de se documenter un tantinet plus il aurait eu les réponses à ses questions, mais voyons la suite des commentaires qui n'est pas piquée des vers :
1055. Marco40 | 19/04/2020 @ 10:30
amike (#1053), amike (#1053), Ce qu’il y a d’extraordinaire à la lecture de l’article, c’est cette incroyable incapacité -réelle ou voulue- à dire que le pic de fréquentation correspond à la période médiévale chaude! Et l’incroyable, c’est d’affirmer que l’abandon de cette voie de communication serait la conséquence de la peste!!!!!!!!!!!!!!!! Le fait qu’ils retrouvent toutes ces pièces archéologiques lors de la fonte, ne les amène à aucun moment à se demander comment est venue cette glace!!!!!!!!!!!!!
Bref, il y a à travers cet article, la démonstration éclatante soit d’un biais cognitif, peut-être même pathologique, soit d’une volonté délibérée de ne surtout pas dire la vérité sur tout ce que cela implique !!!
Et oui, il y a ainsi -grâce au retrait de ces glaciers- de plus en plus de preuves qu’aux alentours de l’an mille, il faisait bien plus chaud que maintenant!
Véritable crime contre la secte verdâtre du RCA.
Kaputt l’idéologie d’un réchauffement le plus rapide et le plus intense causé par le méchant Homme contre la gentille Gaïa, mère de toute vie (Covid, SRAS, Ebola…..)
Cette découverte mériterait un article de nos belles plumes climato-réalistes!
Moi je dirais que « ce qu'il y a d'extraordinaire à la lecture » du commentaire de Marco40 c'est qu'il nous montre un magnifique exemple d'effet Dunning-Kruger agrémenté d'un énorme biais de confirmation (et encore je ne cite pas tous les biais auxquels je ne pense pas)
On aura compris que pour Marco40 il faisait « bien plus chaud » à cette époque qu'aujourd'hui et que par conséquent le réchauffement climatique est un canular, je résume mais c'est à peu près ça l'idée.
Le plus comique évidemment c'est que notre loustic voit chez les journalistes qui ont relaté la découverte un « biais cognitif pathologique » ou alors une « volonté délibérée de nous cacher l'horrible vérité » ; comment dire...
Et en plus il insiste en s'enfonçant un peu plus (et oui c'est toujours possible de s'enfoncer un peu plus avec ces gens-là) :
1056. Marco40 | 19/04/2020 @ 10:46De toute évidence nos deux énergumènes ne sont pas allés très loin pour chercher à comprendre, alors que tous les détails figuraient dans un lien inclus dans l'article de Géo intitulé La fonte des glaces libère des centaines d'artéfacts d'une ancienne route viking en Norvège :
Marco40 (#1055),
Dernier paragraphe de phys.org : « Les chercheurs suggèrent que le col est tombé en désuétude à mesure que les conditions économiques changeaient au cours des hivers plus froids au 14e siècle, puis que la peste bubonique entraînait des déplacements restreints. »
Traduction façon Géo : « Les raisons de ce déclin demeurent relativement mystérieuses alors que le commerce et les échanges, de même que la population, ont continué de grandir jusque vers 1350. Néanmoins, les archéologues pensent que l’épidémie de peste noire, qui a causé une chute dramatique de la population au milieu du XIVe siècle, a pu jouer un rôle dans la baisse de l’activité humaine dans les montagnes. »
Jeu du RCA : trouver la différence entre les deux textes et essayer de comprendre pourquoi!
"il s'est avéré que ce travail de terrain effréné ne constituait que le début", a expliqué l'archéologue dans une publication.Et si nous suivons le lien en question nous arrivons sur The Hunt for the Lost Mountain Pass (La chasse au col perdu de la montagne)
Je ne vais pas reprendre tout ce qui est dit dans cette publication, Géo la résume assez bien et vous pouvez lire leur article, même s'ils ont peut-être été imprécis sur certains points ; on comprend cependant l'émoi d'amike et Marco40 (ainsi que de tous les autres très probablement) quand ils sont tombés sur le sous-titre introductif de Géo :
En Norvège, des archéologues ont mis au jour des centaines d'artéfacts remontant à l'ère Viking, il y a près d'un millier d'années. Les objets sont apparus sur une ancienne route dans un col de la montagne de Lomseggen où la glace se raréfie à cause du changement climatique.« A cause du changement climatique », il n'en fallait pas davantage pour provoquer un court-circuit neuronal ayant pour effet de faire sauter les plombs dans des boites crâniennes déjà gravement endommagées par la lecture de Skyfall depuis de nombreuses années. Les dégâts sont énormes et semblent irréversibles, on est vraiment désolés mais on ne peut rien faire pour les intéressés. Ah si, quand même, on peut essayer de répondre aux questions lancinantes du sieur amike que je reprends ici :
Est-ce que les restes découverts étaient au sol ou dans le glacier ?Comme je l'ai dit les réponses à ces questions sont dans The Hunt for the Lost Mountain Pass et elles ne sont pas du tout cachées comme le croit Marco40 (complotisme quand tu nous tiens…)
Est-ce que les conditions climatiques d'alors permettaient des hauts pâturages ?
Est-ce que le prétendu « retrait du glacier » aurait permis une jonction plus courte entre les deux vallées ?
Tout d'abord reprenons le paragraphe d'introduction :
Global warming is leading to the retreat of mountain glaciers. Surprisingly, this has created a boon for archaeology. Incredibly well preserved and rare artifacts have emerged from melting glaciers and ice patches in North America, the Alps and Scandinavia. A new archaeological field has opened up – glacial archaeology. The archaeological finds from the ice show that humans have utilized the high mountains more intensely than was previously known – for hunting, transhumance and traveling. New important discoveries are made each year, as the ice continues to melt back.
Le réchauffement climatique entraîne le recul des glaciers de montagne. Étonnamment, cela a créé une aubaine pour l'archéologie. Des artefacts rares et incroyablement bien préservés ont émergé de la fonte des glaciers et des plaques de glace en Amérique du Nord, dans les Alpes et en Scandinavie. Un nouveau domaine archéologique s'est ouvert : l'archéologie glaciaire. Les découvertes archéologiques de la glace montrent que les hommes ont utilisé les hautes montagnes plus intensément qu'on ne le pensait auparavant, pour la chasse, la transhumance et les voyages. De nouvelles découvertes importantes sont faites chaque année, alors que la glace continue de fondre.
Ainsi les archéologues sont peut-être parmi les rares scientifiques à se réjouir du réchauffement climatique parce que tout bonnement cela leur ouvre des horizons de recherches inespérés !
Mais alors me direz-vous, s'ils trouvent aujourd'hui des restes archéologiques découverts par les glaces en retrait, c'est donc qu'à l'époque il n'y avait pas de glace, hein ? Pas précisément ! Voici le passage que nos amis au cerveau lent ont omis de consulter :
The route crossing Lendbreen was used by packhorses when the rough terrain was covered by snow. Thus, the artifacts were very likely originally lost or discarded on snow. However, until the big melt in 2019, nearly all the finds in the pass area were found lying on the ground. This is in fact quite normal on archaeological ice sites. The artifacts have melted out one or more times since their time of loss on the snow and ended up on the ground, only to be re-covered by snow and ice (read more about ice patches and glaciers as archaeological sites here). Finding the artifacts on the bare ground today does not mean that they were originally lost when the area was free of snow and ice. Misunderstanding this fundamental issue was what got the Ötzi investigation off on the wrong foot (read here).
N'importe quel montagnard sait que certains passages rocailleux sont bien plus faciles à emprunter quand ils sont recouverts de neige, et c'est encore plus valable pour des chevaux qui ne peuvent pas sauter d'un bloc de rocher à l'autre comme peut le faire un être humain, par conséquent il est évident que ce col norvégien n'était utilisé essentiellement que quand il était entièrement recouvert de neige, comme nous l'indique ce passage de l'article des archéologues :La route traversant Lendbreen était utilisée par les chevaux de bât lorsque le terrain accidenté était couvert de neige. Il est donc très probable que les artefacts aient été perdus ou jetés sur la neige à l'origine. Cependant, jusqu'à la grande fonte en 2019, presque toutes les trouvailles dans la zone du col ont été trouvées gisant sur le sol. C'est en fait tout à fait normal sur les sites archéologiques de glace. Les artefacts ont fondu une ou plusieurs fois depuis leur perte sur la neige et se sont retrouvés sur le sol, pour être à nouveau recouverts de neige et de glace (pour en savoir plus sur les plaques de glace et les glaciers en tant que sites archéologiques, cliquez ici). Le fait de trouver les artefacts sur le sol nu aujourd'hui ne signifie pas qu'ils ont été perdus à l'origine lorsque la région était exempte de neige et de glace. C'est l'incompréhension de cette question fondamentale qui a fait démarrer l'enquête Ötzi du mauvais pied (lire ici).
Since the route over Lendbreen only works with horses when snow is covering the rough ground, we believe that the route was mainly used in late winter or early summer.
Une photo suffit à elle seule pour expliquer le phénomène qui a produit la confusion dans les esprits fatigués de nos deux skyfalleux :Étant donné que la route passant par Lendbreen ne fonctionne avec les chevaux que lorsque la neige recouvre le terrain accidenté, nous pensons que la route a été principalement utilisée à la fin de l'hiver ou au début de l'été.
Août 2019. La glace du col est recouverte par le crottin des nombreux chevaux de bât qui ont franchi la crête ici. Photo : Espen Finstad, secretsofheice.com. |
Ces innombrables crottins ont donc été déposés sur plusieurs périodes par les chevaux sur la neige, puis se sont lentement enfoncés avant de se retrouver sur le sol glacé où ils ont été découverts en 2019 ; s'ils avaient été déposés directement sur ce sol ils ne se seraient très probablement pas conservés, et c'est bien la neige et le froid qui les ont conservés en si bon état.
Par ailleurs la preuve que le passage était emprunté quand il était enneigé est quasiment apportée par la photo qui suit cette constatation :
We found a beautifully preserved horse snowshoe, It was a neat confirmation of our hypothesis that the route was used when covered by snow.
Nous avons trouvé une raquette pour cheval magnifiquement préservée, ce qui confirme notre hypothèse selon laquelle la route était empruntée lorsqu'elle était couverte de neige.
La raquette pour chevaux. Photo : Espen Finstad, secretsofheice.com |
Il en est bien sûr de même pour les nombreux artefacts retrouvés, comme par exemple celui-ci :
Fer à cheval du 11e au milieu du 13e siècle après J.-C., trouvé à Lendbreen en 2018. Il a même un morceau de sabot encore attaché de l'autre côté. Photo : Espen Finstad, secretsoftheice.com. |
Un autre article du site Secrets of the ice, intitulé Glaciers, ice patches and archaeology (Glaciers, plaques de glace et archéologie), nous explique qu'il y a deux catégories de « glaces » très différentes d'un point de vue archéologique :
- les glaciers, qui sont en constant mouvement et détruisent tout sur leur passage, éventuellement en amenant tout en bas quelques restes qui ne peuvent qu'être relativement récents ;
- les plaques de glace, qui sont stables et peuvent conserver des restes archéologiques pendant des siècles, voire des millénaires (voir Ötzi)
Voici ce que nous dit l'article en introduction :
How can archaeological finds survive inside or beneath massive glaciers? Well, they can’t! The constant movement of the ice crushes the artefacts and eventually dumps the sad remains at the mouth of the glacier. When you hear about exciting discoveries from glaciers, these finds tend to be relatively recent, like missing airplanes or WW1 soldiers.
Comment les découvertes archéologiques peuvent-elles survivre à l'intérieur ou sous des glaciers massifs ? Eh bien, elles ne peuvent pas ! Le mouvement constant de la glace écrase les artefacts et finit par déverser les tristes restes à l'embouchure du glacier. Lorsque vous entendez parler de découvertes passionnantes faites sur les glaciers, ces découvertes ont tendance à être relativement récentes, comme des avions disparus ou des soldats de la Première Guerre mondiale.
Ainsi, « lorsque vous entendrez » un climatosceptique vous dire que des restes apportés par les glaciers prouveraient quoi que ce soit concernant l'optimum romain, vous vous souviendrez de ce que disent les véritables spécialistes.
Et on nous rappelle ce qui a été expliqué dans le récent article sur le col norvégien :
Even if objects were originally lost in the snow, most of them have melted out of the ice at some time or times in the past, and been recovered by snow and ice. This is the reason why most artefacts are found on the ground and not on the surface of the ice. Objects are only found on the ice when the melting reaches ice layers previously untouched by melting.
Même si les objets étaient à l'origine perdus dans la neige, la plupart d'entre eux ont fondu dans le passé, à un ou plusieurs moments, et ont été recouverts par la neige et la glace. C'est la raison pour laquelle la plupart des artefacts se trouvent sur le sol et non à la surface de la glace. Les objets ne se trouvent sur la glace que lorsque la fonte atteint des couches de glace qui n'ont pas été touchées par la fonte.
Et nous terminerons avec Ötzi qui, bien malgré lui, nous apprend dans Ötzi – a new understanding of the holy grail of glacial archaeology (Ötzi - une nouvelle compréhension du Saint Graal de l'archéologie glaciaire) :
About 2500 years ago, the climatic conditions for glacier advance became so favorable in the Alps that ice and snow finally sealed it off from its surroundings. Only at the end of the 20th century did the ice again melt back to a degree that re-exposed the body and the artefacts.
Il y a environ 2500 ans, les conditions climatiques pour l'avancée des glaciers sont devenues si favorables dans les Alpes que la glace et la neige l'ont finalement isolé de son environnement. Ce n'est qu'à la fin du XXe siècle que la glace a recommencé à fondre au point de réexposer le corps et les artefacts.
Et au fait que nous disait Marco40 ? Ceci :
Et oui, il y a ainsi -grâce au retrait de ces glaciers- de plus en plus de preuves qu’aux alentours de l’an mille, il faisait bien plus chaud que maintenant!Tout s'explique.
Marco40 ne se fait pas de souci, il sait, lui, qu'il faisait bien plus chaud en l'an mil qu'aujourd'hui. |
Super intéressant ! Merci Ged. Ca change de Raoult et de son grand adorateur Rittaud.
RépondreSupprimerEntre le climat et le Covid-19 il y a de la matière faut avouer, manque plus qu'une guerre nucléaire ou la chute d'un astéroïde géant et là c'est le jackpot avec Rittaud !
SupprimerBonjour
RépondreSupprimerVous titrez sur l'effet Dunning-Kruger.
Je pense que pas mal des gens pourront être intéressés par ce document très intéressant, d'autant plus que c'est en relation avec le coronavirus.
HEC Paris Webinar Series - Prise de décision et biais cognitifs: l'exemple du COVID-19
https://www.youtube.com/watch?v=H6IAOM3Ei2o&authuser=1
Bonne vidéo
Saumon
Merci penseur saumon, ce webinar est tout simplement excellent !
SupprimerBenoit Rittaud, l'autoproclamé spécialiste ès exponentielle, aurait tout intérêt à le consulter, il apprendrait que « la croissance exponentielle est quelque chose d'absolument contre-intuitif » (aux environ de 10 minutes de la vidéo)
J'ai bien aimé également le passage concernant notre « professeur à barbe blanche » (vers 37 minutes) avec cet extrait : « 21% des Français ne se prononcent pas [sur l'efficacité de la chloroquine] ce qui est la seule réponse rationnelle qu'on puisse avoir » et je suis heureux de faire partie de ces 21% !