lundi 3 août 2020

Le masque avant le covid-19 (et pendant aussi)

Il est assez navrant de constater que le port du masque suscite encore tant de critiques alors que certains pays ne se posent même plus la question depuis bien longtemps ; voir par exemple cet article de 2018 intitulé Pourquoi le port du masque au Japon est-il si populaire ? où l'on nous dit :
Ce n’est pas pour se protéger des germes des autres que le masque est requis ici, non, mais bien pour éviter de transmettre ses germes à autrui !
Ce que n'arrivent pas à comprendre tous ceux pour qui le masque semble inutile puisqu'ils ont si peu de risques d'être malade, ceux que l'on appelle parfois les « djeuns », qui trouvent à exprimer leur raz-le bol par exemple ici : Regroupement contre le port du masque obligatoire ou anti masque obligatoire.

On voit ainsi des inepties circuler telle cette infographie générée par le site conspirationniste SOTT et reprise par un neuneu de service (qui semble avoir effacé ce message du 9 juillet...) :

Pour info les réfutations sont visibles ici : Ces affirmations sur les dangers du port du masque sont fausses

Sans surprise aucune les mêmes qui font passer cette « information » sur le masque sont des spécialistes également sur d'autres sujets, comme par exemple les chemtrails :

Alain Roman vous « informe » : Cet après-midi, j'étais dans mon jardin en train d'arroser, je lève les yeux et paf ! Un Chemtrail. Remarquez que les Chemtrails sont très souvent côté Soleil, la plupart des gens sont éblouis par le Soleil, donc ne les voient pas !
Ou le changement climatique :

Alain Roman vous « informe » : Pour les graves imbéciles qui accusent le CO2 d'intoxiquer la planète, imprimez mes explications dans votre petit cerveau atrophié [blablabla]

Bon nous allons rester sur le sujet du masque et montrer un article récent qui confirme ce qui était dit sur le site évoquant le Japon (je rappelle : Ce n’est pas pour se protéger des germes des autres que le masque est requis ici, non, mais bien pour éviter de transmettre ses germes à autrui !) ; dans Pourquoi est-il marqué sur des boîtes de masques qu’ils ne protègent pas des virus ? voici ce qu'on nous dit :
Contrairement à une idée reçue largement répandue, le port du masque vise avant tout à protéger ses contacts.
Et on ajoute plus loin :
[les masques] ne sont pas conçus pour offrir une protection individuelle à leur porteur, mais pour contribuer à des mesures collectives visant à limiter la propagation du virus responsable du Covid-19.
Ce n'est pas plus compliqué que ça.

Et voici ce que nous dit le site Doctissimo dans Tout savoir sur les masques contre la grippe concernant le covid-19 (qui n'est pas une grippe...) :
les autorités sanitaires ont déclaré qu'il n'était recommandé de porter un masque que pour les personnes touchées par la maladie ou dont les symptômes, même suspectés se déclarent pour éviter de diffuser les microbes.
Mais il ajoute :
En ce qui concerne les personnes non malades : "Le port de ce type de masque par la population non malade afin d’éviter d’attraper la maladie n’est pas recommandé et son efficacité n’est pas démontrée." Les médecins et les personnes qui sont en contact étroits avec les malades disposent d'équipements spécifiques.
Cependant l'article date de janvier 2020, à cette époque il y avait comme un « flottement » sur l'utilité pour les non-malades de porter les masques et on sait aujourd'hui que c'était en grande partie dû au fait qu'il n'y avait pas assez de masques pour tout le monde et qu'on préférait les réserver à « certaines personnes » ; ce petit couac, ou retard à l'allumage, a fait couler beaucoup d'encre et en fera encore couler beaucoup à n'en pas douter (quelques exemples ici, ici ou )

Quoi qu'il en soit on peut retenir les conseils de Doctissimo concernant le masque et la grippe, ils seront à mon avis parfaitement adéquats pour le covid-19 :
Le malade doit :
Appliquer soigneusement le masque de façon à recouvrir son nez et sa bouche et l'attacher serré pour bien l'ajuster ;
Rester à bonne distance (plus d’un mètre) des autres personnes ;
Porter constamment un masque dès que l'on est en contact avec d'autres personnes ;
Ne pas le toucher ni replacer avec des mains souillées ;
Ne jamais réutiliser un même masque.
Et d'ajouter :
Le port du masque ne dispense pas des règles d'hygiène habituelles pour limiter la contagion : se laver les mains régulièrement en les frottant pendant au moins 30 secondes, se protéger la bouche avec le coude lorsque l'on tousse ou éternue, utiliser des mouchoirs jetables uniquement, aérer régulièrement son logement et limiter ses contacts avec les autres (éviter les poignées de main, ne pas embrasser ses proches...).
Comme on le voit les conseils concernant la grippe sont exactement les mêmes que pour le covid-19 et ce sont ces conseils que les Japonais, entre autres, appliquent respectueusement depuis des lustres sans que cela ne leur pose de problème.

Et en parlant du Japon voici les statistiques qui le concernent :


Pas mal non ?

Et savez-vous le meilleur ? L'hydroxychloroquine aurait été prescrite au Japon...par seulement 7% des médecins ! (source Breaking Results: Sermo’s COVID-19 Real Time Barometer Study)

A mon avis le fait que le Japon soit une ile et que le port du masque ainsi que les règles de distanciation sociale (salut à distance) soient simplement acceptées par la population pour des raisons de culture difficilement transposables dans nos pays occidentaux, tout cela explique le faible taux de mortalité, bien davantage que l'effet d'une potion magique d'origine méditerranéenne soignant d'autres maladies telles que le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde (pour le paludisme il y a aujourd'hui d'autres traitements : les médicaments efficaces il y a trente ans, comme la chloroquine, ne le sont plus aujourd'hui)

Pour terminer ce billet sur le masque un petit retour en arrière, un siècle exactement, me semble utile afin de bien comprendre que cette polémique actuelle sur le port du masque est tout bonnement ridicule.



'Mask Slackers' and 'Deadly' Spit: The 1918 Flu Campaigns to Shame People Into Following New Rules


Pendant la pandémie de 1918, les gens n'étaient généralement pas autorisés à monter dans les tramways sans porter de masque.
Dans les États de l'Ouest, certaines villes ont adopté des réglementations sur les masques et les fonctionnaires ont fait valoir que le port d'un masque était un devoir patriotique.


1918 : Les masques de la pandémie de grippe espagnole


Pendant la terrible épidemie de grippe espagnole, qui a fait entre 50 et 100 millions de morts, les gens portaient des masques. Que ce soit les infirmières, le personnel soignant, ou le grand public, tout le monde se protégeait. C'était même devenu obligatoire.

Une secrétaire tape un courrier sur sa machine à écrire avec un masque sur le visage pour se protéger de la grippe espagnole

1918 - Deux femmes de la bourgeoisie se promènent en ville chapeautées et voilées  pour se protéger de l'épidémie de grippe espagnole


Photos vintage de personnes avec des masques pendant la grippe espagnole de 1918


En ces temps-là ce n'était pas le ridicule qui tuait.
 Les femmes travaillent avec le masque
Un policier américain porte un « masque antigrippal » pour se protéger de la grippe espagnole qui a suivi la Première Guerre mondiale, vers 1918
Match de baseball avec masques, 1919


L’utilisation de masques pendant la pandémie de grippe espagnole, 1918



Cela pourrait s'appeler la coupe covid-19.

Mais même en 1918 il y avait des crétins comme nous le confirme le site :
de nombreuses personnes ont refusé de les porter pendant la grippe espagnole de 1918, affirmant que l’application des masques mandatée par le gouvernement violait leurs libertés civiles. Une «Ligue anti-masque» a même été formée à San Francisco pour protester contre la législation.
Comme par hasard le président d'alors, Woodrow Wilson, était...Démocrate !

Et ironiquement l'article Woodrow Wilson’s Case of the Flu, and How Pandemics Change History nous donne à contempler un amusant parallèle :
For now, it seems hard to judge which presents the greater record of Presidential failure during a pandemic: Wilson’s silence or Trump’s bombast, self-contradiction, and self-promotion.
Pour l'instant, il semble difficile de juger lequel présente le plus grand bilan d'échec présidentiel lors d'une pandémie : Le silence de Wilson ou la grandiloquence de Trump, l'auto-contradiction et l'auto-promotion.
Je parierais bien ma première chemise que Trump restera dans les annales comme le pire président que les Etats-Unis et le monde entier aient connu, et pas seulement pour cette histoire de pandémie.



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