Les accidents de trottinettes peuvent être traités à l'hydroxychloroquine

Un de mes fidèles lecteurs me fait passer un lien sur Le meilleur article de tous les temps, qu'il en soit remercié !

Un petit groupe de médecins s'est « amusé » à écrire un papier délirant intitulé SARS-CoV-2 was Unexpectedly Deadlier than Push-scooters: Could Hydroxychloroquine be the Unique Solution? dont une version en français est disponible ici : Contrairement aux attentes, SARS-CoV-2 plus Létal que les Trottinettes : est-ce-que l'Hydroxychloroquine pourrait être la Seule Solution ?

Aussi surprenant, et atterrant, que cela puisse paraitre ce papier rempli à raz bord d'inepties en tous genres a bel et bien été publié dans la revue prédatrice Asian Journal of Medecine and Health ; l'objectif de ce collectif de médecins était tout bonnement de prouver que la revue en question était capable de publier n'importe quoi, comme par exemple cette étude bidon intitulée Azithromycin and HydroxychloroquineAccelerate Recovery of Outpatients with Mild/Moderate COVID-19 (L'azithromycine et l'hydroxychloroquine accélèrent le rétablissement des patients ambulatoires atteints de COVID-19 léger ou modéré) publiée le 15 juillet dernier.

Hervé Maisonneuve, qui traque les revues prédatrices publiant des études médiocres refusées par les journaux scientifiques sérieux, a publié plusieurs billets consacrés à cette étude en particulier :

• Le 21 juillet : COVID-19 : des français adorent les revues prédatrices pour publier leurs articles refusés sur AZI / HCQ... c'est du lourd !
• Le 23 juillet : COVID-19 : merci Mme la députée Martine Wonner pour attirer notre attention sur les revues prédatrices
• Le 29 juillet : COVID-19 : conseils pour choisir une revue pour l'article AZI/HCQ co-signé par Mme la députée Martine Wonner

Pour donner une petite idée de l'inanité du papier soumis par le groupe de médecins facétieux et accepté rapidement sans trop se poser de questions par la revue prédatrice, voici quelques passages pris au hasard :

• L'auteur principal est Willard Oodendijk, du Belgian Institute of Technology and Education (BITE), Couillet, Belgique ;
• Le dernier auteur est un certain Manis Javanica de l'Institut des Etudes Chiroptères, Timor Oriental (pour info Manis javanica est le nom scientifique...du pangolin javanais !) ;
• L'auteur WO a lancé l'idée sur Twitter, ajouté quelques phrases, soumis le papier, correspondu avec le gentil éditeur ;
• L'auteur MJ (aka le pangolin javanais) a écrit des phrases et dit que la dernière place serait "suffisante pour lui". Il fait ça à chaque fois, et ça marche plutôt bien sur les stagiaires, il faut avouer ;
• une étude indépendante (sous presse sur le Google Driver du troisième auteur) a montré une corrélation positive entre la publicité faite aux trottinettes par les experts et le montant de l'argent qu'ils recevaient de la part de Decathlon® (r = 3.14) ;
• Nous combinons deux études observationnelles (Etude 1) et un essai clinique randomisé (Etude 3) afin de justifier notre hypothèse selon laquelle HCQ + AZT est la solution à tous les problèmes dans le monde (voir le journal intime du deuxième auteur pour une application au problème israélo-palestinien) ;
• Dans l'Etude 3, nous avons étudié l'efficacité de notre protocole dans la prévention des AT : HCQ + AZT (ou spiramycine ou rien) +/- zinc (ou magnésium ou une cuillère à café de Benco (C ou R dans un cercle, ou peut-être TM) +/- vitamine D (ou sélénium) ;
• Deux groupes de volontaires (amis et famille des auteurs) ont été constitués ;
• Les participants des deux groupes ont été invités à descendre en trottinette une pente à 45◦ se finissant par un mur de briques ;
• Dans le groupe traitement, seul 1 des six participants est mort pendant l'expérience (bien qu'il y ait eu un total de trois accidents non mortels). Cependant, cette mort était suspecte, dans la mesure où elle est intervenue avant que les 4 participants descendent la pente, au moment où il recevait les instructions de la part de l'expérimentateur. D'après le médecin légiste, le décès pourrait être dû à un problème cardiaque causé par le traitement. Cependant, comme il était très jeune, nous avons jugé cette possibilité improbable, parce que l'hydroxychloroquine est un médicament très sûr [12]. Nous avons donc décidé de ne pas le compter comme un décès et de l'exclure de l'analyse ; nous l'avons comptabilisé comme ayant décidé de suspendre volontairement le traitement.

J'ai volontairement cité ce dernier long passage car de toute évidence il fait référence à l'étude fumeuse de l'équipe de Didier Raoult dans laquelle certains patients avaient été mystérieusement enlevés du groupe traité à l'hydroxychloroquine (je vous laisse chercher l'étude en question bande de fainéants) surtout quand ils étaient morts !

Les exemples ci-dessus donnent l'ampleur de l'arnaque (bienveillante) que constitue ce papier, lequel est littéralement truffé d'âneries du même genre ; je vous invite à le lire en entier pour vous payer une franche partie de rigolade.