Il y a un peu plus d'un an maintenant j'avais consacré un billet à Jacques Duran afin de (dé)montrer son côté charlatanesque,
je l'avais surnommé le penseur unique.
Ce billet a souvent été visité depuis mais n'a occasionné à cette date que deux commentaires, le premier d'un certain Chelséen (il devait m'écrire de Chelsea je présume) et le second récemment d'un dénommé Beber ; j'ai répondu au premier par un autre commentaire mais je me vois contraint de répliquer à Beber par un billet étant donnée la longueur de ma réponse.
Tout d'abord voici son commentaire :
-
Vos
propos semblent montrer que vous n'appréciez pas beaucoup Monsieur
Jacques Duran. Vous lui reprochez notamment de privilégier les
publications des 3 % de scientifiques (ce sont les chiffres que vous
citez) qui n'adhèrent pas à la science mainstream. Mais l'objectif de
son site est justement de proposer des alternatives possibles à
l'analyse de la situation climatique, centrée exclusivement sur le CO2
anthropologique.
Vous citez l'Oregon petition, qui n'aurait été
signée que par environ 3800 spécialistes dans un domaine lié au climat.
Si l'ensemble de ceux-ci devait constituer les 3 % de scientifiques
anti-mainstream, cela signifierait qu'il y a au moins 125 000
scientifiques adeptes de cette mouvance. Je suis surpris par les
chiffres.
Il est évident que tous les autres signataires de l'Oregon
petition, des médecins, des ingénieurs, des informaticiens..., environ
27 000 personnes, sont tous des ignares et des béotiens en climatologie,
comme Galilée l’était probablement en astronomie, ou Boltzmann dans son
interprétation statistique de l’entropie.
Etant docteur en chimie,
vous devez penser que je n'y connais évidemment rien en thermodynamique,
en effet de serre, aux propriétés des gaz, etc...En temps que tel, je
dois cependant vous avouer que l’hypothèse de l’influence du flux
variable de rayons cosmiques sur le climat ne me semble pas totalement
ridicule.
Et voici ma réponse sous forme de lettre ouverte.
Mon cher Beber,
La question n'est pas de savoir si j'apprécie ou non Jacques Duran, ce qui n'a que peu d'intérêt, mais de se demander si Jacques Duran est légitime pour parler du climat et, surtout, pour critiquer la science communément admise et reflétée par le consensus de plus de 97% ;
ce taux de 97% provient de diverses études s'étalant de 2009 à 2015 et n'a jamais été démenti à ma connaissance, autrement que par des arguments bloguesques sans aucune valeur scientifique.
Si vous êtes vraiment docteur en chimie je ne vous apprends rien si je vous dis que la science ne se débat pas, ou très peu, sur des plateaux télé ou dans des blogs, et qu'elle n'est pas une affaire d'opinions mais de discussions au moyen de publications dans des revues à comité de lecture et de colloques ou conférences ayant un caractère scientifique et non polémique, ce qui bien évidemment exclut les piteuses contre-COP organisées par les non moins piteux climato-irréalistes.
Et ce n'est pas moi qui cite l'Oregon petition, c'est Jacques Duran lui-même sur son site afin d'appuyer ses points de vue sur la question climatique, il n'y a donc pas lieu de faire une comparaison, comme vous le faites, avec le consensus de 97%, qui provient, lui, de travaux scientifiques revus par les pairs alors que cette pétition n'est qu'une tentative d'enfumage qui apparemment a assez bien réussi chez vous.
Par ailleurs comparer les médecins, ingénieurs et autres informaticiens ayant signé cette pétition à Galilée ou Boltzmann, comment dire, c'est à la limite de l'escroquerie intellectuelle, mais je vous laisserai le bénéfice du doute en imaginant que vos propos ont dépassé votre pensée et que vous n'avez pas bien réfléchi avant de proférer ce genre d'énormité.
Terminons par votre « thèse » personnelle ; évidemment je ne me permettrai pas de remettre en cause vos compétences concernant la chimie, les miennes étant quasi nulles, cependant laissez-moi vous dire que vous ne m'impressionnez pas du tout en me lançant à la figure votre titre de docteur en chimie...
Mon médecin traitant, aujourd'hui à la retraite, était lui aussi docteur, en médecine bien sûr, mais cela ne l'a pas empêché de me prescrire pendant dix ans des statines pour combattre un soi-disant « mauvais » cholestérol alors que ce dernier dépassait à peine les seuils standards fixés...par les grands laboratoires pharmaceutiques ! Ce n'est que quand les professeurs (pas docteurs...)
Even et Debré ont publié leur livre en 2013 que j'ai réellement pris conscience, avec l'aide du
docteur de Lorgeril, que mon médecin de famille, tout docteur qu'il était, s'était laissé abuser et m'avait involontairement abusé par la même occasion. Non le cholestérol n'est pas mon ennemi et oui les statines sont nocives et ne doivent pas être prescrites à tire-larigot.
Par conséquent votre titre de docteur ne vous donne a priori aucun avantage par rapport à moi pour discuter notamment des compétences de Jacques Duran en matière de climat, je pense que dans mon billet j'ai suffisamment prouvé, sans faire appel à aucune science, qu'il s'agissait de quelqu'un n'ayant aucune légitimité sur le sujet, pas plus que vous d'ailleurs avec votre « hypothèse de l’influence du flux
variable de rayons cosmiques sur le climat » qui ne vous « semble pas totalement
ridicule ».
Si cette hypothèse tient vraiment la route vous savez ce qui vous reste à faire, le prix Nobel vous tend les bras quand vous aurez publié une étude prouvant que l’influence du flux
variable de rayons cosmiques a une importance plus grande que le taux de CO2 dans l'atmosphère, bon courage !
A ce sujet, et après consultation à l'aide de mon ami Google, je trouve cet article écrit par un connaisseur avec qui vous pourriez vous entendre,
Le réchauffement actuel est-il dû au rayonnement cosmique ?
- Des mesures en laboratoire et des études de modélisation suggèrent que
l'ionisation de l'atmosphère terrestre par le rayonnement cosmique peut
favoriser la formation de très petits aérosols dans l'atmosphère. Ceci
est en accord avec certaines observations du processus de nucléation
faites en haute altitude. Toutefois, l'amplitude de ce mécanisme semble
trop faible pour influencer les concentrations de noyaux de condensation
et pour modifier la quantité et les propriétés des nuages, que ce soit
pendant un cycle solaire (11 ans) ou à l’échelle du dernier siècle.
- En l'état actuel des connaissances, il est peu probable que le
rayonnement cosmique amplifie les variations climatiques dues aux
variations de l'activité solaire. De plus, il ne semble pas y avoir eu
de diminution du rayonnement cosmique atteignant l'atmosphère lors des
cinquante dernières années,
ce qui rend peu crédible la théorie du réchauffement climatique par le
rayonnement cosmique. Néanmoins, le sujet n'est pas clos et les
recherches continuent dans l’expérience CLOUD
et sur d’autres pistes telles que les courants électriques situés dans
l’atmosphère et les interactions entre les couches les plus hautes de
l’atmosphère comme l'ionosphère et la troposphère, lieu de formation
des nuages.
Donc non il ne s'agit pas de thèse « ridicule » comme vous dites, mais seulement de « très peu probable », ce qui est confirmé par le GIEC dans son tableau des forçages radiatifs :
Jusqu'à preuve du contraire c'est le CO2 d'origine humaine qui est le principal forçage radiatif, toutes les autres hypothèses mettant en avant les rayons cosmiques ou d'autres causes comme la chaleur interne de la Terre sont au mieux fantaisistes, au pire criminelles si elles ont pour objet de jeter le trouble et le doute dans la tête du public non averti en lui laissant penser qu'il y a un « débat » sur ce sujet parmi les scientifiques, ce qui est bien sûr archi-faux.
Merci tout de même mon cher Beber d'avoir pris le temps de donner votre avis sur mon modeste billet de blog, mais vous avouerez que vos arguments sont bien faibles et qu'il va vous falloir travailler un peu plus dur pour me faire changer d'avis sur Jacques Duran.
Bien cordialement et sans rancune !