mercredi 30 septembre 2020

Au sujet des feux canadiens

 Dans le genre « je vous fais prendre des vessies pour des lanternes et vous n'y voyez que dalle » il y a de véritables experts, et Anthony Watts est un de ceux-là ; dans Data Show Canadian Wildfires At Lowest Level In Decades il reprend, dans le style « copier-coller » qui fait fureur chez les climato-crétins (le même article débile est reproduit quasiment à l'infini dans toute la climato-gogo-sphère) un billet d'un certain Paul Homewood (qu'on pourrait traduire par Paul Bois de Chauffage) qui, sur son site Not A Lot Of People Know That (ce qui signifie « peu de gens le savent ») publie un article intitulé Canada Wildfires At Lowest Level For Years.

Déjà vous admirerez le titre légèrement différent mais signifiant la même chose : les feux de forêts au Canada sont à leur plus bas niveau depuis des années ; alors vous vous demanderez, so what? c'est-à-dire en bon français mais où diable veulent-ils en venir ? Eh bien c'est simple, si vous n'avez pas vu venir les gros sabots climato-cons je vous le dis, ils veulent que vous compreniez que comme il n'y a pas de réchauffement climatique (selon eux hein !) ergo les feux de forêts, au Canada et ailleurs d'ailleurs, ne peuvent en aucun cas être causés par le réchauffement climatique, c'est pas plus con que ça (mais si c'est quand même très con mais pour le moment on va faire comme si)

Non, pour eux le principal accusé, à part les incendiaires qui mettent le feu pour après aller se branler devant la télé en regardant les jolies flammes et les gentils pompiers, c'est, figurez-vous, la mauvaise gestion des forêts (oui je vous avais dit que c'était très con)

Au Canada, par exemple, les forêts représentent 347 millions d'hectares, soit 9% de la superficie forestière mondiale (source Quelle superficie la forêt couvre-t-elle au Canada?), avec 10 hectares par personne (population = 37 589 262, donc 347 / 37,589 = 9,23 exactement, mais on va pas chipoter)

Dans L'état des forêts au Canada (rapport de 2017) nous apprenons qu'il y aurait quelques 211 000 personnes employées par l'industrie forestière, donc en supposant que tous ces gens s'occuperaient de la gestion de la forêt canadienne en allant sur le terrain pour débroussailler, construire des pare-feux, etc., ce qui est évidemment très exagéré, on aurait 1 644 hectares dont chacune de ces personnes aurait à s'occuper ; de la même façon il y aurait environ 2 000 pompiers au Canada, donc un pompier...pour plus de 173 000 hectares !

Rien que là on voit que l'argument de la bonne gestion des forêts canadiennes qui expliquerait que les feux de forêt soient en diminution a beaucoup de mal à passer le bullshit test. Ce qui évidemment ne veut pas dire que les forêts canadiennes soient mal gérées, bien au contraire ! M'enfin, qu'un si petit nombre de personnes puisse « gérer » efficacement 9% de la superficie forestière mondiale, comment dire...

Alors faisons preuve d'un peu plus de curiosité que le lecteur climato-benêt de base qui n'ira pas plus loin que ce qu'il lit sur des sites comme WUWT.

D'abord voyons ce que nous dit notre désinformateur patenté Anthony Watts :

Here’s something surprising from Paul Homewood, Not A Lot Of People Know That. While USA wildfires are running higher the last couple of years, according to Canada’s National Forestry Database, the number of forest fires in Canada has been at the lowest since 1990. Of course, Canada takes a management approach to forests compared to the USA’s “let it be or litigation” mess.
Voici quelque chose de surprenant de la part de Paul Homewood, proprio du blog Not A Lot Of People Know That. Alors que les incendies de forêt aux États-Unis sont en augmentation ces dernières années, selon la base de données nationale sur les forêts du Canada le nombre d'incendies de forêt dans ce pays est à son plus bas niveau depuis 1990. Bien sûr, le Canada adopte une approche de gestion des forêts, contrairement aux États-Unis qui ont une approche de type "laisser faire ou contentieux".

Superficie des forêts brûlées et nombre d'incendies de forêts au Canada de 1990 à 2019.

Ce qui n'est pas surprenant, par contre, c'est que Paul Homewood, en grand désinformateur qui se respecte, prend bien soin de tout mélanger dans son chapeau de magicien en prenant TOUTES les régions du Canada ; maintenant choisissons-en une au hasard, l'Alberta par exemple :

Superficie des forêts brûlées et nombre d'incendies de forêts en Alberta de 1990 à 2019.


Mince alors, là on dirait bien que ça monte un peu, non ? Surtout en ce qui concerne les superficies brûlées qui semblent de plus en plus importantes. Prenons un autre territoire, la Colombie Britannique (oui je fais par ordre alphabétique, j'ai bien le droit) :

Superficie des forêts brûlées et nombre d'incendies de forêts en Colombie Britannique de 1990 à 2019.


Patatras ! Les superficies explosent littéralement alors que le nombre d'incendies diminue, donc les incendies sont de plus en plus...gigantesques ! Allez un petit dernier pour la route et on s'arrêtera là, le troisième sur la liste est le Manitoba :

Superficie des forêts brûlées et nombre d'incendies de forêts au Manitoba de 1990 à 2019.


Le Manitoba a de la chance, les incendies ont plutôt tendance à diminuer dans ce territoire, même si c'est pas franchement évident, tant en superficie qu'en nombre, bienheureux les manitobains !

On l'aura compris (mais ce n'est pas Paul Homewood qui vous l'aura expliqué, c'est moi) la situation change selon le territoire du Canada dans lequel on se trouve, reste à savoir pourquoi, mais il va vous falloir attendre un peu et être patient (un indice : la pluie ça mouille)

Sur le site officiel des ressources naturelles du Canada (NRCAN) l'article Forest management planning plante le décor :
In Canada, forest management planning is one of the primary tools used to ensure that the country’s publicly owned forests remain healthy and vibrant and are managed sustainably.
Au Canada, la planification de la gestion forestière est l'un des principaux outils utilisés pour garantir que les forêts publiques du pays restent saines et dynamiques et sont gérées de manière durable.
Nous remarquerons au passage que l'immense majorité des forêts canadiennes est publique, tout comme les forêts de l'ouest des Etats-Unis ! Voir gov.ca.gov : « the federal government owns nearly 58 percent of California’s 33 million acres of forestlands, while the state owns 3 percent » (le gouvernement fédéral possède près de 58 % des 33 millions d'acres de forêts de Californie, tandis que l'État en possède 3 %), ce qui indique que le problème a de bonnes chances d'être identique entre le Canada et la Californie ainsi que les autres Etats concernés (Washington et Oregon)

Cherchons maintenant les articles avec le mot clé « climate » :

Premiers résultats de la recherche avec le mot clé « climate »

Prenons le premier article intitulé Canada’s Changing Climate Report, il nous donne ceci :


Table des matières du rapport sur le changement climatique au Canada.


Choisissons le chapitre 8 Changes in Canada’s Regions in a National and Global Context et cherchons le mot clé « fire » ; il y a 6 occurrences dans le rapport, les voici :

Page 430 - Many other aspects of climate that are important to Canadians are also changing as a consequence of global-scale climate change. These changes include the extent and duration of snow and ice cover, permafrost temperatures, freshwater availability, fire weather, other extremes of weather and climate, sea level, and other properties of the oceans surrounding Canada (Chapters 4 to 7).
Page 430 - De nombreux autres aspects du climat qui sont importants pour les Canadiens sont également en train de changer en raison du changement climatique à l'échelle mondiale. Ces changements concernent notamment l'étendue et la durée de la couverture de neige et de glace, les températures du permafrost, la disponibilité de l'eau douce, les conditions météorologiques propices aux incendies, d'autres extrêmes météorologiques et climatiques, le niveau de la mer et d'autres propriétés des océans entourant le Canada (chapitres 4 à 7).
Page 431 - Warming has also been demonstrated to have led to an increased risk of extreme fire weather in parts of western Canada (see Chapter 4, Section 4.3 and Box 4.2).
In the future, higher temperatures will contribute to an increased risk of extreme fire weather across much of Canada.
Page 431 - Il a également été démontré que le réchauffement a entraîné un risque accru d'incendies extrêmes dans certaines régions de l'ouest du Canada (voir chapitre 4, section 4.3 et encadré 4.2).

À l'avenir, les températures plus élevées contribueront à accroître le risque de conditions météorologiques extrêmes liées aux incendies dans une grande partie du Canada.
Page 440 - Warming has led to an increased probability of extreme fire weather conditions in parts of western Canada, which are associated with wildfire occurrence, such as the 2016 Fort McMurray wildfire (see Chapter 4, Box 4.2 and Section 4.4).
Page 440 - Le réchauffement a entraîné une probabilité accrue de conditions météorologiques extrêmes dans certaines parties de l'ouest du Canada, qui sont associées à des incendies de forêt, comme l'incendie de Fort McMurray en 2016 (voir chapitre 4, encadré 4.2 et section 4.4).
Vous remarquerez que j'ai cherché le mot clé « fire » et que je trouve exactement 4 occurrences de l'expression « fire weather », que je traduis par exemple par « conditions météorologiques propices aux incendies » ; mais qu'est-ce qu'un « fire weather » au juste ? Voici une réponse sur What Is Fire Weather? :
The types of weather that create favorable conditions for the start and spread of wildfires are collectively referred to as fire weather.
Les types de conditions météorologiques qui créent des situations favorables au déclenchement et à la propagation des feux de forêt sont collectivement appelés " conditions météorologiques propices aux incendies ".
Conditions 
  • Warm Temperatures: Air temperature has a direct influence on fire behavior. The warmer the air temperature, the more the fuel sources (leaves, grass, branches, logs, etc.) are already heated by the sun, and the less additional heat is needed to ignite a spark.
  • Winds: There's a reason for the expression "Don't fan the flames." Wind increases the supply of oxygen which causes a fire to burn hotter. As it blows over a surface, it also removes moisture/increases evaporation, which dries the fuel source out even more. Finally, wind can increase the spread of fire by blowing hot embers to new areas outside of the parent fire.
  • Low Relative Humidity: Recall that relative humidity tells us how much moisture (in the form of water vapor) is in the air versus how much moisture the air could hold at it's current temperature. The lower the RH, the quicker the moisture will leave a fuel source and the more readily a fire will start and burn.
  • Instability: Atmospheric stability describes the atmosphere's tendency to either resist or encourage vertical motion. If the atmosphere is unstable, air easily moves upward. This type of environment increases fire activity because the vertical movement and mixing of air (updrafts) and increases the potential for gusty surface winds.
Conditions

  • Températures chaudes : La température de l'air a une influence directe sur le comportement du feu. Plus la température de l'air est élevée, plus les sources de combustible (feuilles, herbe, branches, bûches, etc.) sont déjà chauffées par le soleil, et moins il faut de chaleur supplémentaire pour allumer une étincelle.
  • Les vents : L'expression "N'attisez pas les flammes" a une raison d'être. Le vent augmente l'apport d'oxygène, ce qui rend le feu plus chaud. Lorsqu'il souffle sur une surface, il élimine également l'humidité/augmente l'évaporation, ce qui assèche encore plus la source de combustible. Enfin, le vent peut augmenter la propagation du feu en soufflant des braises chaudes vers de nouvelles zones en dehors du feu d'origine.
  • Humidité relative faible : Rappelons que l'humidité relative nous indique la quantité d'humidité (sous forme de vapeur d'eau) dans l'air par rapport à la quantité d'humidité que l'air pourrait contenir à sa température actuelle. Plus l'humidité relative est faible, plus l'humidité quittera rapidement une source de combustible et plus un feu se déclenchera et brûlera facilement.
  • Instabilité : La stabilité atmosphérique décrit la tendance de l'atmosphère à résister ou à encourager le mouvement vertical. Si l'atmosphère est instable, l'air se déplace facilement vers le haut. Ce type d'environnement augmente l'activité du feu en raison du mouvement vertical et du mélange de l'air (courants ascendants) et augmente le risque de vents de surface en rafales. 
Other weather conditions and events that can impact fires, and even cause them, include lack of recent rainfall, drought conditions, dry thunderstorms, and lightning strikes.
Parmi les autres conditions et événements météorologiques qui peuvent avoir un impact sur les incendies, et même les provoquer, figurent l'absence de précipitations récentes, les conditions de sécheresse, les orages secs et les éclairs.
Voici ce que nous dit le site de la NOAA : Fire Weather FAQ :
What is fire weather?

Fire weather is the use of meteorological parameters such as relative humidity, wind speed and direction, mixing heights, and soil moisture to determine whether conditions are favorable for fire growth and smoke dispersion. The National Weather Service in Jackson issues several fire weather products on both a daily basis and when conditions warrant. These fire weather products are generally intended for land management agencies in our area such as the United States Forest Service (USFS) and the forestry commissions of Mississippi, Louisiana and Arkansas. These products provide meteorological data which help these agencies make decisions relating to fire weather, such as when to execute controlled burns and when to expect a higher probability of wildfires.
Qu'est-ce que la « météo du feu » ?

La « météo du feu » est l'utilisation de paramètres météorologiques tels que l'humidité relative, la vitesse et la direction du vent, la hauteur de mélange et l'humidité du sol pour déterminer si les conditions sont favorables à la croissance du feu et à la dispersion de la fumée. Le service météorologique national de Jackson publie plusieurs produits météo sur les incendies, à la fois sur une base quotidienne et lorsque les conditions le justifient. Ces produits sont généralement destinés aux organismes de gestion des terres de notre région, tels que le Service forestier des États-Unis (USFS) et les commissions forestières du Mississippi, de la Louisiane et de l'Arkansas. Ces produits fournissent des données météorologiques qui aident ces agences à prendre des décisions relatives aux conditions météorologiques des incendies, comme par exemple quand exécuter des brûlages contrôlés et quand s'attendre à une plus grande probabilité d'incendies.
On voit que la NOAA a une définition « pratique » du fire weather, pour cette administration il s'agit d'un outil (utilisation de paramètres etc.) afin d'informer les parties prenantes pour une meilleure gestion (ça tombe bien) des feux de forêt ; dans la définition précédente  le fire weather est simplement ce qui constitue une condition météorologique particulièrement propice aux incendies.

Le site de la NOAA nous donne un petit bonus avec :
What is the KBDI?

The Keetch-Byram drought index (KBDI) is a continuous reference scale for estimating the dryness of the soil. The index increases for each day without rain (the amount of increase depends on the daily high temperature) and decreases when it rains. The scale ranges from 0 (no moisture deficit) to 800 (high moisture deficit). The range of the index is determined by assuming that there is 8 inches of moisture in a saturated soil that is readily available to the vegetation.
Qu'est-ce que le KBDI ?

L'indice de sécheresse Keetch-Byram (KBDI) est une échelle de référence continue permettant d'estimer la sécheresse du sol. L'indice augmente pour chaque jour sans pluie (l'ampleur de l'augmentation dépend de la température quotidienne élevée) et diminue lorsqu'il pleut. L'échelle va de 0 (pas de déficit d'humidité) à 800 (déficit d'humidité élevé). La fourchette de l'indice est déterminée en supposant qu'il y a 8 pouces d'humidité dans un sol saturé qui est facilement accessible à la végétation.

 Et de nous montrer la carte suivante :

L'index de sécheresse Keetch-Byram pour la journée du 28 septembre 2020.

Comme par hasard les zones les plus touchées par la sécheresse favorable aux feux de forêt se situent à l'ouest du pays...Il faut croire que plus on se déplace vers l'est et plus la gestion des forêts est efficace puisqu'il y a moins de feux de forêts ! (un peu d'ironie ne vous fera pas de mal)

Mais revenons au Canada avec Climate change and fire :
In Canada’s northwestern boreal regions, for example, the annual amount of forest area burned by wildland fires rose steadily over the second half of the 20th century. Some of this increase has been attributed to climate change.

By contrast, in Canada’s southern boreal forest, the annual amount of area burned seems to have decreased during the 20th century. This trend might be the result of climate change causing greater amounts of precipitation over time in these regions.

However, analyses of fire history suggest that it is the effect of climate variability on precipitation regimes that is the primary reason for the decreasing fire activity in southern regions
Dans les régions boréales du nord-ouest du Canada, par exemple, la superficie annuelle des forêts brûlées par les feux de forêt a augmenté régulièrement au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Une partie de cette augmentation a été attribuée au changement climatique.

En revanche, dans la forêt boréale du sud du Canada, la superficie annuelle brûlée semble avoir diminué au cours du XXe siècle. Cette tendance pourrait être le résultat du changement climatique, qui a entraîné une augmentation des précipitations au fil du temps dans ces régions.

Cependant, les analyses de l'historique des incendies suggèrent que c'est l'effet de la variabilité climatique sur les régimes de précipitations qui est la principale raison de la diminution de l'activité des incendies dans les régions du sud
 
Climate change during the 21st century is expected to result in more frequent fires in many boreal forests, with severe environmental and economic consequences.
Fire-prone conditions are predicted to increase across Canada. This could potentially result in a doubling of the amount of area burned by the end of this century, compared with amounts burned in recent decades. Boreal forests, which have been greatly influenced by fire through history, will likely be especially affected by this change.
Other climate change impacts that could add damaged or dead wood to the forest fuel load (for example, as a result of insect outbreaks, ice storms or high winds) may increase the risk of fire activity.
Le changement climatique au cours du 21e siècle devrait entraîner une augmentation de la fréquence des incendies dans de nombreuses forêts boréales, avec de graves conséquences environnementales et économiques.

On prévoit une augmentation des conditions propices aux incendies dans tout le Canada. Cela pourrait entraîner un doublement de la superficie brûlée d'ici la fin du siècle, par rapport aux quantités brûlées au cours des dernières décennies. Les forêts boréales, qui ont été fortement influencées par le feu au cours de l'histoire, seront probablement particulièrement touchées par ce changement.

D'autres impacts du changement climatique qui pourraient ajouter du bois endommagé ou mort à la quantité de combustible forestier (par exemple, à la suite d'épidémies d'insectes, de tempêtes de verglas ou de vents violents) pourraient augmenter le risque d'incendie.
Bref on voit bien que la gestion des forêts n'est pour pas grand chose ni dans la baisse actuelle ni dans l'augmentation future des incendies qui sont bien liés pour une part prépondérante au réchauffement de la planète, celui-ci entrainant par endroits des précipitations limitant les feux et en d'autres lieux des conditions de sécheresse qui au contraire les aggravent.

Un lecteur de WUWT a d'ailleurs semblé le remarquer :
Jim Veenbaas
September 29, 2020 at 11:46 am

I don’t think Canada has done virtually anything to manage its forests. We’ve just got lucky with increased rainfall.

Je pense que le Canada n'a pratiquement rien fait pour gérer ses forêts. Nous avons juste eu de la chance avec l'augmentation des précipitations.
Mais le crétin de base veut à tout prix se faire connaitre :
Bill Taylor
September 29, 2020 at 9:19 am
this alone shows any claim that “climate change” is causing fires is utter IDIOCY.
ce seul fait montre que prétendre que le "changement climatique" provoque des incendies est une véritable IDIOCIE.

* Soupir *



*****

Autre lecture bien plus utile que WUWT :


mardi 29 septembre 2020

Climactualités - septembre 2020

ENSO

Le 29/09/2020 : climate.gov/enso

LA NIÑA ADVISORY

La Niña—the cool phase of the El Niño-Southern Oscillation climate pattern—emerged in the tropical Pacific in August 2020. Forecasters estimate a 75% chance these conditions will last through Northern Hemisphere winter. La Niña winters tend to favor warm and dry conditions in the southern tier of the U.S.
ALERTE LA NIÑA

La Niña - la phase froide du phénomène climatique ENSO - est apparue dans le Pacifique tropical en août 2020. Les prévisionnistes estiment à 75 % la probabilité que ces conditions perdurent pendant l'hiver dans l'hémisphère nord. Les hivers La Niña ont tendance à favoriser des conditions chaudes et sèches dans la partie sud des États-Unis.
Index ENSO de 2011 à 2020 (source weather.plus)

Index ENSO de 1950 à 2020 (source weather.plus)


*****

GISS L-OTI anomalies de températures vs 1881-1910

Le 29/09/2020 : data.giss.nasa.gov

Anomalies de températures pour le mois d'août 2020 par rapport à la période de référence 1881-1910.

Rappel des années précédentes (à partir de 2016, année la plus chaude) avec leur classement :
  • année 2019 : 1.21 => 2 
  • année 2018 : 1.08 => 4 
  • année 2017 : 1.17 => 3 
  • année 2016 : 1.26 => 1

Le site « habituel » de Météo France reste muet depuis le 18 août, voici donc le tout dernier article publié sous le titre Une première quinzaine d'août bien chaude :
Avec une moyenne nationale de 24,1°C, soit 3 °C de plus que la moyenne saisonnière, la première quinzaine d'août 2020 est la deuxième plus chaude jamais enregistrée, après l'exceptionnelle de 2003, où il avait fait encore 3 degrés de plus.
L'été météorologique 2020 sera plus chaud que la normale (ce qui n'était pas forcément acquis à la mi-juillet), même s'il devrait être un peu moins chaud que les derniers étés notamment à cause d'un mois de juin qui a fait baisser la moyenne.

Août 2020 sera plus chaud que la normale et deviendra ainsi le 15e mois consécutif (depuis juin 2019) à présenter une anomalie de température positive, la plus longue série à ce jour.

On dirait cependant que Météo France publie dorénavant ses actualités météo/climat sur un nouveau site où j'ai pu retrouver l'article du 1er septembre concernant le mois d'août et intitulé Août 2020 : le 3e mois d’août le plus chaud (extraits) :

Alors que l’automne [météorologique] débute aujourd’hui, la France vient de connaître son 3e mois d'août le plus chaud depuis le début des mesures (depuis au moins 1900) derrière août 2003 et 1997, venant clore un été météorologique (juin-juillet-août) se positionnant dans le top 10 des plus chauds depuis 1900.
Une année 2020 qui s’annonce chaude

Sur les 8 premiers mois de l'année (deux premiers tiers de l'année), 2020 reste largement entête par rapport à toutes les autres années, puisque cet été chaud fait suite à un hiver exceptionnellement doux et un printemps chaud. Autrement dit, la période janvier-août 2020 est la plus chaude jamais vue à l'échelle nationale (données depuis 1900), largement devant janvier-août 2003 :
  • janvier-août 2020 : 14,99 °C de température moyenne*, soit + 1,76 °C /moyenne 1981-2010 ;
  • janvier-août 2003 : 14,63 °C (+1,40 °C) ;
  • janvier-août 2018 : 14,59 °C (+1,36 °C).
Sur une année entière, c'est l'année 2018 qui est le record à battre (2020 a donc déjà une avance confortable ; mais tout dépendra des 4 derniers mois de l'année…)

Et le 22 septembre MF publiait l'article intitulé Cet été calendaire a été le plus sec en France depuis au moins 1959 (extraits) :

C'est aujourd'hui 22 septembre le premier jour de l'automne sur les calendriers. L'été (21 juin au 20 septembre) a été le plus sec depuis le début des mesures en France. Ces étés record se succèdent : c'est la troisième année consécutive que la période estivale atteint des niveaux de sécheresse jamais mesurés précédemment.
L'été calendaire le plus sec depuis le début des mesures

L'été s'est achevé hier laissant les sols du pays extrêmement secs. Sur la dernière décade de septembre 2020, la sécheresse des sols superficiels touche en effet la majeure partie de la France. La sécheresse est plus particulièrement marquée sur un large quart nord-est dont les terres se retrouvent dans une situation qui ne se produit en moyenne qu'une fois tous les 25 ans.
Les étés secs record se répètent

Cet été calendaire record sur le plan de la sécheresse s'inscrit dans une succession d'étés secs ces dernières années. C'est la troisième année consécutive que les cumuls de pluie à l’échelle de la France atteignent des valeurs record sur la période considérée.
C'est la troisième année consécutive que les cumuls de pluie à l’échelle de la France atteignent des valeurs record.

Ces trois derniers étés calendaires figurent par ailleurs parmi les plus chauds depuis 1959. Cette chaleur associée à un déficit de pluviométrie a entraîné une sécheresse des sols sur une grande partie du territoire. Cette sécheresse s’est aggravée au cours de l’été et certaines régions, en particulier dans le Grand-Est, connaissent un niveau de sécheresse historiquement bas pour la période.
*****

Coral Reef Watch

Le 29/09/2020 : coralreefwatch.noaa.gov

Perspectives hebdomadaires sur le blanchiment des coraux et le stress thermique (du 27/09 au 07/02/2021) - 90% de probabilité

*****

Climate Prediction Center

Le 29/09/2020 : cpc.ncep.noaa.gov

Prévisions de tempêtes tropicales.

*****

Polar Science Center

Le 29/09/2020 : psc.apl.uw.edu

Anomalie du volume de la glace de mer arctique

Le volume de la glace de mer est calculé à l'aide du système pan-arctique de modélisation et d'assimilation de l'océan glacé (PIOMAS, Zhang et Rothrock, 2003) développé à l'APL/PSC. Les anomalies pour chaque jour sont calculées par rapport à la moyenne sur la période 1979 -2016 pour ce jour de l'année afin de supprimer le cycle annuel. Le cycle annuel moyen du modèle du volume de la glace de mer sur cette période va de 28 000 km3 en avril à 11 500 km3 en septembre. La ligne bleue représente la tendance calculée à partir du 1er janvier 1979 jusqu'à la date la plus récente indiquée sur la figure. Les zones ombrées représentent un et deux écarts types des résidus de l'anomalie par rapport à la tendance de la figure 1 et des écarts types par rapport à la moyenne journalière 1979-2017 de la figure 2.

Fig.1 Anomalie du volume de la glace de mer arctique de PIOMAS mise à jour une fois par mois. Les anomalies quotidiennes de volume de la glace de mer pour chaque jour sont calculées par rapport à la moyenne de 1979 à 2019 pour ce jour de l'année. Les points de repère sur l'axe des temps se rapportent au premier jour de l'année. La tendance pour la période de 1979 à aujourd'hui est indiquée en bleu. Les zones ombrées indiquent un et deux écarts-types par rapport à la tendance. Les barres d'erreur indiquent l'incertitude de l'anomalie mensuelle tracée une fois par an.

Fig. 2 Volume total de la glace de mer arctique d'après PIOMAS montrant le volume du cycle annuel moyen, ainsi que de 2012 à 2019. Les zones ombrées indiquent un et deux écarts types par rapport à la moyenne.


Mise à jour annuelle

L'année 2019 s'est terminée avec un volume moyen annuel de glace de mer qui était le deuxième plus faible jamais enregistré avec 13 500 km 3 , soit environ 600 km 3 de plus que le record de 2017, avec des volumes très similaires pour les années récentes de faible volume annuel (2011, 2012, 2016, 2017).

Mise à jour mensuelle d'août 2020

Le volume moyen de la glace de mer arctique en août 2020 était de 5 300 km3. Cette valeur n'est supérieure que de 300 km3 à la valeur minimale record de 5 000 km3 fixée en 2012. Cela fait de 2020 le troisième plus faible volume enregistré en août. Le volume mensuel de glace était 71% inférieur au maximum de 1979 et 55% inférieur à la valeur moyenne pour la période 1979-2019. Le volume moyen de glace en août 2020 se situe sur la ligne de tendance. L'anomalie de volume d'août 2020 se situe dans la partie inférieure du spectre de ces dernières années (Fig 4.)


Fig 4 Comparaison des anomalies de volume journalier de la glace de mer par rapport à la période 1979-2019.



 L'épaisseur moyenne de la glace se situe au milieu du pack pour les années les plus récentes (Fig 5).


Fig 5. Épaisseur moyenne de la glace de mer arctique sur les régions couvertes de glace, tirée de PIOMAS pour une sélection d'années. L'épaisseur moyenne est calculée pour le domaine PIOMAS en incluant uniquement les endroits où la glace est plus épaisse que 0,15 m.


Les anomalies d'épaisseur de la glace pour août 2020 par rapport à 2011-2018 (fig. 6) poursuivent le schéma qui s'est dessiné au cours de l'hiver et du printemps et montrent une glace relativement mince le long de la côte russe et plus épaisse que la normale dans l'est de la mer de Beaufort et le long de l'archipel canadien.

Fig 6. Anomalie d'épaisseur de glace PIOMAS pour août 2020 par rapport à 2011-2018.


La glace plus épaisse que la normale dans la mer de Barents, qui était présente au cours des mois précédents, a presque disparu. ( Ces anomalies d'épaisseur se sont étendues pour couvrir maintenant une grande partie de l'Arctique. Une forte anomalie négative d'épaisseur de la glace s'est développée au nord du Groenland et correspond à de faibles concentrations de glace apparentes dans les données des micro-ondes passives. Il convient de noter que cette zone comporte généralement certaines des glaces les plus épaisses de l'Arctique et est appelée la zone de la dernière glace (voir ici).  Le schéma général de l'anomalie d'épaisseur est probablement une combinaison des températures chaudes récentes le long de la côte sibérienne et du schéma de dérive de la glace de mer qui a poussé la glace de mer loin de la côte sibérienne et vers la côte de l'Amérique du Nord et du Groenland qui persiste depuis janvier (Fig 8.).
Fig 8. Mouvement moyen de la glace de mer (à gauche) et anomalie par rapport à 2011-2018 pour la période de janvier à juin 2020.


Le schéma de circulation moyen pour la première moitié de 2020 montre un très petit courant de dérive du gyre de Beaufort et transpolaire situé plus près de l'Amérique du Nord que la normale. L'anomalie de dérive montre un schéma dans le sens contraire des aiguilles d'une montre par rapport au schéma normal de dérive de la glace de mer dans le sens contraire des aiguilles d'une montre.  

*****

Arctic Data archive system (ADS)

Le 29/09/2020 : ads.nipr.ac.jp/vishop/#/extent)

Evolution de la banquise arctique.

Evolution de la banquise antarctique.
Evolution globale des deux banquises arctique et antarctique.


Historique des Climactualités (l'Arctique est mentionné en premier ; en bleu les valeurs minimalesen jaune les maximales ; la valeur entre parenthèses est la variation avec l'année précédente)

Moyenne des années 1980 à la même date : 7,74 + 18,41 = 26,15

Septembre 2020 : 4,08 + 18,81 = 22,88
Août 20204,06 + 18,43 = 22,48 (+0,26)
Juillet 2020 : 5,78 + 16,51 = 22,29 (-0,17)
Juin 2020 : 9,18 + 14,39 = 23,57 (+0,80)
Mai 2020 : 10,83 + 11,58 = 22,41 (+1,35)
Avril 2020 : 12,60 + 7,92 = 20,52 (+1,30)
Mars 2020 : 13,56 + 4,94 = 18,50 (+0,94)
Février 2020 : 14,30 + 2,81 = 17,10 (+0,64)
Janvier 2020 : 13,63 + 3,42 = 17,05 (+0,56)
Décembre 2019 : 12,26 + 6,65 = 18,91 (+0,99)
Novembre 2019 : 9,85 + 13,27 = 23,13 (-0,67)
Octobre 2019 : 7,06 + 17,21 = 24,28 (+0,01)
Septembre 2019 : 4,31 + 18,35 = 22,66 (-0,03)
Août 2019 : 4,34 + 17,89 = 22,23 (-0,27)
Juillet 2019 : 6,08 + 16,39 = 22,46 (-0,65)
Juin 2019 : 9,09 + 13,68 = 22,77 (-1,01)
Mai 2019 : 10,88 + 10,18 = 21,06 (-0,61)
Avril 2019 : 12,56 + 6,66 = 19,22 (+1,07)
Mars 2019 : 13,73 + 3,83 = 17,56 (+0,19)
Février 2019 : 14,02 + 2,44 = 16,46 (+0,47)
Janvier 2019 : 13,48 + 3,01 = 16,49 (+0,35)Décembre 2018 : 11,85 + 6,07 = 17,92 (-0,97)
Novembre 2018 : 10,54 + 13,26 = 23,8 (+0,48)
Octobre 2018 : 7,18 + 17,09 = 24,27 (-0,82)
Septembre 2018 : 4,68 + 18,01 = 22,69
Août 2018 : 4,8 + 17,7 = 22,5
Juillet 2018 : 6.67 + 16.44 = 23.11
Juin 2018 : 9.19 + 14.59 = 23.78
Mai 2018 : 11.02 + 10.65 = 21.67
Avril 2018 : 12.82 + 6.33 = 18.15
Mars 2018 : 13.87 + 3.50 = 17.37
Février 2018 : 13.68 + 2.31 = 15.99
Janvier 2018 : 12.68 + 3.46 = 16.14
Décembre 2017 : 11.76 + 7.13 = 18.89
Novembre 2017 : 10.07 + 13.25 = 23.32
Octobre 2017 : 7.82 + 17.27 = 25.09
Septembre 2017 : pas de stats

Voici ce que disait Météo France le 24 septembre dans Arctique : la banquise a enregistré son 2e minimum de superficie le plus bas :
D’après le centre national américain de données sur la neige et la glace (National Snow and Ice Data Center – NSIDC), en Arctique la glace de mer aurait atteint son minimum annuel d’extension le 15 septembre, avec 3,74 millions de kilomètres carrés. Ce chiffre est bien en dessous de l’extension minimale moyenne sur la période 1981-2010 (6,25 millions de km²). Depuis le début des mesures par satellite (1979) c’est seulement la 2e fois que l’on passe sous la barre des 4 millions de km², 350 000 km² au-dessus du record de 2012 (le 17 septembre). Il semble que l’Arctique soit en train d’opérer une transition vers un nouveau climat dans lequel les extrêmes sont la norme.
Cependant le site de l'ADS donne une valeur minimale pour 2020 de 3,55 millions de kilomètres carrés ; pour 2012 la valeur minimale était de 3,18M de km2, soit 370 000 km2 de moins.


dimanche 27 septembre 2020

François-Marie Bréon s'égare...

 J'ai beaucoup d'estime pour François-Marie Bréon...quand il s'exprime sur le climat, parce que c'est sa spécialité et qu'il est amplement légitime pour en parler ; et qu'un expert donne son avis ou son opinion sur un sujet qu'il maitrise est quelque chose de naturel.

Par contre quand le même expert donne son point de vue sur une question qui est clairement en dehors de son champ de compétence, alors là il y a comme un hic.

Ainsi Bréon twitte ceci :

C’est con, si il l’avait dit plus tôt, il aurait pu être cité comme « sous l’influence des Lobby » dans un bouquin écrit par des journalistes d’un grand quotidien national (du soir)

Et il montre ce qui suit :

Quand les apiculteurs confirment l'innocuité des #neonicotinoides et défendent la filière betteraves. Enfin du bon sens.
Source twitter

Mais il suffit de se renseigner un peu et on apprend que ledit Réseau Biodiversité pour les Abeilles, dont le président est le Philippe Lecompte jovial que l'on peut voir sur la photo, a pour partenaire...BASF ! Or BASF est un producteur...de néonicotinoïdes :

Dans les années 1980, des géants mondiaux de l'agrochimie (Bayer, BASF), mettent au point des néonicotinoïdes, insecticides neurotoxiques plus efficaces en raison de leur traitement systémique et leur meilleure stabilité moléculaire que la nicotine.

On a la confirmation du partenariat entre le RBA et BASF sur le site de ce dernier :

Le maïs produit un pollen de faible qualité nutritive pour les abeilles. Cette particularité peut contribuer au dépérissement des colonies dans les régions où le maïs est dominant. Pour remédier à cet inconvénient, BASF met en place, avec son partenaire le Réseau Biodiversité pour les Abeilles, des jachères apicoles à proximité des champs de maïs.

 C'est clair et net, aucun complot entre les deux partenaires, tout se joue au grand jour.

Evidemment BASF, dans sa « communication corporate », nous dit le plus grand bien des abeilles et cherche à nous convaincre que la société les aime et ne cherche que leur bonheur avec, donc, l'aide précieuse du réseau de Philippe Lecompte :

Parcelle de jachère apicole à base de phacélie mise en place par le Réseau Biodiversité pour les Abeilles (source agro.basf)

C'est beau l'amour n'est-ce pas ?

Mais il y a comme un petit problème.

En effet, Stéphane Foucart, qui à ma connaissance a la même vision du climat que François-Marie Bréon, n'est pas du tout, mais alors là pas du tout sur la même longueur d'onde que lui sur le sujet des néonicotinoïdes ; dans Tout comprendre aux pesticides néonicotinoïdes, paru en 2016, Foucart écrivait ceci :

L’effet délétère [des néonicotinoïdes], au côté d’autres facteurs, sur les pollinisateurs sauvages fait l’objet d’un consensus scientifique. A la différence des autres générations d’insecticides, les néonicotinoïdes agissent à des doses très faibles sur le système nerveux central des insectes en général et des abeilles en particulier. Lorsqu’elles sont trop faibles pour les tuer directement, ces expositions altèrent leur sens de l’orientation, leur faculté d’apprentissage, leur capacité de reproduction, etc.

Et d'enchainer :

Par exemple, des travaux français ont montré que l’exposition d’une abeille à environ un milliardième de gramme d’un néonicotinoïde couramment utilisé réduisait sensiblement sa capacité de retrouver le chemin de sa ruche. Or, si les butineuses ne reviennent pas à la ruche, c’est toute la colonie qui est fragilisée et qui peut s’effondrer. D’autres travaux ont montré que les bourdons étaient plus sensibles encore que les abeilles à ces substances qui, aux niveaux d’exposition rencontrés dans l’environnement, peuvent réduire de près de 80 % leur capacité à se reproduire…

Mais plus récemment sur France Culture, le 14 septembre dernier, deux véritables spécialistes étaient invités à expliquer aux auditeurs ce qu'il en est du danger des néonicotinoïdes :

  • Jean-Marc Bonmatin, chimiste et toxicologue CNRS au Centre de biophysique moléculaire d’Orléans
  • Christian Huygue, directeur scientifique agriculture à l’INRAE et généticien des plantes

Et que retient-on des explications de ces deux experts ? Essentiellement que les néonicotinoïdes sont extrêmement efficaces pour tuer les pucerons qui inoculent un virus (en fait 4 virus différents si j'ai bien compris) aux betteraves et protègent très bien celles-ci, on peut donc comprendre que les agriculteurs betteraviers y tiennent tant puisqu'il n'y a à l'heure actuelle aucun substitut aux néonicotinoïdes !

Mais il y a un tout petit détail, ou plutôt plusieurs petits détails embêtants, et comme tout le monde le sait le diable se cache dans les détails ; en effet, les néonicotinoïdes non seulement ne sont absorbés, via l'enrobage des graines, qu'à hauteur de seulement 20 % maximum (de 2 à 20% là aussi si j'ai bien pigé) par la plante, le reste se retrouvant « dans la nature » et pouvant aller visiter le champ bio du voisin, mais également ces insecticides ne font pas de différence entre les pucerons...et tous les autres insectes, dont évidemment les abeilles qui passaient par là pour faire leurs courses !

Il nous est précisé que les néonicotinoïdes sont 7 000 (sept mille) fois plus puissants que le DDT, et que bien qu'ils soient utilisés à peu près en quantités 5 (cinq) fois moins importantes un simple calcul mental permet de se rendre compte de leur puissance de frappe...Imaginez que le DDT agisse pour disons 100, 5 fois moins cela donne 20, que l'on multiplie par 7 000 et l'on obtient...140 000 ; le rapport entre DDT et néonicotinoïde est donc de 140 000 / 100 = 1 400 fois plus fort ! (merci de me dire si je me suis planté dans mon calcul)

Ces informations proviennent donc de deux spécialistes, l'un du CNRS et l'autre de l'INRA, s'exprimant il y a seulement une quinzaine de jours, donnant donc des informations up to date.

On comparera ces informations avec ce qu'essaie de nous vendre le sieur Philippe Lecompte quand il nous dit le plus sérieusement du monde :

C'est une décision sage (i.e. la dérogation accordée aux betteraviers) [...] C'est une bonne décision pour l'industrie sucrière, car comment pourrait-elle supporter une baisse de rendement de 30 à 50% ?

Il nous donne là la véritable motivation derrière les agriculteurs, la FNSEA qui les représente (du moins qui représente les plus gros, les petits préférant plutôt la Confédération Paysanne...) et bien sûr Philippe Lecompte qui joue à on ne sait trop quel jeu dans l'affaire.

Oui parce que le dilemme est simple :

  1. soit on continue à utiliser les néonicotinoïdes et ce sont les insectes qui dégustent (80% de pertes durant les 30 dernières années, correspondant...à l'introduction des néonicotinoïdes dans les années 1990s...) ;
  2. soit on les interdit immédiatement et ce sont les betteraviers qui en font les frais.
Le problème est donc similaire à celui des émissions de gaz à effet de serre entrainant la hausse des températures avec le même dilemme :
  1. soit on continue à émettre des gaz à effet de serre et on va à la catastrophe climatique ;
  2. soit on diminue drastiquement leur usage et on fout en l'air l'économie mondiale avec les conséquences qui vont avec.
Il est quand même étonnant que François-Marie Bréon, qui est parfaitement au courant du dilemme climatique, n'arrive pas à voir que pour les néonicotinoïdes c'est exactement la même chose à une échelle plus petite.

Ainsi il est parfaitement d'accord sur le fait que dès que nous avons commencé à émettre en grandes quantités des gaz à effet de serre la température a elle-aussi grimpé anormalement, il l'a d'ailleurs dit et écrit à de nombreuses reprises ; mais pour l'utilisation des néonicotinoïdes qui a commencé il y a une trentaine d'années, ce qui colle assez bien avec le début d'une extinction des insectes à grande échelle, là il ne voit plus le rapport, cherchez l'erreur.

Un des commentateurs du tweet de Bréon lui fait d'ailleurs remarquer :


 David Sheeren @sheeren_david·13h
Je fais simple (loi de Brandolini) : - neonics bien plus toxique que DDT (cf. Tab1, Pisa et al. 2015) : http://bit.ly/3iVx2OW - baisse rendement 30 à 50% = pente savonneuse Rendement attendu 2020 : https://bit.ly/332gejO Rendement années précédentes : La France toujours championne de la production de sucre en Europe

Et l'étude dont ce commentateur donne le lien (Effects of neonicotinoids and fipronil on non-target invertebrates) dit notamment dans son résumé :
Despite large knowledge gaps and uncertainties, enough knowledge exists to conclude that existing levels of pollution with neonicotinoids and fipronil resulting from presently authorized uses frequently exceed the lowest observed adverse effect concentrations and are thus likely to have large-scale and wide ranging negative biological and ecological impacts on a wide range of non-target invertebrates in terrestrial, aquatic, marine and benthic habitats.

Malgré d'importantes lacunes et incertitudes, il existe suffisamment de connaissances pour conclure que les niveaux actuels de pollution par les néonicotinoïdes et le fipronil résultant des utilisations actuellement autorisées dépassent fréquemment les concentrations minimales avec effet nocif observées et sont donc susceptibles d'avoir des incidences biologiques et écologiques négatives à grande échelle et sur une large gamme d'invertébrés non ciblés dans les habitats terrestres, aquatiques, marins et benthiques.

Faut-il en rajouter ?

Et pas de réaction de François-Marie Bréon, aurait-il réalisé au vu des commentaires qu'il se serait fourvoyé ?

Quant à moi je ne suis ni spécialiste du climat ni spécialiste ès néonicotinoïdes ; pour le climat je fais donc confiance à François-Marie Bréon (entre autres) et pour les néonicotinoïdes je fais confiance à des gens comme Jean-Marc Bonmatin et Christian Huygue.

Et au passage je demande à François-Marie Bréon de se mêler de ce qui le regarde et d'arrêter de se ridiculiser.

Conseil d'ami.


samedi 26 septembre 2020

Double standard républicain

 Dans mon dernier sottisier j'ai fait référence à un site américain conservateur que je qualifie de « suprémaciste » (Il est dédié à Andrew Breibart, pas besoin d'en dire plus) ; dans un article intitulé I AM FED UP la taulière, qui ne sait s'exprimer qu'en capitales d'imprimerie, nous explique donc qu'elle en a marre que les policiers ne soient considérés, selon ses propres mots, que comme de la merde ; elle écrit notamment sur un mode ouvertement raciste :

Not sure what’s going to happen, but yesterday afternoon, I saw a video on Facebook where a Black big mouthed awful young woman did something wrong and the cops stopped her car.
Je ne suis pas sûre de ce qui va se passer, mais hier après-midi, j'ai vu une vidéo sur Facebook où une jeune femme noire à la grande gueule a fait quelque chose de mal et les flics ont arrêté sa voiture.

On ne saura pas ce que les policiers reprochaient à cette femme, mais le fait qu'elle soit noire tend à faire penser que son interpellation avait peut-être quelque chose à voir avec la couleur de sa peau, après tout le mouvement Black Lives Matter n'est pas né d'un simple caprice de gens qui n'auraient pas supporté de se faire arrêter pour un simple excès de vitesse ; notre blanche colombe continue :

She was screaming as she got out of car; “I want your badge! You’re going to be on SUSPENSION tomorrow, you hear me?” (and worse)
Then some 16 year old punk Black kid was screaming “We need your badge numbers, y’all hear me?” That damned PUNK is talking to the cops like that?
En sortant de la voiture, elle criait : "Je veux votre badge ! Vous serez en SUSPENSION demain, vous m'entendez ?" (et pire encore)
Puis un jeune noir punk de 16 ans criait : "On a besoin de vos numéros de badge, vous m'entendez ?"  Ce maudit PUNK parle aux flics comme ça ?

Pour notre pimprenelle un jeune noir (probablement le fils) qui a déjà dû se faire arrêter sans raison un certain nombre de fois et qui demande aux policiers de connaitre leur numéro de badge est forcément un punk. Intolérable !

Et de conclure :

COPS ARE CRAP TODAY. Now what?

Is this reversible?

I can’t take it.
LES FLICS SONT DE LA MERDE AUJOURD'HUI. Et maintenant ?

C'est réversible ?

Je ne peux pas le supporter.

Elle ne peut donc pas supporter que des noirs se rebellent parce qu'il se font arrêter sans raison valable, et elle ne peut surtout pas supporter que l'on considère les policiers comme de la merde, puisque leur demander des explications sur leurs motivations et exiger d'eux qu'ils donnent leur numéro de badge est forcément les prendre pour de la merde.

Mais il y a mieux, un de ses commentateurs habituels, qui a également son propre blog, poste sur celui-ci un article intitulé What Is The Proper Response To Tyranny?, c'est-à-dire Quelle est la bonne réponse à la tyrannie ?

De quelle tyrannie s'agit-il vous demandez-vous (je commence à vous connaitre) ? Eh bien figurez-vous qu'il s'agit ni plus ni moins de la tyrannie...du port du masque, et l'exemple qui nous est donné de voir est, figurez-vous là-aussi, une femme en train de se faire « taser »...par un policier...noir !

La femme en question est la seule à refuser de porter un masque alors qu'elle est assise sur les gradins en train de regarder son fils qui joue au football (américain)

Le policier a certainement dû lui demander d'abord poliment de mettre un masque, avant de l'enjoindre de quitter les lieux, et devant le refus manifeste de celle-ci être contraint d'utiliser la force afin de la « convaincre » finalement, mais Tucker Carlson, le journaliste vedette de la chaine Fox News, a choisi de ne montrer que le moment de la véritable « altercation » comme si le policier s'était immédiatement jeté sur la malheureuse et l'avait « tasée » afin de la mettre à terre avant de l'emmener au poste.

On remarquera sur la vidéo que le policier a manifestement du mal avec cette Karen hystérique, preuve que la « malheureuse » n'a pas été si maltraitée que cela car si le policier noir l'avait vraiment voulu, avec sa corpulence et sa force physique infiniment supérieure à la sienne, il l'aurait trainée sans aucun problème jusqu'au fourgon.

On remarquera également qu'un organisateur est venu lui-aussi en renfort sans pour autant « mettre la main à la patte », et on notera que les spectateurs présents n'ont pas été particulièrement choqués par l'intervention du policier, à part une femme (probablement sa mère) qui était assise à côté de la déséquilibrée.

Il n'est même pas évident que la femme ait été vraiment « tasée » (voir différence entre un taser et un shocker), le policier lui a délivré une décharge électrique minime afin de la « calmer » et l'obliger à le suivre, et elle ne semble pas avoir été particulièrement traumatisée par cette décharge électrique, qu'elle avait au passage amplement méritée.

Ainsi quand les policiers abattent un noir sans motif il ne faut surtout pas les considérer comme de la merde, mais quand un policier noir fait son travail en faisant respecter la loi qui impose le port du masque alors dans ce cas comment qualifier celui-ci ? La réponse nous est donnée par le taulier du blog himself :

Ed Bonderenka September 25, 2020 at 2:23 PM
[...]
That guy is a bad cop.
Ce type est un mauvais flic.

Ben voyons !

Sur un autre site un peu plus sérieux voici comment on résume la situation :

The school's athletic director told the Marietta Times the school hosted 300 fans for the game Wednesday and the only individuals having issues with compliance were the woman who got arrested and her mother.
Le directeur sportif de l'école a déclaré au Marietta Times que l'école avait accueilli 300 fans pour le match mercredi et que les seules personnes ayant des problèmes de conformité étaient la femme qui a été arrêtée et sa mère.

Le directeur sportif de l'école ainsi que tout le staff de l'établissement doivent sûrement être des méchantes personnes, foi d'Ed Bonderenka.