Dans le genre « je vous fais prendre des vessies pour des lanternes et vous n'y voyez que dalle » il y a de véritables experts, et Anthony Watts est un de ceux-là ; dans Data Show Canadian Wildfires At Lowest Level In Decades il reprend, dans le style « copier-coller » qui fait fureur chez les climato-crétins (le même article débile est reproduit quasiment à l'infini dans toute la climato-gogo-sphère) un billet d'un certain Paul Homewood (qu'on pourrait traduire par Paul Bois de Chauffage) qui, sur son site Not A Lot Of People Know That (ce qui signifie « peu de gens le savent ») publie un article intitulé Canada Wildfires At Lowest Level For Years.
Déjà vous admirerez le titre légèrement différent mais signifiant la même chose : les feux de forêts au Canada sont à leur plus bas niveau depuis des années ; alors vous vous demanderez, so what? c'est-à-dire en bon français mais où diable veulent-ils en venir ? Eh bien c'est simple, si vous n'avez pas vu venir les gros sabots climato-cons je vous le dis, ils veulent que vous compreniez que comme il n'y a pas de réchauffement climatique (selon eux hein !) ergo les feux de forêts, au Canada et ailleurs d'ailleurs, ne peuvent en aucun cas être causés par le réchauffement climatique, c'est pas plus con que ça (mais si c'est quand même très con mais pour le moment on va faire comme si)
Non, pour eux le principal accusé, à part les incendiaires qui mettent le feu pour après aller se branler devant la télé en regardant les jolies flammes et les gentils pompiers, c'est, figurez-vous, la mauvaise gestion des forêts (oui je vous avais dit que c'était très con)
Au Canada, par exemple, les forêts représentent 347 millions d'hectares, soit 9% de la superficie forestière mondiale (source Quelle superficie la forêt couvre-t-elle au Canada?), avec 10 hectares par personne (population = 37 589 262, donc 347 / 37,589 = 9,23 exactement, mais on va pas chipoter)
Dans L'état des forêts au Canada (rapport de 2017) nous apprenons qu'il y aurait quelques 211 000 personnes employées par l'industrie forestière, donc en supposant que tous ces gens s'occuperaient de la gestion de la forêt canadienne en allant sur le terrain pour débroussailler, construire des pare-feux, etc., ce qui est évidemment très exagéré, on aurait 1 644 hectares dont chacune de ces personnes aurait à s'occuper ; de la même façon il y aurait environ 2 000 pompiers au Canada, donc un pompier...pour plus de 173 000 hectares !
Rien que là on voit que l'argument de la bonne gestion des forêts canadiennes qui expliquerait que les feux de forêt soient en diminution a beaucoup de mal à passer le bullshit test. Ce qui évidemment ne veut pas dire que les forêts canadiennes soient mal gérées, bien au contraire ! M'enfin, qu'un si petit nombre de personnes puisse « gérer » efficacement 9% de la superficie forestière mondiale, comment dire...
Alors faisons preuve d'un peu plus de curiosité que le lecteur climato-benêt de base qui n'ira pas plus loin que ce qu'il lit sur des sites comme WUWT.
D'abord voyons ce que nous dit notre désinformateur patenté Anthony Watts :
Here’s something surprising from Paul Homewood, Not A Lot Of People Know That. While USA wildfires are running higher the last couple of years, according to Canada’s National Forestry Database, the number of forest fires in Canada has been at the lowest since 1990. Of course, Canada takes a management approach to forests compared to the USA’s “let it be or litigation” mess.
Voici quelque chose de surprenant de la part de Paul Homewood, proprio du blog Not A Lot Of People Know That. Alors que les incendies de forêt aux États-Unis sont en augmentation ces dernières années, selon la base de données nationale sur les forêts du Canada le nombre d'incendies de forêt dans ce pays est à son plus bas niveau depuis 1990. Bien sûr, le Canada adopte une approche de gestion des forêts, contrairement aux États-Unis qui ont une approche de type "laisser faire ou contentieux".
Superficie des forêts brûlées et nombre d'incendies de forêts au Canada de 1990 à 2019. |
Ce qui n'est pas surprenant, par contre, c'est que Paul Homewood, en grand désinformateur qui se respecte, prend bien soin de tout mélanger dans son chapeau de magicien en prenant TOUTES les régions du Canada ; maintenant choisissons-en une au hasard, l'Alberta par exemple :
Superficie des forêts brûlées et nombre d'incendies de forêts en Alberta de 1990 à 2019. |
Mince alors, là on dirait bien que ça monte un peu, non ? Surtout en ce qui concerne les superficies brûlées qui semblent de plus en plus importantes. Prenons un autre territoire, la Colombie Britannique (oui je fais par ordre alphabétique, j'ai bien le droit) :
Superficie des forêts brûlées et nombre d'incendies de forêts en Colombie Britannique de 1990 à 2019. |
Superficie des forêts brûlées et nombre d'incendies de forêts au Manitoba de 1990 à 2019. |
Le Manitoba a de la chance, les incendies ont plutôt tendance à diminuer dans ce territoire, même si c'est pas franchement évident, tant en superficie qu'en nombre, bienheureux les manitobains !
In Canada, forest management planning is one of the primary tools used to ensure that the country’s publicly owned forests remain healthy and vibrant and are managed sustainably.
Nous remarquerons au passage que l'immense majorité des forêts canadiennes est publique, tout comme les forêts de l'ouest des Etats-Unis ! Voir gov.ca.gov : « the federal government owns nearly 58 percent of California’s 33 million acres of forestlands, while the state owns 3 percent » (le gouvernement fédéral possède près de 58 % des 33 millions d'acres de forêts de Californie, tandis que l'État en possède 3 %), ce qui indique que le problème a de bonnes chances d'être identique entre le Canada et la Californie ainsi que les autres Etats concernés (Washington et Oregon)Au Canada, la planification de la gestion forestière est l'un des principaux outils utilisés pour garantir que les forêts publiques du pays restent saines et dynamiques et sont gérées de manière durable.
Premiers résultats de la recherche avec le mot clé « climate » |
Prenons le premier article intitulé Canada’s Changing Climate Report, il nous donne ceci :
Table des matières du rapport sur le changement climatique au Canada. |
Choisissons le chapitre 8 Changes in Canada’s Regions in a National and Global Context et cherchons le mot clé « fire » ; il y a 6 occurrences dans le rapport, les voici :
Page 430 - Many other aspects of climate that are important to Canadians are also changing as a consequence of global-scale climate change. These changes include the extent and duration of snow and ice cover, permafrost temperatures, freshwater availability, fire weather, other extremes of weather and climate, sea level, and other properties of the oceans surrounding Canada (Chapters 4 to 7).
Page 430 - De nombreux autres aspects du climat qui sont importants pour les Canadiens sont également en train de changer en raison du changement climatique à l'échelle mondiale. Ces changements concernent notamment l'étendue et la durée de la couverture de neige et de glace, les températures du permafrost, la disponibilité de l'eau douce, les conditions météorologiques propices aux incendies, d'autres extrêmes météorologiques et climatiques, le niveau de la mer et d'autres propriétés des océans entourant le Canada (chapitres 4 à 7).
Page 431 - Warming has also been demonstrated to have led to an increased risk of extreme fire weather in parts of western Canada (see Chapter 4, Section 4.3 and Box 4.2).
In the future, higher temperatures will contribute to an increased risk of extreme fire weather across much of Canada.
Page 431 - Il a également été démontré que le réchauffement a entraîné un risque accru d'incendies extrêmes dans certaines régions de l'ouest du Canada (voir chapitre 4, section 4.3 et encadré 4.2).
À l'avenir, les températures plus élevées contribueront à accroître le risque de conditions météorologiques extrêmes liées aux incendies dans une grande partie du Canada.
Page 440 - Warming has led to an increased probability of extreme fire weather conditions in parts of western Canada, which are associated with wildfire occurrence, such as the 2016 Fort McMurray wildfire (see Chapter 4, Box 4.2 and Section 4.4).
Vous remarquerez que j'ai cherché le mot clé « fire » et que je trouve exactement 4 occurrences de l'expression « fire weather », que je traduis par exemple par « conditions météorologiques propices aux incendies » ; mais qu'est-ce qu'un « fire weather » au juste ? Voici une réponse sur What Is Fire Weather? :Page 440 - Le réchauffement a entraîné une probabilité accrue de conditions météorologiques extrêmes dans certaines parties de l'ouest du Canada, qui sont associées à des incendies de forêt, comme l'incendie de Fort McMurray en 2016 (voir chapitre 4, encadré 4.2 et section 4.4).
The types of weather that create favorable conditions for the start and spread of wildfires are collectively referred to as fire weather.
Les types de conditions météorologiques qui créent des situations favorables au déclenchement et à la propagation des feux de forêt sont collectivement appelés " conditions météorologiques propices aux incendies ".
Conditions
- Warm Temperatures: Air temperature has a direct influence on fire behavior. The warmer the air temperature, the more the fuel sources (leaves, grass, branches, logs, etc.) are already heated by the sun, and the less additional heat is needed to ignite a spark.
- Winds: There's a reason for the expression "Don't fan the flames." Wind increases the supply of oxygen which causes a fire to burn hotter. As it blows over a surface, it also removes moisture/increases evaporation, which dries the fuel source out even more. Finally, wind can increase the spread of fire by blowing hot embers to new areas outside of the parent fire.
- Low Relative Humidity: Recall that relative humidity tells us how much moisture (in the form of water vapor) is in the air versus how much moisture the air could hold at it's current temperature. The lower the RH, the quicker the moisture will leave a fuel source and the more readily a fire will start and burn.
- Instability: Atmospheric stability describes the atmosphere's tendency to either resist or encourage vertical motion. If the atmosphere is unstable, air easily moves upward. This type of environment increases fire activity because the vertical movement and mixing of air (updrafts) and increases the potential for gusty surface winds.
Conditions
- Températures chaudes : La température de l'air a une influence directe sur le comportement du feu. Plus la température de l'air est élevée, plus les sources de combustible (feuilles, herbe, branches, bûches, etc.) sont déjà chauffées par le soleil, et moins il faut de chaleur supplémentaire pour allumer une étincelle.
- Les vents : L'expression "N'attisez pas les flammes" a une raison d'être. Le vent augmente l'apport d'oxygène, ce qui rend le feu plus chaud. Lorsqu'il souffle sur une surface, il élimine également l'humidité/augmente l'évaporation, ce qui assèche encore plus la source de combustible. Enfin, le vent peut augmenter la propagation du feu en soufflant des braises chaudes vers de nouvelles zones en dehors du feu d'origine.
- Humidité relative faible : Rappelons que l'humidité relative nous indique la quantité d'humidité (sous forme de vapeur d'eau) dans l'air par rapport à la quantité d'humidité que l'air pourrait contenir à sa température actuelle. Plus l'humidité relative est faible, plus l'humidité quittera rapidement une source de combustible et plus un feu se déclenchera et brûlera facilement.
- Instabilité : La stabilité atmosphérique décrit la tendance de l'atmosphère à résister ou à encourager le mouvement vertical. Si l'atmosphère est instable, l'air se déplace facilement vers le haut. Ce type d'environnement augmente l'activité du feu en raison du mouvement vertical et du mélange de l'air (courants ascendants) et augmente le risque de vents de surface en rafales.
Other weather conditions and events that can impact fires, and even cause them, include lack of recent rainfall, drought conditions, dry thunderstorms, and lightning strikes.
Voici ce que nous dit le site de la NOAA : Fire Weather FAQ :Parmi les autres conditions et événements météorologiques qui peuvent avoir un impact sur les incendies, et même les provoquer, figurent l'absence de précipitations récentes, les conditions de sécheresse, les orages secs et les éclairs.
What is fire weather?
Fire weather is the use of meteorological parameters such as relative humidity, wind speed and direction, mixing heights, and soil moisture to determine whether conditions are favorable for fire growth and smoke dispersion. The National Weather Service in Jackson issues several fire weather products on both a daily basis and when conditions warrant. These fire weather products are generally intended for land management agencies in our area such as the United States Forest Service (USFS) and the forestry commissions of Mississippi, Louisiana and Arkansas. These products provide meteorological data which help these agencies make decisions relating to fire weather, such as when to execute controlled burns and when to expect a higher probability of wildfires.
On voit que la NOAA a une définition « pratique » du fire weather, pour cette administration il s'agit d'un outil (utilisation de paramètres etc.) afin d'informer les parties prenantes pour une meilleure gestion (ça tombe bien) des feux de forêt ; dans la définition précédente le fire weather est simplement ce qui constitue une condition météorologique particulièrement propice aux incendies.Qu'est-ce que la « météo du feu » ?
La « météo du feu » est l'utilisation de paramètres météorologiques tels que l'humidité relative, la vitesse et la direction du vent, la hauteur de mélange et l'humidité du sol pour déterminer si les conditions sont favorables à la croissance du feu et à la dispersion de la fumée. Le service météorologique national de Jackson publie plusieurs produits météo sur les incendies, à la fois sur une base quotidienne et lorsque les conditions le justifient. Ces produits sont généralement destinés aux organismes de gestion des terres de notre région, tels que le Service forestier des États-Unis (USFS) et les commissions forestières du Mississippi, de la Louisiane et de l'Arkansas. Ces produits fournissent des données météorologiques qui aident ces agences à prendre des décisions relatives aux conditions météorologiques des incendies, comme par exemple quand exécuter des brûlages contrôlés et quand s'attendre à une plus grande probabilité d'incendies.
What is the KBDI?
The Keetch-Byram drought index (KBDI) is a continuous reference scale for estimating the dryness of the soil. The index increases for each day without rain (the amount of increase depends on the daily high temperature) and decreases when it rains. The scale ranges from 0 (no moisture deficit) to 800 (high moisture deficit). The range of the index is determined by assuming that there is 8 inches of moisture in a saturated soil that is readily available to the vegetation.
Qu'est-ce que le KBDI ?
L'indice de sécheresse Keetch-Byram (KBDI) est une échelle de référence continue permettant d'estimer la sécheresse du sol. L'indice augmente pour chaque jour sans pluie (l'ampleur de l'augmentation dépend de la température quotidienne élevée) et diminue lorsqu'il pleut. L'échelle va de 0 (pas de déficit d'humidité) à 800 (déficit d'humidité élevé). La fourchette de l'indice est déterminée en supposant qu'il y a 8 pouces d'humidité dans un sol saturé qui est facilement accessible à la végétation.
Et de nous montrer la carte suivante :
L'index de sécheresse Keetch-Byram pour la journée du 28 septembre 2020. |
In Canada’s northwestern boreal regions, for example, the annual amount of forest area burned by wildland fires rose steadily over the second half of the 20th century. Some of this increase has been attributed to climate change.
By contrast, in Canada’s southern boreal forest, the annual amount of area burned seems to have decreased during the 20th century. This trend might be the result of climate change causing greater amounts of precipitation over time in these regions.
However, analyses of fire history suggest that it is the effect of climate variability on precipitation regimes that is the primary reason for the decreasing fire activity in southern regions
Dans les régions boréales du nord-ouest du Canada, par exemple, la superficie annuelle des forêts brûlées par les feux de forêt a augmenté régulièrement au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Une partie de cette augmentation a été attribuée au changement climatique.
En revanche, dans la forêt boréale du sud du Canada, la superficie annuelle brûlée semble avoir diminué au cours du XXe siècle. Cette tendance pourrait être le résultat du changement climatique, qui a entraîné une augmentation des précipitations au fil du temps dans ces régions.
Cependant, les analyses de l'historique des incendies suggèrent que c'est l'effet de la variabilité climatique sur les régimes de précipitations qui est la principale raison de la diminution de l'activité des incendies dans les régions du sud
Climate change during the 21st century is expected to result in more frequent fires in many boreal forests, with severe environmental and economic consequences.
Fire-prone conditions are predicted to increase across Canada. This could potentially result in a doubling of the amount of area burned by the end of this century, compared with amounts burned in recent decades. Boreal forests, which have been greatly influenced by fire through history, will likely be especially affected by this change.
Other climate change impacts that could add damaged or dead wood to the forest fuel load (for example, as a result of insect outbreaks, ice storms or high winds) may increase the risk of fire activity.
Bref on voit bien que la gestion des forêts n'est pour pas grand chose ni dans la baisse actuelle ni dans l'augmentation future des incendies qui sont bien liés pour une part prépondérante au réchauffement de la planète, celui-ci entrainant par endroits des précipitations limitant les feux et en d'autres lieux des conditions de sécheresse qui au contraire les aggravent.Le changement climatique au cours du 21e siècle devrait entraîner une augmentation de la fréquence des incendies dans de nombreuses forêts boréales, avec de graves conséquences environnementales et économiques.
On prévoit une augmentation des conditions propices aux incendies dans tout le Canada. Cela pourrait entraîner un doublement de la superficie brûlée d'ici la fin du siècle, par rapport aux quantités brûlées au cours des dernières décennies. Les forêts boréales, qui ont été fortement influencées par le feu au cours de l'histoire, seront probablement particulièrement touchées par ce changement.
D'autres impacts du changement climatique qui pourraient ajouter du bois endommagé ou mort à la quantité de combustible forestier (par exemple, à la suite d'épidémies d'insectes, de tempêtes de verglas ou de vents violents) pourraient augmenter le risque d'incendie.
Jim Veenbaas
September 29, 2020 at 11:46 am
I don’t think Canada has done virtually anything to manage its forests. We’ve just got lucky with increased rainfall.
Je pense que le Canada n'a pratiquement rien fait pour gérer ses forêts. Nous avons juste eu de la chance avec l'augmentation des précipitations.
Bill Taylor
September 29, 2020 at 9:19 am
this alone shows any claim that “climate change” is causing fires is utter IDIOCY.
ce seul fait montre que prétendre que le "changement climatique" provoque des incendies est une véritable IDIOCIE.
* Soupir * |