Le BAU qu'es aco ?
Non, il ne s'agit pas de la poutre qui fortifie les ponts d'un bateau mais de l'abréviation anglaise de Business As Usual signifiant en bon français « la routine habituelle » ou bien « ne changeons rien puisque jusqu'à présent cela a très bien marché ».
En climatologie ce terme a été et est toujours employé un peu partout à tort et à travers pour désigner un scénario dans lequel l'humanité continuerait à exploiter ses ressources comme si de rien n'était afin d'assouvir sa soif de croissance du PIB, car il faut bien l'avouer hors cet indicateur économique emblématique il n'est point de salut, du moins c'est ce que les politiques croient puisqu'ils se font essentiellement élire avec des promesses de baisse du chômage, de créations d'emplois et de plein d'autres bonnes choses qui n'ont pour point commun que de respecter la sacro-sainte loi de la croissance du PIB.
Récemment deux chercheurs se sont « inquiétés » du rapprochement que l'on faisait, d'après eux, un peu trop facilement entre le BAU et le scénario extrême du GIEC appelé RCP8.5 dans lequel on projetait pour 2100 un forçage radiatif supplémentaire de 8,5 watts par mètre carré par rapport à l'ère préindustrielle ; dans Emissions – the ‘business as usual’ story is misleading (Émissions - l'histoire du " business as usual " est trompeuse) Zeke Hausfather et Glen Peters (HP) nous disent :
Gavin Schmidt vient mettre son grain de sel dans BAU wow wow (est-il nécessaire de traduire ?) en concluant :
Quelques « futurs possibles » sont donc représentés :
On fera remarquer pour terminer que « très peu probable » (voire « hautement improbable ») n'a jamais signifié « impossible », puisque comme chacun le sait c'est parce que c'était impossible qu'on l'a fait !
Non, il ne s'agit pas de la poutre qui fortifie les ponts d'un bateau mais de l'abréviation anglaise de Business As Usual signifiant en bon français « la routine habituelle » ou bien « ne changeons rien puisque jusqu'à présent cela a très bien marché ».
En climatologie ce terme a été et est toujours employé un peu partout à tort et à travers pour désigner un scénario dans lequel l'humanité continuerait à exploiter ses ressources comme si de rien n'était afin d'assouvir sa soif de croissance du PIB, car il faut bien l'avouer hors cet indicateur économique emblématique il n'est point de salut, du moins c'est ce que les politiques croient puisqu'ils se font essentiellement élire avec des promesses de baisse du chômage, de créations d'emplois et de plein d'autres bonnes choses qui n'ont pour point commun que de respecter la sacro-sainte loi de la croissance du PIB.
Récemment deux chercheurs se sont « inquiétés » du rapprochement que l'on faisait, d'après eux, un peu trop facilement entre le BAU et le scénario extrême du GIEC appelé RCP8.5 dans lequel on projetait pour 2100 un forçage radiatif supplémentaire de 8,5 watts par mètre carré par rapport à l'ère préindustrielle ; dans Emissions – the ‘business as usual’ story is misleading (Émissions - l'histoire du " business as usual " est trompeuse) Zeke Hausfather et Glen Peters (HP) nous disent :
RCP8.5 was intended to explore an unlikely high-risk future2. But it has been widely used by some experts, policymakers and the media as something else entirely: as a likely ‘business as usual’ outcome.
Ils objectent que les émissions dues à l'exploitation du charbon devraient être 5 fois plus importantes d'ici à 2100 que ce qu'elles ont été jusqu'à aujourd'hui pour en arriver à un tel résultat :Le RCP8.5 avait pour but d'explorer un avenir peu probable à haut risque. Mais il a été largement utilisé par certains experts, décideurs politiques et médias comme quelque chose d'entièrement différent : comme un résultat probable du "business as usual".
Emission pathways to get to RCP8.5 generally require an unprecedented fivefold increase in coal use by the end of the century, an amount larger than some estimates of recoverable coal reserves6.
On peut comprendre effectivement que si l'on n'est pas capables d'augmenter significativement notre production extractive de charbon (un pic aurait déjà été atteint d'après eux en 2013) alors on ne voit pas trop comment on pourrait atteindre ce niveau de concentration en CO₂, sauf que Michael Mann n'est pas tout à fait d'accord avec l'opinion (car il s'agit bien d'une opinion et non d'un papier publié dans un journal scientifique avec revue par les pairs) de ses deux collègues, et dans The STORY about the ‘business as usual’ story is misleading (L'histoire concernant l'histoire du "business as usual" est trompeuse) il nous explique pourquoi :Les trajectoires d'émission pour atteindre le RCP8.5 nécessitent généralement une multiplication par cinq sans précédent de l'utilisation du charbon d'ici la fin du siècle, soit une quantité supérieure à certaines estimations des réserves de charbon récupérables.
The most recent peer-reviewed article I’m familiar with that covers this ground is a 2016 article by Rogelj et al in Nature […] that study used a simple climate model (MAGICC) that doesn’t account for non-linearities and, most importantly of all, doesn't include so-called “carbon cycle feedbacks”, that is to say, the feedback mechanism by which global warming can actually release more CO2 (or e.g. methane), adding further to the warming. Indeed, this deficiency applies to all studies that are based on specifying CO2 concentrations rather than emissions, and it applies to the current commentary by Hausfather & Peters.
D'après ce que je comprends de tout cela, et pour résumer le bousin, les scénarios du GIEC étant des scénarios de concentrations et non d'émissions, ils disent par exemple que pour le RCP8.5 on vise une concentration en CO₂ équivalente à celle de la période préindustrielle + 8,5 watts par mètre carré, sans vraiment dire comment on arrive à ce résultat ; de leur côté HP ne semblent penser qu'aux émissions en extrapolant celles qui ont lieu actuellement et ils en arrivent à la conclusion, logique sur ce plan-là, qu'il est impossible de parvenir à une concentration égale à celle stipulée par le scénario RCP8.5 ; Mann, quant à lui, fait remarquer qu'il y a autre chose que les émissions humaines, ce que l'on appelle des facteurs amplificateurs ou rétroactions positives, qui peuvent permettre éventuellement d'en arriver à une concentration compatible avec le scénario RCP8.5.Le dernier article évalué par des pairs que je connais et qui couvre ce domaine est un article de Rogelj et al. paru en 2016 dans Nature [...]. Cette étude utilise un modèle climatique simple (MAGICC) qui ne tient pas compte des non-linéarités et, surtout, qui n'inclut pas ce qu'on appelle les "rétroactions du cycle du carbone", c'est-à-dire le mécanisme de rétroaction par lequel le réchauffement climatique peut en fait libérer plus de CO2 (ou par exemple du méthane), ce qui aggrave encore le réchauffement. En effet, cette lacune s'applique à toutes les études basées sur la spécification des concentrations de CO2 plutôt que sur les émissions, et elle s'applique au commentaire actuel de Hausfather & Peters.
Gavin Schmidt vient mettre son grain de sel dans BAU wow wow (est-il nécessaire de traduire ?) en concluant :
[…] there are many different perspectives around – ranging from the merely posturing to the credible and constructive. The bigger questions are certainly worth discussing, but if the upshot of the current focus is that we just stop using the term ‘business-as-usual’ (as was suggested in the last IPCC report), then that is fine with me, but just not very substantive.
[...] il existe de nombreuses perspectives différentes - allant de la simple gesticulation à la démarche crédible et constructive. Les grandes questions méritent certainement d'être discutées, mais si le résultat de la réflexion actuelle est que nous cessons simplement d'utiliser le terme "business as usual" (comme cela a été suggéré dans le dernier rapport du GIEC), alors cela me convient, mais ce n'est pas très substantiel.
Il me semble qu'il tente de nous dire qu'il s'agit en fait d'une tempête dans un verre d'eau ou de « beaucoup de bruit pour rien », impression apparemment partagée par Ken Rice dans RCP8.5 – another update (RCP8.5 - une autre mise à jour) :
I still find this entire discussion very unfortunate.
Au passage on aura profité d'un intéressant graphique présentant certaines hypothèses avec leur degré de probabilité :Je trouve quand même toute cette discussion très regrettable.
Sources: Historical data: Global Carbon Budget (2019); SSP data: ref. 19/J. Rogelj et al. Nature Clim. Change 8, 325–332 (2018)/SSP Database (v2); IEA data: Ref. 7 |
- le scénario +1.5°C (en bleu foncé) issu de la COP21 et mort-né ;
- le scénario de « modeste atténuation » +2.5°C (en bleu clair) du prochain rapport du GIEC, intitulé SSP2-4.5, dans la fourchette basse du « probable », autrement dit à jeter dès à présent à la poubelle ;
- le scénario de « faible atténuation » +3°C (en gris clair), intitulé SSP4-6.0, lui aussi dans la fourchette basse du « probable », donc vous savez quoi en faire ;
- puis après un large trou vient le scénario « aucune mesure » SSP3-7.0, menant à +4°C et considéré comme « improbable », à vous de voir ;
- enfin le scénario catastrophiste ultime « dans le pire des cas » SSP5-8.5, qui nous fait tutoyer les +5°C et qui est donc celui que l'on nomme souvent mal à propos le « business as usual », lequel est noté « très peu probable ».