Les marronniers peuvent fleurir même en hiver. Ainsi en décembre dernier, dans Nous sommes bien seuls..., j'écrivais au sujet de notre petitesse vis-à-vis de l'immensité de l'Univers, et voilà que le lancement du téléscope James Webb vient de m'inciter à en rajouter une louche.
Dans Le télescope James-Webb part à la recherche d‘extraterrestres on nous dit le plus sérieusement du monde :
Le supertélescope James-Webb [...] permettra notamment aux scientifiques de déterminer s’il y a de la vie sur d’autres planètes.
Certes, certes.
Mais entre une vie constituée de bactéries ou d'algues et ce que nous connaissons aujourd'hui sur Terre il y a comme un gouffre...intergalactique !
Déjà ça a mal commencé pour la (très chère) lunette astronomique en quête de « quelque chose » ailleurs dans le cosmos ; en effet, on vient juste de se rendre compte qu'il n'y a très probablement jamais eu de vie sur Vénus comme on l'apprend dans La vie sur Vénus n'a peut-être jamais été possible :
Certains scientifiques avançaient que la vie aurait été possible sur Venus, dans un lointain passé. Mais une nouvelle étude suggère que les conditions n’auraient jamais été réunis pour rendre ce miracle possible…
Le magazine Epsiloon en parle dans son dernier numéro de janvier 2022 ; pages 46 et 47 on nous dit l'air contrit :
Las ! Même Vénus, la plus parfaite jumelle de la Terre, n'a jamais pu abriter la vie.
On remarquera le passage du conditionnel (n'auraient jamais...) à l'indicatif (n'a jamais...), avec arguments à l'appui. Qu'on en juge :
- Distance au Soleil :
- Terre : 147 095 000 km
- Vénus : 107 477 000 km
- Rayon (en proportion) :
- Densité (en proportion) :
- Température moyenne :
- Terre : 13,7°C
- Vénus : 450°C
- Espèces vivantes recensées (estimation à deux ou trois près) :
- Terre : de 3 à 100 millions
- Vénus : 0
Ainsi, malgré des conditions de départ quasiment identiques, il a suffi que Vénus soit plus proche du Soleil que la Terre de « seulement » 40 millions de kilomètres pour qu'elle soit incapable d'abriter la moindre vie.
Et mon petit doigt vient juste de me dire que pour Mars on ira assez probablement vers le même genre de désillusions !
[Eva Scheller] est l’auteure principale d’un nouveau rapport portant sur l’étude des eaux disparues de la planète. On sait effectivement que celle-ci avait abrité des lacs et des océans dans un passé très lointain. La question est donc de savoir où sont passées toutes ces eaux. Certes, les théories existantes suggèrent une vaporisation dans l’espace, mais Scheller et ses collègues pensent que ce n’est pas tout à fait le cas.
Pauvre petite Eva, je suis par avance désolé pour la grosse déception qu'elle va avoir quand tout concordera pour dire qu'effectivement toute l'eau a bien disparu dans l'espace ; mais si elle a cependant raison, ce qu'on ne peut pas totalement écarter d'un revers dédaigneux de la main, so what ?
Oui parce que réfléchissons ensemble un peu. La vie serait apparue sur Terre il y a environ 4 milliards d'années (à quelques semaines près) comme nous l'enseigne François Raulin dans cette vidéo visible dans l'article de Futura Science Comment la vie est-elle apparue sur Terre ? :
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François Raulin, professeur de chimie à l'université Paris Est - Créteil donne son explication des origines de la vie. © S-F-Exobiologie, Dailymotion |
Faisons rapidement les calculs : les océans disparaissent de la surface de Mars il y a quelques 3 milliards d'années, soit un milliard d'années après leur appartition sur Terre, cela laisse à la vie environ un milliard d'années pour apparaitre sur Mars et se développer, sachant que pour arriver à notre espèce Homo Sapiens il a donc fallu pas moins de 4 milliards d'années à partir des formes primitives de la vie.
Evidemment je fais l'hypothès (audacieuse je sais) que les océans seraient apparus en même temps sur les deux planètes, mais rien ne dit que ce soit le cas, je n'étais pas présent quand cela s'est produit donc je ne peux faire que des suppositions. Cependant même si l'eau était présente sur Mars quelques millions d'années plus tôt que sur la Terre je ne vois pas ce que cela changerait au problème. « Problème » qui est que probablement (souvenez-vous que c'est mon petit doigt qui me susurre à l'oreille, ne prenez donc pas ça pour argent comptant) aucune vie digne de ce nom n'a pu avoir la moindre chance de prospérer sur Mars, une planète pourtant supposément située dans la zone dite « habitable » tout comme Vénus et bien évidemment la Terre !
Mais Epsiloon nous montre dans un excellent graphique que Vénus ne figure plus que dans une « zone qu'on pensait jusqu'ici habitable », il n'y a donc plus, dans le système solaire, que deux planètes incluses dans la « zone habitable confirmée ». Ce graphique a pour principal intérêt de nous dévoiler qu'en définitive très peu de planètes sont aptes à une éventuelle vie.
Mais il y a vie et vie.
Comme je l'ai dit plus haut il y a loin, très loin de la simple bactérie à Homo sapiens ; mais ce n'est pas tout, en fait Homo sapiens ne doit son existence (prouvable par le fait que je suis en train d'écrire ces lignes et que vous les lisez) qu'à un extraordinare concours de circonstances, à un véritable miracle, le mot « miracle » sous ma plume n'ayant aucune connotation religieuse et signifiant simplement que notre apparition peut se chiffrer en terme de probabilité par un zéro suivi d'une virgule précédant elle-même une quantité gigantesque de zéros supplémentaires éventuellement close par un chiffre quelconque quelque part sur la droite en-dehors de la feuille de papier.
Si vous n'en êtes pas convaincu il faut vous faire à cette idée que je vais illustrer en deux temps ; d'abord à l'aide du magazine Epsiloon, ensuite en me référant à un livre que j'ai terminé récemment, The ends of the world.
Conditions préalables à l'existence de la vie en se référant à la Terre
Epsiloon nous les fournit pages 51 à 53 sous forme d'encadrés ; j'en donne ici les titres, pour les textes et les détails achetez le magazine ou abonnez-vous :
- Une tectonique qui stabilise le climat
- Une orbite particulière
- Une étoile (le Soleil) atypique
- Une rarissime (sic) collision originelle
- Une géante (Jupiter) qui joue les gardiennes
- Une histoire paisible
- Une atmosphère parfaite
- Des océans idéaux
- Un champ magnétique protecteur
C'est d'ailleurs ce qui fait dire à l'astrophysicien
François Forget, je cite (page 5 du numéro 7 d'Epsiloon) :
Pas impossible que les circonstances qui ont permis à la Terre de conserver un climat propice à la vie nécessitent une somme improbable de coïncidences.
Donc rien que pour recevoir les conditions propices à la vie il a fallu comme on peut le constater une série d'éléments favorables qui défie l'imagination et qu'on a quelque peine à envisager qu'elle se reproduise en l'état ailleurs dans l'espace. Evidemment d'autres planètes dans l'Univers ont pu bénéficier de conditions similaires leur permettant d'avoir une chance de voir apparaitre la vie, le problème est que, d'une part la probabilité est forte que ces planètes soient tellement lointaines qu'on n'en saura jamais rien, et que d'autre part pour atteindre le niveau de vie que nous connaissons actuellement sur Terre il a fallu une autre série de circonstances extraordinaires !
Les obstacles que la vie a dû franchir pour en arriver jusqu'à maintenant
Le livre
The ends of the world (TEOTW) nous narre les principales grandes extinctions d'espèces que la Terre a connu depuis sa création, avec da
ns l'ordre (avec l'aide de futura-sciences) en mentionnant le pourcentage de disparition estimé :
- Extinction de l'Ordovicien il y a 445 millions d'années
- Futura : 60 à 70%
- TEOTW : 86%
- Extinction du Dévonien il y a 360 à 375 millions d'années
- Futura : 75%
- TEOTW : 75%
- Extinction du Permien il y a 250 millions d'années
- Futura : 95%
- TEOTW : 96%
- Extinction du Trias il y a 200 millions d'années
- Futura : 70 à 80%
- TEOTW : 80%
- Extinction de Crétacé il y a 66 millions d'années
- Futura 75%
- TEOTW : 76%
Cela fait ainsi beaucoup d'extinctions dont les causes probables sont les suivantes d'après Futura :
- période glaciaire courte mais intense.
- épuisement de l'oxygène dans les océans.
- impacts d'astéroïdes, activité volcanique.
- multiples, toujours en débat.
- impact d'un astéroïde.
Si l'on réfléchit bien on comprend assez facilement qu'il aurait suffi qu'un des paramètres ayant causé ces différentes extinctions ait été légèrement différent pour que la suite soit elle-même totalement autre que ce que nous avons connu ; pour le dire autrement, changez un seul paramètre d'un petit iota et je n'existe tout bonnement pas. Et vous non plus.
Et pour finir sur une note optimiste, voici un passage du livre sur lequel je vous laisserai méditer (c'est page 5) :
[It's] pretty clear that times of high carbon dioxide — and especially times when carbon dioxide levels rapidly rose — coincided with the mass extinctions. Here is the driver of extinction.
[Il] est clair que les périodes de forte concentration de dioxyde de carbone - et surtout les périodes où les niveaux de dioxyde de carbone ont rapidement augmenté - ont coïncidé avec les extinctions massives. Voici le moteur de l'extinction.
C'est un certain
Peter Ward qui s'exprime ainsi. Comme par hasard il est l'auteur d'un livre intitulé
Rare Earth: Why Complex Life Is Uncommon in the Universe, traduction :
La Terre rare : Pourquoi la vie complexe est peu répandue dans l'univers.
Je n'ai pas lu ce livre mais je pense que mon immense biais de confirmation va m'inciter à le commander.
Je sais que mon ami Jean-Bernard Fourtillan parait sulfureux à plus d’un, même ici.
[...]
Il nous annonce que toutes les armées du monde, coalisées et synchronisées, reprendraient le pouvoir usurpé courant Janvier.
Face au scénario invraisemblable qu’on nous a proposé depuis deux ans, il n’y a peut-être qu’un scénario miraculeux pour nous en sortir.
Le sien est de cette sorte:
https://agoratv.ch/le-professeur-jean-bernard-fourtillan-est-libre-joyeux-noel-le-meilleur-est-a-venir/
Faites-vous une idée. [...]