lundi 31 décembre 2018

Pour finir l'année avec le sourire (ou le fou rire éventuellement)

Comme je n'ai pas beaucoup de temps (vous comprendrez peut-être pourquoi) je ferai court.

Notre inénarrable commissaire n'a pas pu s'empêcher de terminer l'année avec une des stupidités dont il a le secret :
2501. AntonioSan | 29/12/2018 @ 20:07
Eh oui…http://notrickszone.com/wp-con.....s-2018.png

Le lien mène sur ce graphique :
Un bien joli dessin tiré d'une lettre au père Noël ?

On passera sur la référence à notrickzone, le site de Pierre Gosselin qui raconte n'importe quoi, tout comme le commissaire (qui se ressemble s'assemble), et on se concentrera sur le site duquel ce joli schéma a été tiré à grands coups de serpe :

kiryenet

C'est ce qu'on peut appeler du lourd.

Tout ça pour nous dire que la banquise de l'Arctique se reformerait et que le passage du Nord-Ouest serait compromis :
2502. Célestin | 29/12/2018 @ 21:23
AntonioSan (#2501), Mais mon Dieu, c’est horriiiiible : le passage du Nord-Ouest qui devait offrir d’immenses économies de temps et de carburant ne sera donc pas ouvert à la navigation commerciale ordinaire très bientôt ? Je crois comprendre que non…

Ah Célestin qui croit comprendre que...non, en fait il avait cru comprendre que le voyage au Japon serait compromis avec le nouvel âge glaciaire qui nous pend au nez.

Je le rassure, son amie Kirye les attend avec impatience, lui et le commissaire bien sûr.


dimanche 30 décembre 2018

Retour sur le graphique de John Christy

Dans mon billet du 2 décembre dernier, intitulé Cerveau en panne sur Skyfall, un mécanicien est demandé de toute urgence, un de mes lecteurs attentionnés et réguliers, j'ai nommé phi, était intervenu à plusieurs reprises afin de défendre le graphique que John Christy avait présenté devant le congrès américain, graphique qui avait été notamment repris par Vincent Courtillot pour démontrer que les modèles climatiques se trompaient et n'arrivaient pas à « prévoir » la hausse des températures réellement mesurées.

Dans les commentaires je soutenais, à tort, que les modèles représentaient les températures de surface alors que les observations concernaient la moyenne troposphère.

Je dois donc des excuses à phi pour m'être trompé sur ce point, car en effet les modèles représentés dans le graphique de Christy mentionnaient bien les températures de la moyenne troposphère, tout comme les observations qui prenaient en compte la moyenne UAH/RSS plus un jeu de ballons soigneusement choisis.

J'ai d'ailleurs reconnu mon erreur dans Carl Mears embauché à l'insu de son plein gré mais je pense nécessaire de le redire clairement avant que cette année ne s'achève (et elle est bien partie pour s'achever, je ne vois pas ce qui pourrait l'en empêcher) ; ainsi j'écrivais :
Je dois avouer que mes explications n'étaient pas toutes recevables, les modèles représentés dans ce graphique étant apparemment ceux correspondant à la moyenne troposphère alors que j'avais l'impression qu'il s'agissait plutôt des températures de surface tellement l'écart était grand entre les deux ensembles de courbes à partir de 1996, pour atteindre environ 0,5°C en 2014.
Cependant cela n'invalide pas le fait que John Christy a cherché à enfumer son public, et par ricochet tous ceux qui, comme phi, veulent à tout prix que les « observations » à partir des données satellitales soient plus fiables que celles issues de la surface à partir d'instruments où l'on peut lire la température de manière directe, sans calculs prodigieusement compliqués, même s'il est parfois nécessaire d'appliquer quelques ajustements dans des cas bien précis et parfaitement légitimes (changements d'heure, de lieu, d'appareil ou de méthode)

Mais en faisant une rapide revue de mes anciens billets, je tombe sur celui-ci daté du 24 avril 2016 et intitulé Tous les modèles sont faux (disent-ils), dans lequel j'évoquais justement ce fameux (fumeux ?) graphique de John Christy !

Si je m'en étais souvenu lors de ma conversation avec phi cela aurait été plus que profitable, j'aurais pu avancer les arguments de skepticalscience pour réfuter ce graphique trompeur :
  1. les données sont improprement alignées pour exagérer visuellement la différence
  2. pas de marge d'incertitude montrée
  3. fait la moyenne de l'ensemble des données, cachant le fait qu'elles ne sont pas en parfait accord (i.e. compare des carottes avec des navets)
  4. n'inclut pas les travaux d'autres groupes qui estiment un réchauffement plus important
  5. nous ne vivons pas à l'altitude du mont Everest ou dans des avions!
Mais il y avait aussi un article dans realclimate, dans lequel Gavin Schmidt apportait sa contribution à l'entreprise de démolition du joli dessin de John Christy, qu'il décomposait en quatre graphiques à partir du papier du collègue de Roy Spencer :

Source realclimate d'après docs.house.gov/meetings
Et Schmidt relevait les quatre décisions prises pour tracer ces graphiques qui sont problématiques (four decisions made in plotting these graphs that are problematic), sachant que le verbe « plot » signifie tracer mais aussi...conspirer…
Choice of baseline,
Inconsistent smoothing,
Incomplete representation of the initial condition and structural uncertainty in the models,
No depiction of the structural uncertainty in the satellite observations.
Choix de la référence,
Lissage incohérent,
Représentation incomplète de la condition initiale et de l'incertitude structurelle dans les modèles,
Pas de description de l'incertitude structurelle dans les observations satellitaires.
A rapprocher des cinq réfutations de skepticalscience que je rappelle dans la foulée avec l'aide du graphique de Christy :

Source skepticalscience

les données sont improprement alignées pour exagérer visuellement la différence
pas de marge d'incertitude montrée
fait la moyenne de l'ensemble des données, cachant le fait qu'elles ne sont pas en parfait accord (i.e. compare des carottes avec des navets)
n'inclut pas les travaux d'autres groupes qui estiment un réchauffement plus important
nous ne vivons pas à l'altitude du mont Everest ou dans des avions!

    Oui, il est utile de préciser que nous ne vivons pas à l'altitude des avions de ligne et qu'un séjour au sommet de l'Everest doit être d'une très courte durée si l'on ne veut pas s'exposer à quelques problèmes minimes pouvant engager son pronostic vital.

    C'est bien pour cela qu'il est infiniment préférable de comparer des choux poussant sur le plancher des vaches avec d'autres choux qui nécessairement prospèrent à la même altitude, leurs racines fermement ancrées dans le sol, le sol où nous avons l'habitude, nous pauvres humains, de vaquer à nos (pré)occupations.

    Mais Gavin Schmidt ne s'arrête pas à la critique du graphique présenté par John Christy, il propose son graphique à lui respectant les principes qu'il reproche à Christy de fouler au pied, et il montre ceci :

    Graphique de John Christy revu et corrigé par Gavin Schmidt (données globales)

    Il en montre un autre concernant les tropiques :

    Graphique de John Christy revu et corrigé par Gavin Schmidt (tropiques)

    On voit bien qu'il y a une différence sensible avec ce que propose John Christy et que je remontre ci-après :

    Graphique de John Christy repris par Vincent Courtillot et par Marco40 sur Skyfall.

    A noter que le graphique de Gavin Schmidt s'arrêtait en 2015 et que 2016 est à ce jour l'année la plus chaude jamais enregistrée par des instruments de mesure fiables ; 2017 étant la deuxième année la plus chaude et 2018 s'acheminant vers la quatrième place, avec en ligne de mire 2019 qui pourrait ravir la première place à 2016, nous pouvons mentalement continuer la courbe et constater qu'elle s'insère assez bien dans ce que les modèles climatiques projetaient ; il n'est même pas impossible que la courbe des températures observées parvienne assez vite à franchir la partie haute de l'intervalle de confiance des modèles, étant donné qu'il est bien connu que les rapports du GIEC ont plutôt tendance à sous-estimer le réchauffement et non à le surestimer.

    Je ne doute pas un seul instant que mes amis BenHague et phi, accompagnés éventuellement par notre nouvelle recrue BenTorino, trouveront à redire aux calculs de Gavin Schmidt qui, c'est bien connu, est à la solde des communistes qui ont inventé le réchauffement climatique afin de ruiner l'économie américaine.

    Dans toute chose il y a une logique.


    S'il vous le dit c'est que c'est vrai, la preuve c'est qu'il a été élu.


    samedi 29 décembre 2018

    Benoit Rittaud et le pétitionnisme à géométrie variable

    Dans le dernier billet écrit par un certain Cédric Moro sur son blog (Pétition des #GiletsJaunes VS pétition #LAffaireduSiecle) Benoit Rittaud tient à apporter son grain de (gros) sel :
    Le 28 décembre 2018 à 18 h 48 min, Benoît Rittaud a dit :

    Autre question à se poser : comment sait-on que les « 1,7 millions de signataires » sont tous des Français ? J’imagine qu’il ne doit pas être difficile à nos ONG bienveillantes de faire un appel à ses militants qui déborde de nos frontières.

    Hilarant !

    Je suis littéralement écroulé de rire.

    Dans un de mes billets de 2015 (Rittaud vs de Lorgeril ) je faisais remarquer que la lamentable pétition lancée par le fumeux collectif des climato-irréalistes en faveur du pitoyable Philippe Verdier avait largement bénéficié de l'apport de nombreux américains en provenance du site de pseudo-science WUWT, lequel avait publié l'article intitulé Petition for Climate Skeptic Philippe Verdier to be reinstated in his job at France Télévisions ; ce qui a permis à la poussive pétition franchouillarde d'atteindre péniblement à la date d'aujourd'hui le chiffre famélique de 20 055 signatures :

    change.org

    Ce qui explique probablement la tronche que tire Verdier voyant si peu d'enthousiasme pour défendre sa cause malgré l'apport des troupes amerloques.

    En parallèle la pétition de Michel de Lorgeril avait recueilli 80 000 signatures en moins de 24 heures, montrant ainsi que les gens sont davantage sensibilisés aux problèmes de santé qu'aux petits soucis que pouvait avoir un médiocre présentateur météo avec sa chaine qui l'avait licencié pour faute grave.


    Peut-être que la pétition en faveur du climat a bénéficié du vote de quelques étrangers, c'est fort possible et je m'en tamponne personnellement le coquillard puisque je ne l'ai pas signée et ne compte pas le faire, ce qui n'empêche pas que je sois sensibilisé par la problématique du réchauffement de la planète, mais je considère que ce n'est pas à coup de pétitions (valides ou non, on s'en contrefiche) qu'on va régler la question climatique.

    Quand le buzz sera retombé on en reviendra aux petits soucis du quotidien, comme le prix de l'essence à la pompe, la courbe du chômage qui est restée à la hausse dans un tiroir de Hollande ou les divagations d'un agité du bocal islamiste qui fera sauter sa bombe et tuera quelques personnes au hasard, ce qui nous fera vite oublier qu'il y a plusieurs milliers de morts chaque année en France sur les routes et que le dérèglement climatique en produira probablement un peu plus dans pas longtemps, sans compter les mineures préoccupations qui nous attendent quand des millions de réfugiés climatiques voudront prendre leurs vacances dans notre beau pays.

    Mais Benoit Rittaud est « réaliste » n'est-ce pas, ce n'est pas la première fois qu'il nous en donne des preuves.



    vendredi 28 décembre 2018

    Climactualités - décembre 2018

    ENSO

    Le 28/12/2018 : climate.gov/enso

    En raison du « shutdown » américain le site de la NOAA donnant des informations sur le phénomène ENSO n'est pas disponible actuellement, voici le message qui apparait en suivant le lien habituel :

    The website you are trying to access is not available at this time due to a lapse in appropriation.

    NOAA.gov and specific NOAA websites necessary to protect lives and property are operational and will be maintained during this partial closure of the U.S. Government.

    See weather.gov for forecasts and critical weather information.

    Cependant le 24 décembre, dans mon billet intitulé 2018 au pied du podium, j'avais pu obtenir cette information qui à mon avis est toujours valable :
    The surface of the tropical Pacific Ocean is nice and warm, but the atmosphere has yet to respond. Despite the waiting game, forecasters think there’s a 90% chance that El Niño will arrive soon and continue through the winter.
    La surface de l'océan Pacifique tropical est agréable et chaude, mais l'atmosphère n'a pas encore réagi. Malgré l’attente, les prévisionnistes pensent qu’il y a 90% de chances que El Niño arrive bientôt et continue pendant l’hiver.
    *****

    GISS L-OTI anomalies de températures vs 1881-1910 

    Le 28/12/2018 : data.giss.nasa.gov

    Anomalies de températures pour la période décembre 2017-novembre 2018 par rapport à la période de référence 1881-1910.

    Jusqu'à présent je montrais les anomalies de températures du mois précédent comparées à la période de référence 1951-1980 ; à partir de ce mois j'ai décidé qu'il était préférable de montrer une année entière (ici de décembre 2017 à novembre 2018) et de comparer les températures de cette période avec la période de référence de trente ans la plus ancienne possible, soit 1881-1910 (il n'est pas possible de choisir une date antérieure à 1881) afin de montrer l'écart de température par rapport à ce que l'on qualifie d'« ère préindustrielle » ou du moins ce qui s'en rapproche le plus (il est compliqué de définir quand a réellement commencé cette ère préindustrielle, cependant il s'agit d'un faux problème étant donné que les émissions de gaz à effet de serre n'ont vraiment été importantes qu'à partir du 20ème siècle)

    Dans le cas présent on note une hausse des températures de l'ordre de 1°C.

    On remarquera le « point froid » habituel au sud du Groënland qui est maintenant une constante ; par ailleurs le fait que quelques zones ne soient pas répertoriées (Antarctique, forêt amazonienne, Sahara et Sahel) ne remet pas en cause la pertinence des données qui représentent des variations de températures et non des températures absolues (voir notamment Nous n'avons besoin que de 60 stations de surface !)

    Enfin, dernière remarque ayant son importance pour nous européens, cette carte confirme les dires de Météo France que je reportais dans mon billet 2018 au pied du podium, à savoir 
    La température moyennée sur l'année [en France métropolitaine], proche de 14 °C, devrait se situer 1,4 °C au-dessus de la moyenne de référence 1981-2010. Un tel écart positionne 2018 au premier rang des années les plus chaudes depuis le début du XXe siècle, devant 2014 (+1,2 °C) et 2011 (+1,1 °C). On a aussi connu cette année une séquence de 9 mois consécutifs au-dessus des normales ; ce qui n'était non plus jamais arrivé depuis le début des mesures.

    En Allemagne, en Autriche et en Suisse, 2018 est également l'année la plus chaude enregistrée depuis le début des relevés météorologiques. Il est possible que ce soit aussi le cas à l'échelle de l'Europe.
    C'est bien le cas, l'Europe entière est bien concernée par des températures nettement supérieures à la « normale », à part la péninsule ibérique qui se trouve légèrement au-dessus.

    *****

    Coral Reef Watch

    Le 28/12/2018 : coralreefwatch.noaa.gov 

    NOAA Coral Reef Watch's most recent Four-Month Coral Bleaching Heat Stress Outlook is below. This figure shows the distribution of the lowest heat stress levels predicted by at least 60% of the model ensemble members. In other words, there is a 60% chance that the displayed heat stress levels will occur.

    Je continuerai à présenter cette carte montrant les prévisions de stress thermique (heat stress) afin de garder en mémoire que le réchauffement climatique n'a pas seulement des effets sur l'atmosphère, les océans sont aussi largement impactés.

    Ici il n'est question que de température de l'eau, l'acidification (i.e. la baisse du pH) n'étant pas prise en compte ; il existe cependant un lien spécifique relatif à l'acidification, mais je me garderai bien de le commenter, n'y comprenant pas grand chose…

    A réserver aux spécialistes...

    *****

    Climate Prediction Center

    Le 28/12/2018 : cpc.ncep.noaa.gov

    Prévisions de tempêtes tropicales.

    Là-aussi je continuerai à montrer ces deux cartes présentant les prévisions sur deux semaines (celle en cours plus la prochaine) bien que mes actualités climatiques soit publiées uniquement au mois, faisant donc l'impasse systématiquement sur deux semaines au moins, mais l'important est de connaitre le site et de pouvoir y accéder à tout moment quand on en a envie.

    Actuellement nous sommes évidemment en période calme dans l'hémisphère nord, l'activité potentiellement cyclonique étant localisée dans le sud.

    *****

    Polar Science Center

    Le 28/12/2018 : psc.apl.uw.edu
    The year 2017 finished out with an annually averaged sea ice volume that was the lowest on record with 12,900 km 3 , below 2012 for which the annually averaged volume was 13,500 km3 . This was even though extent and sea ice thickness were at record lows during the early months of 2017 but anomalousy little melt for the recent years (Fig 8), brought the ice volume back above record levels.

    Average Arctic sea ice volume in November 2018 was 9400 km3. This value is the 5th lowest on record about 1200 km3 above the November record that was set in 2012 with ~8200 km3 and about 250 km3 lower higher 2017. Ice volume was 53% below the maximum in 1979 and 36% below the mean value for 1979-2017. November 2018 ice volume falls just a slightly above the long term trend line.
    Ainsi nous avons des informations intéressantes, notamment :
    • l'année 2017 détient le record du volume minimal moyen de la banquise arctique, devançant l'année 2012 qui s'était fait remarquer par son record, qui tient toujours, à la fin de l'été boréal ;
    • le mois de novembre 2018 est en 5ème position, avec 1200km3 de plus que le record de 2012 ;
    • le volume de glace est environ un tiers inférieur à la moyenne 1979-2017 ;
    • le mois de novembre 2018 se situe juste au-dessus de la tendance à long-terme, comme on peut le constater dans le graphique qui suit.
    Fig.1  Arctic sea ice volume anomaly from PIOMAS updated once a month. Daily Sea Ice volume anomalies for each day are computed relative to the 1979 to 2017 average for that day of the year. Tickmarks on time axis refer to 1st day of year. The trend for the period 1979- present  is shown in blue. Shaded areas show one and two standard deviations from the trend. Error bars indicate the uncertainty of the  monthly anomaly plotted once per year.

    Ce graphique montre la très grande variabilité d'une année sur l'autre ; il existe d'importants creux (en 1982, 1996, 2008, 2013) et d'importants pics (en 1993, 1997, 2009, 2015) mais sur le long-terme la tendance est clairement à la baisse.

    Fig. 2 Total Arctic sea ice volume from PIOMAS showing the volume of the mean annual cycle, and from 2010-2018. Shaded areas indicate one and two standard deviations from the mean.

    Ce graphique est emblématique si l'on peut dire, car il montre la moyenne 1979-2017, nettement visible très au-dessus des années 2010s...

    Fig.3 Monthly Sea Ice Volume from PIOMAS for April and Sep.

    J'aime particulièrement ce graphique qui représente l'évolution des volumes minimaux et maximaux : on peut notamment observer que la tendance des minimaux se rapproche beaucoup (dangereusement ?) de l'axe horizontal des abscisses (voir Le pôle nord libre de glaces en septembre...2035 !)

    *****

    Arctic Data archive system (ADS)

    Le 28/12/2018 : ads.nipr.ac.jp

    Ici nous avons affaire à la surface des deux banquises (les données plus haut concernaient le volume de l'Arctique uniquement, celui de la banquise de l'Antarctique n'étant à ma connaissance pas calculé - on parle surtout du volume de la calotte continentale, mais je n'ai rien vu sur la banquise elle-même)

    Arctique.

    Antarctique.
    Historique des Climactualités (l'Arctique est mentionné en premier ; en bleu les valeurs minimales, en jaune les maximales)

    Décembre : 11,85 + 6,07 = 17,92
    Novembre 2018 : 10,54 + 13,26 = 23,8
    Octobre 2018 : 7,18 + 17,09 = 24,27
    Septembre 2018 : 4,68 + 18,01 = 22,69
    Août 2018 : 4,8 + 17,7 = 22,5
    Juillet 2018 : 6.67 + 16.44 = 23.11
    Juin 2018 : 9.19 + 14.59 = 23.78
    Mai 2018 : 11.02 + 10.65 = 21.67
    Avril 2018 : 12.82 + 6.33 = 18.15
    Mars 2018 : 13.87 + 3.50 = 17.37
    Février 2018 : 13.68 + 2.31 = 15.99
    Janvier 2018 : 12.68 + 3.46 = 16.14
    Décembre 2017 : 11.76 + 7.13 = 18.89
    Novembre 2017 : 10.07 + 13.25 = 23.32
    Octobre 2017 : 7.82 + 17.27 = 25.09
    Septembre 2017 : pas de stats

    Il faudra donc attendre février 2019 pour savoir si les 15,99 de février 2018 seront battus ; cependant on peut dès à présent constater les écarts suivants :
    • octobre 2017-2018 : -0,82
    • novembre 2017-2018 : +0,48
    • décembre 2017-2018 : -0,97
    Difficile donc de dire, sachant que l'addition des deux surfaces à un moment donné a ses limites, les deux banquises étant dans des situations totalement différentes :
    • la banquise arctique est au-dessus d'une mer entourée de continents ;
    • la banquise antarctique étant autour d'un continent entouré de mers.
    La banquise antarctique est donc située plus haut en latitude (i.e. plus proche de l'équateur) mais sujette à des conditions particulières que ne connait pas sa sœur nordiste.

    *****

    Ce mois-ci je ne vous montrerai qu'un seul dessin, dédié en cette fin d'année à tous ceux qui ont en projet de choisir les bonnes résolutions à adopter pour 2019, je pense que celle que je suggère pourrait figurer en tête de liste chez certains que j'aurai la bonté de ne pas nommer.


    Manuel à l'usage de certaines personnes ayant besoin qu'on les aide à réfléchir.


    jeudi 27 décembre 2018

    Science of Doom is back

    Le dernier billet datait du 26 mars de cette année et était consacré au fait qu'en Californie on sait depuis longtemps quels sont les risques liés au réchauffement climatique (c'était dans #CaliforniaKnew)

    Voilà donc que Science of Doom revient aujourd'hui avec un très court billet qui parle du consensus dans Opinions and Perspectives – 1 – The Consensus.

    Le titre laisse présager une suite aux « opinions et perspectives », la première partie étant donc focalisée uniquement sur le consensus qui se résume ainsi d'après l'auteur :
    The often-cited consensus on climate is:
    a) we add CO2 and other GHGs to the atmosphere by burning fossil fuels (and other human activity)
    b) these increase the inappropriately-named “greenhouse effect”
    c) this increases the surface temperature over some time period
    Le consensus souvent cité sur le climat est le suivant:
    a) nous ajoutons du CO2 et d'autres gaz à effet de serre à l'atmosphère en brûlant des combustibles fossiles (et d'autres activités humaines)
    b) ceux-ci augmentent « l’effet de serre » mal nommé
    c) cela augmente la température de surface sur une certaine période

    Le premier commentateur nous montre qu'il a effectivement tout compris :
    Bryan - oz4caster   on December 27, 2018 at 12:54 pm

    “The often-cited consensus on climate is …”

    I agree about the *real* consensus, but the “often-cited” part often gets twisted into greatly exaggerated doom and gloom that in my opinion is not warranted because of large uncertainties. For over ten years now I’ve been reading all sides of the issues related to climate and have come to the conclusion that we really don’t have any high confidence answer to what the climate will be in 30 years or 100 years. We can’t even predict with high confidence what next year will be like.

    Consequently, my opinion is that human adaptation has worked quite well for hundreds of thousands of years and is still the best approach, provided we let the markets be as free as possible to determine how best to accomplish that adaptation. Forcing expensive energy source “mitigation” is likely to be disastrous for those who cannot afford more expensive Energy.
    Le consensus souvent cité sur le climat est…»

    Je suis d’accord sur le consensus * réel *, mais la partie « souvent citée » se transforme souvent en un pessimisme exagéré qui, à mon avis, n’est pas justifié à cause des grandes incertitudes. Depuis plus de dix ans, je lis tous les aspects des problèmes liés au climat et j’en conclus que nous n’avons pas vraiment confiance en ce que sera le climat dans 30 ou 100 ans. Nous ne pouvons même pas prédire avec une grande confiance ce que sera l’année prochaine.

    En conséquence, j’estime que l’adaptation humaine a très bien fonctionné pendant des centaines de milliers d’années et reste la meilleure approche, à condition de laisser les marchés aussi libres que possible afin de déterminer le meilleur moyen de réaliser cette adaptation. Imposer des mesures d’atténuation dispendieuses risque d’être désastreux pour ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter une énergie plus coûteuse.
    Pour ce lecteur possédant de toute évidence un biais libéral très marqué, il faut donc « laisser les marchés aussi libres que possible afin de déterminer le meilleur moyen de réaliser [l']adaptation » au changement climatique.

    C'est cela oui.



    Une autre façon de « voir » les choses, si l'on peut dire, est celle-ci :

    Facepalm

    Le deuxième commentateur, à l'heure actuelle, ne se fait guère d'illusions sur le premier :
    Morris Walters   on December 27, 2018 at 4:54 pm

    What will happen next year is called weather, not climate. And you are quite correct in believing that we can’t state with certainly exactly what the climate will be like in 100 years. What can be said with certainty is that it won’t be the same as it is today. However I have no compelling reason to convince you.
    Ce qui se passera l'année prochaine s'appelle météo, pas climat. Et vous avez tout à fait raison de penser que nous ne pouvons pas dire exactement ce que sera le climat dans 100 ans. Ce qui peut être dit avec certitude, c’est que ce ne sera plus le même qu’aujourd’hui. Cependant, je n'ai aucune raison impérieuse de vous convaincre.

    C'est cela ce qu'on appelle être réaliste, mais il faut croire que ce mot doit avoir plusieurs définitions dont l'une est en vigueur sur une autre planète que la nôtre.

    mercredi 26 décembre 2018

    Pablo Servigne, le catastrologue optimiste

    Le dernier Télérama titre en couverture avec un seul verbe écrit en grand et en lettres capitales :

    CROIRE

    Et il nous invite à nous interroger sur nos croyances « au père Noël, en son art, en Dieu, à son horoscope, aux fausses infos, à l'amour, en soi… » et quelques autres thèmes abordés à partir de la page 22, mais dès la page 3 la question que l'on peut tout de suite se poser est celle-ci : doit-on croire Pablo Servigne quand il évoque l'« effondrement prochain de notre civilisation » ?

    En vérité (je vous le dis) le verbe « croire » n'est pas celui qu'il faudrait utiliser, je suis sûr que Pablo Servigne se sert davantage du verbe « penser » qui fait davantage travailler les neurones et évite de s'enfouir la tête dans le sable pour ne pas regarder la réalité dans le blanc des yeux.

    Servigne évoque d'ailleurs le philosophe Jean-Pierre Dupuy dont le livre Pour un catastrophisme éclairé dort quelque part dans ma bibliothèque à moins que je l'aie prêté à quelqu'un qui ne me l'ait jamais rendu, peu importe, je me souviens très bien de sa thèse résumée ainsi aux éditions du Seuil :
    Le pire n’est plus à venir mais déjà advenu, et ce que nous considérions comme impossible est désormais certain. Et pourtant nous refusons de croire à la réalité du danger, même si nous en constatons tous les jours la présence. Face à cette situation inédite, la théorie du risque ne suffit plus : c’est à l'inévitabilité de la catastrophe et non à sa simple possibilité que nous devons désormais nous confronter.
    Ce que l'on peut résumer par une image : si un rhinocéros fonce sur nous dans la savane nous avons plusieurs choix à faire qui sont contraints par deux hypothèses : soit l'animal va nous éviter au dernier moment, soit il va nous passer dessus ; dans ces conditions notre choix d'action immédiate se réduit à l'alternative suivante : soit nous restons immobile en croyant que le rhinocéros va nous éviter, soit nous tentons « quelque chose » afin d'éviter l'issue fatale.

    Le climatosceptique de base choisira l'option qui consiste à rester immobile, car pour lui l'image du rhinocéros qui fonce sur lui est floue (il a oublié de mettre ses lunettes, le climatosceptique, pas le rhinocéros) et tant que la bête n'est pas sur lui il n'est pas certain qu'elle le piétine à mort, pourquoi donc s'inquiéter ?

    Pablo Servigne, à la suite de Jean-Pierre Dupuy, est de ceux qui pensent (et non croient) que le rhinocéros a des chances de leur passer dessus, en tout cas ils préfèrent envisager l'hypothèse la plus pessimiste, on ne sait jamais, cela pourrait s'avérer payant.

    Quoiqu'il en soit on est là face à une espèce de pari de Pascal, si on a envisagé le pire et que celui-ci ne se produit pas, on ne perd rien, ou pas grand chose, par contre si on a eu un excès de confiance et d'optimisme béat et que le pire arrive, alors là on perd tout et ça nous fait une belle jambe (quand on est mort on ne se soucie plus de rien)

    Evidemment il n'y a pas que le climat qui soit source de problèmes à venir, on peut également citer, comme le fait l'introduction de l'article de Télérama, en plus du « climat qui se dérègle, la biodiversité qui disparait, la finance qui devient folle… », les points de suspension pouvant être remplacés par ce que l'on peut lire sur Wikipédia dans l'article consacré à Pablo Servigne et qui est une citation d'un certain Frédéric Joignot commentant le livre Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes :
    Après avoir compilé une impressionnante quantité de méta-analyses portant sur l’aggravation du réchauffement, l’épuisement des ressources énergétiques, alimentaires, forestières, halieutiques et métallifères, leur thèse est claire : les écosystèmes s’écroulent, la catastrophe a commencé pour l’humanité. Elle va s’accélérer. Et la « collapsologie » est la nouvelle science interdisciplinaire qui regroupe les études, faits, données, prospectives, scénarios qui le démontrent11
    Servigne et son co-auteur Raphaël Stevens ne sont pas les premiers à s'intéresser au thème de l'« effondrement », qui ne connait pas Jared Diamond et son best seller Collapse (Effondrement en français) qui narrait l'histoire de plusieurs civilisations ou peuplades qui avaient prospéré et qui s'étaient plus ou moins mystérieusement effondrées ?

    Il n'est pas inutile de préciser que le titre complet du livre de Diamond est Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie

    Ainsi pour lui il est clair que ce sont les sociétés qui décident de leur avenir, et certaines de ces sociétés ont pu avoir dans le passé quelques succès en prenant les bonnes décisions (il mentionne l'ile de Tikopia, la Papouasie et l'Islande) qui leur ont permis de survivre là où bien d'autres ont échoué.

    Les exemples emblématiques qui viennent immédiatement à l'esprit sont connus de tous, nous avons les Vikings qui n'ont pas su s'implanter au Groënland, alors que les Inuits prospéraient avec des modes de vie différents, l'ile de Pâques avec sa déforestation attestée, ou les Mayas et leur surpopulation leur ayant causé bien des soucis.

    Au sujet des Mayas nous devrions réfléchir à leur destin et le comparer à ce qui nous attend, car il existe bien des similitudes avec notre situation ; ainsi le site maxisciences nous donne quelques indications bien utiles :
    Pour Douglas Kennett, professeur d'anthropologie à l'Université de Pennsylvanie[…], "ce n'est pas seulement le changement climatique qui est important ici mais les conditions climatiques précédentes durant lesquelles la pluviosité exceptionnelle a permis l'abondance agricole et l'expansion de la population Maya ainsi que le développement d'une structure de société complexe", explique-t-il. Car c’est cette abondance qui "a créé ultérieurement les conditions de tensions sociétales et de fragmentation des institutions politiques quand la sécheresse s'est installée durablement", souligne l'anthropologue.
    A méditer…

    Pour en revenir à l'interview de Servigne dans Télérama, celui-ci, comme le titre de mon billet le laisse supposer, est néanmoins d'un optimisme certain puisqu'il avoue avoir « fait des enfants » malgré son parcours intellectuel qui aurait dû l'inciter à plus de prudence ! Il nous dit :
    Il faut éviter les écueils du « tout est foutu, à quoi bon…» mais aussi de l'optimisme béat, qui équivaut au déni. Et celui, encore plus toxique et passif, de l'espoir, qui nous fait croire que le système va inexplicablement changer, ou que la technologie, ou bien la déesse mère vont nous sauver…
    Et il ajoute un peu plus loin :
    Aujourd'hui les utopistes sont les optimistes béats, qui croient que tout peut continuer comme avant. Et les réalistes sont ceux qui agissent en vue des catastrophes qui ont déjà eu lieu, et de celles à venir.
    Les climato-réalistes apprécieront, eux qui prennent les autres pour des benêts et se prennent eux pour des gens ayant les pieds sur terre.

    Mais Servigne nous précise bien en début d'entretien :
    […] malgré l'accumulation de savoirs scientifiques sur les catastrophes en cours, nous ne croyons toujours pas ce que nous savons.
    En réalité je pense qu'il a tort, car les climatosceptiques sont persuadés d'être dans le vrai, ils n'ont donc aucune raison de croire quelque chose qu'ils ignorent, soit parce qu'il sont mal informés, soit parce que leur idéologie prime sur leur capacité à analyser correctement la situation et leur fait prendre des vessies pour des lanternes.

    Mais l'explication vient plus loin :
    Les humains sont des animaux de croyances […] elles sont souvent plus fortes que les faits. […] Nos croyances, ce sont le progrès, la croissance infinie, la technoscience qui domine la nature […] la compétition.
    Quand on y réfléchit bien, on se rend compte qu'il s'agit de tout ce que la révolution industrielle a apporté avec elle, avec le CO2 en prime !

    On comprend mieux pourquoi d'anciens ingénieurs ou techniciens ayant travaillé dans le pétrole ou le charbon et maintenant à la retraite sont si nombreux à faire partie des rangs des climatosceptiques, remettre en cause 40 ans d'activité professionnelle et de certitudes quant à la légitimité de ses actions sur une si longue période n'est pas à la portée du premier venu. On les comprend, ce qui ne veut pas dire qu'on les excuse.

    Mais l'optimisme de Servigne prend un peu l'eau quand il nous dit un peu plus loin :
    […] plus on monte dans les échelons politiques, plus les verrous sont importants, à tous les niveaux - psychologique, juridique, financier, technique…[…] notre système politique n'est pas conçu pour traiter les questions de long terme.
    Et
    Les responsables politiques […] savent. Mais ils n'y croient pas […]
    Non Pablo, ce n'est pas que les responsables politiques « n'y croient pas », c'est simplement qu'ils ont envie d'être réélus.


    Mais l'important n'est-il pas de croire en soi, tout le reste n'ayant finalement que peu d'importance quand on sait que nous allons tous mourir un jour, et que notre civilisation prendra le même chemin, l'agonie sera simplement un peu plus longue pour elle.


    Connaissez-vous la fable de la grenouille ?


    mardi 25 décembre 2018

    L'origine du monde ?

    Le dénommé troubaa a des problèmes avec les graphiques, et notamment avec ce qu'il appelle l'origine 0, ainsi il écrit :
    par troubaa le Dim 23 Déc - 21:05
    Mais j'ai lu jusqu''au bout mon coco ! bha oui ca va mieux ! 
    Meme si ton graphique est anxiogène du fait de l’absence de l'origine 0. tu mets l'origine à 0 alors ta courbe sera beaucoup moins plongeante et dramlatique. Toujours aussi sensible à la manipulation komyo.....

    Personne ne conteste que l’arctique a diminué depuis les années 1980, toi tu contestes que les prédictions apocalyptiques ne se sont pas réalisées et que le situation est moins dramatique qu'annoncée, voire qu'elle s’améliore.

    éternel dénie de ta part qui refuse de reconnaître que la nature est changeante et inconstante.
    L'ami troubaa faisait référence à un graphique posté par Komyo :

    Figure 3. L'étendue mensuelle des glaces pour les mois de novembre de 1978 à 2018 montre une diminution de 5o% par décennie. W
    Crédit: Centre national de données sur la neige et la glace

    Il reprochait donc à Komyo de présenter un graphique « anxiogène » du moment qu'il ne commençait pas par zéro sur son axe vertical, alors donnons-lui satisfaction immédiatement puisqu'il se trouve que j'ai moi-même il n'y a pas si longtemps que ça publié un billet intitulé Le pôle nord libre de glaces en septembre...2035 ! dans lequel je montrais le graphique suivant :

    Extrapolation jusqu'en 2035, approximativement...
    Comme on peut facilement le constater ce graphique satisfait aux exigences de troubaa puisqu'il commence sur son axe vertical par la valeur zéro, il devrait donc être content de voir un graphique non anxiogène qui démontre qu'avec la tendance actuelle nous arriverions approximativement vers l'an 2035 avec un Arctique libre de glaces à la fin de l'été.

    En bonus je lui remontre également l'autre graphique, officiel celui-là (le précédent était une construction toute personnelle effectuée à la louche), qui part lui-aussi de la valeur zéro :

    Source ipcc

    Dans ce graphique issu du dernier rapport du GIEC on s'aperçoit que c'est aux alentours de 2080 que l'Arctique serait totalement libre de glaces en septembre avec le scénario « pessimiste » qui est en fait plus ou moins celui que nous suivons actuellement, mais que ce serait pas plus tard qu'en 2050 que nous obtiendrions une situation considérée comme « pratiquement libre de glaces » permettant je suppose plein de choses intéressantes comme la circulation de bateaux ou l'exploitation de champs pétrolifères.

    Le graphique de Komyo n'avait donc rien d'anxiogène, au contraire il cachait la triste réalité en ne montrant pas le devenir de la banquise arctique.

    Que disait donc troubaa déjà ? Ah oui, il disait ceci :
    Toujours aussi sensible à la manipulation komyo...

    Projection, projection…



    lundi 24 décembre 2018

    2018 au pied du podium

    C'est bientôt la fin de l'année et on peut déjà voir ici ou là quelques conclusions provisoires sur le positionnement de 2018 dans le classement des années les plus chaudes.

    Avant de commencer disons tout de suite que 2018 sera très certainement considérée comme une année « sans Niño », comme nous le confirme la dernière mouture lisible sur le site de la NOAA climate :
    The surface of the tropical Pacific Ocean is nice and warm, but the atmosphere has yet to respond. Despite the waiting game, forecasters think there’s a 90% chance that El Niño will arrive soon and continue through the winter.
    La surface de l'océan Pacifique tropical est agréable et chaude, mais l'atmosphère n'a pas encore réagi. Malgré l’attente, les prévisionnistes pensent qu’il y a 90% de chances que El Niño arrive bientôt et continue pendant l’hiver.
    Plus de détail nous sont donnés ici à la date du 13 décembre :
    ENSO-neutral continued during November, despite the continuation of above-average sea surface temperatures (SSTs) across the equatorial Pacific Ocean [...] Despite the above-average ocean temperatures, the overall coupled ocean-atmosphere system remained ENSO-neutral.
    La neutralité ENSO s'est poursuivie en novembre, malgré la persistance de températures de surface de la mer supérieures à la moyenne dans l'océan Pacifique équatorial [...] Malgré les températures supérieures à la moyenne, le système global couplé océan-atmosphère est resté neutre.
    Bref, les températures de la surface de l'océan Pacifique équatorial sont au-dessus de la moyenne, mais nous sommes toujours en conditions « ENSO-neutre », donc si je comprends cela correctement il n'y a pas encore d'effet Niño sur les températures globales de la planète comme nous en avons eu en 1998 ou en 2016 ; l'année 2018 devrait par conséquent être une année plutôt « tiède » et ne battre aucun record, du moins planétaire, cependant, comme nous allons le voir, elle se comporte plutôt bien sur le plan des performances.

    Tout d'abord, si nous considérons notre situation nationale, Météo France nous a donné quelques indications à deux reprises ; un premier article daté du 21 décembre intitulé Climat France : bilan provisoire de l'année 2018 nous montrait l'évolution des températures en France depuis le 1er janvier jusqu'au 19 décembre dernier :

    Evolution de la température en France en 2018 et écarts par rapport à la moyenne 1981-2010.

    On remarque le début d'année très doux, voire « chaud » pour un mois de janvier, suivi d'un mois de février vraiment froid, nettement plus froid que la moyenne ; le reste de l'année nous avons été la plupart du temps très nettement au-dessus de la moyenne 1981-2010 (inutile de revenir sur cet été qui a été caniculaire, même s'il n'a pas battu les records de 2003)

    Un deuxième article intitulé 2018 : l’année la plus chaude en France et daté lui-aussi du 21 décembre nous confirme que
    La température moyennée sur l'année, proche de 14 °C, devrait se situer 1,4 °C au-dessus de la moyenne de référence 1981-2010. Un tel écart positionne 2018 au premier rang des années les plus chaudes depuis le début du XXe siècle, devant 2014 (+1,2 °C) et 2011 (+1,1 °C). On a aussi connu cette année une séquence de 9 mois consécutifs au-dessus des normales ; ce qui n'était non plus jamais arrivé depuis le début des mesures.
    Mais la France n'est pas la seule à avoir « bénéficié » de conditions que certains (que je ne nommerai pas) qualifieraient de magnifiques en vertu de ce trait de caractère qui veut que l'optimisme soit en rapport avec la température, plus celle-ci est élevée et plus l'optimisme béat est de mise sachant que le déni de réalité est un facteur aggravant et amplificateur ; ainsi :
    En Allemagne, en Autriche et en Suisse, 2018 est également l'année la plus chaude enregistrée depuis le début des relevés météorologiques. Il est possible que ce soit aussi le cas à l'échelle de l'Europe.
    On se souvient effectivement des températures records enregistrées par les pays scandinaves, et c'est même un présentateur météo que les climato-sceptico-irréalistes embauchent dans leur camp à l'insu de son plein gré, j'ai nommé Guillaume Séchet, qui nous le disait en mai dernier :
    Les deux stations météo principales d'Helsinki (capitale de la Finlande) ont battu leurs records mensuels le 15 mai avec :
    - 27.2°C à Helsinki - Kaisaniemi battant les 26.3°C du 24/05/2014 et 30/05/1995 (mesures depuis la fin du XIXème siècle),
    - 29.6°C à Helsinki - Vantaa battant les 29.3°C du 24/05/2014.
    Evidemment ce n'était que de la météo, et Guillaume Séchet précisait bien que « [l]a distribution des températures de cette mi-mai est très particulière. Ces dernières sont anormalement fraîches sur le Portugal, l'Espagne, la France mais aussi jusqu'en Italie, sur la Méditerranée Occidentale et sur le Maghreb » pour ajouter dans la foulée « mais anormalement chaudes sur le Nord de l'Europe, plus encore de la Scandinavie, en Estonie, en Lettonie sur le Nord de la Russie », cependant on voit bien en cette fin d'année que les températures européennes ont bien été dans l'ensemble nettement plus chaudes que d'« habitude », parfois (et à mon avis de plus en plus) la météo est un bon indicateur et précurseur de la situation climatique, après tout ne dit-on pas que le climat n'est que la météo moyennée sur une période suffisamment longue (en général une trentaine d'années)

    Et si l'on s'attarde un instant sur le commentaire de Guillaume Séchet que constate-t-on ? Il écrit que les températures au 16 mai sont « anormalement fraîches sur […] la France […] » mais quand on regarde attentivement le graphique présenté par Météo France on s'aperçoit que le mois de mai était effectivement plutôt froid (le 13 mai est clairement en bleu à 4°C au-dessous de la moyenne 1981-2010) mais qu'il s'agissait d'une virgule très temporaire entourée par des mois d'avril et juin beaucoup plus chauds (entre 5 et 8°C au-dessus de la moyenne 1981-2010 !)
    Zoom sur les températures d'avril à juin en France en 2018 (5°C séparent chaque ligne horizontale)

    Guillaume Séchet n'avait donc pas tort et avait correctement résumé la situation à la date du 16 mai 2018, cependant mon petit doigt me dit que les climatosceptiques, qui aiment bien Séchet (à son insu bien entendu), auront retenu qu'il a fait anormalement froid en France en mai, ce qui est intolérable !

    Mais le mois de mai n'était, pour les pays scandinaves, qu'un simple apéritif, et c'est un autre site météo qui nous donne la situation au 19 juillet, soit deux mois plus tard :
    Depuis le mois de mai, les conditions anticycloniques prédominent sur le nord de l'Europe. Il s'agit d'une situation de blocage anticyclonique particulièrement durable avec une masse d'air chaude associée à ces hautes pressions.
    Accompagné de cette carte suffisamment explicite :

    Plusieurs records de chaleur absolus battus le 17 juillet (source lachainemeteo)

    Quoi d'étonnant à tout cela ? Je vous le demande (question toute rhétorique, pas la peine de répondre)

    L'année 2018 aura donc été en Europe en général la détentrice du record des températures les plus chaudes depuis l'existence de relevés fiables, mais le même petit doigt que tout à l'heure me susurre à l'oreille que les climato-irréalistes ne s'en laisseront pas compter et sauront réagir avec la pertinence que nous leur connaissons à ces informations issues d'un organisme d'Etat phagocyté par des environnementalistes de tout poil à la solde de Greenpeace et du WWF (sans oublier la Corée du Nord et Cuba)

    Mais qu'en est-il de la situation mondiale ? L'Europe c'est bien joli, la France encore plus (et mon patelin bien davantage) mais il faudrait s'intéresser à la température globale de la planète, comment s'est-elle comportée cette année et mérite-t-elle de figurer sur le podium des JO du changement climatique ?

    Nos « amis » climato-irréalistes se contenteront bien entendu des informations que leur soumet régulièrement leur maitre à penser, j'ai nommé Roy Spencer, qui sur son blog classe 2018 en 6ème position...depuis 1979 (avant cette date il ne connait pas, ce qui est normal puisque son joujou préféré n'a pu être mis en orbite qu'à cette date) ; dans 2018 6th Warmest Year Globally of Last 40 il ne nous donne pas à voir son fameux graphique mais celui-ci représentant le classement de « ses » années à lui :

    […] all of the years from warmest to coolest, with the ten warmest and ten coolest years indicated […] The first (1979) and last (2018) years in the record are indicated in purple.

    Les lecteurs assidus de mon blog savent ce que je pense, ou plutôt ce que pensent les spécialistes de la question, notamment Carl Mears, au sujet de la « fiabilité » (on devrait plutôt dire du manque de fiabilité) des données satellitales, et en particulier celles issues de UAH, organisme géré par deux climatosceptiques notoires, Roy Spencer et John Christy, nous n'allons donc pas nous attarder sur le classement « personnel » de Roy Spencer qui n'engage que lui (ou plutôt ceux qui le croient naïvement sans se poser la moindre question, sur le modèle des promesses politiques qui n'engagent que ceux qui les reçoivent)

    Il est cependant assez comique de constater dans le classement de Spencer que 1998 serait en deuxième position derrière 2016 quand on regarde les statistiques des divers organismes avec l'aide de woodfortree :
     Evolution des températures de surface de 1979 à 2018 (source woodfortrees) selon trois organismes.

    Les températures de surface, bien plus fiables que celles issues des satellites, ne sont pas tout à fait d'accord avec Roy Spencer, 1998 présente bien un pic exceptionnel, mais celui-ci a été dépassé à plusieurs reprises ; et tant que nous y sommes regardons les tendances calculées sur ces trois courbes :
    Tendances selon la Nasa, HadCRUT et BEST.
    On constate un certain parallélisme, pour ne pas dire un parallélisme certain, surtout entre la NASA et HadCRUT, BEST « chauffant » un peu plus que les deux autres.

    Maintenant jetons un coup d'œil sur les données provenant des calculs alambiqués à partir des informations fournies par les satellites, nous obtenons ceci :
    Evolution de la température de la basse troposphère de 1979 à 2018 selon RSS et UAH.

    Et pour les tendances...
    Tendances selon RSS et UAH.

    Hum…

    Si nous voulons y voir plus clair nous pouvons nous livrer à ce petit exercice de comparaisons :
    Comparaison de la tendance RSS avec les tendances de surface.

    Comparaison de la tendance UAH avec les tendances de surface.

    Quelques remarques :
    • les données de surface sont bien plus homogènes entre elles que ne le sont les données issues des satellites entre elles ;
    • RSS présente un réchauffement nettement plus important que UAH ;
    • RSS est l'organisme traitant des données satellitaires qui se rapproche le plus des données de surface.

    De tout cela on tirera les conclusions que l'on veut (i.e. celles que l'on veut entendre) mais on comprend parfaitement pourquoi les climatosceptiques vouent un amour sans limite à Roy Spencer qui leur donne à voir ce qu'ils désirent voir par dessus tout.


    Nous attendrons un peu avant de consulter les résultats finaux (ou finals, on peut dire les deux) des autres organismes, Spencer ayant l'habitude de tirer plus vite que son ombre pour maintenir ses fidèles lecteurs en état constant de catatonie mentale, cependant on peut quand même admirer la carte des anomalies de températures pour la période décembre 2017-novembre 2018 que nous propose la NASA :

    Anomalies de température de décembre 2017 à novembre 2018 par rapport à la période de référence 1951-1980 (source data.giss.nasa.gov)

    Mais en changeant la période de référence on obtient ceci :

    Anomalies de températures de décembre 2017 à novembre 2018 par rapport à la période de référence 1881-1910 (source data.giss.nasa.gov)

    J'ai choisi comme date de départ 1881 tout simplement parce que le site n'accepte pas de date antérieure à 1880 ! Et cette période 1881-1910 est plus en adéquation que 1951-1980 avec ce que l'on appelle familièrement l'« ère préindustrielle », même si la révolution industrielle avait commencé depuis longtemps déjà, mais pas avec l'intensité que nous lui connaissons aujourd'hui.

    Nous avons donc actuellement une augmentation d'environ 1°C par rapport à cette ère préindustrielle et cela ne va pas s'arranger dans les décennies à venir.

    Pour 2019 le metoffice a déjà fait quelques prévisions :
    The Met Office global temperature forecast suggests that 2019 will be close to record warmth due to climate change and the added effect of El Niño-related warming in the Pacific.
    Les prévisions de température globale du Met Office suggèrent que 2019 sera proche d'une chaleur record en raison du changement climatique et de l'effet supplémentaire du réchauffement lié au phénomène El Niño dans le Pacifique.
    Graph showing global average temperature relative to the 1850–1900 baseline. The grey line and shading shows the 95% uncertainty range. The forecast value for 2019 and its uncertainty range are shown in black and green.

    Traduction de la légende :
    Graphique illustrant la température moyenne mondiale par rapport au niveau de référence de 1850-1900. La ligne grise et l'ombrage indiquent la plage d'incertitude de 95%. La valeur prévue pour 2019 et sa plage d'incertitude sont indiquées en noir et en vert.

    Nous voilà amplement rassurés.